L’annonce est tombée comme un coup de tonnerre : Netflix a conclu un accord définitif pour acquérir Warner Bros. auprès de Warner Bros. Discovery (WBD), dans une transaction valorisée à environ 82,7 milliards de dollars (pour une valeur en actions de 72 milliards). C’est un mouvement industriel majeur qui redessine le paysage du divertissement mondial — et dont les conséquences pour le jeu vidéo pourraient être considérables.
La plateforme ne rachète pas simplement un studio : elle absorbe l’ensemble de Warner Bros., ses activités cinéma et TV, ses licences iconiques, ainsi que HBO et HBO Max, avec un objectif clair : consolider son modèle tout en renforçant son poids dans la production de contenus. Pourtant, malgré le fait que l’opération inclue Warner Bros. Streaming & Studios, une entité créée en juin 2025 et comprenant Warner Bros. Games, Netflix ne mentionne nulle part la division gaming dans ses communications officielles.
Un géant du jeu vidéo potentiellement embarqué
Warner Bros. Games représente un pôle majeur de l’industrie. On y trouve :
- Rocksteady (Batman: Arkham)
- NetherRealm Studios (Mortal Kombat)
- TT Games (LEGO)
- Portkey Games et Avalanche Studios (Harry Potter)
- ainsi que des studios situés à Boston, Montréal, New York et San Francisco
Si la transaction inclut effectivement cette branche — ce que l’accord semble impliquer, sans le confirmer explicitement — il s’agirait pour Netflix d’un levier colossal dans le jeu vidéo, un secteur où la société reste encore marginale malgré ses efforts récents.
Cette acquisition pourrait amplifier une tendance inquiétante : une nouvelle vague de consolidation, alors même que le secteur subit licenciements, ventes et fermetures de studios. Le timing est d’autant plus notable que Netflix aurait, selon des rapports récents, vendu le studio Spry Fox (Cozy Grove) à ses anciens propriétaires plus tôt dans la semaine, signe d’une stratégie encore instable sur le terrain vidéoludique.
Un accord massif mais loin d’être final
Netflix prévoit une finalisation du rachat dans 12 à 18 mois, mais le parcours sera semé d’embûches réglementaires. D’autres acquisitions massives ont déjà montré la lenteur du processus, et ce type d’intégration attire toujours l’œil des autorités de concurrence. Paramount avait d’ailleurs tenté un rachat en octobre, sans succès.
Si l’opération aboutit, les actionnaires de WBD recevront 27,75 $ par action, composés de 23,25 $ en cash et 4,50 $ en actions Netflix. Le groupe projette 2 à 3 milliards d’économies annuelles dès la troisième année.
Quel avenir pour les studios Warner sous Netflix ?
Netflix assure vouloir « maintenir les opérations actuelles de Warner Bros. » tout en capitalisant sur ses capacités de production. L’entreprise met surtout en avant la richesse des franchises ciné et TV récupérées : Game of Thrones, le DC Universe, Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, The Sopranos, Friends, Casablanca, et de nombreux autres piliers culturels.
Mais pour le jeu vidéo, le discours est beaucoup plus flou. Netflix n’a pas détaillé la stratégie concernant Warner Bros. Games, ni mentionné l’impact sur les studios ni sur les franchises vidéoludiques.
Plusieurs scénarios émergent :
1. Intégration totale
Netflix pourrait absorber les studios pour développer de nouveaux jeux comme contenus premium pour son service, renforçant son modèle hybride jeu/streaming.
2. Autonomie maintenue
Warner Bros. Games pourrait continuer à fonctionner de manière relativement indépendante, Netflix se contentant d’en récolter les bénéfices financiers.
3. Revente ou restructuration
Les économies promises, couplées au silence inhabituel de Netflix sur cette division, pourraient indiquer une volonté de revendre certaines équipes ou licences, surtout dans un contexte où la firme semble déjà réajuster sa stratégie gaming.
Ce rapprochement réunit deux géants du divertissement autour d’une ambition commune : proposer l’offre la plus massive possible au public mondial. Pour le jeu vidéo, toutefois, la perspective reste indécise. Les franchises concernées — Mortal Kombat, Batman: Arkham, LEGO, Harry Potter — représentent des actifs immenses, capables d’impacter largement le marché en cas de changement de direction.








