Avec un titre assez peu évocateur pour la plupart, Scurge: Hive inspirait déjà la curiosité lors de sa sortie originale en 2006 sur GBA et DS. Près de deux décennies plus tard, cette nouvelle version pour la Nintendo Switch, développée par Orbital Media et éditée par Ratalaika Games, tente de remettre en avant leur titre, en espérant lui insuffler un second souffle. Pour y parvenir, ce jeu d’action-aventure de type metroidvania s’est entièrement refait une beauté, promettant des graphismes HD et des animations fluides, tout en conservant son gameplay isométrique unique et son ambiance oppressante. La question est de savoir si ce portage parvient à gommer les défauts de jeunesse et à positionner la chasseuse de primes Jenosa Arma comme une alternative crédible à Samus Aran.
Le retour d’un classique pas encore culte
Dans un monde futuriste où la survie est devenue la principale préoccupation, nous incarnons Jenosa Arma, une chasseuse de primes solitaire. Sa nature curieuse la pousse à accepter une mission douteuse pour le compte de la Confédération Galactique, et elle doit donc se rendre sur la Planète Inos pour sécuriser un complexe de laboratoire qui a coupé toute communication. Le salaire est exorbitant, mais l’opération tourne rapidement au cauchemar.
Son vaisseau est attaqué par des bioformes inconnues et, lors de son évasion forcée, Jenosa entre en contact avec une boue bio-organique. Elle se retrouve instantanément infectée par le Scurge, un parasite alien qui commence à consommer son corps et sa biocombinaison en temps réel.
Le scénario plonge immédiatement le joueur dans une atmosphère pesante. Jenosa est seule contre des milliers de formes de vie hostiles et sa principale préoccupation n’est plus seulement de percer à jour les intentions de ses employeurs, mais de survivre à l’infection qui la guette à chaque seconde.
À l’instar d’un Metroid Fusion, l’ambiance et le concept sont étonnamment sombres, évoquant l’horreur biologique et la paranoïa d’un film d’horreur, dont on retrouve bien les inspirations entre Alien et The Thing.
Votre temps est compté
Si Scurge: Hive se place clairement dans le sillage de Metroid en matière de structure (exploration progressive, récupération d’équipement pour débloquer de nouvelles zones), il sait aussi s’en éloigner avec des choix de gameplay audacieux.
Tout d’abord, le jeu adopte une vue isométrique, ce qui le rapproche visuellement d’un Kingdom Hearts: Chain of Memories – pour citer un titre de la même époque – plutôt que d’un Metroid. Cette perspective permet une bonne lisibilité du terrain et des énigmes, mais elle introduit, comme sur les versions originales, une difficulté dans l’évaluation des perspectives et des distances lors des sauts, des tirs et des esquives.
C’est le principal point de friction, nécessitant un temps d’adaptation. Cependant, Jenosa dispose d’une polyvalence supérieure à la plupart des héros du genre, pouvant nager, grimper et s’agripper aux rebords, ce qui enrichit grandement l’exploration.
Là où le jeu excelle, c’est dans sa mécanique principale liée à la contamination par le parasite. L’infection Scurge est matérialisée par un compteur qui progresse en temps réel sur votre écran, augmentant rapidement au contact de la bio-matière rouge. Lorsque le compteur atteint 100 %, danger : la santé de Jenosa se vide très rapidement.
Cela crée une tension constante et oblige le joueur à une exploration méthodique et stratégique. Il n’y a pas de place pour la flânerie, il faut souvent trouver le prochain terminal de décontamination qui sert à la fois de salle de sauvegarde, de soin et de réinitialisation du taux d’infection à 1 %. Ce mécanisme génère une urgence permanente, forçant le joueur à progresser sous pression.
Rassurez-vous, au delà de l’urgence de la contamination, vous aurez à disposition un petit arsenal pour vous permettre d’affronter tous les monstres qui croiseront votre chemin. Le système de combat repose sur une sorte de modèle de « pierre-feuille-ciseaux » qui empêche le jeu de devenir un shooter mécanique, et sans réflexion.
Les ennemis biologiques sont plus sensibles à la chaleur, les robots sont vulnérables aux décharges électriques et les ennemis à Énergie sont vulnérables au froid. Utiliser la bonne arme contre le bon ennemi permet de garder une dynamique dans le gameplay, et l’arsenal s’enrichit également de quelques gadgets essentiels comme un grappin ou un booster d’adrénaline qui va créer un ralenti, chacun étant nécessaire pour résoudre des énigmes et accéder à de nouvelles zones.
