Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne est un jeu édité par le studio Spike Chunsoft, qui s’est déjà essayé à l’adaptation de séries animées japonaises en Visual Novel. Après Steins;Gate, Robotics;Notes ou encore Danganronpa, l’éditeur s’attaque aujourd’hui à Re:Zero. L’auteur de la série a lui-même participé à l’élaboration du scénario original du jeu donc nous sommes sûrs qu’il s’agit d’une série dont les fondations ne seront pas malmenées. Cependant, nous ne sommes jamais à l’abri de rien alors voyons tout cela de plus près.
Le jeu Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne est basé sur l’anime portant le même nom et donnant en français “Re:Vivre dans un autre monde à partir de zéro”. Voici un rapide résumé de la série pour comprendre quelques principes de bases qui vous seront utiles pour mieux appréhender le jeu et donc ce test (tout en faisant attention à ne rien vous dévoiler).
Subaru Natsuki est un jeune garçon banal qui allait faire de rapides courses à la supérette du coin lorsque, sur le chemin du retour, sans en comprendre la raison, il se retrouve dans un monde parallèle où magie et créatures fantaisistes existent. Son quotidien sera alors à jamais chamboulé lorsqu’il apprendra qu’il possède un pouvoir des plus étranges : la Mort Réversible. Chacune de ses morts lui fera remonter le temps jusqu’à un point précis (qu’il ne choisit pas) où il était encore en vie et où il pourra effectuer de nouveaux choix. Il sera le seul à se remémorer de ce qu’il s’est passé mais le prix à payer sera lourd puisqu’il se souviendra également avec précisions de chacune des souffrances qu’il aura subi avant de mourir. Le pitch de l’anime (et donc du jeu) tourne essentiellement autour de cet aspect. Quels choix Subaru va-t-il suivre ? Va-t-il recommencer en faisant les bons choix ou recommencera-t-il de zéro ?
Les bases étant posées avec ce contexte, rentrons dans le vif du sujet. Tout d’abord, il est impératif d’avoir vu l’anime (ou lu le manga) pour jouer à ce jeu. L’intrigue principale se déroule en plein milieu de la première saison. Bien que le jeu vous propose au début d’avoir un récapitulatif, celui-ci sera bien moins complet que si vous aviez vu la série. Cela réduit déjà drastiquement le public visé par le soft. De plus, de nombreuses références vous seront étrangères, le contexte déjà bien posé ne vous permettra pas d’apprécier l‘histoire dans sa globalité et l’humour particulier présent dans la série (qui saura marquer les fans) ne fera clairement pas mouche pour un néophyte.
Toutefois, passons à la suite et intéressons-nous à ce que le jeu nous propose. Le scénario du jeu vous met dans un contexte particulier où le royaume de Lugnica n’a plus personne à sa tête pour le diriger. Cinq candidates vont se présenter pour accéder au trône. Mais contrairement à la série, tout ne se passe pas comme prévu et une sixième candidate fait son apparition. Subaru va devoir enquêter et résoudre le mystère qui entoure les candidates et cette fameuse sélection pour le trône.
Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne se compose de trois phases de jeu distinctes : des dialogues qui font avancer l’histoire, des phases d’enquête et d’exploration pour recueillir des éléments importants et des mises en scènes qui vous font prendre des décisions et déclencheront des combats. Le jeu étant dans le registre des Visual Novels, les phases de dialogues sont le cœur du jeu et représentent plus de 80% de son contenu. L’histoire est entièrement basée sur cet aspect et vous en apprendrez plus sur les différents personnages, sur leurs raisons d’accéder au trône mais aussi sur leur vision des choses. Il faudra vraiment aimer lire, beaucoup lire car vous passerez la plus grande majorité de votre temps à faire cela, sans jamais intervenir lors des dialogues. Aucune option, aucun choix, juste un simple déroulé continu de texte, parfois sans fin. L’avantage est que le jeu propose tout de même une excellente histoire unique (si vous parvenez à suivre), de très belles illustrations des personnages et que tout reste extrêmement fidèle à la série d’origine.
Lorsque vous en aurez fini avec les phases de dialogues, vous pourrez avoir brièvement le contrôle de Subaru qui devra se balader dans les endroits disponibles, en quête d’informations et d’objets en tout genre. Ces acquisitions sont assez étranges puisque vous pourrez de temps à autre “obtenir” des personnages. Il faudra comprendre ici que vous obtenez un souvenir de ce personnage, que ce soit un trait de caractère, une manière de penser ou une attitude. Tout ce que vous obtiendrez se matérialisera sous forme de souvenirs qui vous serviront à débloquer des options de dialogues dans les deux autres phases. En revanche, il n’est pas possible d’aborder cette phase sans parler des graphismes. On ressent clairement la volonté de mettre en place des personnages “Chibi” (version miniature mignonne) pour l’exploration mais les animations de déplacement sont très disgracieuses et donnent l’impression que votre personnage est tout rigide lorsqu’il marche. Cela casse un peu l’immersion dans la mesure où vous venez de lire pendant environ une heure, vous vous attendez à quelque chose d’un peu plus lisse, moins brouillon. Certains pourront y trouver du charme mais on ne pourra pas nier que le rendu est assez particulier, voire même risible. Cette deuxième phase prendra environ 10 à 15% de votre temps de jeu, ne laissant pas beaucoup de place pour la troisième phase.
