GameMill Entertainment, en collaboration avec Fair Play Labs et Petit Fabrik, nous livre avec Nicktoons & The Dice of Destiny une proposition de jeu étonnante et ambitieuse sur Nintendo Switch. Oubliez les jeux de plateforme ou de course habituels ; ce titre audacieux s’inscrit dans le genre du Hack ‘n’ Slash – Action-RPG, directement inspiré des mécaniques de classiques comme Diablo, avec le flow des jeux de rôle sur table. Pour vous accompagner, une sélection hétéroclite de héros Nickelodeon – de Bob l’éponge à Katara, en passant par Leonardo et Timmy Turner – dans un univers médiéval fantastique totalement réinventé. Apprêtez-vous à faire un lancer de dés pour découvrir si le titre est une réussite ou un échec critique !
Multivers et jets de dés
L’intrigue de Nicktoons & The Dice of Destiny démarre par un prétexte narratif à la fois simple et ingénieux : la réalité de tous les Nicktoons est compromise par l’intervention d’un être énigmatique connu uniquement sous le nom de Game Master. Ce maître du jeu cosmique, cherchant à imposer son propre scénario, rassemble les puissants Dés du Pouvoir, des artefacts capables de réécrire les règles de l’existence. Nos héros, issus de mondes aussi divers que ceux de Bob l’éponge, Avatar, ou Teenage Mutant Ninja Turtles, sont arrachés à leurs réalités respectives et transformés en archétypes de personnages de fantasy classique.
Le ton est immédiatement donné, l’histoire prend ses racines dans l’humour absurde, inhérent à la série Bob l’éponge, et à la parodie des clichés du JdR. Les scènes vidéo sont plutôt jolies, entièrement doublées et collent à merveille à ce mélange des genres. Elles respectent parfaitement l’esprit et l’esthétique des différentes séries Nickelodeon, par contre nous constatons des saccades dans l’ensemble des cinématiques du jeu, elles ne sont pas agréables à visionner, et ce dès le départ avec la vidéo d’introduction. Cela annonce la couleur côté optimisation du titre, et implémentation de quelques autres éléments en jeu, qui réservent des surprises pour le moins désagréables. Nous espérons que les développeurs corrigent cela pour le lancement du titre.
Une fois plongé dans le cœur de l’action, vous pourrez rapidement vous faire la main sur plusieurs personnages disponibles, pour démarrer votre aventure, parmi lesquels : Bob l’éponge, le cuisinier de burger reconverti en Paladin, Timmy Turner en Magicien chaotique, Leonardo le Samurai qui joue du katana, Sandy la casse-noisette bourrue en Barbare, etc. Nous vous laissons le plaisir de la découverte des autres personnages, et notamment des déblocables, mais ce n’est pas moins de 9 personnages que vous pourrez incarner en jeu, reprenant les rôles emblématiques des archétypes traditionnels de la Fantasy.
L’antagonisme est porté par un trio de vilaines charismatiques et menaçantes, composé de la princesse Azula (Avatar), d’Ember McLain (Danny Phantom), et d’Angelica Pickles (Les Razmoket). Ce groupe injecte une dose de menace et d’humour noir à l’aventure, et même, les interactions entre Azula, la stratège glaciale, et Angelica, qui cherche désespérément à être la « fille cool » du groupe, sont plutôt réussies et donnent lieu à des échanges savoureux.
Bien que l’histoire principale suive un arc narratif assez linéaire – traverser des zones, récupérer les dés, affronter le Game Master – sa force réside dans la réinterprétation des environnements et des personnages. Le joueur explore Bikini Bottomshire (un Bikini Bottom médiéval), des contrées inspirées de lieux familiers revisités avec des dragons, des gobelins et des quêtes secondaires délirantes. La trame scénaristique, tout en étant légère, est un petit plaisir à parcourir pour les fans de Nickelodeon, offrant de nombreux clins d’œil (coucou Toy Story) et des situations cocasses.
Hack ‘n’ Slash pour les petits et grands ?
Le cœur de Nicktoons & The Dice of Destiny réside dans son système de combat Action-RPG en temps réel, jouable en vue isométrique classique rappelant les Hack ‘n’ Slash à l’ancienne. Le jeu se positionne donc comme un Diablo-like familial, offrant un rythme effréné tout en maintenant une accessibilité pour les novices. Autant dans son esthétique que dans son approche manette en main, le titre fait beaucoup penser à Cat Quest.
