Depuis les années 90, les buddy movies ont le vent en poupe au cinéma, et il n’a pas fallu attendre très longtemps pour voir le concept transposé au jeu vidéo. La création de duos emblématiques, dont l’un sera le roi de l’action et l’autre le filou rigolo, est une formule qui fonctionne toujours aujourd’hui. Nous vous proposons de découvrir DROS, un jeu d’action / aventure-puzzle dans un univers dark fantasy, développé par emergeWorlds et édité par RedDeer.Games. Est-ce que la collaboration entre deux personnages radicalement différents mais complémentaires vous fera passer un bon moment ?
À l’aventure compagnon
Tout d’abord, un peu d’histoire : un alchimiste à l’esprit emprunt de folie, nommé “l’Alchimiste” (oui, c’est original), a été banni par ses compères pour avoir réalisé des expériences interdites. Il s’est donc exilé dans une forêt afin de se consacrer à ses projets, en érigeant une tour, “La tour de l’Alchimiste” (toujours très original), et a créé une armée de petites boules gluantes appelées “Dros”, qui, pour s’assurer une survie et une considération entre elles, doivent se lier à une “coquille”, un peu comme le ferait un parasite ou un bernard-l’hermite.
Le jeu démarre avec un Dros enfermé dans une cuve en verre, dans la fameuse tour de notre grand méchant local. Vous devrez rapidement vous faire la main dans ce mini-tutoriel pour briser votre prison de verre et fuir par les égouts. Vous ferez ensuite la connaissance de la seconde partie de votre duo, en incarnant un chevalier chasseur de primes, le “Capitaine” (oui, les noms manquent un peu d’inspiration), dans sa lourde armure et muni de son épée. De son côté, il veut entrer dans la tour et gravir les étages pour s’emparer de la flûte de l’Alchimiste, un artefact pouvant lui rapporter un petit paquet d’argent !
Le Capitaine se dirige donc vers l’entrée de la tour, et après quelques informations glanées de-ci de-là et un avertissement sur les risques d’une mort imminente, il découvre que le meilleur moyen d’entrer sera par les égouts. Ni une ni deux, guidé par la promesse d’une récompense conséquente, vous pénétrez dans les lieux et affrontez quelques ennemis gluants, ce qui vous permet de prendre en main ce second gameplay, jusqu’à une embuscade tendue par l’Alchimiste en personne, qui n’aime visiblement pas les visites. Il viendra trancher le bras de notre chevalier, et le balancera au fond des égouts, le laissant pour mort.
C’est à ce moment-là que notre duo se rencontre. Dros viendra rafistoler et maintenir en vie le Capitaine en se servant de lui et de sa lourde armure comme coquille, pour s’assurer une survie dans les dédales de la tour. Le chevalier, lui, acceptera cette “cohabitation” pour éviter la mort, retrouver son bras armé, accomplir sa quête et au passage, obtenir sa vengeance.
L’union fait la force
Dans DROS, vous allez explorer librement une quarantaine de niveaux construits comme des dioramas avec des ambiances différentes, dans lesquels vous rencontrerez des personnages, des monstres à terrasser, des énigmes à résoudre et des coffres à collecter. Chaque niveau est construit un peu de la même manière : vous partez d’un point A et devez atteindre la sortie, le point B. Avec ce jeu, la coopération sera la clé du succès pour traverser les étages de la tour de l’Alchimiste !
Vous devrez alterner entre les deux personnages pour avancer. Le Capitaine sera votre force brute, armé de son épée et équipé de sa lourde armure. Il pourra encaisser les coups des monstres qui se dresseront devant vous, et les anéantir pour vous laisser le champ libre. Mais il ne faudra pas compter sur lui pour l’agilité. Notre chasseur de primes est un roc solide, mais n’a clairement pas choisi l’option athlétisme à l’école. Il sera incapable de sauter ou de se faufiler dans les brèches ; ce sera le rôle de notre deuxième compère, Dros. Lui sera armé de son humour et aura la capacité de (double) sauter, voir des passages et/ou ennemis invisibles, et sera chargé de résoudre les énigmes grâce à des interrupteurs et autres mécanismes pour faire avancer le duo. Attention ! Avec lui, le moindre contact avec un ennemi sera fatal. Heureusement, le jeu ne se veut pas très punitif puisque vous reprendrez systématiquement là où vous en étiez après chaque chute ou coup reçu. De plus, au cours de l’aventure, vous amassez des Primas, des petites boules d’énergie permettant de vous soigner.
Côté gameplay, c’est très simple : une touche pour attaquer, une pour bloquer et une pour courir avec le Capitaine. Un autre bouton vous permet d’alterner avec Dros, qui pourra sauter en pressant une touche et activer des mécanismes avec une autre. Vous aurez également un bouton pour avoir une vue de hauteur. Une prise en main plutôt simple, mais nous notons que l’attribution des touches aurait pu être plus intuitive dans la pratique. Aussi, la gestion des sauts et la précision de ces derniers demandera une petite prise en main pour maîtriser parfaitement la physique du jeu. Dans les premières heures, il ne sera pas rare que vous ratiez quelques sauts de plateformes.
