On l’a cru perdu à jamais, englouti dans les limbes du développement. Pendant près de douze ans, les fans d’Inazuma Eleven ont attendu, espéré, parfois désespéré. Annoncé en 2016 sous le titre Ares, le projet a connu d’innombrables retards, des rebonds dans le scope, et même la crainte que Level-5 ne se retire des sorties occidentales. Mais contre toute attente, le phénix est renaître de ses cendres. Inazuma Eleven: Victory Road est enfin là, sur Nintendo Switch 2 et autres plates-formes. Après un tel calvaire, la question est simple : le jeu, était-il worth the wait (valoir l’attente) ? Après de longues heures passées sur le terrain, la réponse est un « oui » retentissant, mais nuancé.
Level-5, le persévérant
On ne présente plus Level-5, le studio japonais derrière des franchises culte comme Professor Layton ou Yo-kai Watch. C’est aussi lui qui a donné naissance à Inazuma Eleven sur DS, un mélange audacieux de RPG et de football qui a conquis un public fidèle. Le développement tumultueux de Victory Road est le reflet des ambitions et des défis rencontrés par le studio. Après avoir repoussé le titre à de multiples reprises, Level-5 livre enfin une expérience démesurée, presque déraisonnable par son ampleur.
Le but n’a pas changé depuis les origines : on constitue une équipe de footballeurs aux capacités surnaturelles et on affronte des adversaires dans des matches épiques. Oubliez le réalisme de FIFA ou eFootball ; ici, on lance des attaques spéciales dignes des plus grands shōnen, on arrête des tirs avec des techniques mystiques et on gère une « jauge de tension » pour activer ces mouvements dévastateurs. Le gameplay repose sur un système de « duels » en Focus Battle, où les statistiques et les éléments des joueurs entrent en jeu, et sur une « Zone » qui ralentit le temps près de la surface de réparation pour des choix tactiques.
La profondeur est vertigineuse. Entre la customisation des joueurs via des équipements, des « Haricots Magiques » pour booster les stats, l’apprentissage de centaines de techniques spéciales et la gestion des éléments (feu, vent, bois…), on se retrouve face à un système riche, parfois trop. Level-5 explique les bases via le Mode Histoire et des tutoriels, mais certaines mécaniques restent obscures sans une immersion prolongée. Heureusement, une fois maîtrisé, le cycle de construction d’équipes et de matches est diablement addictif.
Un contenu colossal
Victory Road peut se résumer en un mot : « géant ». On y trouve pas moins de six modes principaux, chacun offrant des dizaines d’heures de contenu.
- Le Mode Histoire suit Destin Billows (ou Unmei Sasanami), un ancien prodige du football contraint à l’arrêt pour raison de santé. Son transfert au Collège Nagumohara va le ramener sur le chemin du ballon rond, pour reconstruire le club de foot et affronter la légendaire équipe de Raimon. Le scénario, bien que classique dans sa structure, est porté par des personnages attachants et des moments émotionnels forts, magnifiés par des cinématiques animées par le studio MAPPA (Attack on Titan, Jujutsu Kaisen). Le rythme est toutefois inégal : les premières heures sont lentes, avec peu de matches et des séquences RPG de type « combat parlementaire » (un système de pierre-feuille-ciseaux) qui peinent à convaincre. La répétition de certains mini-jeux en fin de campagne alourdit aussi l’ensemble.
- Le Mode Chroniques est un cadeau aux fans. On commence l’aventure en incarnant Victorio Cryptix, venu du futur pour recruter les meilleurs joueurs de l’histoire de la série. Ce mode permet de revivre les matches clés des six opus principaux sous forme d’histoire abrégée et de matches rejouables. C’est une mine de contenu, mais il faut souvent rejouer les mêmes matches avec différentes équipes, ce qui peut devenir répétitif.
- Les Modes Annexes : Le BB Stadium permet des matches en ligne contre d’autres joueurs, avec un classement compétitif. La Station Kizuna est un mode de construction de ville sociale, où on interagit avec ses joueurs. Le Mode Compétition offre des matches libres contre l’IA ou en ligne. Enfin, le mode Victory Road (à venir) nous promet encore plus de défis.
La progression est partagée entre la plupart des modes : les joueurs, objets et monnaies obtenus dans un mode sont utilisables ailleurs. Cette liberté est appréciable, mais le nombre excessif de devises (au moins 7 principales, sans compter les sous-catégories) rend la gestion confuse.
Annoncé sur 3DS, disponible sur Switch 2
Sur Nintendo Switch 2, Victory Road tourne à un 60 FPS stable, que ce soit en mode docké ou portable. La maniabilité est réactive, essentielle pour un jeu d’action. Graphiquement, le style artistique coloré et dynamique est une réussite, et les effets des techniques spéciales sont un régal pour les yeux. Cependant, on note un shimmering (scintillement) gênant dans les arrière-plans de certains environnements. C’est un défaut mineur, mais visible.
La bande-son est à la hauteur de la série, avec des thèmes épiques qui dopent l’adrénaline pendant les matches. Le doublage intégral (anglais et japonais) est présent, mais la version anglaise souffre de lignes de dialogue parfois mal coupées et de prestations inégales.
Avec son mode Histoire de 30 à 40 heures, son mode Chroniques tout aussi long, ses milliers de joueurs à collectionner (plus de 5000 !), ses modes en ligne et ses mises à jour à venir, Victory Road est une valeur sûre. On peut facilement y passer 100 heures sans voir le fond.
Conclusion
Inazuma Eleven: Victory Road est un retour intéressant, mais imparfait. Son gameplay unique, sa quantité de contenu astronomique et sa production soignée en font l’expérience Inazuma Eleven ultime. Pourtant, son initiation ardue, son rythme parfois poussif et sa gestion confuse des monnaies peuvent rebuter. Mais après douze ans d’attente, voir ce jeu enfin sortir est l’essentiel. Level-5 a livré un titre qui honore la saga et ses fans. Maintenant, à nous de jouer.
LES PLUS
- Une quantité de contenu monumentale
- Un Mode Histoire touchant et bien produit
- Un gameplay de match vif et stylisé
- Une profondeur de customisation immense
LES MOINS
- Une complexité parfois mal expliquée
- Un rythme inégal dans les campagnes
- Trop de monnaies en jeu différentes à gérer
- Trop de modes non disponibles à la sortie
- Le mode solo qui se lance au bout de 10 heures de jeu









