Et si pour une fois, vous étiez le xénomorphe ? Si c’était à vous de décimer les colons et militaires d’un vaisseau spatial ? Dans quelles conditions cela doit-il se faire ? Nous allons pouvoir donner des réponses à ces questions dans cette critique… Le temps d’affûter nos griffes, et c’est parti pour le « charclage ! »
ION Shift, le nouveau passager
ION Shift est édité par, Flynns Arcade. Pourquoi ce rappel ? Parce qu’il s’agit de l’éditeur qui s’est occupé récemment de la publication de Flora & Fang: Guardians of the vampire garden qui nous avait fait plutôt bonne impression par son côté arcade. Ion Shift est cette fois développé par le studio Electro Soul Games dont c’est la première réalisation. On peut également souligner que celui-ci est composé de 3 personnes seulement ! Mais le studio se décrit comme ayant une imagination débordante.
Pour cette première réalisation, il a donc imaginé de nous faire incarner le « méchant » de l’histoire, à savoir un « shifter », un extra-terrestre capable de prendre la possession de certains corps (et ressemblant un peu à un alien tout juste sorti des tripes d’une de ses victimes, mais équipé de griffes acérées en lieu et place de ses bras et de ses jambes). L’objectif de notre alien est simple : survivre, mais aussi faire un maximum de victimes ! Et ça tombe plutôt bien, car le vaisseau dans lequel il a atterri grouille de soldats hostiles… Mais il faudra rester vigilant pour échapper aux tourelles mortelles, aux drones laser ou encore.. à Joe !
Devant votre console, tout le monde vous entendra crier
ION Shift est un jeu de plateforme en 2D, mais demandant des déplacements de précision. Grâce à ces griffes, notre Xenomorphe peut s’agripper à toutes les parois et même au plafond (sous réserve que ne s’y trouvent pas des déchiqueteurs ou des lasers mortels). On déplace ainsi l’alien avec le stick gauche dans les différentes directions. Le stick droit quand à lui, permet d’indiquer la direction dans laquelle notre shifter pourra faire un saut d’attaque (ou juste un déplacement rapide) en pressant le bouton ZR. Ces sauts lui permettront d’atteindre le mur ou plafond opposé ou de tuer d’un seul coup un soldat qui se dresserait devant lui. Le monstre est également capable de ramasser des objets avec sa queue (couteaux, extincteurs, morceaux d’armes et même des grenades) en pressant le bouton L et à les jeter en pressant sur R.
Ces objets, d’apparence insignifiante, s’avèreront assez utiles dans notre progression. Un couteau permettra par exemple de déclencher une tourelle de défense à distance forçant un tir sur un soldat ennemi, l’extincteur permettra d’éteindre des zones enflammées qui vous empêchent de passer et la grenade pourra détruire définitivement une tourelle… Il faudra donc la jouer fine pour échapper aux adversaires, bien se positionner pour leur filer un coup de griffe mortel ou lancer un couteau dans le bon angle pour faire d’une pierre deux coups. La prudence restera toutefois de mise dans vos déplacements ; car si vos ennemis vous repèrent, un point d’interrogation type « Metal Gear Solid » apparaît au-dessus de leur tête et une fois celui-ci (rapidement) rempli, ils tireront dans votre direction et vous abattront instantanément. En effet malgré la puissance de ses coups, notre extra-terrestre est extrêmement vulnérable et un tir de balle ou un coup de laser pourra le détruire instantanément.
On devra donc se déplacer avec discrétion, en détruisant ou déclenchant les tourelles au bon moment pour faire le ménage dans la zone à traverser. En effet, pour progresser dans certaines zones, il faudra au préalable la nettoyer de l’ensemble de ses adversaires, mais ça, c’est pour les cas faciles. Plus loin dans la partie vous ferez la connaissance avec d’autres pièges encore plus redoutables, comme des caméras volantes qui fonceront sur vous dès qu’elles vous détecteront, des laser façon Resident Evil le film ou encore des mines de proximité. Et si ça ne suffisait pas, vous ferez également la rencontre de Joe… Qui n’aura de cesse de vous poursuivre avec ses roquettes et son lance-flamme dans des zones bardées de scies mortelles, de mines de proximité et d’ennemis, le tout à un rythme effréné, parce que sinon… ça ne serait pas drôle !
