Le légendaire créateur de jeux vidéo Shigeru Miyamoto s’est exprimé dans une interview accordée à Kyodo News au sujet de la nouvelle stratégie de Nintendo, désormais pleinement engagée dans la production cinématographique. Le créateur de Super Mario et The Legend of Zelda a expliqué cette orientation avec une phrase simple mais lourde de sens :
« Les jeux finissent par ne plus fonctionner quand de nouvelles versions apparaissent, mais les films demeurent pour toujours. »
Pour Miyamoto, le cinéma représente une manière unique pour Nintendo de préserver et transmettre ses univers au-delà des générations de consoles, tout en permettant aux fans de redécouvrir leurs séries favorites sous un nouveau jour. Cette vision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire de Nintendo une marque mondiale intemporelle, capable d’exister bien au-delà du seul jeu vidéo.
Depuis le succès phénoménal de The Super Mario Bros. Movie en 2023 — produit en collaboration avec le studio américain Illumination — Nintendo a clairement décidé d’intensifier sa présence dans le secteur. Ce film d’animation, devenu un succès mondial record, a relancé les ventes de la série Mario et confirmé l’intérêt du public pour les adaptations cinématographiques de licences vidéoludiques.
Le prochain grand projet de Nintendo sera The Super Mario Galaxy Movie, prévu pour avril 2026, suivi d’un film en prises de vues réelles basé sur The Legend of Zelda attendu en mai 2027. Ces productions s’accompagnent d’une réorganisation interne : la firme a récemment remanié l’une de ses filiales afin de renforcer ses activités liées aux événements live et aux produits dérivés inspirés de ses films et personnages.
Miyamoto, désormais Executive Fellow chez Nintendo, est moins impliqué dans le développement des jeux qu’à ses débuts, mais joue un rôle central dans cette nouvelle ère. Il a également supervisé l’expansion des parcs à thème Super Nintendo World à travers le monde, une autre facette de la stratégie visant à étendre la présence de Nintendo dans la culture populaire globale.
L’intérêt croissant pour le cinéma ne concerne d’ailleurs pas que Nintendo. Capcom, autre géant japonais, poursuit la même logique depuis des décennies. Depuis le film Street Fighter (1994) avec Jean-Claude Van Damme, la société a participé à 21 adaptations cinématographiques, notamment celles de Resident Evil et Monster Hunter. Un nouveau Street Fighter est même attendu en octobre 2026.
Selon Hideki Yasuda, analyste principal chez Toyo Securities, cette convergence entre jeux et cinéma est une stratégie gagnante :
« L’exploitation efficace des propriétés intellectuelles permet de diversifier les revenus et d’accroître la notoriété. Le cinéma évoque la nostalgie et incite les spectateurs à racheter les jeux, créant ainsi un effet de synergie entre les médias. »
Pour Miyamoto, le cinéma est donc bien plus qu’une simple diversification : c’est une forme d’immortalité pour les univers de Nintendo, un moyen de garantir que les aventures de Mario, Link et leurs compagnons ne soient jamais limitées par le cycle technologique des consoles, mais continuent à vivre pour les générations futures.








