Déjà sorti sur tous les supports du moment, les habitants de la ville de South Park la plus déjantée de l’Amérique arrivent sur Nintendo Switch et ils amènent avec eux le trash et le politiquement incorrect. Cette série animée créée par Trey Parker et Matt Stone a vu le jour en 1997 et comporte encore aujourd’hui une base de fan conséquente. Forcément, adapter une série comme celle-ci en jeu-vidéo fait toujours un peu peur, surtout quand on connaît le passif de la série de ce côté-là. Mais il y a eu Le bâton de la vérité en 2014, une belle réussite signée Obsidian Entertainment et édité par Ubisoft. L’éditeur remet le couvert avec son studio à San Francisco et propose un second opus intitulé L’annale du destin fin 2017 et qui arrive aujourd’hui sur Nintendo Switch. Ubisoft continu de soutenir la console à son rythme après la grosse exclusivité Mario & les Lapins Crétins, un portage de Rayman Legends, le traditionnel Just Dance ou encore Monopoly. Mais ce nouveau portage tient-il la route ? Une chose est sûre, votre Switch va en voir de toutes les couleurs.
Dans South Park : L’annale du destin, vous incarnez le « nouveau », un personnage que vous créez vous-même avant de débuter l’aventure. Vous pourrez ainsi personnaliser votre héros et choisir la difficulté en fonction de la couleur de peau. Même si on peut tout à fait changer cela plus tard, le racisme est un thème beaucoup abordé dans le jeu. Côté scénario, cela se déroule après les événements du Bâton de la Vérité, épisode que nous n’avons pas encore la chance d’avoir sur Switch. Le thème central de cet opus étant les super-héros, en compagnie du Coon et sa bande à la recherche d’un chat perdu avec à la clé une prime de 100$. Ce groupe a été formé par Eric Cartman dont le super-héroïque alter-ego, le Coon, est mi-homme, mi-raton laveur. On n’ira pas plus loin dans le scénario, le plaisir de la découverte est important. Si le début du jeu met un peu de temps à démarrer, l’histoire est très bien écrite et les situations suffisamment variées. Mention spéciale à la seconde partie du jeu qui monte encore d’un cran dans l’histoire et les règles de combat. Sachez que vous alternerez entre missions de jour et enquêtes la nuit. La carte est suffisamment étendue, des points de voyages rapides sont proposées par Jimmy, ce qui s’avère très pratique quand les allers-retours sont assez fréquents dans le jeu. Petit bémol cependant, aucune indication n’est proposée à l’écran lorsqu’il faut se rendre à un endroit précis. Il y a bien une carte rapide disponible avec la gâchette mais elle est trop petite et il faut souvent l’ouvrir totalement.
Il est temps d’aborder le gros morceau de ce test à savoir les combats. Vous déambulez dans South Park mais il est rare de ne pas être attaqué. Dans ces cas-là, il est toujours préférable de donner le premier coup pour avoir l’avantage. Cela passe également par une équipe aux divers talents et si pour certains cela coule de source dans un RPG, pour les novices vous ne mettrez pas longtemps à vous en rendre compte. En effet, il est vital d’être accompagné par des personnages aux pouvoirs étendus allant des attaques à distance, à la protection ou encore aux soins. Concrètement c’est du tour par tour comme le premier jeu avec la présence d’une grille au sol pour se déplacer. Vous avez une zone de déplacement limitée et trois sorts à choisir par parmi les dix classes que propose le jeu. Au fur et à mesure de la progression, le jeu vous donnera accès à de nouvelles classes mais toujours limité à un choix de trois sorts ainsi qu’un pouvoir ultime. Ce dernier peut être utilisé que lorsque la jauge associée sera remplie. Chaque attaque demandera d’appuyer au bon moment pour faire le maximum de dégâts mais aussi encaisser plus ou moins bien les coups.
Le système est étonnamment réussi pour plusieurs raisons. Tout d’abord, on peut jouer plus d’une dizaine de personnages avec leurs pouvoirs, ce qui permet de varier les situations. Les règles changent aussi avec des ennemis qui peuvent vous tuer en un coup si vous êtes dans leur rayon d’attaque, des moments où il faut parvenir à prendre la fuite, faire face à plusieurs vagues d’ennemis, utiliser les éléments de décors pour infliger plus de dégâts… C’est très varié, il faut parfois cibler certains ennemis en priorité car ils sont capables de regénérer la santé des autres. C’est simple, si vous ne bougez pas tout le temps, vous êtes vite vulnérable et même avec l’aide de nombreux bonus de santé dont la réanimation, un combat n’est jamais gagné d’avance. Votre personnage possède encore un atout de taille, d’où l’intérêt qu’il reste en vie, le pet temporel. En effet, tous les trois tours, vous pouvez utiliser cette capacité spéciale vous permettant d’annuler le tour ennemi en cour et infliger des coups pendant quelques secondes. Un avantage non négligeable en combat, d’autres pets se révèleront par la suite mais on vous laisse la surprise. Enfin, n’oublions pas les petits détails qui contribuent à apprécier encore plus ce système de combat comme les superbes cinématiques des personnages lorsqu’ils lancent leurs attaques ultimes ou encore les petites lignes de dialogue des personnages qui se répondent entre eux.