Chose plutôt intéressante et amusante : les échanges et les dialogues entre vos deux héros sont assez drôles. Il ne sera pas rare aussi de croiser des personnages ou des Dros qui vous parleront de leur vie, leurs rêves, et de comment ajuster sa coquille pour draguer en soirée. À travers le jeu, vous pourrez également collecter bon nombre d’éléments et de trésors, qui vous en apprendront plus sur les Dros, l’univers et l’histoire du jeu. Vous êtes donc joyeusement invité à l’exploration et à la découverte de cette tour.
Des problèmes qui vous collent à la peau
Pour la partie graphismes, DROS propose un univers dark fantasy. En tout cas, c’est ce qui est mis en avant dans la présentation du jeu. Mais nous constatons que le titre a les fesses entre deux chaises. Tout d’abord, on retrouve une ambiance plateformer époque PS2, avec des personnages très BD/cartoon, mais les environnements biens construits et plaisants, manquent néanmoins d’éclat et de peps pour coller à cette direction artistique, certes basique, mais prometteuse. Malgré ce bémol, c’est un plaisir d’évoluer à l’intérieur de ce labyrinthe géant. Par contre, l’orientation cartoon avec une palette de couleurs ternes est assez déroutante ; s’en ressent une promesse non maîtrisée qui peine à être convaincante et dans laquelle nous aurions apprécié un peu plus de dark dans la fantasy et de magie dans cet univers d’alchimie. Aussi, en mode TV, le jeu semble moins fluide et avec une résolution moins fine. Les décors pixelisent légèrement et on peut apercevoir du flou à certains endroits. Nous avons aussi pu constater que les sous-titres contiennent de petites erreurs de traduction ou d’orthographe, et il semble que les caractères spéciaux ne soient pas passés correctement dans la localisation non plus.
Niveau bande-son, les musiques sont très correctes et collent globalement à l’ambiance du jeu mais, tout comme les bruitages, nous les avons trouvés en retrait, ce qui ne permet pas d’être complètement immergé dans l’univers du jeu. Dommage…
En ligne droite, le jeu se bouclera en 7 heures environ, mais comptez le double pour collecter tous les bonus de chaque niveau. Le jeu propose un mode speedrun, ce qui renouvellera l’expérience en proposant exactement l’inverse du côté exploration, pour les adeptes de la vitesse. Il vous faudra connaître tous les recoins des lieux et maîtriser parfaitement la physique du titre pour battre les temps affichés. Ce mode n’est pas dénué d’intérêt, puisqu’il donne accès à plusieurs secrets sur l’histoire du jeu, ainsi qu’un mode défi post-game qui prolonge un peu l’expérience.
DROS est disponible en français depuis le 12 juillet 2024 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 24,99 euros.
Conclusion
DROS est un jeu très honnête et avec beaucoup de potentiel. Son univers est plaisant malgré une direction artistique qui peine à réellement trouver son chemin. Les graphismes semblent d’un autre temps sur Nintendo Switch, avec quelques problèmes de pixellisation et de flou, notamment en mode docké. Les mécaniques de gameplay sont très bonnes et le duo de personnages fonctionne, même si des soucis de précision dans les sauts sont à noter. Alterner entre Dros et le Capitaine pour résoudre les énigmes à travers les niveaux est une excellente idée. Le jeu aurait d’ailleurs été un très bon terrain pour tenter la coop en local, mais il fonctionne parfaitement en solo et il faudra de toute façon s’en contenter. La traduction fait le job, même si on peut constater quelques erreurs ou problèmes d’affichage par moments. La bande-son est malheureusement en retrait et manque d’un petit coup de pouce pour pouvoir fusionner pleinement avec son univers. Malgré tout, ce titre est une très bonne proposition et une excellente découverte ; il est rempli de bonus à collecter et saura apporter aux joueurs entière satisfaction, tant par la réussite de ses énigmes que par la découverte des informations liées à son univers.
LES PLUS
- Gameplay simple à prendre en main
- La direction artistique est bonne
- L’histoire est simple, et se livre au compte-goutte notamment au travers des collectibles et bonus du jeu
- Le duo fonctionne
- Les dialogues vont à l’essentiel avec humour
- Les énigmes poussent parfois à bien se creuser les méninges
- Le contenu post-game
- Le mode speedrun, un jeu dans le jeu, qui renouvelle complètement l’expérience
- La traduction française
LES MOINS
- … mais avec des imprécisions
- … mais peine à être cohérente
- Des environnements qu’on aurait aimés avec plus d’éclat et de vie
- Mode docké pas toujours fluide ni beau
- Des musiques et bruitages en retrait