Conduire de gros camions ! C’est ce que nous propose Saber Interactive avec SnowRunner, édité par Focus.
En voilà une idée qui fait rejaillir en nous ce cœur d’enfant.
Sorti dans un premier temps sur PC, XBOX et PlayStation 4, il débarque sur la Switch le 18 mai 2021. La simulation de conduite d’engins en tout genre s’inscrit dans un marché niche. Nous sommes donc en droit de nous poser quelques questions sur la qualité ou encore sur l’intérêt du titre. Alors que vaut-il ? Tient-il la route graphiquement face aux versions PC ou consoles next-gen ?
Allez ! Enfilez vos Marcel, faites chauffer les moteurs, ça va suer !
SnowRunner, un vrai ADN !
Spintires et MudRunner, ses deux successeurs, sortis respectivement en 2014 et 2017 avaient fait du bruit notamment avec leur moteur physique incroyable d’un point de vue graphique, mais aussi comportemental. La conduite de ces engins était donc très réaliste.
Le but consistait à emmener des marchandises d’un point A à un point B sur des parcours boueux et semés d’embûches. Le risque de se retourner, de noyer son moteur ou encore de rester enlisé était présent à chaque mission. La victoire résidait ainsi dans votre capacité à conduire avec dextérité votre camion.
Un concept très particulier dont le pari risqué fut une réussite. Il a plu aux joueurs de tout horizon, à tel point que Spintires s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires…
SnowRunner est donc le troisième opus de la série. Le studio de développement a entre temps changé. Sabre Interactive a depuis repris le flambeau. Et c’est une bonne nouvelle ! Il est à l’origine du très bon portage de The Witcher III sur la console de Nintendo. Havok, le moteur physique de Microsoft utilisé ici, gère la totalité dont a besoin SR pour nous donner un résultat à la hauteur de nos espérances.
Le concept, lui n’a pas changé. Il est donc toujours question de faire diverses livraisons dans des conditions parfois extrêmes et dans des environnements semés d’embûches.
Raconte-moi une histoire !
Le scénario brille par son absence. Cela peut dérouter certains joueurs qui ont l’habitude d’être dirigés et orientés dans leurs jeux. Seuls des objectifs contextuels vous guideront. L’idée est de vous lancer au travers d’un tutoriel qui vous explique brièvement qu’il faut remplir des missions afin de gagner de l’argent et des points d’expérience… Et c’est tout ! Débrouillez-vous ! Allez, on y va quand même ?
Le scénario est donc comme le désert dans lequel on aurait pu se retrouver pour exécuter notre tâche, vide de sens. Pour exemple, dans le didacticiel, un des premiers objectifs consistera à quitter le Michigan afin de vous rendre en Alaska. Puis, on ne sait pas pourquoi il faudra soudainement retourner dans le Michigan. Vous rappelez-vous du corbeau qui vole bizarrement ? De la grosse goutte qui pend au nez des personnages dans l’animé « Nicky Larson » lorsqu’une situation gênante se présente ? C’est cette sensation que laisse le jeu dans sa façon de nous guider. Enfin, si l’on peut employer le verbe « guider ». On en conclut donc rapidement qu’il va falloir user de patience et qu’il sera nécessaire de se débrouiller tout seul !
La manière avec laquelle ont été pensés les menus est tout aussi déroutante. On peut alors supposer ironiquement que les développeurs se sont dit :
« Tiens maintenant que nous leur avons donné toutes les clefs pour conduire leurs engins et mener à bien leurs missions, si nous les accompagnions avec un menu simple, sobre et efficace ! »
Vous les voyez toujours ? Le corbeau ? La goutte au nez ?
Ah ! N’oublions pas l’ergonomie des choix contextuels du garage ! Vous serez sans doute perdus. Et là encore la patience sera de mise le temps de bien comprendre son fonctionnement pour le moins original.