Dans la pratique, chacun des neuf personnages jouables incarne une classe RPG spécifique, magnifiquement adaptée à son identité, et un gameplay fluide dans les batailles. Vous trouverez une touche d’esquive, qui si elle est maintenue sert également de course rapide. Une touche pour utiliser des potions de vie, un bouton d’attaque de base, et quatre boutons attribuables pour vos compétences. Chaque personnage gagne de l’expérience à mesure que vous arpentez les niveaux en éliminant vos ennemis. Cette expérience permet à la fois de faire automatiquement monter vos statistiques de personnage (points de vie, mana, force, dextérité, etc.), mais également, elle vous permet de débloquer de nouvelles compétences par palier de niveau de personnage.
Du classico classique pour ce genre donc, mais les jets de dés dans tout ça ? L’élément central autour duquel tourne le titre est le concept de dés. Dans le jeu, cela se traduit par une mécanique de chance intégrée au système de génération d’objets. Des jets de dés virtuels peuvent être déclenchés par l’ouverture de coffres, influençant la qualité des objets trouvés (armes, armures, accessoires).
Ces objets suivent les codes du genre, rareté codée par couleur (blanc, vert, bleu, violet, etc.) et des statistiques aléatoires. Chaque objet bénéficiera d’un système d’amélioration et de maîtrise, et vous pourrez améliorer vos équipements en payant avec une des monnaies du jeu. En plus des équipements, vous aurez aussi des potions spéciales, avec des noms assez marrants, pour augmenter ponctuellement votre attaque, défense, taux de critiques et autres joyeusetés. Très utiles face aux boss, qui sont assez fournis en points de vie.
De prime abord, le titre semble être très adapté à tous les publics, grands et petits, car autant un adulte pourra trouver son compte par l’optimisation des objets avec de multiples effets : +1,8% de chance de gel avec 2,5% d’affaiblissement, et +47 en force. Autant les plus jeunes pourront se satisfaire du code couleur et se dire que quand c’est écrit en vert, c’est bien. En réalité, nous ne pourrons pas passer à côté du fait que le jeu est d’une simplicité déconcertante, même en sélectionnant les niveaux avec le plus fort degré de difficulté. Du coup la customisation et l’optimisation que peuvent rechercher un public plus habitué, sera relégué au second plan, derrière de la frappe brute !
Il est d’ailleurs dommage de constater, que nous pouvons littéralement casser le jeu, en prenant Bob l’éponge et en utilisant la compétence de tourbillon, associée avec une spatule (son arme) et un effet rendant de l’énergie en frappant. Du coup, le tourbillon devient infini et vos ennemis se couchent les uns après les autres à vos pieds, boss inclus. Nous espérons sincèrement, pour le bien du jeu, que les développeurs feront une mise à jour pour réduire cette puissance, ou certains effets. D’autant que vous pourrez rapidement acheter des objets très utiles directement dans la ville, sans aucun besoin de plus ou mieux.
Un hub et dans du vide
Le jeu Nicktoons & The Dice of Destiny est construit autour d’un Hub central “La Pelote”, qui sera votre campement entre les missions, dans lequel vous ferez vos achats et vos améliorations diverses d’équipements. Et vous y prendrez un portail qui vous conduira (virtuellement) sur une carte, où vous sélectionnerez vos prochaines missions, et leurs niveaux de difficulté. Et quel dommage !!!
Quel dommage qu’une map n’ait pas été complètement créée de A à Z, à l’image de Cat Quest, mentionné plus tôt, et de n’avoir droit qu’à un Hub assez vide, et finalement des niveaux, un peu vides aussi. Car malheureusement, malgré un contexte amusant et des personnages intéressants et différents, c’est une fois plongé dans l’action des niveaux que vous vous rendrez compte de ce qui cloche.
Les décors sont sans âme, sans ambiance, ils reprennent pourtant un melting pot des différents univers des personnages (forêts, égouts, villages, zone fantôme…), mais franchement, un effort aurait clairement pu être fourni pour rendre cela beaucoup plus joli, et vivant. Le level-design oscille entre sans intérêt et manque d’inspiration à du banal tout au mieux, avec en plus de ça des problématiques de personnages bloqués dans des éléments de décor (merci la roulade pour libérer votre personnage quand il se coince tout seul). Vous pourrez même trouver, çà et là, des petites zones où il y a des pièces d’or à récupérer, mais vous ne pourrez jamais y accéder, car les barrières non destructibles qui entourent les pièces ne laissent pas passer votre personnage, trop épais.