Pour gagner en puissance, le jeu propose un système d’artéfacts à placer au fur et à mesure sur son personnage mais ce n’est pas quelque chose que l’on ressent après en jeu, c’est dommage. Le crafting permet de créer des artefacts, costumes et consommables à l’aide d’objets récoltés dans la ville ou après les combats mais cela reste assez classique et ne parvient pas à se démarquer, on reste dans la création de bonus pour notre personnage. Le jeu proposera quelques énigmes, pas bien difficiles une fois les alliés débloqués, pour pouvoir grimper en auteur, dégager un passage bloqué par la lave, ouvrir certaines portes ou renverser des objets bloquant le passage. On trouve également de rares QTE par moment, pas toujours évidents à réussir. Le jeu est assez riche en contenu, outre la quête principale, il y a encore beaucoup d’endroits à découvrir, de quêtes secondaires à faire, de combats à engager et de bonus à récolter. Il y a également une fonctionnalité au centre de l’histoire, le réseau Coonstagram qui permet de prendre des selfies avec les habitants de South Park et augmenter son niveau d’influenceur ainsi que de suivre ses amis et c’est souvent très drôle. Côté durée de vie, un bon 20h pour voir le bout du jeu et un peu plus pour en faire le tour à 100%, ce qui est très correct et les fans apprécieront les nombreuses références.
Évoquons maintenant la qualité de ce portage qui laisse grandement à désirer. Pour un jeu de ce type, on est étonné de voir que le framerate ne soit pas constant mais ce n’est clairement pas le plus dérangeant. Premier problème assez important, les temps de chargement. C’est simple il y en a partout, à chaque traversée de rue et avant de lancer un combat. Le temps est aléatoire, quelques secondes, mais au bout d’un moment c’est rageant surtout avant les combats, chose que l’on ne voit pas sur les autres supports. Autant dire que cela casse complètement le rythme du jeu. Mais ce n’est pas le plus problématique et Ubisoft consolide sa réputation avec des jeux souvent pleins de bugs, au lancement du moins. Précisons que nous avons téléchargé le patch de plus de 3 Go le jour de la sortie bien que l’on ne sache pas ce qu’il contienne. Globalement, hormis les temps de chargement, tout se passe bien sauf dans le dernier tiers du jeu, on se demande carrément si les développeurs ont testé leur jeu jusqu’au bout. Le bug le plus rageant est celui de la perte de sauvegarde. En effet, lorsque certaines conditions sont réunies, il nous est arrivé de voir notre personnage à l’issue d’un combat devenir noir. En effet, sa couleur de peau a subitement changé et il portait une couronne sur sa tête. Le souci étant que notre sauvegarde a été remise à zéro, tout a été perdu. Heureusement, on avait déjà eu vent de ces problèmes et nous étions munis d’une autre sauvegarde. Lors d’une quête secondaire avec une super héroïne, impossible de rentrer dans le magasin D-Mobile et de poursuivre la mission, le temps de chargement est infini, ce qui arrive souvent. Ou encore pendant l’ultime quête du jeu, une erreur qui nous fait quitter le logiciel juste après un combat. Bref vous l’aurez compris, ce portage manque clairement d’optimisation et surtout de test en interne, en espérant que l’éditeur réagisse vite.
C’est tout de même un véritable épisode interactif que nous livrent les développeurs avec le moteur Snowdrop (The Division). Cependant, si le rendu en mode portable est propre, on se retrouve avec de tout petits textes pas toujours évidents à lire sans devoir ouvrir le menu des quêtes. Sur TV, le jeu est moins réussi avec une très légère impression de flou mais surtout lors des déplacements, un arrière-plan qui ne semble pas fixe. Pour une fois c’est l’effet inverse qui se produit avec un jeu plus réussi visuellement en portable. Concernant l’audio du jeu, la version originale est un délice et la VF, qui a beaucoup fait parler d’elle, n’est pas au niveau. Les voix officielles n’étant pas présentes, certains personnages sont bien moins réussis que d’autres, on pense notamment à Craig et Stan. En termes de difficulté, il est vrai que la première partie du jeu ne pose pas de réels soucis et que l’on n’est mort que quelques fois lors d’attaques vraiment chronométrées où l’on est pris de court, mais globalement cela reste très accessible. Côté bande-son, cela colle parfaitement à l’univers super-héros, un beau travail de ce côté-là avec des thèmes assez sombres.
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Conclusion
South Park : L'annale du destin parlera forcément plus aux fans qui saisiront toutes les références de la série mais c’est tout de même une bonne porte d’entrée qui peut donner envie aux nouveaux de découvrir l’univers. L’esprit de la série est là, sous forme d’épisode interactif particulièrement bien écrit qui part assez loin dans son délire. L’humour est présent et l’univers respecté mais le plus plaisant reste les combats toujours variés et un système qui parvient à évoluer tout au long de l’aventure. On ne peut malheureusement pas passer sous silence les soucis techniques de ce portage sur Nintendo Switch. Il faut très vite un patch, certaines quêtes ne peuvent même pas être terminées. Si au passage, les développeurs peuvent améliorer les temps de chargements, l’expérience sera bien meilleure.
LES PLUS
- L’humour, l’écriture et les références
- L’évolution du système de combat
- Les cinématiques des attaques ultimes
- Un véritable épisode interactif
- Bonne durée de vie
- La VO est excellente !
LES MOINS
- Les artéfacts peu utiles
- La VF n’est pas au niveau
- Trop de temps de chargement
- Les bugs dans le dernier tiers
- A plein tarif sans le premier jeu…