Il est temps de reprendre du service ! Ship Graveyard Simulator 2 nous propulse sur une nouvelle côte abritant le plus grand cimetière de navires au monde. Votre mission ? Démanteler des géants des mers rouillés, récolter des tonnes d’acier précieux et transformer ces épaves en profits sonnants et trébuchants. Développé et publié par Ultimate Games, cette suite promet une expérience de simulation de démolition navale plus vaste et plus profonde que jamais. Mais cette immersion dans le monde méticuleux et souvent brutal du recyclage maritime tient-elle ses promesses sur Nintendo Switch ? Plongeons dans les entrailles de ce chantier naval virtuel.
Le retour au chantier naval
Ship Graveyard Simulator 2 est l’œuvre d’Ultimate Games, un éditeur connu pour ses simulations souvent de mauvaise qualité. Ils récidivent ici après le premier opus, cherchant visiblement à capitaliser sur le concept unique mais à le peaufiner pour cette seconde mouture, qui arrive sur Switch après une sortie initiale sur PC plus d’un an auparavant.
Le principe est limpide : vous incarnez un ferrailleur maritime. Votre objectif est d’acheter des épaves échouées sur une vaste plage côtière, de les démonter pièce par pièce à l’aide de vos outils (marteau, chalumeau, scie), de récupérer toutes les matières premières valorisables (acier, fer, bois, cuivre, or, plastique, équipements divers) et de les revendre pour réaliser des profits. Cet argent sert ensuite à acheter des navires plus gros et plus complexes, à améliorer vos outils pour gagner en efficacité, et à débloquer des équipements comme un point de collecte mobile ou une grue.
Ship Graveyard Simulator 2 navigue résolument en eaux claires sur son histoire : il n’y a strictement aucune histoire. Le jeu ignore complètement toute forme de narration, de contexte dramatique ou de progression personnelle pour votre personnage au-delà de son portefeuille et de ses outils. Vous êtes un ferrailleur anonyme dans un monde fictif, point final.
Le cœur (répétitif) de l’épave
Le cycle de jeu dans Ship Graveyard Simulator 2 repose sur une boucle simple, potentiellement addictive, mais qui devient très vite répétitive. Tout commence par la commande d’une épave depuis votre ordinateur portable. Vous choisissez un navire à démanteler, chacun proposant trois contrats à remplir, avec des objectifs de collecte spécifiques qui offrent des récompenses croissantes en cas de succès.
Une fois sur place, vous entamez le démantèlement du navire à l’aide de différents outils : marteau, chalumeau ou scie, selon les matériaux à traiter. Les points faibles des structures sont signalés par des codes couleur correspondant à l’outil requis. Vous frappez le métal, brûlez les soudures, sciez le bois — une mécanique qui offre une certaine satisfaction, notamment lorsque de larges sections s’effondrent sous vos coups.
Les ressources ainsi récupérées doivent être collectées manuellement. Le personnage principal, doté d’une force clairement surnaturelle, peut soulever et lancer des charges de plusieurs centaines de kilos sans effort. Ces matériaux sont ensuite chargés soit dans votre camion, soit dans un point de collecte mobile que vous pouvez placer stratégiquement — encore faut-il éviter de le voir enseveli sous les décombres d’une section effondrée.
Certaines parties du navire exigent l’utilisation de la grue pour soulever de lourds composants, comme les moteurs. Toutefois, il faut s’assurer qu’un dégagement vertical suffisant est disponible pour opérer. Des explosifs peuvent également être utilisés pour ouvrir certaines portes blindées, mais leur impact visuel reste très limité : seule la porte ciblée disparaît, sans réel effet spectaculaire sur l’environnement.
Une fois votre chargement terminé, vous vous rendez à l’usine de recyclage. Là, un mini-jeu simple mais agréable vous invite à trier les matériaux manuellement sur un tapis roulant en manipulant une console centrale. Il est possible d’automatiser ce processus, mais au prix d’une perte partielle des ressources.
L’argent gagné permet non seulement d’acheter de nouvelles épaves plus imposantes, mais aussi de débloquer des plans d’amélioration pour vos outils via un atelier. Ces améliorations, qui demandent à la fois des fonds et des ressources, augmentent l’efficacité des outils, la capacité de portage, la vitesse de démantèlement, ainsi que d’autres paramètres utiles, allégeant ainsi la part répétitive du travail. Le DLC « Warships », inclus dans cette version, introduit des navires de guerre tels que le Chevy, le Fuso ou encore le Wicher, représentant des défis plus massifs et une source supplémentaire de matériaux.
La maniabilité et les problèmes techniques
C’est là que le bât blesse sérieusement sur Nintendo Switch. Le jeu est un portage très direct de la version PC, et cela se ressent douloureusement à plusieurs niveaux. L’interface utilisateur, bien qu’adaptée pour la console, reste peu intuitive, laide et confuse. Il est difficile de savoir clairement quelle option est sélectionnée dans les menus. La roue de sélection des outils, quant à elle, est imprécise et réagit de manière erratique, obligeant souvent à plusieurs tentatives pour choisir l’outil souhaité. Naviguer dans les différents menus devient rapidement laborieux et peu agréable.
À cela s’ajoutent de nombreux bugs et soucis techniques, surprenants pour un jeu pourtant déjà sorti sur PC. Certains objets, comme le camion, posent problème au moment d’interagir avec eux, et l’on peut observer des éléments du décor – notamment des parties de navires – flotter dans les airs, trahissant des soucis de collision ou de physique. Des objets clignotent à l’écran lorsqu’un trop grand nombre de débris s’accumulent, nuisant à la lisibilité.
