Sherlock Holmes fait partie de ces entités devenues célèbres au fil des années. Ce dernier doit son titre à Arthur Conan Doyle, écrivain célèbre de la fin du 19ème siècle. De nombreux ouvrages lui sont dédiés, mais aussi quelques supports vidéoludiques au sein desquels il devient possible de rentrer dans la peau du personnage, tout en portant sur ses épaules la lourde responsabilité de résoudre des enquêtes de plus en plus complexes. Répondant à cet appel, une grande aventure a vu le jour en 2006 sur PC, sous les traits de Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés. Reprenant sensiblement la même histoire mais avec une importante refonte, notamment de son gameplay, l’aventure revient aujourd’hui sur Nintendo Switch afin d’offrir aux enquêteurs en herbe tout le nécessaire au parfait remue-méninges. À condition de ne pas avoir froid aux yeux tout de même…
Développé et édité par Frogwares, Sherlock Holmes : The Awakened a connu un léger retard du à diverses difficultés rencontrées par le studio de développement suite à la guerre en Ukraine. Pour autant, le jeu parvient enfin à se frayer un chemin et à trouver sa place sur la petite chouchoute de Nintendo. Si l’histoire ne vous est peut-être pas inconnue, pour les plus fidèles amoureux de Sherlock, d’autres découvriront cette dernière avec une certaine excitation. En effet, si les premières minutes font sensiblement office de tutoriel avec une enquête légère qui ne vous emmènera pas bien loin, rapidement les choses vont se complexifier et devenir de plus en plus macabres… pour ne pas dire franchement glauques.
« Rien n’est petit pour un grand esprit. » S. Holmes.
Tout commence à Londres, tandis que quelques sentiments amoureux s’emparent des résidents. Le sujet, quelque peu léger sous des allures désastreuses, permet au joueur de prendre en main les ficelles les plus importantes du jeu et ainsi comprendre le fonctionnement de l’ensemble de ses mécaniques principales.
Le contrôle s’effectue majoritairement dans la peau de Sherlock, même si Watson ne sera jamais bien loin (et parfois le héros dont vous aurez le contrôle). Le déplacement du personnage s’effectue avec le joystick L, tandis que l’orientation de la caméra est facilitée grâce au joystick R. Les interactions, quant à elles, se font via le bouton A. Le tactile n’est malheureusement pas mis en avant, une petite déception tant son usage peut rendre les manipulations plus rapides dans ce type de jeux. Soulignons d’ores et déjà une certaine lenteur de Sherlock (même s’il est capable de courir), qui pourrait bien agacer les joueurs les plus nerveux. Calme, patience et réflexion, voici les maîtres mots de votre aventure !
Plusieurs paramètres sont modulables selon les compétences des joueurs. Néanmoins, nous ne saurons que trop vous conseiller de laisser les indices visibles afin de ne pas frôler les maux de tête (qui pourraient bien arriver malgré tout lors de deux ou trois passages plus problématiques !). Ainsi, l’usage du petit bouton L permet dès lors d’afficher les interactions possibles, via de petites pastilles. Sherlock peut ainsi s’y rendre pour observer les objets de plus près, émettre quelques avis, et parfois même, glisser quelques petites babioles dans sa poche. Une poche qui fera office de faible inventaire dont le joueur ne contrôle pas véritablement les actions, puisque celles-ci deviennent plus ou moins automatiques une fois les manœuvres à réaliser bien élucidées.
La réflexion reste au cœur de la partie puisqu’il est nécessaire, bien entendu, de rassembler un maximum de preuves pour élucider chacun des points d’enquête disponible. Sherlock dispose alors deux petites ingéniosités bien pratiques pour y parvenir… à commencer par un potentiel de concentration particulièrement exacerbé qui vous permet de déceler de nombreux indices invisibles pour le commun des mortels. Ces indices s’avéreront rapidement d’une importance capitale puisqu’ils seront à plusieurs reprises les clefs de la résolution des énigmes par l’intermédiaire de petites séquences à remettre dans le bon ordre. Sans être punitif, le joueur reste invité à réussir du premier coup à trouver les bonnes séquences. Afin de passer dans ce mode de concentration extrême, il suffit d’appuyer sur le bouton R : les couleurs deviennent alors plus sombres encore, afin de ne porter attention que sur les points d’intérêt bien spécifiques. De nouveaux indices peuvent dès lors être découverts, et ainsi participer à la résolution de l’enquête.
