Depuis sa création en 1982, la saga Macross a traversé les époques avec son mélange unique de combats spatiaux, de mechas transformables et de récits centrés sur l’amour et la musique. Très populaire au Japon, la série s’est fait connaître internationalement malgré un contexte complexe lié aux droits d’adaptation, notamment via la série Robotech. En 2024, Bushiroad Games et Kaminari Games tentent de faire renaître l’intérêt autour de la franchise avec un shoot ‘em up ambitieux : MACROSS -Shooting Insight-. Disponible sur Nintendo Switch (et autres supports), le titre propose une expérience hybride, mêlant les mécaniques de quatre sous-genres du shmup dans une aventure narrative où se croisent plusieurs générations de héros. Un rêve pour les fans ? Peut-être. Mais encore faut-il que la réalisation suive.
Un scénario multigénérationnel pour raviver la flamme
Le postulat de départ de MACROSS -Shooting Insight- est simple : une distorsion spatio-temporelle entraîne la rencontre inattendue des pilotes emblématiques des différentes séries Macross. Hikaru Ichijyo, Basara Nekki, Alto Saotome ou encore Hayate Immelman se retrouvent projetés dans un monde inconnu, où une force mystérieuse manipule l’espace-temps. Cette idée de crossover n’est pas nouvelle dans le monde du jeu vidéo, mais ici elle sert de prétexte à une véritable lettre d’amour aux fans.
Chaque pilote possède sa propre trame, ses dialogues spécifiques, ses interactions avec les autres personnages, et son propre VF (Variable Fighter). Le tout est présenté sous forme de scènes dialoguées avant et après les missions. Ces séquences, bien qu’assez statiques, sont ponctuées d’illustrations soignées et de doublages japonais réussis, ce qui ravira les connaisseurs. En revanche, les néophytes risquent d’être perdus tant les références pleuvent sans réelle explication.
Quatre types de gameplay pour une seule expérience
Le principal argument de Shooting Insight réside dans sa structure atypique : il ne se contente pas d’être un shmup horizontal ou vertical, mais intègre quatre styles de gameplay différents que le joueur alterne au fil des niveaux :
- Side-scrolling classique (horizontal) – À la manière d’un Gradius ou R-Type.
- Top-down vertical – Plus proche des traditionnels bullet hell japonais comme DoDonPachi.
- Vue isométrique 360° – Similaire à un twin-stick shooter, permettant de tirer dans toutes les directions.
- Rail shooter 3D – Dans la veine de Space Harrier ou Star Fox, avec une perspective en profondeur.
Chaque type offre une prise en main immédiate, mais tous ne se valent pas en termes de sensations. Les phases horizontales et verticales sont dynamiques et lisibles, tandis que les séquences en 3D manquent de précision et souffrent d’un manque de lisibilité, surtout en mode portable. Le passage d’un style à un autre brise parfois le rythme, mais permet aussi de renouveler l’action. Cette variété est une force… à condition d’accepter un certain manque d’homogénéité.
Des mécaniques classiques mais efficaces
Chaque mission vous met aux commandes d’un VF transformable, bien que les transformations (Fighter, Gerwalk, Battroid) soient ici contextuelles et non contrôlables à volonté. C’est une petite déception pour les puristes, car cela limite la richesse tactique des combats. En revanche, chaque VF dispose d’un armement distinct, de bombes spéciales et d’un dash d’évasion, ce qui permet d’adapter son style selon les ennemis rencontrés.
L’un des systèmes les plus réussis du jeu est le mode “Song Boost”. À certains moments clés, une chanson iconique de l’univers Macross retentit, accompagnée de l’apparition d’une idole chantante (Minmay, Sheryl Nome, Ranka Lee…), ce qui déclenche une surchauffe visuelle et sonore. Le joueur bénéficie alors d’un bonus temporaire de dégâts et de vitesse. C’est une mécanique à la fois spectaculaire, fidèle à l’esprit de la saga, et utile en plein combat.
Entre classicisme et routine
Le jeu propose 10 missions principales, chacune divisée en plusieurs segments. Si les premiers niveaux sont relativement simples, la difficulté augmente rapidement, surtout en mode Normal et Difficile. Les ennemis arrivent en vagues, dans une logique très arcade, avec des patterns prévisibles et des attaques synchronisées. Malheureusement, les décors peinent à se renouveler : on survole des espaces cosmiques génériques, des bases flottantes ou des astéroïdes sans grande originalité.
Heureusement, les boss viennent relever le niveau. Massifs, animés avec soin, ils offrent un véritable défi avec plusieurs phases, changements d’attaque et effets visuels bien sentis. Certains d’entre eux sont inspirés directement des antagonistes de la série (Zentradi, Var Syndrome…), renforçant encore le fan-service.
Entre deux ères
Graphiquement, MACROSS -Shooting Insight- se situe dans le milieu de gamme. Les modèles 3D des VF sont plutôt réussis, et les effets spéciaux pendant les boosts musicaux en jettent. En revanche, le jeu souffre de textures pauvres, d’environnements génériques, et d’un certain manque de lisibilité dans les phases les plus denses.
Sur Switch, le jeu tourne à 30 images/seconde dans toutes les situations, mais on constate des baisses en mode portable lors des explosions massives ou pendant les transitions entre gameplay 2D et 3D. Rien de dramatique, mais cela nuit à la fluidité d’un titre qui se veut nerveux.
Côté direction artistique, le soft reste très fidèle à l’univers Macross : silhouettes iconiques, interface technologique rétrofuturiste, couleurs flashy, et présence omniprésente de la musique.
Une bande-son aux petits oignons
C’est l’un des piliers du jeu. La bande-son regroupe des morceaux emblématiques des différentes séries Macross, ainsi que de nouvelles compositions électro-rock tout à fait dans le ton. Entendre “Do You Remember Love?” en plein combat, avec une chorégraphie de missiles à l’écran, procure un vrai frisson de nostalgie.
Les voix japonaises sont convaincantes, et chaque pilote conserve sa personnalité, entre héroïsme, excentricité (Basara) et doute existentiel. Les bruitages, quant à eux, sont dans les standards du genre : percutants, explosifs, mais parfois un peu noyés dans le mixage général.
Conclusion
MACROSS -Shooting Insight- est un jeu qui tente de tout offrir à la fois : plusieurs types de gameplay, un scénario crossover, une bande-son culte et du fan-service à foison. Le résultat est parfois déséquilibré, parfois brouillon, mais indéniablement porté par une passion sincère pour la licence. Les amateurs de shmups y trouveront une expérience plaisante, bien que peu innovante, tandis que les fans de Macross seront ravis de retrouver leurs héros, leurs chansons et leurs machines favorites dans une production qui leur est dédiée. Il ne s’agit pas d’un incontournable du genre, mais d’un titre à part, attachant, parfois frustrant, souvent grisant, qui mérite au moins un détour… surtout pour ceux qui se demandent encore si l’on se souvient de l’amour.
LES PLUS
- Respect global de la licence Macross
- Présence de nombreux personnages iconiques
- Gameplay hybride shoot’em up horizontal / vertical
- Musiques issues de différents volets de la saga
LES MOINS
- Réalisation visuelle datée
- Difficulté mal équilibrée
- Level design peu inspiré
- Répétitivité marquée
- Pas de VF ni de sous-titres français









