On se souvient tous de cette scène mythique dans Mad Max où un homme seul défie un monde en ruines. Imaginez ce même univers, mais en plus coloré et déjanté, avec un héros en BMX et un goût prononcé pour les références aux années 80/90. Bienvenue dans Turbo Kid, l’adaptation vidéoludique du film culte de 2015, débarquée sur Nintendo Switch. Développé par Outerminds, ce métroidvania nous plonge dans un post-apocalyptique rétro où le sang coule à flots et où le BMX est aussi important que le plasma gun. On a enfilé le turbo-gant, enfourché notre biclou, et on vous livre notre verdict sur cette épopée pixel art aussi sanglante qu’attachante.
Le metroidvania qui pédale dans le sang et la nostalgie
Derrière Turbo Kid se trouve Outerminds, un studio qui n’en est pas à son premier coup d’essai dans l’univers du jeu mobile et indie. Son expérience transparaît ici dans une réalisation soignée, mêlant hommage à la licence et respect des codes du métroidvania. Le studio a visiblement pris le temps d’étudier l’œuvre originale pour en extraire l’essence : un mélange de gore, d’humour décalé et de nostalgie assumée. Le résultat ? Un jeu qui se revendique héritier du film, sans en être une simple copie.
On incarne The Kid, un adolescent fan de comics, perdu dans le « Páramo », un désert post-apocalyptique qui n’est pas sans rappeler l’univers de Mad Max. Dès les premières minutes, on se fait dépouiller de notre BMX et de nos armes par des bandits. Sauvé in extremis par une scientifique un peu folle, Naomi, on est emmené à New Hope, un avant-poste où fourmillent PNZ et quêtes secondaires. Le scénario, bien que simple, repose sur une quête principale : récupérer quatre puissants « chips » disséminés dans différentes zones pour échapper à ce monde hostile. En chemin, on croise une galerie de personnages hauts en couleur comme par exemple Shivers, un rat mutant qui nous réclame des tortues à manger. L’histoire, bien que secondaire par rapport à l’exploration, parvient à distiller quelques moments émouvants, notamment autour du souvenir d’Apple, la petite amie robotique du Kid, disparue à la fin du film.
Du metroidvania à deux roues
Le cœur de Turbo Kid repose sur un gameplay de metroidvania classique, mais avec un twist original : le BMX. Notre bicyclette n’est pas qu’un simple moyen de transport ; elle devient un outil de plateforme essentiel, permettant de réaliser des sauts périlleux, des courses effrénées et d’accéder à des zones inatteignables à pied. La physique du BMX est bien calibrée : après une prise en main un peu délicate (surtout au début), on se surprend à enchaîner les tricks avec une fluidité surprenante. Le jeu alterne intelligemment entre phases à vélo et phases à pied, où l’on utilise le turboguante (un canon à la Mega Man) et une machette pour le corps à corps.
L’exploration est le point fort du titre. Le monde est vaste, découpé en biomes distincts (la zone de patinage, les égouts, la casse…), chacun regorgeant de secrets, de chemins alternatifs et de défis. La liberté est reine : après avoir récupéré les bases, on peut choisir l’ordre dans lequel on affronte les zones, une approche qui rappelle les Metroid ou Castlevania old-school. Malheureusement, cette liberté a un prix : certains power-ups obtenus via des défis complexes (comme des courses de BMX très difficiles) sont parfois peu utilisés en dehors de leur zone d’acquisition, donnant une impression de « gâchis » ponctuel.
Une maniabilité précise, mais exigeante
Sur Nintendo Switch, les commandes sont réactives et précises. Le saut est particulièrement bien calibré, et les enchaînements à vélo deviennent intuitifs après quelques heures. Attention cependant : le jeu mise sur une difficulté old-school, avec des boss aux patterns exigeants et des séquences de plateforme qui ne pardonnent pas l’erreur. Certains combats de boss pêchent par des pics de difficulté mal équilibrés, et l’affichage intempestif de boîtes de dialogue pendant les affrontements peut masquer des projectiles au pire moment. Heureusement, des options d’accessibilité permettent d’ajuster la courbe de difficulté.
Le pixel art de Turbo Kid est une réussite. Les environnements sont colorés, les animations fluides, et les effets gores (décapitations, explosions sanglantes) ajoutent une touche d’humour noir cohérente avec l’esprit du film. La Switch 2 gère sans problème cette esthétique rétro : zéro ralentissement même dans les phases les plus chargées. Seul bémol : le manque de variété des ennemis parfois recyclés d’une zone à l’autre.
La BO, composée par Le Matos (déjà à l’œuvre sur le film), est tout simplement excellente. Des thèmes synth-wave énergiques accompagnent chaque exploration, renforçant l’immersion dans cet univers rétro-futuriste. Les bruitages, des tirs aux crissements de pneus, sont tout aussi soignés.
Comptez une quinzaine d’heures pour boucler l’aventure principale, et le double si vous voulez tout découvrir. La rejouabilité est un argument majeur : on peut recommencer l’aventure avec Apple (dans une histoire non canonique mais divertissante), viser les deux fins (bonne et mauvaise), ou simplement explorer le monde dans un ordre différent. Les side-quests et les défis de BMX ajoutent aussi du temps au jeu.
Conclusion
Turbo Kid est une excellente surprise. S’il souffre de quelques défauts (design de boss inégal, variété d’ennemis limitée), il compense largement par son gameplay rafraîchissant, son exploration libre et son style unique. C’est un métroidvania qui ose innover avec son BMX, un hommage réussi à un film culte, et une aventure qui séduira autant les fans de la licence que les amateurs du genre.
LES PLUS
- Gameplay varié et rafraîchissant, mêlant BMX et combat
- Grande liberté d'exploration
- Univers fidèle à l'esprit du film, charismatique et déjanté
- Bande-son électrisante et pixel art soigné
- Rejouabilité élevée avec un second personnage jouable et multiples fins
- Performance technique irréprochable sur Nintendo Switch
LES MOINS
- Design des boss inégal avec des pics de difficulté frustrants
- Variété d'ennemis limitée et recyclage dans certaines zones
- Certains power-ups et capacités sous-utilisés en dehors de leur zone d'obtention
- Placement parfois obscur des améliorations
- Narration parfois noyée par l'exploration









