On ouvre ce test par une confession : il est rare qu’un shoot ’em up nous marque à ce point. Pourtant, Platypus Reclayed, cette résurrection orchestrée par Anthony Flack et son studio Claymatic Games, y parvient avec une maestria qui force le respect. Vingt-deux ans après la sortie originale sur PC, ce titre débarque sur Nintendo Switch, et on est immédiatement séduit par son identité visuelle absolument unique.
L’artisanat au service du jeu vidéo
Le cœur de l’expérience Platypus réside dans son esthétique Claymation. On ne parle pas ici de simples textures imitant la pâte à modeler, mais de véritables assets fabriqués à la main. Chaque vaisseau, chaque ennemi, chaque décor a été méticuleusement sculpté dans de l’argile, photographié, puis intégré au jeu. Le résultat est une profondeur et un charme artisanal qui contrastent radicalement avec la production standardisée actuelle. Sur Nintendo Switch, que l’on joue en mode portable ou sur son téléviseur, les couleurs sont vibrantes, les détails sont nets, et cette sensation de toucher du doigt un monde miniature est permanente.
L’histoire nous propulse dans un conflit entre la paisible Mungola et l’impérialiste Collosatropolis, cette dernière cherchant à s’étendre pour faire face à sa surpopulation. Notre mission ? Piloter le légendaire F-27 « Platypus » et repousser l’invasion à travers une série de niveaux toujours plus frénétiques. Si la trame narrative reste simple, elle sert parfaitement de prétexte à l’action et nous pousse naturellement de l’avant.
Un shoot ’em up exigeant et généreux
On se retrouve face à un shoot ’em up horizontal du pur cru, qui assume pleinement son héritage « bullet hell ». Le maniement est d’une simplicité exemplaire : on se déplace et on tire. Cette accessibilité immédiate est pourtant le prélude à un défi redoutable. Même en difficulté « Débutant », la mort est fréquente, mais elle est presque toujours due à une erreur de jugement et non à un défaut du jeu. Les contrôles sont parfaitement réactifs et précis, que l’on utilise les Joy-Cons ou un Pro Controller.
La progression se fait à travers quatre zones distinctes (Mungolan Fields, Above the Clouds, Volcanic Archipelago et Within Collosatropolis), chacune divisée en cinq niveaux couronnés par un combat de boss épique. La grande force de Platypus Reclayed réside dans sa conception intelligente : après avoir achevé une zone, on peut recommencer une partie directement à partir de celle-ci, évitant l’écueil de devoir toujours tout recommencer depuis le début.
Le système d’armes est un véritable petit bijou. Les power-ups, représentés par des étoiles, ne s’accumulent pas. Chaque étoile collectée remplace l’arme actuelle pour une durée limitée d’environ 30 secondes. Cela introduit une couche stratégique supplémentaire : faut-il ramasser cette nouvelle arme immédiatement, ou attendre le bon moment ? La variété est folle : des classiques lasers et missiles aux plus farfelus comme des salves de saucisses ou de poissons en argile. L’arme marquée « ?! » est un véritable délire. On développe rapidement des préférences et on apprend à identifier les lettres correspondant à nos armes favorites pour éviter de les remplacer par accident.
Personnalisation et co-op
On apprécie la possibilité de choisir parmi huit couleurs pour son vaisseau, un détail qui devient crucial en mode co-op local. À deux, l’écran devient un chaos magnifique de balles, d’explosions et de power-ups, et pouvoir identifier rapidement son vaisseau est une bénédiction. Le mode coopératif, en drop-in simple, est une excellente idée pour partager le plaisir et la difficulté avec un ami.
La rejouabilité est au rendez-vous grâce à trois vaisseaux aux caractéristiques distinctes, débloqués en fonction de la difficulté choisie :
- Le T-11 Plover (Débutant) : Un bouclier intégré vous protège d’un coup.
- Le F-27 Platypus (Normal) : Des stats équilibrées.
- Le X-18 Wyvern (Avancé) : Plus puissant et rapide, mais sans bouclier.
Ce système, couplé à la chasse aux scores et aux crédits (continues) qui s’obtiennent en terminant une zone ou en dépassant les 5000 points, crée une boucle de jeu incroyablement addictive. On se surprend sans cesse à se dire « juste une dernière tentative ».
Une galerie qui célèbre l’artisanat
Quand l’action devient trop intense, on peut se réfugier dans la Galerie. C’est là que l’on prend toute la mesure du travail accompli. On y admire les modèles d’argile sous tous les angles, y compris leurs versions « endommagées ». C’est un hommage touchant au processus créatif et cela renforce l’impression de posséder un objet unique, fait avec amour.
Platypus Reclayed est une réussite totale. C’est un shoot’em up exigeant mais juste, doté d’une identité artistique inoubliable qui le place dans une catégorie à part. Son gameplay simple à prendre en main mais difficile à maîtriser, sa générosité en contenu (co-op, modes de jeu alternatifs, galerie) et son charme artisanal en font un titre incontournable pour les amateurs du genre.
Même si la difficulté peut en rebuter certains, l’équilibrage via les différents vaisseaux et la progression par zone permettent à chacun de trouver son compte. Sur Nintendo Switch, il fonctionne parfaitement, que ce soit pour une partie rapide dans les transports ou une session plus longue sur le canapé.
Platypus Reclayed est disponible sur l’eShop au prix de quinze euros.
Conclusion
Platypus Reclayed n'est pas qu'un simple remake ; c'est une célébration de l'artisanat et du jeu vidéo dans ce qu'il a de plus pur et de plus fun. Une pépite absolue.
LES PLUS
- Une direction artistique unique et superbe
- Un gameplay de shoot 'em up classique, exigeant et très bien équilibré
- Une grande variété d'armes farfelues et amusantes
- Le mode co-op local
- Une rejouabilité excellente grâce aux différents vaisseaux et à la chasse aux scores
LES MOINS
- La difficulté, même en mode facile, peut être un obstacle pour les joueurs les plus occasionnels









