Plongez dans les entrailles glaçantes du vaisseau spatial Von Braun, où le silence n’est rompu que par les gémissements des mutants et la voix inquiétante de SHODAN. System Shock 2: 25th Anniversary Remaster débarque sur Nintendo Switch, offrant une nouvelle génération la chance de découvrir, et aux vétérans la possibilité de revivre, un pilier incontournable du jeu vidéo. Ce remaster, signé Nightdive Studios (les artisans du remaster du premier System Shock et de nombreuses autres résurrections numériques), ne cherche pas à réinventer la roue mais à préserver et polir un classique intemporel de 1999, développé à l’origine par Irational Games (Ken Levine, futur créateur de Bioshock) en collaboration avec Looking Glass Studios (Thief). Préparez-vous à une expérience immersive, exigeante et profondément atmosphérique.
Survie, découverte et désespoir
Nightdive Studios s’est fait une spécialité de redonner vie aux classiques oubliés ou difficiles d’accès sur les plateformes modernes. Leur travail sur System Shock 2: 25th Anniversary Remaster s’inscrit dans cette démarche de préservation numérique. Plutôt qu’un remake complet comme celui du premier opus (sorti en 2023), il s’agit ici d’un remaster fidèle : l’équipe a retravaillé les textures, amélioré les modèles de personnages, d’ennemis, d’objets et d’armes, optimisé les performances et ajouté un support moderne (contrôleurs, options graphiques, gyroscopie), tout en conservant scrupuleusement l’âme, le gameplay et la structure originels du jeu.
Vous incarnez un soldat réveillé en catastrophe de sa cryptogénèse, amnésique, à bord du vaisseau Von Braun en proie à une catastrophe indicible. Votre objectif initial est simple : survivre et suivre les instructions de la Dr. Janice Polito via radio pour comprendre ce qui s’est passé et tenter de reprendre le contrôle. Très vite, vous réalisez que l’équipage a été transformé en créatures mutantes hostiles par une entité organique appelée « The Many », tandis que l’IA malveillante SHODAN rôde dans les systèmes du vaisseau. Le véritable but devient une lutte désespérée pour la survie, la découverte de la vérité et la confrontation avec des forces incommensurables.
42 ans après les événements du premier System Shock, le vaisseau expérimental Von Braun, capable de voyages supraluminiques, est envoyé dans l’espace profond. Une mission de sauvetage sur une planète mystérieuse tourne au cauchemar avec la découverte d’œufs aliens, conduisant à une infection dévastatrice. À votre réveil, le vaisseau est un tombeau flottant, peuplé de créatures hybrides, de robots devenus fous et hanté par les fantômes numériques des membres d’équipage. L’histoire, narrée principalement via des audiologs (messages audio laissés par l’équipage) et des fragments de souvenirs, se dévoile progressivement au fil de l’exploration. Elle mêle cyberpunk, horreur cosmique et une réflexion sur l’hybris technologique, avec SHODAN en antagoniste emblématique. L’immersion narrative est profonde grâce à une atmosphère inégalée et un scénario riche en rebondissements.
System Shock 2 est un pilier du genre immersive sim, combinant habilement FPS, survival horror et RPG. L’exploration du vaisseau Von Braun constitue l’essence même du jeu : un enchevêtrement de ponts et de zones interconnectées à parcourir sans aide visuelle moderne. Il n’y a ni flèches, ni marqueurs ; seule une carte sommaire et votre sens de l’orientation vous guident. La progression est semi-linéaire, rythmée par des objectifs comme trouver des cartes d’accès ou désactiver des systèmes. Le retour sur vos pas est fréquent et parfois risqué.
RPG d’époque
La dimension RPG est incarnée par les Cyber Modules, des ressources précieuses glanées lors de missions ou à travers une exploration méticuleuse. Ils permettent d’améliorer vos attributs via des stations dédiées : force, endurance, agilité, mais aussi des compétences liées aux armes (standard, énergétiques, lourdes ou exotiques), des talents techniques comme le piratage, la réparation ou la maintenance, ou encore des capacités psioniques aux effets variés allant de l’attaque énergétique à l’invisibilité, en passant par le soin et le clonage d’objets. Vos choix de spécialisation – que ce soit dans le combat, la technologie, les pouvoirs Psi ou un mélange de tout cela – influencent fortement votre manière de jouer. À cela s’ajoute un système d’exploitation qui augmente l’efficacité de vos modules et pouvoirs.
Les combats sont tendus, impitoyables, surtout lors des premières heures. Les ressources sont rares et doivent être utilisées avec soin : munitions, kits de soin, recharges Psi ou nanites (la monnaie du jeu) se font vite rares. L’inventaire demande une gestion stratégique : espace limité, objets volumineux, armes et armures encombrantes. Les armes s’usent rapidement et nécessitent réparation ou maintenance sous peine de devenir inutilisables. Les ennemis, bien que parfois dotés d’une IA simple, sont brutaux et peuvent vous tuer en quelques coups. La survie repose autant sur la stratégie que sur les réflexes : bien choisir son arme, exploiter l’environnement, utiliser à bon escient ses pouvoirs Psi, savoir quand fuir… tout est question de prise de décision. Les sauvegardes rapides fréquentes deviennent vite indispensables.