Dans SnowRunner, vous serez donc seul, et pas seulement dans les aides proposées. Vous le serez également physiquement. Certes, les étendues sont vastes, mais vides de toute vie. Pas un faisan, un lapin, un petit écureuil… Un être humain peut-être ? Non, non, messieurs dames. Ce jeu a des appétences posts apocalyptiques. Les seuls survivants à ces terres endiablées se résument aux oiseaux que vous croiserez, par moments dans le ciel. Les missions ne sont données que par la lecture de textes. Aucune voix, aucune personne avec qui échanger. Il faut aimer la solitude. Et on ne peut pas se consoler avec l’environnement sonore. À part les bruits des moteurs ou des taules maltraitées, la musique est quasi absente. Seuls nos arrêts dans les stations-service égayeront nos ouïes avec de belles musiques country que l’on aurait souhaitées plus présentes.
Sans maîtrise, la puissance n’est rien !
Pour celles et ceux qui sont arrivés jusque-là, le meilleur reste à venir ! Alors, oui, les inconvénients ci-dessus sont bien présents. Pour autant, SnowRunner a bien des choses à nous proposer.
À commencer par ses graphismes. Même si le downgrade sur Switch subi par rapport aux versions next-gen et PC ne choque pas vraiment, les défauts se verront un peu plus en mode « docké » sur la télévision. Les textures sont moins fines et détaillées. Néanmoins, ce jeu est vraiment beau ! Même sur la console de la firme Nippone. Il est même l’un des plus réussis de ce côté-là. Les effets de boues qui dégoulinent, les reflets lumineux, la gestion des collisions avec les déformations et les dénivelés que subissent les roues via leurs suspensions, tous ces détails illuminent nos mirettes.
Quant au framerate, SR tourne à 30 FPS quasi constants. C’est bien suffisant, car l’action y est relativement lente. Ce n’est pas un Forza ou un Gran Turismo !
En plus d’offrir une belle qualité graphique, le titre s’enrichit d’une quarantaine de véhicules de différentes catégories et marques sous licences comme CAT, GMC, Dodge, Chevrolet ou encore LADA. Vous pourrez les récupérer directement sur la carte. Certains seront cachés, d’autres plus accessibles. L’achat en concession sera la deuxième façon d’obtenir vos gros camions.
Selon la mission à remplir et le type de terrain que vous rencontrerez, le choix de votre engin et de son équipement s’avérera crucial dans la réussite de votre parcours jusqu’à son achèvement. La manière dont vous piloterez votre poids lourd sera également un critère majeur dans l’accomplissement de vos objectifs. Ainsi, il sera nécessaire de bien gérer votre carburant, en prenant soin de faire le plein dans les différentes stations essence quand cela est nécessaire. N’hésitez pas, c’est gratuit !
La manière de gérer votre différentiel, le passage de vos vitesses aura un impact sur votre consommation ou encore sur la capacité à vous extirper de certaines situations périlleuses. Par exemple, le choix de passer de 2 à 4 roues motrices vous donnera de la puissance, mais vous consommerez plus d’essence. Si vous gérez mal vos rapports, l’enlisement est inévitable ! Il faudra donc choisir la bonne stratégie technique en fonction du terrain à aborder.
Vos débuts ne seront donc pas simples, d’autant plus que les premiers camions à disposition ne répondent pas vraiment aux critères de rêves. Le DLC nommé « Anniversary » est proposé gratuitement sur le Nintendo eShop. Il vous permettra d’obtenir 2 camions supplémentaires pour vous aider !
Attendez-vous à retenter plusieurs fois le même parcours. Il n’est pas rare de se retrouver sur le toit à quelques mètres de l’objectif et de devoir tout recommencer. Après une bonne demi-heure passée, cela peut énerver un tantinet. Si votre plus grand défaut est la patience, passez vite votre chemin.
Quand on aime, on ne compte pas.
