Depuis quelques années, la mode du jeu cosy s’est amplifiée, devenant presque un incontournable du kit de l’apprenti développeur, pour le meilleur, mais parfois pour le pire. Nous avons reçu en test Fruitbus des développeurs norvégiens Krillbite Studio, qui se présente lui aussi comme une aventure narrative cosy. Que nous donne ce nouveau titre disponible depuis le 20 août 2025 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de dix-huit euros ?
Too much, Magic Bus
Dans Fruitbus, nous héritons du camion-restaurant de notre grand-mère, qui, comme dernière volonté, nous a demandé d’organiser une énorme fête en son honneur avec tous ses amis. Nous allons donc écumer l’archipel Gutsum afin de rencontrer les connaissances de notre grand-mère et en même temps découvrir le lien que ces derniers possèdent avec le camion-restaurant.
Fruitbus est un jeu de simulation cosy narrative en monde ouvert qui ressemble à bien des égards à des simulations plus « sérieuses » comme Food Truck Simulator. Nous incarnons notre personnage dans une vue à la première personne et notre objectif est de préparer des petits plats à partir de fruits que nous aurons récoltés çà et là sur la carte.
La première partie du jeu nous demande d’aller fouiller et découvrir l’archipel afin de récupérer des ingrédients pour nos recettes. Si les pommes se trouvent facilement, il faudra par exemple aller dans un cratère volcanique pour obtenir les piments. D’autres fruits se trouvent en hauteur, et avant de débloquer la pince à fruits, il faudra user de malice pour récupérer les mangues ou les bananes.
Dans cette partie exploration, nous découvrirons des zones et des personnages qui nous demanderont d’accomplir des quêtes pour venir à la grande fête (et oui, l’amitié de notre grand-mère défunte a visiblement des conditions !). Nous devrons la plupart du temps leur cuisiner des plats, mais nous aurons parfois des objectifs plus variés, comme trouver des objets enterrés au sol pour réparer l’antenne radio.
Nous passerons une grande partie de notre temps en voiture, ce qui nous demandera de gérer un tant soit peu la conduite (en allumant le moteur et en retirant le frein à main) tout en veillant à l’essence.
La deuxième partie du jeu est à l’intérieur du camion-restaurant et concerne la cuisine et la vente. Quand nous nous garons dans une zone peuplée, nous pouvons ouvrir notre restaurant afin d’attirer les clients alentours.
Chaque client aura ses propres demandes : certains demanderont des salades précises, comme la classique pomme – banane, alors que d’autres auront des demandes plus vagues comme une pomme et deux autres fruits, et nous pourrons alors intégrer les ingrédients de notre choix.
Un jeu bugué de base qui connait un portage calamiteux…
Là où Fruitbus diffère d’un jeu de simulation classique, c’est sur son aspect cosy : l’expérience est calme et il n’y aucune contrainte de temps ni de réelle difficulté pour terminer les recettes. Pour faire une recette il suffira de sélectionner les fruits, les poser sur notre plan de travail, prendre notre couteau, les couper (ils se coupent d’une simple pression de bouton) avant de récupérer les fruits et les mettre dans le bol. La manipulation est vraiment très simple et à la portée de tous.
Les clients nous paient ensuite en fonction d’un décompte assez peu lisible : ils nous paient une première fois pour le nombre d’ingrédients, une deuxième fois si l’ingrédient est adapté à la recette, et une troisième fois si les ingrédients entre eux créent une synergie. Cependant, cette mécanique est si peu claire que même si la recette vaut 34 pièces, nous en recevons parfois dix, vingt, voire trente-quatre. À moins que ça ne soit un bug…
Car si Fruitbus est un jeu avec une grande ambition et de belles idées, il ressemble à un jeu inachevé qui donne la sensation que les développeurs ont oublié de passer par l’étape débogage.
La version originelle, sortie en octobre 2024 sur PC, était déjà truffée de bugs. La version sur Nintendo Switch a gardé ces problèmes et l’a couplé avec un portage catastrophique, à la limite de l’indécence.