Contrairement à Metroid, Scurge: Hive propose une petite dimension RPG puisque Jenosa gagne des points d’expérience en éliminant des ennemis, permettant une montée de niveau constante qui améliore sa santé et sa puissance. C’est une excellente décision de conception qui récompense l’affrontement et permet de compenser une difficulté parfois mal dosée de certains passages.
Scurge ne rime pas avec Scrooge
Visuellement, la version Nintendo Switch de Scurge: Hive reprend la version DS, qui était déjà une amélioration par rapport à la GBA (meilleur framerate et une vue plus large). Les développeurs ont retravaillé le jeu avec l’application d’un petit filtre HD et une fluidification des animations pour un affichage moderne en 16:9.
Jenosa est bien animée, et nous pouvons profiter pleinement du ballottement de sa longue queue de cheval. Ce coup de polish permet de profiter de certains effets de brume et de couleurs plus vives qu’à l’époque, sans dénaturer l’esthétique futuriste et sombre du titre. Comme beaucoup de jeux rétro, l’expérience sera bien plus agréable sur votre console en mode portable, plus proche de l’expérience d’origine mais aussi avec une appréciation différente de la distance et surtout des effets de mouvements.
En effet, en mode docké sur votre téléviseur, le jeu accuse un peu plus le coup, avec en conséquence des pixels plus larges, mais surtout, des mouvements de caméra trop réguliers et brusques, bien plus gênants pour le joueur en grand format. Comme la vue est isométrique, vous aurez des mouvements intempestifs de la caméra qui va suivre votre personnage dans le décor, créant une sorte de double mouvement : celui de votre personnage quand vous vous déplacez, et celui d’une caméra que vous ne gérez pas, et qui tente de s’adapter maladroitement à vous.
La bande-son a également été remastérisée, la musique, parfois déstabilisante, change intelligemment en fonction de la situation, plus intense dans les zones infestées, et apaisante dans les infirmeries. Un excellent travail de composition a été fait à l’origine en créant une atmosphère sonore qui renforce le sentiment d’urgence et d’isolement, même si les thèmes sont moins emblématiques que ceux d’un Metroid.
Scurge: Hive est un jeu assez court, puisque l’aventure se parcourt en une dizaine d’heures. La progression, bien que parfois tactique, est aussi redondante (trouver des cartes magnétiques, activer des interrupteurs, combattre des boss). Cette durée de vie est légèrement rallongée par le mode boss rush, anecdotique mais sympathique.
Pour cette nouvelle édition, les développeurs ont quand même mis un maximum de choses pour faire plaisir aux joueurs, grâce à l’inclusion d’un menu tout en anglais ou japonais, très moche et tout gris, dans lequel vous pourrez débusquer un sous-menu de succès à débloquer, permettant également d’augmenter légèrement la rejouabilité.
Vous aurez aussi l’ajout d’options modernes comme la sauvegarde rapide, une fonction de Rewind, qui vous permet de recommencer une action jusqu’à atteindre la perfection, ou même une option d’accélération de jeu. Vous pourrez également trouver plusieurs filtres disponibles pour modifier l’apparence du jeu (écran rétro, noir et blanc, etc.), et ajuster la taille de l’écran, ainsi qu’une galerie d’illustrations du jeu, qui est l’ajout que nous avons préféré, au final.
Scurge: Hive est disponible depuis le 9 octobre 2025 sur l’eShop au prix de 14,99 euros, en français.
Conclusion
Scurge: Hive est un jeu qui était un peu passé inaperçu à l’époque, et qui, malgré un gameplay parfois maladroit dû à sa perspective isométrique et sa caméra, atteint en grande partie ses ambitions. Ses bonnes idées, notamment le système d'infection en temps réel, l’ambiance sombre avec un penchant pour l’horrifique et la dynamique des affrontements par faiblesse des ennemis, lui confèrent une identité forte et une ambiance immédiatement prenante et réussie. Si vous êtes un fervent amateur de Metroid mais que vous recherchez une expérience légèrement différente, où vous ne relâchez jamais la pression, ce titre d'Orbital Media mérite votre attention. C'est un titre proposé à un prix tout à fait attractif, qui vous permettra de découvrir ou re-découvrir, un très bon jeu qui est une alternative tout à fait correcte à la licence Metroid.
LES PLUS
- Le système d'infection Scurge
- Une urgence constante qui met la pression
- Un système de combat qui maintient l’attention
- Jenosa Arma, un personnage intéressant
- Ambiance SF sombre et immersive
- Beaucoup d’options de confort modernes
- La gallerie d’illustrations
- Les succès
LES MOINS
- Perspective isométrique
- Les sauts et les tirs difficiles à jauger
- Progression répétitive
- Faible incitation à la rejouabilité
- Le mode docké moins agréable à l’œil
- La caméra qui ballotte









