Quatorze ans. C’est le temps qu’il a fallu à Joe Musashi, le ninja le plus célèbre de Sega, pour sortir de l’ombre et reprendre son katana. Dans un paysage vidéoludique avide de retours fracassants, Shinobi: Art of Vengeance n’avait pas le droit à l’erreur. Mission plus qu’accomplie : porté par le studio Lizardcube, ce soft reboot ne se contente pas de raviver la flamme d’une franchise culte, il la porte à incandescence avec un panache et une maîtrise technique qui en font, sans aucun doute, l’un des jeux d’action 2D les plus enivrants de l’année.
Il est de retour
La lourde tâche de faire revivre le mythique ninja est revenu à Lizardcube, un studio français déjà célèbre pour ses réinterprétations modernes de classiques comme Wonder Boy: The Dragon’s Trap et Streets of Rage 4. Leur expertise en matière de gameplay ciselé et d’art direction somptueux fait d’eux le choix parfait pour ce revival. Le résultat est à la hauteur de leur réputation : une œuvre qui comprend l’ADN de la série originelle tout en lui injectant une dose massive d’innovations modernes.
Le scénario, volontairement simple et efficace, puise dans les codes intemporels du film de vengeance. Joe Musashi, maître ninja retiré dans un village paisible, voit sa vie réduite en cendres par Lord Ruse et sa corporation militarisée, l’ENE. Motivé par une soif de vengeance pure, il embarque pour une épopée sanglante à travers le globe, bien décidé à trancher la gorge de ceux qui ont osé s’en prendre à son clan.
L’histoire, bien que minimaliste, sert de prétexte parfait à l’action. Elle est portée par des cinématiques au style roman visuel et une direction artistique qui lui confère une identité forte, mêlant modernité et tradition japonaise. Joe lui-même, muet à part pour quelques grognements caractéristiques, en devient d’autant plus charismatique.
La quintessence du ninja moderne
C’est ici que le jeu excelle et se distingue de la concurrence. Shinobi: Art of Vengeance offre une maîtrise immédiate mais une profondeur abyssale.
Le combat repose sur un système de combo intuitif basé sur des attaques légères et lourdes, des lancers de kunai et une esquive roulée invulnérable. La vraie magie opère dans la fluidité à toute épreuve des enchaînements. On peut annuler presque n’importe quelle animation dans une autre, permettant des séquences de combat d’une complexité et d’un style incroyables. Enchaîner des coups au sol, tirer des kunai puis terminer l’adversaire par une Exécution cinématique (qui remplit la jauge de vie en faisant tomber des orbes) est un pur régal.
La progression est ponctuée par le déblocage de nouvelles techniques à acheter chez un marchand, permettant de personnaliser son style de jeu. On équipe jusqu’à quatre Ninpo (techniques spéciales puissantes, comme un souffle de dragon ou une invocation de serpent) et deux amulettes passives qui modifient les stats, encourageant l’expérimentation.
Le mouvement est tout aussi exaltant. Joe court, double saute, dashe dans les airs et escalade les murs par défaut. Au fil de l’aventure, il acquiert des Ningi, des capacités de permanentes comme un grappin, des griffes pour grimper aux plafonds ou un planeur pour surfer sur les courants d’air. Ces compétences sont cruciales pour explorer les niveaux et atteindre des secrets bien cachés.
Le jeu propose 14 stages linéaires (non interconnectés, ce n’est pas un Metroidvania pur) mais extrêmement vastes et verticaux. Chaque niveau est une aire de jeu géante, fourmillant de chemins secrets, de reliques Oboro à collecter (pour débloquer du contenu en boutique) et de portails menant à des défis optionnels.
On retrouve trois types de contenus secrets par niveau :
- Les Rencontres d’Élite : des arènes de combat contre des vagues d’ennemies, récompensant une amulette puissante.
- Les Défis de Faille : des séquences de plateforming très exigeantes à la Super Meat Boy, pleines de lames et de précipices.
- Les Orbes cachés : nécessaires pour débloquer des compétences supérieures.