La physique du jeu, en général, s’éloigne d’une quelconque crédibilité. Le personnage court à une vitesse peu réaliste et lance des centaines de kilos de métal avec une précision surhumaine. Ce genre de choix de gameplay nuit fortement à l’immersion, surtout dans un titre qui se présente comme une simulation. Il n’est pas rare que le camion reste coincé ou se retourne, sans qu’aucune option simple ne permette de le récupérer.
L’audio est passable, mais sans plus. Les effets sonores de base (coup de marteau, soudure, scie) sont présents et fonctionnels, mais manquent de profondeur et d’impact. Un point négatif récurrent est le son jugé « Over The Top » (OTT) et exagéré des énormes bangs produits lors de la rupture des soudures épaisses, cassant le peu de réalisme et semblant déplacé. La radio du camion, présente comme option, ne fonctionne tout simplement pas (aucun son n’est émis).
Ship Graveyard Simulator 2 est un jeu fondamentalement conçu autour de la répétition et du « grind ». La durée de vie est potentiellement très longue car il y a de nombreux navires à démanteler, de la petite embarcation aux énormes navires de guerre, et les améliorations d’outils prennent du temps et des ressources. Revisiter d’anciennes épaves pour terminer des contrats spécifiques ou collecter des ressources pour les améliorations prolonge également l’expérience. Cependant, cette durée de vie est entièrement dépendante de votre tolérance à la répétition extrême du cycle de base (frapper, couper, brûler, collecter, transporter, recycler). Ceux qui apprécient la méditation dans des tâches simples et répétitives y trouveront leur compte pour des dizaines d’heures. Les autres risquent de jeter l’éponge bien plus tôt.
Ship Graveyard Simulator 2 propose une amélioration visuelle par rapport à son prédécesseur. Les navires, en particulier les plus imposants, bénéficient d’un certain soin dans leur modélisation et parviennent à imposer leur présence à l’écran. Le cycle jour/nuit, bien que purement cosmétique et sans influence sur le gameplay, apporte un peu de variété visuelle.
Cependant, malgré ces quelques points positifs, le jeu reste globalement assez « rugueux » dans son rendu. Les textures sont souvent grossières, les graphismes d’ensemble rappellent ceux de productions plus anciennes, et les personnages non-joueurs souffrent d’une modélisation sommaire accompagnée d’animations très basiques. L’éclairage manque parfois de cohérence, avec des zones mal éclairées ou des effets peu naturels. On peut observer également divers problèmes visuels, comme le clignotement (ou « strobing ») des débris à l’écran et d’éventuels bugs d’affichage, notamment des écrans noirs signalés sur d’autres plateformes. Enfin, la physique du jeu reste instable : certains objets semblent flotter sans raison, tandis que les réactions aux destructions peuvent paraître étranges ou peu crédibles.
On reste volontiers à quai
Ship Graveyard Simulator 2 sur Nintendo Switch est une expérience profondément ambivalente. D’un côté, Ultimate Games a effectué un travail notable pour améliorer le noyau de gameplay par rapport au premier volet. Le processus de démantèlement des navires, bien qu’extrêmement répétitif, possède une satisfaction cathartique indéniable, surtout lorsque des sections entières s’effondrent de façon spectaculaire. La progression via l’amélioration des outils et l’accès à des navires plus imposants (dont les navires de guerre du DLC inclus) offre un objectif tangible.
Cependant, le jeu est sévèrement entravé par des problèmes techniques importants (bugs, glitches, physique bizarre) et un portage PC vers Switch maladroit, se traduisant par une interface utilisateur confuse et des contrôles peu intuitifs. L’absence totale d’histoire, les graphismes souvent médiocres et la bande-son peu inspirée (voire agaçante par moments) n’aident pas à l’immersion. La nature ultra-répétitive du gameplay, même si elle peut être méditative pour certains, sera un repoussoir majeur pour beaucoup.
Ship Graveyard Simulator 2 est disponible sur l’eShop au prix de trente euros.
Conclusion
Ship Graveyard Simulator 2 est une simulation de niche qui trouve son public parmi ceux qui recherchent une activité relaxante, répétitive et physiquement satisfaisante (démolir de grandes structures), sans attente de profondeur narrative ou de prouesses techniques. Si vous pouvez surmonter les bugs, ignorer les graphismes vieillots, supporter la bande-son et embrasser la répétition comme une forme de méditation, vous pourriez être étrangement accroché par le processus de réduction de ces géants d'acier en tas de ferraille rentable. Pour les autres, les défauts techniques et le manque criant de variété risquent de confiner cette expérience au cimetière des jeux rapidement oubliés, malgré le potentiel évident de son concept unique. À réserver aux plus patients et aux fans inconditionnels du premier opus, en espérant des correctifs futurs.
LES PLUS
- Satisfaction cathartique du démantèlement (casser, brûler, scier)
- Amélioration nette par rapport au premier opus
- Progression tangible
- DLC "Warships" inclus
- Boucle de jeu addictive malgré ses défauts
- Personnage "surpuissant"
LES MOINS
- Bugs techniques (objets flottants, interactions capricieuses, camion bloqué/retourné, strobing des débris)
- Gameplay extrêmement répétitif et vite monotone
- Portage technique médiocre
- Graphismes pauvres (textures, animations, éclairage)
- Absence TOTALE d'histoire ou de contexte narratif
- Grind excessif nécessaire pour la progression
- Outils et améliorations peu profondes
- Camion sous-utilisé et sans mécanique intéressante








