Warhammer 40,000: Rogue Trader est l’œuvre d’Owlcat Games, un studio qui avait conquis un public de niche avec Pathfinder, un autre jeu de rôle isométrique. Owlcat s’attaque à l’univers sombre et brutal du 41e millénaire, dans un RPG au tour par tour. Le concept est alléchant, puisqu’on nous propose une intrigue riche en choix moraux, des combats stratégiques et une plongée sans précédent dans les arcanes de la franchise. Déjà disponible depuis 2023 sur PC, PS5 et Xbox Series, nous avons là un portage sur Nintendo Switch 2. Cette version sera-t-elle le Saint Graal des fêtes de fin d’année ?
Pour ce test il est à préciser que le jeu et donc ce test ont été abordés sans aucune connaissance préalable de l’univers de Warhammer 40,000. La compréhension des thèmes, des lieux, des événements ou de la mythologie du monde est donc celle d’un néophyte.
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
Le récit de Warhammer 40,000: Rogue Trader a une approche audacieuse. L’histoire se déroule dans l’Étendue de Koronus, un endroit notoirement dangereux. Theodora von Valancius, qui est à la tête d’une grande dynastie basée dans cette région, commande un ancien Vaisseau-Monde piloté par un équipage qui y vit depuis des générations.
Dès les premières heures, vous êtes propulsé au sommet de la hiérarchie. Loin des histoires de prophétie ou de destinée, vous héritez du titre de Rogue Trader à la suite de l’assassinat prématuré de Theodora von Valancius, votre prédécesseur.
Ce n’est pas le destin, mais votre lignée et vos relations qui vous placent parmi les personnes les plus importantes de la galaxie. Vous allez devoir comprendre quels étaient les objectifs de Theodora, et découvrir pourquoi elle a été assassinée tout en gérant une poignée d’événements, loin de l’Imperium.
Loin de l’habituelle quête initiatique de l’être élu et amnésique, la narration de Warhammer 40,000: Rogue Trader se positionne légèrement différemment de nombreux autres RPG, car le personnage-joueur est l’une des deux ou trois personnes les plus importantes du jeu pratiquement dès le début. Cela change et c’est très appréciable.
Les choix de dialogue sont nombreux, complexes, et la notion de « bien » est ténue et souvent non récompensée. Le système de Convictions (Puritain, Hérétique, Iconoclaste) enregistre votre alignement moral, influençant non seulement la narration, mais aussi le comportement de vos compagnons et les options de gameplay qui s’offrent à vous.
Le jeu met en scène des personnages mémorables, et l’ensemble des quêtes sont finement écrites. Les dialogues et les histoires s’entremêlent, en interaction avec votre propre progression morale. La narration est vraiment solide, mais elle connaît un léger déséquilibre dans son rythme.
Vous allez avoir des chapitres vastes et ouverts, permettant une exploration libre de la carte. Là où d’autres vous imposent un changement de rythme drastique en limitant votre composition de groupe et votre accès aux systèmes du jeu (Colonies, Vaisseau), ce qui peut frustrer. Heureusement, le chapitre final parvient à lier les fils narratifs avec cohésion, offrant des révélations qui donnent envie de rejouer le titre pour explorer d’autres chemins de Conviction.
Sur Nintendo Switch 2, le titre est livré avec le jeu de base et toutes ses mises à jour, de quoi assurer de longues soirées d’hiver en temps de jeu. Et les DLC Void Shadows et Lex Imperialis seront ajoutés ultérieurement. Il est également à noter que la souris et l’écran tactile ne sont pas utilisables en jeu actuellement.
Baldur’s 40,000
Le cœur de Warhammer 40,000: Rogue Trader réside dans son combat au tour par tour, pur. Le système de combat est stratégique et brutal, utilisant une grille superposée pour gérer le mouvement, les lignes de visée, et les zones d’effet. Pour les joueurs qui ont pu s’essayer à Baldur’s Gate 3, l’expérience ne diffère pas tellement et vous retrouverez beaucoup de composantes similaires.
Le titre excelle en vous donnant les outils pour manipuler l’ordre des tours grâce à des capacités de classe comme celles de l’Officier. Cependant, l’aspect le plus intéressant est le système de classe composite. Votre véritable identité est une combinaison de votre Monde d’Origine (passif), votre Origine (ex : le Psyker, une classe qui ressemble à un mage) et votre Archétype (ex : Officier, qui est un rôle tactique). Cette triade crée des possibilités complexes et une grande rejouabilité.
Le jeu inclut plusieurs sous-systèmes pour approfondir l’expérience, votre richesse n’est pas de l’or, mais un facteur de profit. Il augmente en accomplissant des quêtes dans votre Protectorat. Pour débloquer de l’équipement de haut niveau auprès des factions marchandes (qui ont chacune leur niveau de Réputation), vous échangez du Fret (matériaux et équipement inutilisé) en vrac. Ce système est bien intégré et rend la collecte d’objets toujours pertinente.
Votre vaisseau sert de base, vous le faites évoluer en achetant et vendant des composants d’armes, et les membres du groupe peuvent occuper des rôles spécifiques. Le voyage entre les systèmes via le “Warp” est stressant, il oblige à gérer les ressources et vous expose à des combats spatiaux, qui servent de distraction stratégique bien dosée.
