Prévu pour début 2026 sur Switch, Scott Pilgrim EX revisite l’univers culte imaginé par Bryan Lee O’Malley en le fusionnant avec un hommage assumé à l’âge d’or du jeu vidéo. Tribute Games, déjà derrière TMNT: Shredder’s Revenge, y mêle pixel art explosif, action brawler rétro et coop chaotique à quatre joueurs dans un Toronto totalement réinventé et déformé par le temps. Dans un entretien avec Polygon, O’Malley et le directeur artistique Stéphane Boutin ont dévoilé l’étendue – parfois surprenante – des influences qui ont façonné ce nouveau projet.
Si River City Ransom reste la pierre angulaire de l’inspiration – logique pour un univers qui a toujours emprunté au beat’em-up 8-bit –, le duo cite une avalanche de classiques. Boutin parle d’un Toronto remixé comme s’il reposait « sur Mario 2, Mario 3 et Sonic ». L’équipe a étudié de près la simplicité visuelle des jeux NES, leur expressivité née des contraintes techniques, et leur manière d’utiliser tuiles et répétitions pour créer une identité graphique rythmée. Contrairement à Shredder’s Revenge, où chaque niveau est une grande illustration unique, Scott Pilgrim EX adopte volontairement des limitations stylistiques héritées des vieux jeux pour retrouver ce « feeling estampillé » caractéristique de l’époque.
L’influence ne s’arrête pas là : une partie du level design, notamment une section avec un château, puise directement dans Chrono Trigger. Certains éléments d’UI et gadgets sont inspirés de l’esprit de Sonic, sans imitation directe – les équipes restant attentives à ne pas se rapprocher trop dangereusement de propriétés sous copyright. Comme l’explique O’Malley, les inspirations abondent, mais il faut naviguer entre créativité et limites légales : « Tu ne peux pas faire quelque chose qui ressemble trop à Sonic, sinon Sonic va se fâcher. »
L’héritage vidéoludique de Scott Pilgrim dépasse de toute façon toute œuvre unique. L’auteur rappelle que la série ne pourrait exister sans les jeux : des références à Final Fantasy ou Bonk’s Adventure jalonnent les comics, tandis que River City Ransom a directement influencé le cadre du lycée de Scott. Cette philosophie rétro continue de guider Tribute Games, qui cherche à façonner un univers respectueux mais transformé, un peu à la manière de Scott Pilgrim Takes Off, l’anime Netflix qui détourne volontairement les attentes.
Dans Scott Pilgrim EX, les sept personnages jouables disposent chacun de leur moveset complet dès le début, tandis que la personnalisation repose sur les stats et objets équipables. Le jeu propose un scénario inédit coécrit avec O’Malley, des combos créatifs, des armes délirantes et un bestiaire démoniaque, mécanique ou vegan — le tout sur une bande-son entièrement nouvelle signée Anamanaguchi.
En reconfigurant Toronto comme un gigantesque terrain de jeu rétro, Tribute a voulu libérer son imaginaire : « On a pris une hache de jeu vidéo et on a transformé la ville en un environnement où tout peut arriver », résume O’Malley. Si une partie des fans s’est montrée déroutée par le style visuel dévoilé dans le premier trailer, les créateurs défendent la nécessité d’évoluer : Scott Pilgrim est une œuvre fondée sur la réinterprétation permanente, et ce nouvel épisode entend continuer d’explorer cette voie, même si cela implique de surprendre.