Il y a des murs invisibles et les textures ont leurs propres règles qui défient le bon sens. Certains buissons peuvent nous bloquer alors que d’autres non. Sachant qu’il faut régulièrement grimper un peu partout pour récupérer des fruits en hauteur, cette dure loi des textures rend l’expérience frustrante.
D’autres bugs nous obligent à relancer le jeu ce qui, là aussi, nous énerve au plus haut point. Et bien sûr, il y a cet argent qui disparaît de notre tirelire sans raison, ce qui fait que nous sommes parfois sous-payés pour notre travail.
Le portage sur Nintendo Switch est vraiment affreux. Les personnages se déplacent parfois à moins de 24 images par seconde, ce qui nous donne une impression générale saccadée. L’aliasing est omniprésent, et nous sommes parfois incapables de voir ce qui se trouve devant nous.
En voiture, nous pouvons parfois découvrir la suite de notre chemin au dernier moment, et nous devons très régulièrement faire des demi-tours à cause de routes découvertes sur le tard. Visuellement, cet alisasing constant abîme littéralement la rétine que ce soit en mode docké ou portable.
… Malgré pourtant de belles intentions
C’est dommage, car Fruitbus, sur le principe, avait le potentiel pour devenir un grand jeu. L’expérience est cosy à souhait, le gameplay est classique mais efficace, et comme susmentionné, nous sentons l’ambition des développeurs et leur travail.
La progression est lente mais elle est gratifiante : il est agréable de découvrir de nouveaux fruits ou de récupérer des nouveaux objets, dont la précieuse pince à fruits qui nous permet d’éviter de grimper sur toutes les caisses à disposition.
Dans ces conditions, nous vous recommandons de fuir Fruitbus, et ce peu importe son prix. L’expérience est bien trop pauvre techniquement pour permettre aux joueurs de s’amuser, malgré la durée de vie qui dépasse aisément la dizaine d’heures.
La bande-son est une véritable bouffée d’oxygène qui sauve un peu ce naufrage. Le personnage de grand-mère est intégralement (et très bien) doublé en français ! Même si n’avoir qu’un seul personnage doublé est très perturbant au début, nous sommes ravis des efforts des développeurs.
La musique est étrange, dans le bon sens du terme. Les pistes sont dynamiques et réussissent à nous emmener loin des clichés habituels des jeux cosy, avec des bandes son tellement relaxantes qu’elle peuvent parfois nous endormir.
Que dire des graphismes ? Sur le papier, la patte graphique est intéressante, avec un côté Animal Crossing assumé et de jolies couleurs chatoyantes. Malheureusement, pour les raisons déjà énoncées, nous ne pouvons dire décemment que le jeu est intéressant visuellement. Notons aussi quelques erreurs dans la traduction française avec même quelques fautes de frappe, ce qui, en un sens, nous permet de savoir qu’elle a été réalisée par une véritable équipe et non par l’IA.
Nous vous joignons une vidéo d’une quarantaine de minutes enregistrée en début de partie qui montre une partie des problèmes (sachant qu’ils vont de mal en pis).
Conclusion
Fruitbus est un jeu d’une ambition débordante mais qui donne une sensation d’inachevé. Malgré le concept cosy et son gameplay relaxant, le jeu arrive sur Nintendo Switch avec de nombreux bugs… et un aliasing si prononcé que conduire devient une véritable épreuve. C’est dommage, car nous voyons les intentions qui auraient pu être magnifiques, si bien réalisées… Mais ce n’est malheureusement pas le cas.
LES PLUS
- Une thématique touchante sur le deuil
- De belles intentions
- Une bande-son réussie
- Un gameplay complet, en théorie
LES MOINS
- Des bugs à foison, rendant l’expérience douloureuse
- Un portage catastrophique : il faut éviter le jeu à tout prix !
- Des personnages peu fluides
- Un aliasing très prononcé