Et un système de Colonie, système le plus faible du titre. Géré par des menus et légèrement déconnecté du reste, il consiste à gérer des planètes pour obtenir des bonus passifs. Bien que peu encombrant, son impact est difficile à évaluer, et il nuit légèrement au rythme.
Le crash-test
Les bases d’histoire et de gameplay sont posées, et nous en venons maintenant au cœur de tout ce qui fera que, en l’état, le jeu est catastrophique. Il ne s’agit pas d’un problème de machine mais bel et bien de portage de la part des développeurs, l’optimisation est apocalyptique.
Le frame rate est fluctuant et les saccades sont nombreuses, même lors des cinématiques. Les commandes et les menus sont lents, non réactifs et laggy, rendant difficile la visée du curseur lors des combats stratégiques. La caméra est horrible, les temps de chargement sont nombreux et très longs, et de petits bugs persistent, comme des PNJ qui ne répondent pas, des messages qui restent dans le journal de quêtes après leur résolution, ou des ennemis qui restent figés après leur mort, ainsi qu’une gestion des ombres qui n’est pas au point du tout.
Et imaginez bien que tout cela n’est que la partie la plus agréable. Car si l’essentiel des soucis techniques du titre reposaient là-dessus, nous aurions tout de même pu trouver l’expérience agréable. Le véritable souci de ce portage – fait à la truelle – c’est la récurrence des crashs en jeu. Vous allez avoir des plantages constants avec retour sur l’écran d’accueil, et ne pourrez jamais enchaîner plus de 20 minutes de jeu d’affilée sans vous faire malmener par un de ces crashs. Si vous prenez en compte le fait que chaque combat dure entre 10 et 15 minutes, vous allez vite comprendre que vous allez tourner en rond rapidement.
Le downgrade pour les gouverner tous
L’esthétique de Warhammer 40,000, sombre et gothique, est bien rendue. Owlcat a le talent de créer des jeux isométriques qui sont parmi les plus beaux du genre. Le design des personnages et la conception du monde sont solides et son atmosphère, palpable. Soutenue par une bande-son quasi parfaite, la direction artistique du titre est vraiment géniale. Les environnements sont variés, avec des biomes enneigés et des planètes luxuriantes, cassant parfois l’omniprésence du sinistre et sombre.
Cependant, sur Nintendo Switch 2, les graphismes ont subi un énorme nivellement par le bas, avec des graphismes rabotés à la machette, le jeu a manifestement été privé de tout polissage graphique pour ce portage, c’est un désastre. Nous avons l’impression de voir un titre, vaguement, début de l’ère Xbox 360.
La résolution est instable et énormément réduite, et lorsque vous le cumulez avec les points précédents, notamment le framerate qui glisse de 30 à 15 images par seconde, vous vous retrouvez avec un des titres les plus gâchés de l’année.
Warhammer 40,000: Rogue Trader est un titre d’une ampleur colossale. Avec une durée de vie allant à bien plus de 100 heures pour une première partie. La rejouabilité est énorme, ne serait-ce que pour tester les différentes combinaisons d’Origines/Archétypes, et les choix narratifs. Mais en l’état, malgré un contenu riche, l’expérience Switch 2 est si frustrante que le simple fait d’atteindre la fin sans abandonner est un défi pour le joueur. Warhammer 40,000: Rogue Trader est disponible depuis le 11 décembre 2025 sur l’eShop au prix de 49,99 euros, en français.
Conclusion
Warhammer 40,000: Rogue Trader est, au fond, une œuvre magistrale, offrant un combat au tour par tour stratégique, un monde fascinant et une narration axée sur des choix profonds et souvent immoraux. Les systèmes de Facteur de Profit, de Fret et de Vaisseau sont des ajouts intelligents et bien intégrés qui maintiennent la cohérence thématique. Cependant, la version Nintendo Switch 2 est, à sa sortie, un échec technique et un désastre non recommandé. Les qualités du jeu sont détruites par une optimisation lamentable. La chute du framerate à des niveaux injouables, les contrôles qui ne répondent pas, les longs chargements et les plantages fréquents transforment un jeu potentiellement excellent en une frustration permanente. Il est clair que la licence est maniée avec sagesse par Owlcat, mais le portage n'a pas bénéficié du même soin. Si un patch magique vient corriger les problèmes techniques de performance, de stabilité et de temps de chargement, ce jeu pourrait mériter une note très élevée. Mais en l'état, c'est le sabotage d’un excellent jeu, qui n’est pas jouable sur Switch 2.
LES PLUS
- Stratégique, brutal, et bien conçu
- Narration riche et choix profonds
- Système de convictions impactant
- Système de classe hyper intéressant
- Contenu massif et rejouabilité immense
- Ambiance et bande-son parfaites
- Gestion du vaisseau bien intégrée
- Le système de Fret et de profit
LES MOINS
- Pas de souris ni d'écran tactile
- Saccades constantes
- Framerate aux fraises
- Stabilité désastreuse
- Multiples et constants plantages du jeu
- Temps de chargement excessivement longs
- Contrôles et menus non réactifs et lents
- Downgrade graphique important et résolution instable
- Un excellent jeu que l'on ne peut pas recommander en l’état








