Le golf virtuel a toujours eu cette réputation un peu poussiéreuse, souvent perçu comme trop technique ou réservé à une niche de puristes. Pourtant, il existe une franchise qui, depuis des décennies, s’évertue à casser ce cliché avec humour, style et une accessibilité exemplaire (en dehors du sacro-saint Mario Golf). Le voilà qui fait son grand retour après huit longues années d’absence : Everybody’s Golf Hot Shots est là, et il a plus d’une flèche à son arc pour séduire aussi bien les vétérans de la série que les bleus du green. Et cette série, exclusive à Sony, débarque enfin sur une console Nintendo.
It’s Tea Time
Pour la première fois de son histoire, la série quitte le giron exclusif de PlayStation et de son développeur historique, Clap Hanz. C’est désormais au studio Hyde (sous la publication de Bandai Namco) que revient la lourde tâche de raviver la flamme de cette licence culte. Un changement majeur qui n’a visiblement pas entamé l’âme du jeu, bien au contraire.
L’objectif est simple, séduisant et double : d’un côté, on retrouve le cœur de simulation golfistique avec ses tournois classiques et sa recherche de la perfection technique. De l’autre, une expérience décomplexée, colorée et résolument fun, portée par une galerie de personnages plus attachants et nombreux que jamais. Avec une trentaine de golfeurs à débloquer, le jeu nous promet des centaines d’heures de pratique. On alterne entre les modes solos pour progresser à son rythme et les sessions multijoueur endiablées, le tout dans une ambiance bon enfant qui ne se prend jamais au sérieux.
Le gameplay au service de l’étiquette
C’est indéniablement le point d’orgue du titre. Le gameplay repose sur le désormais célèbre système aux trois boutons. Un premier appui lance la jauge de puissance, un deuxième la fixe, et un troisième détermine la précision de l’impact. C’est d’une simplicité déconcertante à prendre en main, littéralement quelques minutes suffisent pour envoyer sa première balle. Pourtant, la maîtrise totale de ce système est un art en soi.
La vraie profondeur vient de la gestion des nombreux paramètres : la force et l’orientation du vent, le choix du club et de la balle, et surtout, l’application d’effets (top spin, back spin, side spin) pour contrer les éléments ou contourner un obstacle. On peut même viser l’endroit précis où le club frappera la balle pour influencer sa trajectoire. Le putting, souvent un cauchemar dans d’autres jeux, est ici remarquablement bien assisté par une grille sur le green indiquant parfaitement les pentes et les déviations. C’est ce subtil équilibre entre simplicité immédiate et une couche de profondeur presque infinie qui fait toute la magie de Everybody’s Golf Hot Shots.
Petit bémol, notons que la progression est volontairement très lente. Les personnages débutants sont plutôt faibles et il faudra de nombreuses parties (et beaucoup de patience) pour améliorer leurs stats via la nourriture achetée en boutique et en augmentant leur niveau de loyauté. Comptez une à deux montées de niveau par parcours de 18 trous, ce qui peut sembler long sur la durée.
Quand tu frappes la balle, n’aie aucune crainte quant à sa destination, mais n’aie aucun espoir non plus
Contrairement à ce qu’on pourrait attendre d’un jeu de sport, Everybody’s Golf Hot Shots propose une vraie modalité « World Tour » propre à chaque personnage. Il s’agit d’une suite de défis entrecoupée de courtes cinématiques façon roman visuel, qui donnent un peu de contexte et de personnalité à chaque golfeur. Si les histoires sont souvent basiques mais charmantes (la joyeuse Aile reste un coup de cœur), elles sont surtout un excellent prétexte pour débloquer du contenu. Il est possible de désactiver ces cinématiques, mais on passerait à côté d’une part non négligeable du charme du jeu.
Le mode « Défi » est l’autre pilier solo. Il consiste à enchaîner des tournois de difficulté croissante pour augmenter son rang et affronter des « boss » afin de débloquer de nouveaux golfeurs et parcours. Les conditions de jeu varient (nuit, pluie, règles spéciales) et maintiennent l’intérêt intact. On retrouve aussi le traditionnel mode match ou stroke play entièrement personnalisable, et un mode entraînement très complet pour peaufiner son swing.