La persévérance sera rémunératrice, car elle vous permettra de gagner de l’argent pour acheter de nouveaux véhicules ainsi que de l’équipement pour les améliorer. L’un des accessoires à votre disposition est le treuil. Il deviendra très rapidement votre meilleur ami. En plus de faire varier la jouabilité, il vous permettra de vous extirper de bien des situations compliquées. Ainsi, vous pourrez vous sortir d’un enlisement en l’accrochant à un élément du décor un peu plus loin. Attention toutefois à bien choisir la cible, car si cette dernière est trop fragile, cela ne vous aidera en rien, bien au contraire…
Il y a trois grandes cartes à explorer. Le Michigan (USA), Taimyr (Russie) et une grande nouveauté dans la trilogie, l’Alaska (USA) avec ses terres enneigées et verglacées. Cela nécessitera un équipement spécifique qui viendra donc enrichir l’expérience du jeu. L’ensemble avoisine les 30 km2 tout de même.
Dans SnowRunner, vous aurez à gérer votre essence, les dégâts sur vos véhicules, la découverte de nouvelles zones de jeu grâce aux tours de guet, qui serviront à voyager plus rapidement. Au gré de vos périples, il sera également nécessaire de trouver tous les points d’intérêt afin de récupérer de nouvelles pièces d’équipement.
En plus du contenu assez riche que propose SR, le plaisir se trouve dans cette difficulté immédiate, si vous savez l’apprécier. L’accomplissement après quelques frayeurs et de nombreuses minutes de tension génère un vrai sentiment de fierté et d’envie de continuer. Et l’envie, il vous en faudra pour venir à bout de la centaine d’objectifs, répartis en contrats, tâches ou défis. La durée de vie est donc très bonne pour celles et ceux, qui sauront être persévérants. Si toutefois, vous aviez fait le tour de SnowRunner après plus de 100 h de jeu, rassurez-vous, 8 saisons supplémentaires vous attendent sous forme de DLC payants. 4 sont disponibles dès maintenant sur le Nintendo eShop. Les autres, déjà en précommande le seront plus tard.
Et si l’idée de parcourir ces routes en solitaire ne vous convenait pas, Sabre Interactive a pensé à tout. Un abonnement Nintendo Switch Online sera toutefois nécessaire. Vous aurez alors la possibilité de jouer les livreurs en gros camion jusqu’à quatre en simultané. Les contrats seront donc adaptés à ce mode pour que le jeu multi prenne du sens. Lors d’un pépin, vous pourrez toujours compter sur un comparse pour venir vous dégager de la boue collante qui vous retient. Il s’agira de mêler vos talents et vos différents engins afin de mener à bien vos missions. Le plaisir s’intensifie !
Attention, une partie démarrée en solo ne pourra pas se voir rajouter de nouveaux joueurs en cours de route. Il faudra donc choisir le mode adéquat dans le menu, dès le début.
Conclusion
Si vous ne connaissez pas la licence et que vous avez envie de vous laisser tenter par une nouvelle propo-sition. Si la patience et la persévérance font partie de vos atouts, alors SnowRunner est fait pour vous. Pour ceux qui ont pratiqué les deux précédents opus, vous ne serez pas dépaysés. SR est dans la lignée de ses prédécesseurs avec de nombreux ajouts et améliorations que vous saurez apprécier. Il pousse la Switch dans ses retranchements pour vous proposer des graphismes de qualité, même si inférieurs aux autres versions. La grande difficulté et sa linéarité emmènent le joueur motivé vers une satisfaction de plus en plus intense sous réserve d’une bonne préparation. Le nombre d’objectifs, la variété de camions, de leurs équipements ainsi que les 3 grands environnements disponibles vous feront passer de longues heures de plaisir. À condition de bien accrocher votre ceinture !
LES PLUS
- Une exigence qui créer du challenge…
- Un contenu très riche (superficie des 3 environnements, véhicules, équipements).
- Une grande durée de vie. Plus de 100H hors DLC.
- Des graphismes qui poussent la Switch dans ses retranchements.
- Un moteur physique très réaliste.
- Le multi apporte un côté entraide au jeu qui est très appréciable
LES MOINS
- … mais qui peut en rebuter certains.
- Les environnements manquent de vie.
- On aurait aimé un minimum de scénario ainsi qu’une ambiance sonore plus présente pour rendre SR un peu plus immersif.
- L’ergonomie du garage et des options qu’il propose n’est pas des plus didactiques.