Sherlock, grand détective qu’il est, dispose d’un autre atout majeur pour se sortir de situations délicates : son palais mental (la classe). Ce dernier, disponible dans le menu, se présente sous la forme graphique de quelques neurones qui correspondent chacun à un point précis de l’enquête. Sous la forme d’une question précise, le joueur se voit alors dans l’obligation de réfléchir à tous les indices, à toutes les preuves, susceptibles de répondre à ladite question. Pour vous faciliter la tâche, un jeu de couleurs est disponible et permet d’avancer nettement plus rapidement dans la résolution (deux indices verts pour un indice jaune, par exemple ; tout en sachant que chacune des couleurs correspond à un type précis de preuve). Néanmoins, sachez qu’il faudra auparavant réunir suffisamment d’éléments afin de pouvoir répondre à la question qui vous taraude… nous y revoilà : sans preuve, vous n’irez pas bien loin (alors qu’avec, vous allez voyager !).
Au-delà d’un menu général assez classique (avec notamment la possibilité de sauvegarder votre progression en sus de celle qui s’effectue automatiquement… un détail que nous apprécions ! Vous aussi vous avez tendance à sauvegarder à outrance pour être bien certain de retrouver la partie où vous l’avez laissée ?!), le joueur est libre de parcourir le menu du jeu afin de retrouver toutes les informations de l’enquête en cours (pratique !) mais aussi, au moment venu, mettre la main sur quelques connaissances plus anciennes. La carte et le palais mental sont aussi présents, ainsi qu’une cabine de relooking pour Sherlock et son acolyte (bien qu’elle soit tout de même plus succincte pour Watson) ! Une bonne surprise… qui amusera, à n’en point douter, certains joueurs. L’occasion aussi de vous souligner de la présence de quelques déguisements pour vous sortir de situations périlleuses… puisqu’au-delà de jouer à l’apprenti styliste, certaines tenues pourraient bien vous aider à atteindre quelques-uns de vos objectifs.
« L’horreur ne va pas sans l’imagination. » S. Holmes
L’aventure se découpe en plusieurs chapitres, parfaitement bien identifiables. Le premier chapitre est une mise en bouche, le second commence à laisser planer quelques zones d’ombres, ce n’est qu’à partir du troisième chapitre que le rythme commence à s’accélérer vraiment, avec davantage de rebondissements. Le rythme est de fait quelque peu inégal mais permet une montée en puissance de l’aventure, avec un Sherlock visiblement de plus en plus affecté par la situation… ses yeux se bordent de rouge, tandis que la crainte semble l’habiter un peu plus chaque jour. Il faut dire qu’il en voit de toutes les couleurs, avec des passages particulièrement sombres…
Cette noirceur est véritablement à prendre en compte puisqu’elle fait partie intégrante de l’histoire. Inutile de dire qu’il risque d’être désagréable de jouer en plein soleil ! Les environnements viennent néanmoins à se diversifier, une fois encore, le chapitre trois donne le top départ d’un déploiement, certes encore un peu classique, mais assurément plus distrayant malgré tout (ouf, le chapitre 4 va vous faire prendre l’air !). Et dire que nous partons d’une simple petite amourette timide mais non moins épineuse… !
« L’étude de l’homme, est le propre de l’Homme. » S. Holmes.
Si quelques énigmes viennent ponctuer l’aventure, sous la forme de serrures à crocheter sans être obligatoires, la grande majorité de la partie se déploie au gré d’une exploration minutieuse de l’environnement. Une carte est à la disposition du joueur, mais elle ne s’avère malheureusement pas d’une très grande utilité si ce n’est dans le déplacement rapide d’un point A vers un point B (et plus particulièrement à la fin d’une enquête, lorsqu’il faut retrouver le complice A, à l’opposé du complice B !). Le monde n’est pourtant pas nécessairement ouvert puisque divers procédés sont utilisés, de façon plutôt mignonne, afin d’éviter au joueur l’errance frustrante et agaçante. Ainsi, que ce soient par des portes fermées ou par d’imposantes calèches, ou simplement par des zones en chantier, vous ne pourrez tout de même pas aller bien loin… et nous avons envie de dire OUF. Un monde ouvert pour Sherlock, ce n’est pas de l’audace, c’est une purge ! Déjà ici… la découverte de l’espace pourrait rebuter certains joueurs, habitués à être guidés pour s’orienter dans leur environnement.
