Les années 1920 marquent un tournant dans le cinéma qui se « professionnalise » en proposant les premiers chefs-d’œuvre de cette industrie naissante. Alors qu’Harold Lloyd, Buster Keaton et Charlie Chaplin se tirent la bourre pour devenir le roi de la comédie, que L’Aurore (1927) bouleverse le public, et qu’Abel Gance sort son démesuré et inégal Napoléon (1927), un certain Walt Disney débarque dans le milieu. C’est en pensant à cet encore jeune dessinateur et à son Steamboat Willie (1928) que le développeur Simon Lukasik a créé Bad Cheese, un jeu horrifique dans l’univers de Mickey. Que nous donne ce titre qui sort sur l’eShop le premier septembre 2025 à treize euros ? Verdict tout de suite !
La Maison de Mickey version épouvante
Bad Cheese est un jeu d’horreur en noir et blanc qui s’inspire des cartoons des années 1920. Nous suivons le quotidien maussade d’une jeune souris en surpoids. Cette dernière est enfermée chez elle, obligée de faire toutes les tâches ménagères pendant que sa mère est absente et son père violent.
Le jeu nous propose une vue à la première personne à la maniabilité volontairement saccadée, dans laquelle nous allons accomplir diverses tâches pour satisfaire les besoins de nos parents. La prise en main est rapide et classique : nous avons un bouton pour se déplacer, un autre pour interagir avec les objets et un dernier pour s’accroupir.
Le gameplay se concentre sur les tâches du quotidien que nous devons réaliser : nous allons passer l’aspirateur, laver les assiettes, préparer des frites, les assaisonner… le tout dans un univers étrange oppressant.
En réalisant toutes ces activités, nous allons croiser des créatures étranges qui vont parfois nous attaquer et nous aurons des phases qui se rapprochent du FPS pour éliminer des araignées, ou des sortes de têtes de souris sur ressort. Bien que le jeu soit catégorisé « horreur », nous sommes plutôt dans une expérience anxiogène où la tension est créée par son univers plutôt que par des jump scares.
Globalement, Bad Cheese reprend le gameplay assez classique du genre avec des tâches assez basiques à exécuter qui deviennent stressantes à cause de son ambiance. Nous enchaînerons des phases de gameplay assez simples avec des phases de combat et des passages labyrinthiques. Nous pourrons aussi récupérer dans chaque pièce des paquets de chips, des saucissons ainsi que des figurines qui sont cachés çà et là dans les décors pour les amoureux du 100%.
Une expérience qualitative…
Bad Cheese est une expérience réussie mais qui ne marque pas forcément les esprits. Il y a plein de belles choses dans le jeu, à commencer par son univers cartoon qui crée un ensemble cohérent et oppressant à souhait. Nous aimons les décors, les petits détails à droite à gauche, ainsi que la figure monstrueuse du père, à mi-chemin entre Pat Hibulaire, Dingo, et la créature d’épouvante. Nous aimons aussi toute la séquence qui nous place dans Steamboat Willie, clin d’œil intelligent et amusant qui nous permet vraiment de ressentir les intentions de Simon Lukasik.
Plus généralement, nous avons apprécié les thématiques déployées autour de la maltraitance infantile et la façon dont celles-ci sont présentées, avec notamment son message positif à la fin.
Malheureusement, Bad Cheese possède en même temps un gameplay classique, peut-être un peu trop, et le développeur ne va malheureusement pas jusqu’au bout de ses intentions. Nous avons l’impression qu’avec une telle force de proposition (reprendre le cartoon pour parler des problèmes de l’enfance), le développeur reste finalement timoré, loin de ce que le jeu pourrait nous donner.
Nous sommes restés sur notre faim, que ce soit en termes de gameplay, de scénario, de graphismes, de bande-son et même d’angoisse. La base est là, avec (comme susmentionné) de bons passages, mais il manque cette profondeur qui aurait pu transformer l’expérience en incontournable du genre. Finalement, malgré la qualité du jeu, nous avons eu un sentiment déceptif lors du générique de fin.
… mais qui ne pousse pas assez les curseurs
La maniabilité volontairement saccadée est frustrante car elle n’apporte pas grand-chose à l’histoire ou au gameplay (en termes d’horreur, par exemple). Notre personnage est lent, et nous devons subir les quelques passages FPS en étant limités dans nos mouvements. C’est dommage, car la lenteur aurait pu être un prétexte pour nous surprendre, nous angoisser, voire même nous faire sursauter.
La durée de vie est assez faible, même pour treize euros. Bad Cheese se termine en ligne droite en deux heures avec une rejouabilité assez limitée. Les complétionnistes pourront passer maximum quatre heures sur le jeu pour récolter tous les objets, même si ces derniers n’apportent pas grand-chose à l’expérience.
Les graphismes sont intéressants, avec cette patte graphique décalée qui réussit à nous intriguer. Les influences cartoon sont réussies et les créatures rencontrées sont particulièrement angoissantes. Malheureusement, nous pensons aussi que les curseurs auraient pu être poussés pour avoir une expérience impactante.
La bande-son est particulièrement sympathique, avec un doublage en anglais rétro efficace qui crée un contraste intéressant entre la gentillesse de notre personnage et la méchanceté de notre paternel. La musique est bonne, même si, là encore, nous allons nous répéter, nous aurions pu avoir des pistes bien plus angoissantes dans le style cartoon.
Le portage est très bien réalisé, et le mode portable (avec un casque) permet de se plonger entièrement dans l’univers. Le jeu est intégralement traduit en français.
Nous vous joignons une vidéo de quarante-cinq minutes de gameplay réalisée au début de l’aventure pour voir si l’expérience vous plaît.
Conclusion
Bad Cheese est un bon jeu d’horreur, avec un univers soigné et oppressant à souhait. Même si l’expérience est globalement positive, nous avons la sensation que le jeu ne pousse pas assez les curseurs, et nous restons avec un jeu sympathique mais qui aurait pu vraiment être impactant avec plus de profondeur. Nous sortons de l’expérience frustrés face à ces promesses finalement à moitié tenues.
LES PLUS
- Un univers oppressant réussi
- Une bonne idée d’utiliser le cartoon pour parler de la maltraitance infantile
- Un doublage rétro de qualité
- Le Steamboat Willie en mode horreur
- Un jeu d’horreur qui fonctionne à l’ambiance et non aux jump scares
LES MOINS
- Une durée de vie courte (2 heures en ligne droite)
- Un gameplay peut-être trop classique
- La maniabilité volontairement rigide
- Un jeu qui ne pousse pas assez les curseurs et reste en surface









