En parcourant l’espace dédié aux jeux indépendants, on tombe parfois sur une pépite qui, contre toute attente, vous accroche immédiatement. StormEdge, développé par Shieldbreaking Games et publié par HypeTrain Digital et Edigger, est de ceux-là. Ce roguelite à l’apparence de RPG classique promet de mélanger combat en temps réel, esquives frénétiques et progression « Slay the Spire ». Le résultat est-il à la hauteur de ses ambitions ? Après de nombreuses heures passées à affronter les tempêtes élémentaires, voici notre verdict.
L’histoire nous place dans la peau d’un membre de la guilde StormEdge, chargée de mettre un terme aux tempêtes élémentaires qui ravagent le monde. La quête débute comme un RPG classique : on part à la recherche d’un collègue disparu, Bear, dans un village réputé résister aux assauts des éléments. Cette première heure sert de tutoriel et mène à un campement qui deviendra notre QG entre chaque expédition. Si la narration reste simple, elle a le mérite de poser les bases d’un univers cohérent. On regrettera cependant que Ulrich, l’un des mages, soit systématiquement le protagoniste des cinématiques, même lorsque l’on incarne un autre personnage. Un détail qui nuit à l’immersion et à la caractérisation des autres mages, pourtant tous dotés d’un profil unique.
Un gameplay exigeant et gratifiant, pilier de l’expérience
Le cœur de StormEdge réside dans son système de combat, un mélange audacieux et maîtrisé de twin-stick shooter et de mécaniques de combos. Le combat se vit comme une véritable chorégraphie où chaque action compte. Il ne s’agit pas simplement de viser et tirer : il faut enchaîner les attaques pour passer de coups basiques à des frappes lourdes, puis à des mouvements de finition spectaculaires. La clé du succès repose sur l’esquive parfaite : esquiver au tout dernier moment remplit une jauge spéciale qui augmente considérablement les dégâts infligés. Ce système « high risk, high reward » encourage une agressivité maîtrisée, surtout dans des arènes exigües remplies d’ennemis et de pièges, transformant chaque affrontement en une danse mortelle.
Les personnages et les écoles de magie ajoutent une profondeur bienvenue. Deux mages, Ulrich et Chenoa, sont disponibles dès le départ, tandis que trois autres se débloquent au fil de la progression. Chacun possède un style de combat distinct : Lily, par exemple, maîtrise la glace et peut invoquer des cristaux homing après une esquive parfaite, annihilant des vagues entières d’ennemis si la synergie est bien exploitée. Avant chaque run, on choisit également une école de magie, comme celle de la Tempête, qui accorde des capacités supplémentaires le temps de la partie. Cette combinaison entre personnage et école garantit une grande rejouabilité et une variété d’approches stratégiques.
La structure roguelite de StormEdge repose sur une montée en puissance progressive en vue de l’assaut final. Les cinq actes du jeu ne sont pas équivalents : les premiers servent d’échauffement pour le dernier, où il faut enchaîner toutes les zones et vaincre chaque boss en une seule run. Ce choix de design, surprenant au départ, s’avère bien pensé, car la progression se ressent constamment. Entre deux runs, on peut améliorer ses compétences de base de façon permanente au campement en dépensant les diamants récoltés, préparant ainsi chaque tentative suivante avec davantage de puissance et de stratégie.
« Slay the Spire like »
La progression lors d’une run suit un chemin à embranchements (des « Multi-Fork Pathways »). On choisit son chemin en fonction des récompenses promises : amélioration des compétences de base, obtention de reliques temporaires, ou apprentissage de nouvelles techniques de son école de magie. Le seul bémol est l’impossibilité de voir le chemin entier à l’avance, ce qui empêche une planification stratégique plus poussée. Une course rapide est également récompensée : terminer les combats d’un nœud en moins de 40 secondes débloque un coffre supplémentaire, encourageant la maîtrise et l’efficacité.
StormEdge est une réussite visuelle. Son pixel art est superbement animé, avec des sprites vifs et des effets spéciaux qui remplissent l’écran sans jamais nuire à la lisibilité des actions. C’est un tour de force technique et artistique. La bande-son, bien que de qualité, a tendance à passer au second plan tant l’action est prenante, mais elle accompagne l’aventure avec efficacité.
La durée de vie est substantielle. Maîtriser les cinq personnages, expérimenter toutes les écoles de magie et venir à bout du dernier acte demandera un investissement certain. Le jeu propose également un mode coopératif pour deux joueurs en local, simple à activer et qui ajoute une dimension chaotique et amusante à l’expérience.
Les ombres au tableau
Aucun jeu n’est parfait, et StormEdge ne fait pas exception. Le campement, qui sert de QG entre les runs, paraît un peu vide. Bien que la zone soit visuellement réussie, elle fait davantage office de menu déguisé que de véritable lieu de vie. Mis à part le terrain d’entraînement — particulièrement utile —, il n’y a que peu d’activités à y faire et presque aucun personnage à rencontrer.
Du côté des affrontements, un déséquilibre entre les boss se fait parfois sentir. Certains peuvent se révéler frustrants, comme celui des neiges, dont le mécanisme de gel peut immobiliser le joueur et le condamner en quelques secondes sans réelle possibilité de riposte. Ses phases d’invulnérabilité forcées cassent également le rythme de l’action. À l’inverse, le boss final peut sembler étonnamment simple dès lors qu’une bonne synergie d’armes et de compétences est trouvée.
Conclusion
StormEdge est une excellente surprise. C'est un roguelite rafraîchissant qui combine avec brio action nerveuse et stratégie de build. Son système de combat basé sur l'esquive et les combos est profond et gratifiant, et sa variété de personnages assure une rejouabilité élevée. Malgré quelques défauts, notamment un campement un peu fade et un déséquilibre ponctuel, l'envie d'enchaîner « une dernière run » reste tenace. Shieldbreaking Games signe ici un premier jeu ambitieux et largement réussi. Si vous cherchez un roguelite exigeant et original sur Switch, StormEdge est une destination à ne pas manquer.
LES PLUS
- Système de combat innovant basé sur les combos et esquives parfaites
- Cinq personnages aux styles de jeu véritablement distincts
- Pixel art superbement animé avec une excellente lisibilité malgré les effets
- Grande rejouabilité grâce aux écoles de magie et builds variés
- Progression roguelite bien équilibrée entre permanent et temporaire
- Mode coopératif local simple à prendre en main
- Courbe de progression bien dosée après le tutoriel
LES MOINS
- Campement sous-exploité et peu interactif
- Déséquilibre notable entre certains boss
- Narration limitée malgré le potentiel des personnages
- Impossible de voir le chemin entier à l'avance pour planifier
- Courbe d'apprentissage un peu abrupte au début









