La chasse fait depuis bien longtemps couler beaucoup d’encre : il y a les partisans criant haut et fort qu’il s’agit d’un art ancestral au plus proche de la nature, et les réfractaires qui ne voient dans ce sport qu’une énième façon de saccager Dame Nature. Entre les deux, il y a de nombreuses discussions afin de se comprendre et de vivre en harmonie, ensemble. C’est dans cette optique que nous avons porté notre regard sur Hunting Simulator 2 : s’immiscer dans l’univers de ce jeu pour tenter de mieux le comprendre, sans crier au loup à la moindre évocation de la chasse. Le cœur battant et la main tremblante sur la gâchette, nous avons donc passé la porte de la chasse… et nous vous livrons nos impressions à chaud.
Développé par Neopica et édité par Bigben Interactive, Hunting Simulator est une série souhaitant plonger le joueur dans l’univers de la chasse. Idéal pour se confronter à ce sport sans pour autant prendre le risque d’abattre une espèce protégée dans nos contrées, cet opus promet sur le papier une belle progression au cœur de la faune, avec des décors de qualité et une immersion sans équivoque.
Un chasseur sachant chasser…
Au commencement, nous choisissons notre chasseur, de sexe masculin ou féminin ; la personnalisation du personnage s’arrête ici pour le moment, ignorant toute conception de notre personnage de la tête au pied. Cette présélection effectuée, il ne nous reste plus qu’à nous lancer… pour cela, un chasseur averti sous la forme d’une voix off vient nous donner quelques bons tuyaux. Cette première partie de chasse nous révélera tous les codes d’une chasse réussie. Attention à ne pas négliger les préparatifs qui sont d’une importance capitale : le choix de notre arme mais aussi celui des permis, indispensables pour rester dans la légalité !
Notre première traque a été celle d’un cerf (nous ne faisons pas dans la demi-mesure chez NT !). Avec l’excitation et la crainte des premières fois, nous sommes partis en quête de l’animal… une empreinte au sol a dévoilé sa présence non loin de là. A nous de faire preuve de patience et d’un grand sens de l’observation pour avoir une chance de débusquer l’animal…
Nous avons rejoint un grand mirador, fusil dans le dos, sans oublier quelques précieuses munitions. Avec minutie, nous avons dès lors observé l’horizon, constatant avec déception que notre environnement n’était guère aussi enchanteur que nous l’avions espéré. Si les animaux se font globalement rares, un fait plutôt réaliste, les paysages nous ont semblé sans grand charme avec une redondance certaine. Quelques points d’eau viennent nous redonner le sourire… ils sont à la fois source d’un renouveau graphique mais aussi, de la certitude d’y apercevoir quelques animaux venus s’y abreuver. Tenant toujours notre gâchette, nous avons presque pris plaisir à écouter le chant des oiseaux, aussitôt saisis par la contradiction effroyable de la situation : nous étions prêts à abattre ce que nous écoutions avec plaisir…
Quant tout à coup, un bruit, un mouvement… Notre viseur s’emballe et nous cherchons, cœur battant, ce qui peut bien s’agiter derrière les hautes herbes… un drôle d’oiseau apparaît au loin, tandis que nous déployons notre zoom à son maximum pour l’identifier. Il s’agit d’une dinde, un beau mâle qui semble prendre le soleil. D’épaisses inscriptions rouges viennent clignoter sur notre écran : nous n’avons pas le permis pour cet animal. Nous délogeons nos doigts de l’arme à feu et laissons l’animal se retirer avec allégresse. Celui-là aura la vie sauve…
Après quelques minutes encore à tournoyer dans notre tour de guet, à l’affût du moindre mouvement, hormis ceux de notre chanceuse dinde, le temps commence à être long. Peu d’activités s’offrent à nous, et la contemplation n’est guère de la partie. Tandis que l’envie de retourner dans notre maison bredouille vient nous titiller, nous apercevons au loin un nouveau signe de vie… rapidement, une tête de cerf se dessine à l’horizon ! Cette fois ci, nous avons notre permis en poche, c’est notre chance… le cerf en aura-t-il lui aussi ? Le combat peut commencer entre l’homme et l’animal, qui ne se doute encore de rien.
Notre calme et notre bonne performance au tir sont nos seuls atouts. Nous contenons notre souffle, pointant notre arme, avec quelques tremblements tout de même, vers la bête. Cette dernière s’arrête quelques secondes de bouger, comme alertée par un bruit, une présence… la nôtre peut être ? Sans prendre le temps de réfléchir à la question, nous visons le corps de l’animal, avec l’espoir de toucher un organe vital. Le doigt s’abat sur la gâchette… comme la balle sur le cerf, aussitôt affolé et ne comprenant guère ce qui vient de se passer.
Nous redescendons avec vigueur de notre tour, et courons vers le point d’impact. Nous y découvrons quelques traces de sang, d’épaisses gouttelettes rouges, que nous nous empressons de suivre. Au bout de quelques mètres, nous retrouvons le cerf, plongé dans son dernier sommeil. Nous nous approchons de lui et le « prélevons » : soit il sera vendu, soit il deviendra un trophée de chasse.
… « avec » son chien…
Chaque partie de chasse peut ainsi être globalement résumée (bien que certaines traques soient quelques peu différentes) : la recherche d’indices sur la présence d’un animal, son pistage et le tir, avant de retrouver la dépouille. Néanmoins, un atout supplémentaire est disponible dans cet opus, un atout qui devrait aider bien des chasseurs novices à débusquer leurs premières proies, tout en aidant les plus forts à atteindre des animaux plus difficiles encore à trouver.