Mon ennemi Joe
Mais passez les rires, on va vite sortir les mouchoirs… Car même si la progression va crescendo et que les pièges deviennent de plus en plus retors (un dialogue assez drôle entre deux officiers en charge du navire y fera référence), nous serons également confrontés à un manque de précision qui n’est pas loin de rendre l’expérience rédhibitoire avec les joy-cons. Mais ce n’est pas uniquement leur faute ! En effet, comprenez que pour déplacer le personnage il faut utiliser le stick gauche et uniquement lui, car l’utilisation de la croix directionnelle n’est pas autorisée. Le problème c’est que si le mur fait un angle et qu’il faut monter, il faut alors pousser le joystick vers le haut et vers le bas s’il faut descendre… Le problème quand on est poursuivi par des ennemis assez rapides, c’est qu’il n’est pas toujours intuitif alors qu’on oriente le joystick vers la droite pour avancer, d’avoir à le descendre parce que devant nous le mur va vers le bas. Et dans une telle situation, même si on reste bien orienté vers la droite, le personnage restera bloqué, jusqu’à ce qu’on le fasse descendre. Le problème c’est que l’on perd des précieuses secondes et que dans le même temps, il faut réussir tant bien que mal à orienter le stick droit avec précision pour indiquer la future zone à atteindre. Ecrit comme ça, on pourrait imaginer que c’est simple… mais quand on a un ennemi (au hasard Joe), qui nous talonne sur le bout de la queue, autant dire que le moindre saut raté ne pardonne pas.
Alors oui, le jeu propose pas mal de points de sauvegarde (heureusement) et il est rapide de reprendre la partie au dernier point après notre mort. Mais il faut avouer que l’on meurt et on meurt puis on meurt…encore et encore avant de réussir à traverser certains niveaux. Parfois la réussite semble tenir du miracle, tellement les passages sont techniques et impardonnables. Autant dire que dans une telle situation, on ne peut que rager contre la sensibilité mal gérée du stick droit et le fait de devoir indiquer que l’on veut aller vers le bas, alors qu’on est sur le même mur ! Au rythme de nos échecs, c’est finalement la frustration qui vient prendre le pas et le sentiment que, peut-être, si le jeu supportait le mode souris sur Nintendo Switch 2 (et une meilleure gestion des déplacements avec le stick gauche), on gagnerait en précision et en chances de réussite.
Bien que l’échec fasse partie intégrante du déroulé pour un jeu d’arcade, ici, il reste malgré tout difficile à digérer. Il pourrait même vous décourager à l’idée de finir les 16 niveaux qui composent le jeu (comptez un peu plus de 2h pour en voir le bout, si votre patience ne vous fait pas défaut avant).
Il y a un xénomorphe en liberté !
Pourtant, on aimerait profiter plus de ce jeu, surtout que le level design est réussi et que les nombreux pièges sont intéressants à déjouer. L’univers du jeu (tout en pixel art) est relativement réussi (notamment pour l’aspect de la créature), même si l’apparence des soldats a du mal à se renouveler.
L’ambiance sonore est au demeurant assez réussie et fait écho à l’ambiance science fiction flippante proposée par le titre.
Toujours au niveau des regrets, nous avons trouvé dommage de ne pas pouvoir faire évoluer notre shifter, en gagnant de nouvelles capacités, comme par exemple pouvoir prendre le contrôle d’autres ennemis que les plus gras (ou d’un autre personnage dans une séquence plutôt plaisante, mais dont nous ne dirons rien ici). Le jeu propose une version française pour les textes, mais nous vous la déconseillons fortement… Même google traduction est capable de faire mieux et nous avons rapidement passé le jeu en anglais. Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire d’avoir un niveau de langue trop élevé pour comprendre et l’histoire n’est pas au cœur du jeu. Cependant, on notera quelques échanges assez amusant ayant parfois tendance à fissurer le 4ème mur…
Si l’ambiance globale est plutôt stressante (alors que l’on incarne le prédateur… tout en étant une proie), nous regrettons que les décors ne soient pas plus variés… Même si ce défaut de nuance dans les zones parcourues est en partie compensée par les pièges qui se renouvellent et se cumulent au fil de la progression.
Il y a des vraies bonnes idées dans ce jeu, là-dessus les développeurs n’ont pas menti, par contre l’ensemble est plombé par cette maniabilité trop rigide. Il est également vrai que le prix est relativement correct, défauts évoqués plus haut pris en compte. L’achat doit se faire en connaissance de cause et au final, une bonne prise en main pourrait vous proposer un challenge intéressant !
ION Shift est disponible à 5,99 euros sur l’eShop.
Conclusion
s clairement, Ion Shift propose un postulat de base intéressant et des pièges vraiment imaginatifs. Le level design est plutôt bien travaillé… Malheureusement le jeu souffre d’une maniabilité qui ne colle pas du tout avec la nervosité et la précision attendue pour réussir à progresser dans les niveaux. Et même s’il est possible de recommencer les passages où l’on a échoué, à volonté, l’adrénaline et le désir de progresser laisse vite place à la frustration… dommage !
LES PLUS
- Le postulat de base (incarner un méchant extra-terrestre)
- Certains dialogues amusants (en anglais)
- L’inventivité de certains pièges
LES MOINS
- La maniabilité pas assez précise
- Les dialogues en français (version sous Google Traduction)
- La difficulté de certains niveaux
- Pas d’évolution de notre personnage pour diversifier le gameplay