Au cours des pérégrinations sur des terrains plus ou moins hostiles, vous ferez la connaissance d’une foule de personnes, plus ou moins avenantes (et allez en bousculer un bon paquet aussi !). Il va de soi qu’il va falloir les interroger, les questionner, voire même les travailler doucement au corps, afin de leur soutirer les informations importantes, parfois même jusqu’à reprendre chaque preuve une à une avec eux. Une preuve ainsi épinglée est prête à être utilisée… et il se pourrait bien qu’elle puisse ouvrir le chemin à d’autres indices. N’oubliez pas le fin détective que vous êtes ! La lecture est de faite importante… l’histoire n’est guère bien complexe en soi, mais le joueur doit tout de même prendre le temps de lire un minimum les dialogues et les quelques indices afin de savoir quelle démarche suivre par la suite. L’errance vous guette sinon mes amis… et cela pourrait être long (et pas un bien par ailleurs) !
Impossible de parler de ces rencontres sans faire part des aléas graphiques du soft. Les graphismes sont bien loin d’être glorieux sur Nintendo Switch. Les visages risquent parfois de vous faire un peu peur, tandis que l’extrême brillance qui vient les englober ne pourra guère vous échapper ! Les personnages sont tellement scintillants ! Et pas qu’un peu…
Fort heureusement, les environnements, quant à eux, s’avèrent être d’une qualité supérieure, avec quelques pièces joliment décorées, sans trop rentrer dans les détails. La Switch est capable de bien mieux, à n’en point douter.
« Un fait hors de l’ordinaire est plutôt un indice qu’un embarras. » S. Holmes
Que penser de cette enquête qui est parvenue à nous faire parcourir pas mal de kilomètres, tandis que nous restions concentrés sur notre tâche sans perdre de vue nos objectifs. Le contrat de base est assurément rempli, avec une multitude de preuves à récolter, un Sherlock minutieux, des personnages hauts en couleurs (et en noirceur), le tout afin de desservir une histoire prenante sans être totalement farfelue.
Pour autant, la redondance des tâches n’est tout de même pas absente. Quelques subtilités surviennent au fil de l’aventure, mais l’impression de recommencer inlassablement la même chose est réelle. Fort heureusement, si les premières minutes peuvent sembler un peu nébuleuses dans cet univers pluvieux, la prise en main des mécaniques du soft permet dès lors de comprendre comment se sortir de toutes les situations. Sauf quand Watson décide de faire le pantin devant nous, nous bloquant le passage, mais là n’est pas le débat (mais cela vous arrivera à maintes reprises !).
Sherlock Holmes : The Awakened est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 40 euros environ.
Le saviez-vous ?
Il est coutume d’entendre qu’il y a toujours une femme derrière un grand homme… saviez-vous par exemple que Sherlock a bien failli ne jamais s’appeler Sherlock ? En effet, son célèbre papa Conan Doyle souhaitait à l’origine lui offrir le nom original de Sherrinford Hope. Une appellation qui n’était pas du goût de madame… qui est parvenue à le faire changer d’avis.
Et vous, vous préférez Sherlock ou Sherrinford ?
Conclusion
Pour toutes celles et ceux qui affectionnent l'univers de Conan Doyle, se balader dans les rues de Londres (et tellement plus loin encore !) sous la peau de Sherlock Holmes, suivi de près par son petit chie... par le non moins célèbre Watson (non, mais nous l'aimons bien en vérité ! Et il a aussi son rôle dans l'aventure !), reste plaisant et toujours attractif. Lors de cette épopée, le joueur partira à la recherche de nombreuses preuves et rencontrera une foule de suspects (mais aussi des personnes non concernées par les affaires en cours !). Découpée en chapitres, l'histoire s'avère sombre, avec des passages macabres soulignés par quelques lieux sinistres et des entités de plus en plus « atteintes » ! Sherlock dispose de quelques astuces pour parvenir à ses fins, qu'il convient de maîtriser afin de garder le cap tout au long de l'aventure. Une certaine redondance des tâches reste néanmoins à déplorer, tandis que les graphismes peuvent parfois être tout aussi effrayants que l'histoire en elle-même ! Finalement, saurez-vous maîtriser votre peur pour vous atteler à cette enquête pleine de rebondissements sous la peau du célèbre Sherlock ?
LES PLUS
- Une aventure avec de nombreux rebondissements, ni trop simple, ni trop compliquée.
- Le palais mental de Sherlock est une bonne idée, avec un jeu de couleurs astucieux pour faciliter les recherches du joueur.
- Sous-titres en français.
LES MOINS
- Redondance des tâches... nous aurions adoré davantage de mécaniques de jeu !
- Des graphismes qui vont, eux aussi, vous effrayer par moments, avec une brillance extrême des personnages !
- Dis Sherlock, tu ne serais pas un peu mou du genou quand même ? Mais pas du ciboulot, cela va de soi.