Un chien partage désormais notre quotidien. Grâce à lui, l’ensemble des tâches est facilité : ce dernier peut en effet dénicher toutes sortes de traces d’animaux, qu’il s’agisse de marqueurs olfactifs ou visuels. Par la suite, votre compagnon peut vous guider vers l’animal, attention tout de même à rester silencieux…
En contrepartie, nous pouvons féliciter et cajoler notre chien qui deviendra ainsi de plus en plus compétent. Notre vie de chasseur gagne en confort et grâce à notre animal, nous devons un peu moins errer n’importe où sur la carte.
Notre carte reste précieuse malgré tout puisqu’elle nous permet de mettre en évidence différents points d’intérêts, y compris des marqueurs que nous sommes libres de placer.
… est un bon chasseur ?
Si l’on passe la majorité de son temps sur le terrain à rechercher la moindre âme qui vive aux alentours, notre pavillon de chasse fait office de QG. En effet, dans une vaste demeure bien réalisée (assurément le plus bel espace du jeu), entre deux canapés et non loin du feu qui crépite, nous trouvons un ordinateur nous permettant de réaliser de nombreux achats. Les permis de chasse, en premier lieu, sont d’une importance capitale, comme souligné précédemment. En effet, l’abattage d’un animal non autorisé donnera lieu à une amende… il vaut mieux ne pas jouer avec cette pratique ! Chaque permis est évidemment payant. Plus nous jouons, plus nous gagnons d’argent avec la revente des animaux abattus, plus l’aptitude à en tuer davantage augmente…
Bien entendu, de très nombreuses armes sont disponibles à l’achat sur notre ordinateur. Nous avons même eu la surprise d’y découvrir des arcs et des arbalètes, conférant assurément d’autres émotions aux joueurs. De nombreux fusils et autres armes à feu sont disponibles, avec des cartouches adaptées. Chaque arme dispose de ses caractéristiques, et il convient de ne pas s’en prendre à un lièvre avec un énorme calibre… qu’espérer donc revendre par la suite…?
Un bon chasseur doit aussi avoir un équipement de qualité qui lui permet de résister aux intempéries, gagner en efficacité, mais surtout de se camoufler avec efficacité. Une fois encore, il faut mettre la main au porte-monnaie pour nous vêtir convenablement et acquérir quelques babioles (appeaux et appâts sont de la partie !).
Enfin, nous sommes aussi libres d’adopter un nouveau chien, quelques races sont présentes, allant du Labrador au Braque. Notre partie commence par ailleurs avec un Beagle.
La fleur au fusil…
L’un des intérêts propres de ce type de jeu, souvent rappelé par la communauté des chasseurs, est la véritable symbiose avec la nature. C’est avant tout pour elle qui nous avons souhaité tester ce jeu. Malheureusement, nous n’avons guère ressenti de communion avec notre environnement, ce dernier s’avérant parfois très sombre. Si les graphismes sont parfois plutôt flatteurs dans certaines zones (soulignons quelques recoins réussis dans le Colorado), d’autres font bien triste mine.
Le bestiaire proposé est en revanche plutôt large, offrant des animaux de tailles et de comportements distincts. Il nous faut faire preuve d’une grande patience et de beaucoup de rigueur pour tous les découvrir…
Néanmoins, nous regrettons l’agencement même du titre qui s’articule beaucoup autour des permis de chasse. Ces derniers sont véritablement le cœur du titre et notre mission principale sera de tous les débloquer pour pouvoir enfin partir chasser sans nous poser trop de questions (rappelons qu’il s’agit d’un jeu… l’idée n’est pas d’enquiquiner le joueur !). Il nous est en effet arrivé de partir chasser et de ne tomber que sur des espèces dont nous n’avions guère le permis… avant de finalement revenir bredouille et dépenser nos derniers deniers dans un ultime permis de chasse.
Les novices risquent par ailleurs d’être un peu déboussolés dans cet univers. S’il existe bien un wiki dans le soft rappelant grossièrement les différents termes de chasse (une bonne idée tout de même des développeurs), nous étions quelques peu perplexes face aux armes, ne comprenant pas toujours leurs différences. Un tutoriel plus approfondi sur la question aurait été un plus.
Hunting Simulator 2 est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 50 euros (sic !).
Le saviez vous ?
La chasse est belle et bien considérée comme un sport. Sans s’attarder sur l’impact animal dont le jugement appartient à chacun, la pratique de la chasse demande en effet une bonne condition physique, mais aussi de l’adresse et une bonne endurance. En outre, il existe de véritables compétitions, comme dans tous les sports.
Conclusion
Hunting Simulator 2 reprend les bases incontestables de la chasse : la recherche d’indices, la traque, le tir et le retrait de la dépouille. L’ajout du chien est un atout de qualité permettant au joueur de gagner en efficacité et en rapidité. Néanmoins, la redondance des tâches proposées, avec l’objectif caché de simplement cumuler les permis de chasse, rend l’expérience décevante, avec des environnements manquants parfois significativement de charme. En outre, nous n’avons en aucun cas perçu la communion avec la nature, nos différentes marches ne nous ont guère permis de prendre plaisir aux balades pédestres, malgré la présence d’un bestiaire plutôt bien fourni avec des comportements globalement cohérents.
LES PLUS
- Ajout du chien aux côtés du chasseur
- Joli pavillon du chasseur
- Bestiaire correct
LES MOINS
- Des graphismes pas toujours à la hauteur
- Grande redondance des tâches, avec des « temps morts » nombreux
- Les permis de chasse à débloquer un à un deviennent les seuls objectifs du jeu
- Manque d’information pour les novices, notamment sur les armes
- Absence d’un mode multijoueur
- Tarif bien trop élevé