L’interaction avec l’environnement est dense. Le piratage, matérialisé par un mini-jeu de connexions de nœuds, est central : il permet de désactiver des caméras ou des alarmes, de détourner des tourelles ou encore d’ouvrir des coffres et d’accéder à des données importantes. Le monde regorge de terminaux à consulter, de conteneurs à fouiller et de secrets à découvrir.
Le portage sur Nintendo Switch fait l’objet de nombreux débats. Le jeu, pensé à l’origine pour clavier et souris, est globalement bien adapté à la manette. Les déplacements, la visée et les interactions de base fonctionnent correctement. Toutefois, certaines mécaniques héritées du PC sont moins confortables. L’interface d’inventaire et de compétences, en temps réel (le jeu ne se met pas en pause), pose problème. Naviguer dans les menus avec les sticks ou la croix directionnelle est laborieux, et interagir avec les objets nécessite plusieurs manipulations peu intuitives. La carte, déjà peu claire sur PC, l’est encore moins ici.
Un point positif notable : la présence de la visée gyroscopique. Elle améliore grandement la précision, surtout en complément des sticks. En revanche, l’absence de raccourcis manette pour les sauvegardes et chargements rapides est regrettable, puisqu’il faut passer par les menus à chaque fois, ce qui casse le rythme.
Techniquement, le portage est remarquable. Le jeu tourne à 60 images par seconde de manière constante, que ce soit en mode téléviseur ou portable. Les temps de chargement sont courts, et la fluidité générale assure une expérience solide sur la console de Nintendo.
Un portage discret mais efficace
La bande-son joue un rôle central dans l’expérience du jeu. Le design sonore se distingue par une ambiance immersive : les grincements du vaisseau, les bruits de pas, les gémissements lointains, les cris soudains ou encore le bip des caméras de sécurité participent à une tension permanente. La musique, quant à elle, propose une bande originale techno/ambient marquante, directement inspirée de l’univers de Blade Runner, qui renforce avec brio l’atmosphère de science-fiction horrifique et de solitude pesante. Les voix, en particulier celle culte de SHODAN, ainsi que les audiologs bien interprétés, sont essentiels à l’immersion narrative et apportent une réelle profondeur à l’histoire.
Visuellement, le jeu ne cherche pas la révolution. Nightdive Studios a opté pour une mise à jour modérée qui reste fidèle à l’esprit original. Les textures ont été modernisées en haute définition, les modèles de personnages, ennemis, objets et armes retravaillés avec plus de polygones et de détails, et les cinématiques ont bénéficié d’un soin particulier. Malgré cela, l’aspect graphique conserve une forte identité 90s. Les environnements, souvent sombres et volontairement peu détaillés, gardent une esthétique rétro assumée, avec quelques imperfections visuelles comme du clipping ou des angles vifs. Sur Nintendo Switch, l’optimisation est très bonne avec un framerate stable à 60 images par seconde, privilégiant la fluidité à la sophistication visuelle.
La campagne principale offre une durée de vie conséquente, allant de 20 à 30 heures selon le rythme de chaque joueur, le niveau de difficulté choisi et la propension à l’exploration ou à l’errance. La rejouabilité est notable grâce aux différentes spécialisations proposées (Armes, Tech, Psi ou hybride), qui modifient profondément l’approche du gameplay et les défis à relever. Refaire le jeu en testant d’autres styles devient ainsi une véritable tentation. Le mode coopératif en ligne, jouable de 2 à 4 personnes via code de session partagé (sans matchmaking), ajoute une dimension collective, bien que certains considèrent qu’il nuit à l’ambiance d’isolement propre au titre. Son intégration est correcte mais reste davantage un supplément qu’un cœur de l’expérience. Enfin, l’ajout du Vault est un vrai plus pour les amateurs d’archives. Ce menu, accessible depuis l’écran titre, regorge de contenus bonus tels que des artworks conceptuels, des captures d’écran d’époque, des bandes-annonces, des extraits sonores, des interviews et même le guide stratégique Prima de 290 pages entièrement scannés. Un trésor pour les fans et les curieux de l’histoire du jeu.
System Shock 2: 25th Anniversary Remaster est disponible sur l’eShop au prix de vingt-huit euros.
Conclusion
System Shock 2: 25th Anniversary Remaster sur Switch est une capsule temporelle essentielle. Malgré une adaptation manette perfectible et des mécaniques qui montrent leur âge, il reste une expérience incontournable grâce à son atmosphère envoûtante, sa narration immersive et son gameplay profond qui a inspiré des générations de jeux. Nightdive a fait un excellent travail de préservation et d'optimisation technique. Si vous pouvez surmonter ses archaïsmes, embarquez à bord du Von Braun pour un voyage cauchemardesque et inoubliable.
LES PLUS
- Une atmosphère inégalée de sci-fi horrifique, dense et immersive
- Gameplay profond et engageant, mélangeant FPS, survival horror et RPG avec maestria
- Liberté de personnalisation du personnage
- Narration environnementale et via audiologs exemplaire
- Design sonore et musique exceptionnels
- Performances techniques impeccables (60 fps stable sur Switch)
- Le Vault, une mine de contenus bonus passionnants
- Durée de vie et rejouabilité substantielles
LES MOINS
- Maniabilité / Interface mal adaptée à la manette
- Absence de sauvegarde / Chargement rapide
- Visuels datés malgré les améliorations (choix assumé, mais à noter)
- IA ennemie souvent primitive
- Gestion de l'inventaire archaïque et parfois frustrante
- Backtracking important et carte peu aidante