Bien qu’optionnelle, cette exploration est grandement encouragée, car elle permet de considérablement renforcer Joe pour affronter la campagne principale. Le sentiment de reward est constant.
Et sur Nintendo Switch ?
C’est un mélange de pur ravissement et de légère frustration. Artistiquement, le jeu est sublime. Lizardcube réutilise son savoir-faire en animation 100% hand-drawn pour offrir un spectacle visuel époustouflant. Les sprites de Joe Musashi sont d’une fluidité et d’un détail incroyables, et les décors sont de véritables tableaux mouvants, s’inspirant des estampes japonaises. Chaque niveau est unique, passant d’une forêt de bambous bucolique aux néons d’une ville cyberpunk, en passant par les entrailles grotesques d’un Kaiju.
Hélas, la version Switch paie un tribut technique. Le jeu souffre de problèmes de framerate notables dans certains segments, notamment lorsque la caméra prend du recul sur des environnements chargés (l’usine de la montagne est la plus touchée). On observe aussi un upscaling qui ternit la beauté des sprites, le jeu n’étant visiblement pas optimisé pour la console. Ces soucis, bien que n’empêchant pas de finir le jeu, sont dommageables pour une expérience par ailleurs si polie.
La bande-son, composée par le talentueux Tee Lopes (Sonic Mania) avec des contributions du légendaire Yuzo Koshiro, est une réussite totale. Elle épouse parfaitement les ambiances des niveaux, mélangeant instruments traditionnels japonais et beats électroniques pour les zones plus industrielles. Les bruitages sont percutants, et les effets sonores during les Exécutions ou les Ninpo sont ultra satisfaisants. Un sans-faute.
Une première partie pour voir les crédits vous prendra une dizaine d’heures. Viser le 100% de complétion (secrets, défis, collection) double la durée de vie, pour atteindre les 15-20 heures. L’ajout de modes supplémentaires comme un mode Arcade chronométré et un Boss Rush offre une excellente rejouabilité pour les fans de score attack. La motivation pour tout compléter est bien réelle, grâce à un loop de gameplay tout simplement addictif.
Conclusion
Shinobi: Art of Vengeance est une triomphe. C'est une masterclass de game design qui comprend parfaitement ce qui rend un jeu de ninja fun : la sensation de puissance, la fluidité absolue, le style à revendre et une technique qui récompense la maîtrise. Lizardcube signe ici son meilleur travail, offrant un système de combat qui est peut-être le meilleur jamais vu dans un action-game 2D. Sur Nintendo Switch, l'expérience est malheureusement entachée par des soucis de performance incontournables (framerate et upscaling). Pourtant, même avec ces défauts techniques, la magie opère. Le gameplay est si bon, l'art direction si sublime et le contenu si riche qu'on passe outre pour se plonger dans une aventure ninja incontournable. C'est bien plus qu'un simple revival ; c'est une nouvelle référence absolue pour le genre.
LES PLUS
- Un système de combat sublime, profond et incroyablement fluide
- Une direction artistique magnifique
- Une bande-son excellente
- Une durée de vie conséquente et une excellente rejouabilité
LES MOINS
- Des problèmes de framerate fréquents et gênants sur Switch
- Une résolution / upscaling manquant d'optimisation
- Quelques moments de confusion dans le level design (où aller ?)
- Sur Switch 2 : pas du tout optimisée avec des graphismes flous










En espérant un mise à jour pour les problèmes de framerate, c’est pour cela que j’ai préféré le prendre sur Xbox sx en demat (aussi parce que j’avais des points rewards) en cas je le prendrais bien plus tard en boîte sur switch le top serait une version ou mise à niveau pour la switch 2.
vous ne parlez pas des nombreux bugs, qui oblige souvent à recommencer une partie, comme être bloqué au 3eme ou 4eme niveau sans pouvoir continuer le jeu, la carte qui reste vide et j’en passe, le thread Reddit est bien garni.
et toujours aucune mise à jour…
j’ai apprécié le jeu mais avec pas mal de frustration, le gameplay Switch est parfois punitif sur certaine phase de jeu et la difficulté baisse au fur et à mesure qu’on avance.