Ne jouez jamais avec un ami chanceux et mauvais gagnant (Hadra je te hais)
C’est certainement là que le jeu révèle tout son potentiel social et fun. Le multijoueur est disponible en local jusqu’à 4 joueurs et en ligne. Malheureusement, il n’y a pas de cross-play entre la Switch, la PS5 et le PC. De plus, il n’y a qu’un cross-play limité avec la version japonaise sur Nintendo Switch. Vous ne pourrez vous rejoindre que via des codes de session très longs et qui changent à chaque partie. La faute, certainement, au rename du jeu au Japon.
Outre les parties classiques, le véritable clou du spectacle est le « Wacky Golf », un mode qui pulvérise toutes les conventions. Ici, tout est permis :Des mines dissimulées dans le terrain font exploser les balles à l’impact, le perdant d’un trou se fait voler un club au hasard, on utilise des tickets pour infliger des malus à l’adversaire ou s’accorder des bonus (tornade qui aspire la balle dans le trou, trous multiples, coup supplémentaire…). Des événements complètement fous comme des masses d’animaux qui traversent le terrain ou des tornades qui modifient la physique des balles.
C’est drôle, imprévisible et parfait pour des soirées entre amis. On regrette juste l’absence d’un mode minigolf, présent dans certains opus précédents.
Sur Switch, c’est bien, mais vous savez qu’il y a une Switch 2 ?
Le jeu adopte un style cartoon et coloré parfaitement adapté à la licence. Les personnages en chibi avec leurs grosses têtes sont adorables, et la personnalisation des tenues (via une monnaie virtuelle, pas de microtransactions) ajoutent une bonne dose de piquant.
Techniquement, le titre montre quelques compromis sur Switch. Si les parcours sont bien conçus, riches et variés (des montagnes à la ville en passant par la plage), le moteur graphique semble tirer ses origines de l’ère PS3. Certains textures et effets (comme l’eau) manquent un peu de finesse. Surtout, on note quelques ralentissements occasionnels, notamment quand le vent est fort ou lors de certains effets spéciaux, et un léger freeze peut survenir lors d’un tir parfait. Rien de rédhibitoire, mais c’est notable. La résolution est correcte et le style artistique compense largement ces petits défauts techniques.
L’autre petit hic, c’est la bande-son, c’est même probablement le plus gros point noir du jeu. La bande-son est composée de musiques entraînantes mais très répétitives qui finissent par lasser. Pire, les répliques des personnages et des caddies sont extrêmement limitées. Vous entendrez « Great Shot ! » ou « You can do it, girlie ! » des centaines de fois, au point de vouloir très rapidement baisser le volume des voix dans les options. C’est dommage, car cela entache un peu l’expérience globale.
Entre le déblocage des 30 golfeurs, l’amélioration de leurs stats, la collection de tenues, de clubs et de balles, la complétion de toutes les histoires en World Tour et l’ascension des classements en ligne, il y a plusieurs centaines d’heures de jeu au compteur. L’ajout des modes Wacky Golf et des tournois mondiaux en ligne (non testés pour ce test) assure une rejouabilité phénoménale.
Conclusion
Everybody's Golf Hot Shots est une réussite éclatante. Hyde a parfaitement saisi l'ADN de la série : un gameplay intuitif et profond, une ambiance joyeuse et décalée, et un contenu gargantuesque. Malgré une progression un peu trop lente, des performances parfois perfectibles sur Switch et des doublages agaçants, le plaisir de jeu est immense, que l'on soit seul ou à plusieurs. Il comble parfaitement le vide laissé par des licences plus arcade et offre une alternative plus riche et personnalisable que beaucoup de ses concurrents. C'est le jeu de golf ultime pour se détendre et s'amuser sans se prendre la tête, et une excellente raison de sortir sa Switch entre amis. Un eagle réussi.
LES PLUS
- Un gameplay simple à prendre en main mais très profond
- Une quantité de contenu phénoménale (personnages, modes, customisation)
- Les modes multi, hilarants en multijoueur
- L'ambiance colorée et joyeuse
LES MOINS
- La progression des personnages est très lente
- Les voix répétitives deviennent vite agaçantes
- Quelques ralentissements techniques sur Switch
- Pas de cross-play en ligne









