Plonger dans les ténèbres d’un univers malsain, où chaque ombre cache une menace et chaque recoin une énigme macabre, voilà la promesse de la saga Little Nightmares. Pour ce troisième opus, la franchise change de mains, confiée à Supermassive Games, les maîtres du frisson narratif derrière Until Dawn et The Quarry. Leur mission ? Perpétuer l’ADN anxiogène de la série tout en y insufflant une nouveauté de taille : la coopération. Après plusieurs heures passées dans la peau de Low et Alone sur Nintendo Switch 2, on dresse le bilan d’un cauchemar aussi magnétique que frustrant.
Le cauchemar à deux prend une nouvelle dimension
L’histoire nous entraîne cette fois-ci dans les pas de deux nouveaux protagonistes, Low et Alone, deux enfants perdus dans le « Nulle-part » et cherchant désespérément une issue. Notre démo nous a conduits dans le « Carnevale », un cirque déglingué et glaçant, habité par des créatures à la silhouette vaguement humaine, aussi grotesques que menaçantes. L’objectif est simple : survivre et progresser dans cet environnement hostile, en combinant nos forces pour résoudre des énigmes et échapper à des prédateurs tout droit sortis d’un mauvais rêve.
Le cœur du jeu bat au rythme de la collaboration. On incarne soit Low, armé d’un arc et d’un masque de corbeau, soit Alone, équipée d’une clé à molette et d’un casque d’aviateur. Leurs outils ne sont pas de simples gadgets esthétiques ; ils sont au centre du gameplay et des énigmes. L’arc de Low permet d’activer des interrupteurs à distance ou de décocher des flèches, tandis que la clé à molette d’Alone sert à actionner des mécanismes ou à briser des obstacles.
Cette complémentarité est brillamment mise en scène dans les puzzles, qui nécessitent une coordination constante. Il faut souvent agir en synchronisation parfaite : tirer sur une cible pendant que l’autre tourne une manivelle, ou se faire un appui pour atteindre une trappe. Certaines séquences nous séparent même, forçant l’un à distraire un ennemi pendant que l’autre prépare une échappatoire. Le level design est intelligemment conçu pour que les deux joueurs restent actifs en permanence, échangeant sans cesse pour élaborer une stratégie.
La nouveauté la plus marquante est l’introduction de combats, chose rare dans la série. Face à des poupées sanguinaires, par exemple, Low doit d’abord décrocher leur tête d’une flèche, puis Alone achève la créature en écrasant le crâne avec sa clé. Le système, bien que simple sur le papier, demande une parfaite coordination et peut s’avérer très frustrant, les ennemis tuant en un seul coup. Heureusement, les points de contrôle sont généreux.
Une ambiance qui oppresse, une technique qui impressionne
Sur Nintendo Switch 2, Little Nightmares III est une réussite visuelle. L’esthétique unique de la série, ce mélange de Tim Burton et de Studio Ghibli plongé dans le goudron, est plus saisissante que jamais. Les décors du Carnevale, entre les néons qui crépitent sous la pluie et les intérieurs sombres et délabrés, sont d’une richesse et d’une variété remarquables. La direction artistique est si forte qu’on aurait presque envie de s’attarder pour en saisir tous les détails, si les dangers constants nous en laissaient le loisir.
La bande-son, bien que discrète, accompagne à la perfection cette plongée dans l’horreur, renforçant l’angoisse avec des grésillements inquiétants et des mélodies dissonantes. La performance technique est au rendez-vous, offrant un rendu fluide et net qui sert idéalement l’atmosphère pesante du jeu.
Si l’expérience coopérative est globalement une excellente idée, elle n’est pas sans défauts. La frustration, inhérente à la série, est décuplée à deux. Se retrouver bloqué sur une énigme dont la solution nous échappe est bien plus pénible quand on a l’impression de faire perdre du temps à son partenaire. Pire encore, les séquences de fuite ou d’infiltration face aux boss, moments phares de la licence, peuvent virer au calvaire. Apprendre par la répétition les patterns très stricts d’un géant et devoir exécuter un puzzle chronométré sous sa menace devient rapidement source d’énervement plus que de tension. Le frisson fait alors place à l’agacement.
Le jeu est bien sûr jouable en solo avec un compagnon IA, une option bienvenue, mais l’âme du titre semble clairement conçue pour le partage en ligne ou en écran partagé. Notons l’existence d’un « Friend Pass », permettant à un seul joueur de posséder le jeu pour inviter un ami à le rejoindre en ligne.
Conclusion
Little Nightmares III est une suite ambitieuse qui parvient avec brio à transposer l'essence angoissante de la saga dans un format coopératif. Supermassive Games maîtrise parfaitement l'atmosphère unique de la licence et propose des énigmes intelligentes qui exploitent superbement la complémentarité des deux héros. Cependant, le jeu hérite et amplifie parfois les frustrations des opus précédents. La courbe d'apprentissage brutale lors des rencontres avec les boss et la difficulté impitoyable de certaines sections peuvent gâcher la tension et tester la patience, surtout en coopération. C'est un cauchemar magnifiquement réalisé, mais qui demande une grande complicité et une tolérance certaine à la frustration pour être pleinement apprécié.
LES PLUS
- Direction artistique sublime et atmosphère anxiogène impeccables
- Coopération bien intégrée au cœur des énigmes et du level design
- Complémentarité intelligente entre les deux personnages et leurs outils
- Bonne performance technique sur Nintendo Switch 2
- Univers riche et horreur onirique très réussie
LES MOINS
- Frustration parfois intense, surtout lors des combats et face aux boss
- Puzzles et patterns à apprendre par cœur, pouvant briser le rythme
- L'expérience coop peut amplifier le sentiment d'échec
- Le charme en solo est beaucoup moins évident
- Beaucoup de contenu en DLC