La troisième et dernière phase vous proposera de faire des choix en fonction de vos découvertes et des souvenirs que vous aurez accumulés. Plus vous aurez exploré et trouvé de souvenirs, plus vous pourrez effectuer de choix. Ces choix sont majoritairement répartis deux par deux entre un choix A et un choix B qui vous permettront d’obtenir des bonus ou d’éviter des malus. Si vous n’avez pas suffisamment exploré ou si vous n’avez pas réuni les bons souvenirs pour une situation donnée, il est possible que vous ne puissiez faire qu’un seul choix sur l’ensemble des propositions voire même aucun. Une fois votre sélection faite, vous allez prendre une arborescence scénaristique où toutes les autres ramifications vous seront fermées. Cela déclenchera également une sorte de combat où vous aurez un objectif à accomplir avec des conditions de victoire et de défaite. Ce combat vous mettra en scène dans un environnement restreint avec des ennemis et des alliés, l’objectif étant de remplir la condition de victoire. Pour ce faire, vous aurez un nombre de tours pour réussir l’objectif ainsi qu’une barre d’endurance pour votre personnage. Cette barre lui permettra de se déplacer jusqu’à ce qu’elle se vide ou qu’il effectue une action d’interaction (parler, ramasser un objet, lancer, etc…). Une fois votre tour fini, vos alliés agiront d’eux-mêmes et les ennemis en feront de même avant que le compteur de tour n’augmente de 1 et que la main vous revienne. Lors de cette phase, vous pouvez mourir ou échouer, que ce soit lors de vos choix qui vous auront mis en péril ou lors des combats où vous n’aurez pas été suffisamment efficace ou informé. Mais avec la Mort Réversible, vous pourrez tout simplement recommencer en conservant en mémoire ce qui vous a amené à perdre. Parfois via votre personnage qui va conserver des souvenirs qui lui éviteront de mourir de la même façon, parfois parce que le combat vous aura montré des éléments que vous n’aviez pas vu la première fois et que vous parviendrez à mieux anticiper. Cette phase de gameplay est plutôt plaisante bien qu’on conserve les mêmes graphismes que la phase d’exploration. Toutefois, celles-ci sont bien trop rares vu la place conséquente que prennent les deux autres phases.
Une fois la phase de mise en scène terminée, vous repartez à nouveau sur une phase de dialogue ou d’exploration, débloquant elle aussi des dialogues et ainsi de suite. Au final, vous passerez l’essentiel de votre temps à lire. Nous avons abordé un peu avant les ramifications que vous allez débloquer en effectuant les choix. Celles-ci vous permettent de voir quelles situations vous avez provoqué et vous aideront probablement plus tard à refaire des choix en empruntant celles que vous n’aviez pas choisies. Vous pourrez retrouver une partie de cette arborescence à travers le menu du jeu. Cependant, à part cela, il ne se résumera qu’à lister tous vos souvenirs collectionnés, voir votre progression dans la ramification actuelle, sauvegarder ou charger la partie. C’est sans compter que votre liste de souvenirs va très vite devenir extrêmement longue car vous récupérez des souvenirs quasiment tout le temps, dans chacune des trois phases du jeu. En plus de cela, ils n’ont presque aucun intérêt puisque le jeu va lui-même les associer et les utiliser pour vous. Ce listing est tout simplement là pour vous aider à voir ce que vous avez récolté, éventuellement pour voir s’il vous manque quelque chose plus tard. Mais le jeu vous assomme tellement de texte qu’il faut soit réellement aimer lire, soit être un fan absolu de la série qui souhaite découvrir un arc narratif original et inexistant de l’histoire principale. Car effectivement, nous ne l’avions pas encore souligné mais le texte du jeu est intégralement en anglais ! Alors que la jaquette physique elle-même a été traduite en français !
En dernier point, bien que les personnages soient bien illustrés dans les phases de dialogues, on ne peut pas en dire autant du décor. L’intégralité des décors du jeu doit être constituée d’une vingtaine d’images, pas plus ! Au cours d’un dialogue, vous pourrez même voir un décor partir en vrille et afficher un ciel bleu en pleine conversation alors qu’aucune mention n’y est faite. Et c’est sans compter sur les animations des coups, des blessures et sur ce ciel qui est présent partout, tout le temps, sans aucune raison. C’est vraiment dommage que l’aspect le plus présent du jeu ne soit pas en raccord avec l’histoire. Vu le temps passé à lire, il aurait tout de même été mieux d’avoir des décors plus variés et qui ne soient pas à 40% une image fixe du ciel. La dynamique n’étant déjà pas très présente, avec une bande-son oubliable, c’est se tirer une balle dans le pied que de rompre l’immersion et l’ambiance avec des bugs de décors.
Conclusion
Re:ZERO -Starting Life in Another World- The Prophecy of the Throne part sur de bonnes bases avec un scénario unique, bien ancré dans la série originale et géré par l’auteur lui-même. Toutefois, il déçoit de par son aspect Visual Novel bien trop appuyé, non spécifiquement mentionné, où vous serez noyés de dialogues à n’en plus finir. Les autres phases de jeu ne parviendront pas à rattraper l’ennui qui vous aura assailli malgré l’histoire très prometteuse qui a été mise en place. En revanche, vous devrez connaître la série d’origine pour comprendre où vous mettez les pieds car le jeu ne sera que très peu généreux pour les néophytes. La langue anglaise étant la seule version disponible, cela ne fera qu’enfoncer le clou un peu plus et oblitérera l’envie de progresser dans l’histoire.
LES PLUS
- Une histoire originale créée par l’auteur de la série
- Les illustrations des personnages sont belles
LES MOINS
- Jeu entièrement en anglais malgré la jaquette traduite en français
- Impossible de suivre sans connaître la série d'origine
- Sans connaître l’éditeur, on ne s’attend pas à un Visual Novel
- Beaucoup trop de dialogues qui alourdissent le scénario
- Gameplay quasiment absent
- Les animations des personnages Chibi
- Les décors trop peu variés
- Les musiques ne se démarquent pas