Le jeu vidéo entre dans une ère nouvelle faite de respectabilité. Et même si les médias mainstream n’en ont toujours pas fini avec les stéréotypes outranciers sur la représentation de ce que nous sommes, nous joueurs, il faut bien avouer que les studios, notamment indépendants, leur répondent de la plus belle des manières, en nous proposant des œuvres au contenu de plus en plus mature, capables d’aborder des sujets sensibles nous amenant à développer notre vision du monde qui nous entoure. Le studio australien Ghost Pattern entre directement dans cette catégorie avec son dernier titre, Wayward Strand. Quel thème aborde-t-il et est-ce une réussite ? Pour le savoir, il va falloir continuer la lecture de ce test.
Perdu en plein ciel
Dans Wayward Strand, nous incarnons Casey Beaumaris, une jeune adolescente passionnée de journalisme et membre de la rédaction de la revue de son école. Durant son week-end, elle doit accompagner sa mère à l’hôpital pour l’aider à prendre soin des malades. C’est donc avec une joie débordante d’adolescente qu’elle se retrouve embarquée à bord d’un ancien zeppelin, reconverti en pension de luxe pour personnes âgées. La mauvaise volonté du départ va alors rapidement laisser sa place à la menée d’une grande enquête sur la vie de ces pensionnaires à la vie bien remplie.
Tout l’intérêt de Wayward Strand tient donc dans la découverte de ces moments de vie, qui ont fait que les patients que nous croisons se retrouvent ainsi isolés dans un ciel où les visites sont bien rares. Pour mener à bien son enquête, Casey pourra discuter avec les résidents qu’elle croisera, mais aussi avec le personnel en charge des lieux. Chacun aura sa propre personnalité et son propre emploi du temps. Un cycle horaire est mis en place et nous devrons vivre avec les activités qui rythment la vie à bord.
Les souvenirs joyeux comme les drames vécus resurgiront au gré de nos discussions avec l’ensemble de ces gens et nous chercherons alors à débloquer certaines situations pour apporter un peu de réconfort à ces seniors devenus bien esseulés. Chaque patient a sa propre personnalité et il n’est pas rare de se faire éjecter d’une chambre. Casey aura alors la possibilité d’espionner les conversations pour en apprendre davantage et ainsi progresser dans l’histoire jusqu’à se faire accepter par le récalcitrant.
Il est assez difficile de suivre un schéma directeur dans cette histoire. Nous ne sommes jamais guidés et aucun objectif ne vient nous aider. À nous de débloquer des options de dialogues qui deviennent vite très nombreux, pour essayer d’en apprendre le plus possible et essayer de mener à bien la mission que nous nous sommes nous-même confiés. Si un des personnages nous semble plus intéressant qu’un autre, il faudra alors nous montrer attentifs pour suivre le bon fil.
Des tranches de vie à découvrir
Notre visite des lieux dure deux jours, le temps du week-end, et à la fin de ceux-ci, peu importe notre avancée, notre histoire se termine. À nous de recommencer pour en apprendre plus ou pour suivre un autre chemin lors d’un autre week-end. Le rythme est assez lent et il nous oblige à suivre plusieurs histoires pour éviter de devoir attendre que la sieste de notre interlocuteur privilégié soit terminée. Ce rythme entraîne ce qui est le plus gros problème du titre des développeurs de Ghost Pattern, son système de sauvegarde.
En effet, il ne nous est possible d’enregistrer notre partie qu’à la fin d’une journée. Il faut compter près de deux heures de jeu pour en arriver là et il est impossible de quitter notre partie sous peine de devoir tout recommencer depuis le début. C’est extrêmement frustrant et surtout incompréhensible. Commencer une partie signifie devoir s’y investir durant un laps de temps conséquent, peu importe les sollicitations extérieures qui pourraient nous obliger à quitter notre partie.
Une fois prêts à nous investir durablement dans ces instants de vie, nous avons la possibilité de mener la nôtre en discutant, mais aussi en attendant patiemment en compagnie des résidents. Cette attente est souvent récompensée par une avancée dans l’histoire. Passer du temps avec ces hommes et ces femmes est souvent récompensé. Nous découvrons alors le soin apporté aux environnements dans lesquels notre aventure se déroule.
Chaque partie du vaisseau contient énormément de détails qui nous en apprennent toujours un peu plus sur la vie qu’ont menée ces résidents avant d’en arriver là. Le style graphique en Cel Shading nous donne l’impression de constamment évoluer dans une bande dessinée. Le résultat, que ce soit en docké ou en nomade, est très propre et il est toujours agréable de déambuler dans ces étages où la vie semble suivre son cours sans avoir besoin de notre intervention.
Pour éviter de nous perdre dans les histoires de ces personnages qui s’entremêlent au gré de notre avancée, un petit carnet de notes nous permet de retrouver les éléments marquants pour chacun d’entre eux. Celui-ci est parfaitement réalisé et plutôt mignon, il nous permet d’avancer plus facilement dans nos enquêtes.
L’autre problème rencontré concerne la localisation : malheureusement, toutes ces lignes de dialogues et ces textes ne sont disponibles qu’en anglais et il faut donc maîtriser convenablement la langue du chat qui expire pour en profiter.
Conclusion
Avec son thème abordant la solitude de la fin de vie, Wayward Strand tente le pari de nous intéresser à la situation de ces personnes vivant recluses malgré elles dans des résidences qui leur sont réservées. À la fois touchante et bien écrite, la narration, faite de moments de vie découverts au gré de nos discussions, fait mouche et nous avons toujours envie d’en savoir plus sur le passé et les rêves de ces résidents. Le style graphique, sous forme de bande dessinée, regorge de détails et la bande-son est à la fois douce et calme. Seuls le système de sauvegarde vraiment bancal et l’absence de localisation en français sont un frein au plaisir pris à explorer ce vaisseau-hôpital plein de poésie.
LES PLUS
- Les graphismes en mode bande dessinée sont très agréables à parcourir
- La bande-son est calme et relaxante
- Les tranches de vie sont toutes différentes et intéressantes
- Le thème de la vieillesse est abordé sans faux semblant, mais avec beaucoup d’humanité
- Les personnages ont chacun leur caractère
- Les mécaniques d’écoute et/ou d’attente sont intéressantes
- La vie qui s’écoule avec ou sans notre intervention est bien menée
LES MOINS
- Le rythme est assez lent
- La gestion des sauvegardes est catastrophique
- Aucune localisation en français ne vient nous aider
Dommage qu’il ne soit pas en français il a l’air intéressant ce jeu.
effectivement, il traite d’un sujet très peu courant avec beaucoup d’humanité