Alors que les jeux sont de plus en plus gourmands graphiquement, le studio Polonais Moral Anxiety Studio a fait le choix audacieux de développer un RPG illustré intégralement textuel, Roadwarden. Après sa sortie en 2022 sur PC, le jeu débarque sur Nintendo Switch pour essayer de conquérir un nouveau marché. Que nous donne ce titre multi-primé, disponible à onze euros sur l’eShop depuis le 25 août 2025 ?
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant + en anglais est nécessaire pour jouer à Roadwarden.
Un RPG textuel à l’écriture soignée
Roadwarden est un jeu dans lequel nous incarnons le nouveau « garde-route ». Notre rôle, bien qu’il ne soit pas défini, est de discuter avec les habitants et relier les villages entre eux afin de créer des zones de commerces. Nous allons donc, à dos de notre monture, nous balader dans un environnement hostile pour rencontrer les peuples alentours et accomplir notre mission.
Nous sommes dans un RPG textuel. La grande majorité du temps, nous allons lire de grands pavés de texte, et ce, peu importe l’action réalisée. Nous préférons donc vous prévenir : si la lecture n’est pas votre dada, nous vous conseillons de tourner les talons.
Dans Roadwarden, tout est question de lecture… et de choix. En plus de la classe que nous allons choisir (plutôt mage ou guerrier ?), nous choisissons où nous allons nous diriger, avec qui nous allons parler et comment nous allons nous comporter.
Notre personnage doit survivre en faisant attention à plusieurs paramètres : sa vitalité, sa faim, son armure, son apparence (pour parler aux gens), ainsi que l’heure, l’argent et le mana (pour les magiciens).
Ces paramètres seront donc à prendre en compte pour mener à bien notre quête. Il faudra en permanence surveiller l’heure pour trouver un refuge où dormir (et ne pas être en danger), mais certains habitants nous demanderont de l’argent pour se reposer, or la nourriture, l’équipement et la réparation de l’armure coûtent aussi de l’argent. Nous aurons aussi à veiller à notre langage, une blague mal placée ou un langage trop timoré peuvent rapidement vexer un habitant.
Pour gagner de l’argent, nous pourrons accomplir des quêtes et des petits boulots (escorte, aide à la chasse) qui nécessiteront là encore de prendre des décisions souvent drastiques. Alors que nous aidons à la chasse, faut-il laisser la créature s’approcher, quitte à prendre quelques coups, ou bien faut-il prendre les devants, au risque de faire fuir l’animal ?
Nous aurons aussi quelques passages où nous devrons fouiller des zones en cherchant directement à l’aide du clavier de la Nintendo Switch les objets désirés (nourriture, bois, bibelots, etc.).
Un univers dangereux prenant
Notre voyage nous permettra aussi d’en apprendre plus sur Asterion, l’ancien garde-route, sur le monde dans lequel nous évoluons, sur ses dangers et la vie parfois peu reluisante des habitants que nous croisons.
Roadwarden mérite ses louanges. Le jeu, pour un tarif assez réduit (onze euros), propose un contenu conséquent avec une écriture soignée qui réussit à nous tenir en haleine. Prendre une décision est stressante, et nous devons parfois réfléchir à deux fois avant de se lancer dans l’exploration de ses routes remplies de danger.
Le gameplay est simple sur le papier mais il prend une épaisseur grâce au scénario et à l’univers que les auteurs déploient à travers le jeu. Nous avons une écriture mature, sombre (sans pour autant être irréaliste, alambiquée ou trop violente) qui séduira les amateurs de RPG et de narration.
La durée de vie est conséquente (une dizaine d’heures si vous explorez tout, moins si vous « skippez » les dialogues), avec une certaine rejouabilité en fonction de vos envies. Le nombre de texte à lire est assez impressionnant.
Malgré toutes ses qualités qui auraient pu faire de Roadwarden un must have, le jeu souffre de deux défauts majeurs qui ont terni notre expérience. Déjà, le jeu n’est pas traduit en français. D’ordinaire, l’absence de traduction ne nous dérange pas : nous nous débrouillons bien avec la langue de Shakespeare.
Mais dans Roadwarden, à cause de la quantité de texte, des objets à rechercher au clavier, du vocabulaire peu courant utilisé, mais aussi parce que les habitants parlent en mâchant leurs mots, la compréhension est complexe.
Il faut prendre de longues minutes pour comprendre ce qui est écrit et nous jouons avec la crainte d’avoir loupé ou mal compris une information importante. Plus généralement, nous finissons plus fatigués que détendus à la fin de chaque session de jeu à cause de l’effort de traduction demandé par le jeu.
Mais une absence de traduction et un portage médiocre qui briment le joueur
Après si l’anglais coule naturellement dans vos veines, n’hésitez pas, mais si vous êtes comme nous, avec une excellente compréhension de la langue anglaise mais qui n’est pas innée, nous vous conseillons de passer votre chemin.
De plus, Roadwarden connaît un portage médiocre (sur les deux Switch) qui nous empêche de jouer convenablement en mode docké. Les touches sont peu lisibles et la maniabilité est catastrophique. Nous perdons très régulièrement notre curseur et il faut parfois lutter pour le retrouver. Écrire sur le clavier numérique de la Nintendo Switch n’est pas non plus très agréable.
Ces problèmes se résolvent en mode portable, notamment grâce à l’ajout du tactile mais cela reste frustrant. Les développeurs et l’équipe du portage sont visiblement au courant de ces problèmes, et nous espérons voir un patch qui améliorera la version Nintendo Switch.
Les graphismes de Roadwarden (les illustrations) sont jolis et correspondent bien à l’univers. Elles permettent de nous guider et apportent un bonus non négligeable lors de l’exploration de certains lieux.
La bande-son est agréable. Même si elle n’est pas inouabliable, elle se fond dans l’ambiance et agrémente bien le texte sans pour autant être trop discrète. Elle fait son travail, et même un peu plus.
Nous vous joignons une vidéo de trente minutes de gameplay enregistrée au début de l’aventure. Elle vous permet notamment de jauger le jeu (et sa myriade de mots) en vue d’un futur achat.
Conclusion
Roadwarden est un excellent RPG textuel disponible à tout petit prix. La narration est soignée et promet de nombreuses heures de lecture et de décisions à prendre. Malheureusement, pour cette aventure à l’écriture aussi travaillée, l’absence de traduction est un énorme frein à la compréhension, et même les joueurs les plus expérimentés en anglais pourraient avoir des difficultés sur le titre. Le portage en mode docké est peu qualitatif, avec une maniabilité délicate qui nous empêche de s’amuser convenablement. Nous espérons que le patch prévu par les développeurs arrive bientôt.
LES PLUS
- Un RPG textuel très bien exécuté
- Un gameplay simple mais loin d’être « facile »
- Chaque décision a son importance
- Une écriture soignée et prenante
- De belles illustrations pour visualiser les décors
- Une bande-son de qualité
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Un jeu qui nécessite un niveau très très élevé en anglais
- Il faut aimer lire de grandes quantités de textes
- Un portage rendant l’expérience en mode docké indigeste