Dans les aspects les plus déconcertants du jeu, on y retrouve les musiques. Sans aucun intérêt auditif, elles ne sont pas entraînantes, elles ne relèvent jamais l’action, et force est de constater que le budget a dû être dédié à un autre pan du jeu. C’est vraiment dommage, car nous aurions apprécié des mélodies plus présentes, et non des musiques de fond, à peine audibles. Il y avait de quoi faire, même dans des niveaux à l’inspiration boiteuse.
Il faut également que nous parlions ergonomie, parce qu’autant les personnages sont agréables à déplacer et mettre en action, autant les menus ne sont pas aussi sympathiques. Surtout dans le menu d’équipement, vous aurez une fiche de personnage sur votre gauche avec un visuel sur l’équipement, et la partie de droite sera votre inventaire, rangé par type d’objets, mais le menu se montrera capricieux lorsque vous souhaiterez faire des comparatifs d’items ou naviguer entre les différentes pages. Rien de rédhibitoire, mais c’est à évoquer.
Plus inadéquat, certains items en jeu ne sont pas forcément bien implémentés et référencés, vous aurez donc régulièrement, au mieux, le nom d’un objet en anglais, ou au pire une mention “UNNAMED ITEM”. Rien de grave au demeurant, mais c’est surtout que l’addition commence à s’alourdir du côté de l’optimisation du jeu, et vient entacher une expérience qui aurait pu être une bonne pioche, au départ.
La Nintendo Switch est la plateforme de choix pour la coopération locale, et Nicktoons & The Dice of Destiny excelle sur ce point. Le jeu prend en charge jusqu’à quatre joueurs en mode local en écran partagé, transformant l’expérience en un véritable party-game familial. L’action reste étonnamment fluide même avec quatre joueurs, et plusieurs ennemis à l’écran, avec des effets visuels explosifs.
Bizarrement le titre devient plus corsé à plusieurs, et la synergie entre les personnages devient vitale en difficulté élevée, et notamment la communication entre les joueurs. Car autant les ennemis de base ne représenteront pas un danger des plus remarqués, mais les boss avec leurs paternes et leurs attaques de zones, pourront devenir de réelles plaies à plusieurs.
Nicktoons & The Dice of Destiny est disponible le 30 septembre 2025 sur l’eShop au prix de 49,99 euros, en français.
Conclusion
Nicktoons & The Dice of Destiny est une expérience surprenante. En osant fusionner l'univers enfantin de Nickelodeon avec les mécaniques de l'Action-RPG, GameMill a créé un titre qui s'adresse à la fois aux fans des dessins animés et aux amateurs de Hack 'n' Slash. C'est un jeu qui a de l'humour, et un univers qui se prête à réunir beaucoup de personnages différents dans leur aspect et gameplay. La possibilité de jouer en local jusqu’à quatre est un atout indiscutable. Cependant, le titre souffre de beaucoup de points faibles, notamment dans son optimisation. Des vidéos saccadées, un menu qui manque d’ergonomie, une facilité déconcertante en solo, des textes non traduits ou pas implémentés, aucune musique digne de ce nom, et surtout, l’absence d’une vraie map à explorer et des niveaux sans aucune âme. Pour le prix, à part si c’est le mode 4 joueurs, ou un affect particulier avec les héros Nickelodeon qui vous attire, alors nous ne pouvons que vous recommander de vous diriger plutôt vers la série Cat Quest, ou vers des titres comme Torchlight et Diablo, ou même Marvel Ultimate Alliance 3 (4 joueurs également).
LES PLUS
- L’histoire est un prétexte amusant…
- Fusion audacieuse de l'A-RPG et de l'univers Nickelodeon
- Coopération locale 4 joueurs
- Facile à prendre en main
- Roster varié avec ses neuf personnages jouables
- Des archétypes de classes RPG très distincts et amusants
- Des personnages doublés
LES MOINS
- … Mais globalement linéaire et prévisible
- Les vidéos qui saccadent
- La gestion de l'inventaire peu ergonomique
- Pas d’exploration
- Pas de vraie carte du monde
- Un hub central vide
- Des décors sans âme
- Trop facile en solo
- Des textes mal ou pas implémentés
- Trop cher pour l’expérience proposée









