Imaginez un monde entièrement construit en briques LEGO, où l’aventure ne repose pas sur des héros surpuissants, mais sur deux modestes briques, une rouge et une bleue, dotées d’un seul œil expressif. C’est le pari audacieux de LEGO Voyagers, une expérience coopérative conçue pour deux joueurs, qui nous entraîne dans un voyage poétique et collaboratif. Développé par Light Brick Studio (à qui l’on doit LEGO Builder’s Journey), ce titre mélange plateforme et réflexion dans des décors somptueux. Mais derrière son esthétique envoûtante et son concept attachant, le jeu parvient-il à assembler toutes les pièces pour offrir une aventure mémorable ? C’est ce que nous allons découvrir.
Light Brick Studio n’en est pas à son coup d’essai avec l’univers LEGO. Après LEGO Builder’s Journey, un jeu de réflexion axé sur la construction en solitaire, le studio danois récidive avec Voyagers en opérant un virage résolument coopératif. Leur approche se distingue clairement des productions plus frénétiques de Traveller’s Tales ; ici, on privilégie l’émotion, l’exploration et une certaine sérénité. Leur expertise dans la mise en scène de briques LEGO numériques atteint des sommets avec ce titre, particulièrement sur Nintendo Switch 2 où les rendus visuels sont tout simplement superbes.
Un voyage émouvant et muet
On incarne donc deux briques, rouges et bleues, vivant paisiblement sur une île idyllique. Leur quotidien est bouleversé lorsqu’elles assistent à l’échec du lancement d’une fusée. Sans hésiter, les deux compagnons se lancent dans un périple pour retrouver cette fusée et, peut-être, accomplir sa mission. L’histoire, entièrement dénuée de dialogues, se raconte avec une simplicité désarmante, à la manière d’un court-métrage Pixar. Elle parle d’amitié, d’entraide et de la beauté des petites choses. Le récit est minimaliste, parfois au point de laisser une certaine ambiguïté sur son message final, mais il dégage une sincérité et une tendresse qui opèrent tout au long de l’aventure.
LEGO Voyagers est une expérience strictement coopérative pour deux joueurs, que ce soit en local sur le même canapé ou en ligne grâce à un « Friend’s Pass » gratuit permettant à un ami de rejoindre la partie sans posséder le jeu.
Le gameplay repose sur deux piliers : le platforming et la résolution de puzzles. La particularité vient du déplacement : on ne court pas, on roule. Nos briques cubiques se déplacent avec une physique réaliste, ce qui donne une sensation de poids et d’inertie. Au début, cette maniabilité peut sembler maladroite, voire un peu frustrante, surtout pour atteindre des plateformes exigües. Mais elle finit par faire partie du charme du jeu.
Le cœur de l’expérience réside dans la construction. La plupart des énigmes consistent à créer des ponts ou des escaliers pour franchir des obstacles. Le processus est intuitif : on roule vers une brique libre, on appuie sur ‘A’ pour s’y accrocher, puis on se rend à l’endroit désiré et on maintient ‘A’ pour la poser. La touche ‘X’ permet de la pivoter. La beauté du système, c’est qu’il n’y a pas une seule solution : on peut bâtir une structure élégante ou un amas chaotique, tant que cela fonctionne. Cette liberté est un vrai plaisir.
Malheureusement, cette mécanique montre vite ses limites. La grande majorité des défis se résume à construire un pont ou des marches. Si l’acte de bâtir ensemble reste agréable, on regrette le manque de variété et de complexité. Certains chapitres sortent du lot, comme celui où l’on pilote un gros camion-benne pour collecter des matériaux et fabriquer des rails, offrant une bouffée d’air frais bienvenue. Mais ces moments sont trop rares. Le jeu se termine d’ailleurs brutalement, au moment où l’on sent que les puzzles pourraient enfin gagner en profondeur.
Un concept solide, mais une exécution parfois fragile
Comme évoqué, rouler est à la fois original et un peu rude. Le système d’accrochage (‘B’ pour se fixer à un plot) et de saut (‘A’) est bien pensé et devient essentiel dans les séquences de plateforme plus techniques. Cependant, la précision n’est pas toujours au rendez-vous. Certains sauts demandent une exactitude que la physique un peu lourde du jeu ne facilite pas, ce qui peut conduire à des moments de frustration, surtout pour les joueurs moins aguerris.
C’est sans conteste le point d’excellence de LEGO Voyagers. La bande-son, une composition douce et mélodique à base de nappes synthétiques, est magnifique. Elle installe une ambiance à la fois contemplative et enjouée, parfaitement accordée à l’aventure.
Visuellement, le jeu est une réussite éclatante sur Nintendo Switch 2. Light Brick Studio a opté pour un style réaliste, où chaque brique semble être un vrai morceau de plastique, avec ses reflets, ses imperfections et le logo LEGO estampillé. Les éclairages sont sublimes, baignant les dioramas dans une lumière chaude et naturelle qui donne vie à ces mondes miniatures. L’eau, les ombres et les effets de lumière participent à créer une atmosphère incroyablement sereine et immersive. Les deux briques protagonistes, avec leurs petits bruits adorables (activés par ‘Y’), sont d’une expressivité touchante.
C’est le défaut majeur de l’expérience. Une partie de LEGO Voyagers dure entre trois et cinq heures maximum. L’aventure est courte, et elle s’achève au moment où l’on commence à se dire que les mécaniques pourraient enfin se complexifier. En dehors du chemin principal, il y a bien quelques divertissements, comme éclater des fleurs en roulant dessus ou s’asseoir sur un banc, mais rien qui n’offre une réelle rejouabilité. L’absence de mode photo pour immortaliser ses constructions est également dommage.
Conclusion
LEGO Voyagers est une expérience contradictoire. D’un côté, c’est un jeu au cœur immense, d’une beauté plastique et sonore rare, qui dépeint l’amitié avec une grâce remarquable. L’acte simple de construire ensemble est profondément satisfaisant. De l’autre, c’est une aventure trop courte et dont les puzzles, bien que charmants, manquent cruellement de variété et de défi, surtout si on le compare à des références du genre coopératif comme It Takes Two. C’est une balade douce et mémorable, parfaite pour une soirée, mais qui laisse un goût d’inachevé. À acheter sans hésiter pour son prix raisonnable si l’on cherche une parenthèse collaborative et poétique, tout en sachant que l’on en ressortira avec l’envie qu’elle ait été plus longue et ambitieuse.
LES PLUS
- Une direction artistique et des graphismes superbes sur Switch 2
- Une bande-son envoûtante et des personnages attachants
- Le plaisir simple et authentique de construire ensemble
- Une expérience coopérative sereine et sans stress
LES MOINS
- Une durée de vie très (trop) courte
- Des puzzles répétitifs qui manquent de complexité
- Une maniabilité parfois imprécise
- Une interface des menus peu claire









