Virtuos, spécialiste mondialement reconnu du portage de jeux vidéo, s’est exprimé récemment sur la Nintendo Switch 2, un mois après le lancement officiel de la console. Fort de ses collaborations avec de grands noms tels que Dark Souls Remastered, NieR: Automata ou encore Final Fantasy XII, le studio dispose d’une expertise solide sur les plateformes Nintendo. Et selon deux de ses représentants clés, la nouvelle machine hybride de la firme de Kyoto affiche des perspectives techniques et commerciales très encourageantes.
Eoin O’Grady, directeur technique chez Black Shamrock, filiale de Virtuos, et Alex Heise, directeur du développement commercial pour l’Amérique du Nord, ont partagé leurs premières impressions sur la Switch 2 dans une longue entrevue. D’emblée, les deux hommes soulignent que le succès commercial fulgurant de la console — 3,5 millions d’unités écoulées en quatre jours, un record historique pour Nintendo — n’était pas totalement inattendu. Pour eux, la combinaison d’un public fidèle, d’un marché du jeu portable en pleine croissance et d’une offre étoffée en exclusivités, jeux indépendants et blockbusters AAA constitue un socle solide pour dépasser les performances de la première Switch.
Sur le plan technique, O’Grady livre un diagnostic nuancé des capacités de la console. D’après lui, la Switch 2 se situe légèrement en dessous de la Xbox Series S en termes de puissance GPU, surtout en mode portable. Cependant, la prise en charge du DLSS, technologie d’upscaling de NVIDIA absente de la console de Microsoft, remet les deux machines à niveau sur le plan graphique. Du côté du processeur, la Switch 2 serait en revanche plus proche d’une PlayStation 4, avec un CPU légèrement supérieur à celui de la console de Sony. Dans les faits, la plupart des jeux bien optimisés étant limités par le GPU plutôt que le CPU, les portages depuis la Series S vers la Switch 2 devraient être relativement aisés, en particulier pour les titres ciblant 30 ou 60 FPS.
L’absence notable du DLSS dans la plupart des jeux de lancement interpelle, mais O’Grady apporte des précisions : pour les titres à l’esthétique stylisée comme Mario Kart World ou Donkey Kong Bananza, cette technologie n’est pas forcément indispensable. Quant aux productions tierces plus gourmandes, comme Cyberpunk 2077, elles bénéficient déjà du DLSS. Le frein principal à sa généralisation résiderait dans la complexité de son intégration via l’API graphique NVN2 de Nintendo, un travail supplémentaire que certains studios auraient préféré repousser dans un premier temps.
Même constat pour le ray tracing matériel, pris en charge mais peu exploité. O’Grady rappelle que même sur les consoles plus puissantes, comme la Xbox Series X, cette technologie est rarement utilisée pour l’éclairage temps réel en raison de son impact sur les performances. Il estime néanmoins que la Switch 2 pourrait tirer parti du ray tracing pour améliorer de manière ciblée les ombres et les réflexions, sans compromettre la fluidité.
Du côté du matériel, Alex Heise se montre enthousiaste quant à la qualité de fabrication de la console, qu’il juge bien supérieure à celle de la première Switch. Les nouvelles fixations des Joy-Con sont notamment saluées pour leur solidité accrue. Il salue aussi les améliorations de l’eShop, désormais plus rapide et intuitif, avec des recommandations personnalisées et des extraits vidéo automatiques. Pour un développeur comme pour un joueur, cette refonte de la boutique facilite la découverte de nouveaux titres.
O’Grady, lui, met en avant le support du VRR (taux de rafraîchissement variable) et du DLSS en mode portable, des outils précieux pour maintenir une expérience fluide malgré les contraintes du format mobile. Il apprécie aussi la nouvelle fonctionnalité de carte de jeu virtuelle, qui permet de partager plus facilement ses titres avec ses proches, renouant avec une forme de convivialité héritée des échanges de cartouches d’antan. Quant au GameShare, il perçoit dans cette option une opportunité de créer de nouvelles expériences sociales autour du jeu.
Enfin, les deux représentants de Virtuos se montrent confiants dans l’avenir de la console. Pour eux, la Switch 2 est un véritable prolongement — et une évolution — du concept original, portée par une base installée solide, un marché en expansion, et un nom qui capitalise intelligemment sur le succès de son prédécesseur.