Plonger dans R-Type Delta: HD Boosted, c’est renouer avec un pan essentiel de l’Histoire du jeu vidéo. Sorti en 1998 sur PlayStation, ce quatrième opus de la série culte a marqué un tournant en adoptant des graphismes 3D tout en conservant l’âme des classiques 2D. Aujourd’hui, le voici remasterisé sur Nintendo Switch, et l’on se demande si cette version modernisée parvient à capturer la magie de l’original. Après des heures de vol, de tirs et de mémorisation, voici notre verdict.
Le chef-d’œuvre du shoot ’em up éternel
Développé à l’origine par IREM, studio derrière la série, R-Type Delta était une réponse audacieuse à l’évolution des jeux de tir. À l’époque, la transition vers la 3D était un défi de taille, et IREM s’est inspiré de titres comme RayStorm pour créer une expérience à la fois fidèle et innovante. Aujourd’hui, c’est le studio City Connection, connu pour son travail sur des rééditions soignées, qui s’est chargé de cette remasterisation. Le résultat ? Un hommage respectueux, bien que parfois trop modeste.
Comme ses prédécesseurs, R-Type Delta nous propulse en 2164 dans un conflit acharné contre l’Empire Bydo, une race alien aux designs organiques et mécaniques inspirés de l’univers de H.R. Giger. À bord d’un vaisseau, notre mission est simple : survivre, détruire, et repousser l’invasion. L’intrigue, bien que minimaliste, sert de prétexte à des niveaux spectaculaires et une ambiance anxiogène, typique de la série.
Stratégie, mémorisation et maîtrise
R-Type Delta reste un shoot’em up exigeant, où la mémorisation prime sur les réflexes purs. Chaque niveau est un puzzle à résoudre, chaque ennemi une menace à anticiper. La perte de son vaisseau est sévèrement punie : non seulement on perd ses power-ups, mais les points de contrôle nous ramènent loin en arrière, rendant la progression parfois frustrante.
Trois vaisseaux sont disponibles dès le départ, chacun modifiant radicalement l’approche du jeu :
- Le R-9A2 Delta, fidèle à l’esprit originel ;
- Le RX-10 Albatross, doté d’un module de Force autonome et orientable ;
- Le R-13A Cerberus, axé sur une ancre tactique et des lasers directionnels.
Chaque vaisseau dispose de trois types de tirs, et les power-ups varient en fonction de votre choix. Cette diversité encourage la rejouabilité et l’expérimentation.
Le module de Force, signature de la série, est ici plus central que jamais. Il peut être attaché à l’avant ou à l’arrière du vaisseau pour servir de bouclier, ou projeté pour attaquer. Mais la grande nouveauté de Delta est la jauge de Dose : en absorbant des tirs ennemis, la Force se charge et permet de déclencher une attaque spéciale dévastatrice. Cette mécanique ajoute une couche stratégique supplémentaire, entre risk-reward et gestion des ressources.
Les sept stages du jeu sont des prouesses scéniques. Dès le premier niveau, des mécha-centipèdes émergent de gratte-ciel en ruine, et les boss, gigantesques, exigent précision et réflexion. Le troisième stage, par exemple, est un combat contre un géant mobile dont il faut détruire les armures en se faufilant sous ses pieds. La caméra dynamique et les changements de perspective renforcent l’immersion.
Entre nostalgie et modernité
Les commandes sont réactives, mais certains joueurs pourront trouver les vaisseaux un peu trop sensibles, surtout dans les passages étroits. Heureusement, la possibilité d’ajuster la vitesse du vaisseau (grâce aux gâchettes) permet de s’adapter aux situations les plus périlleuses. En revanche, l’absence de redémarrage rapide ou de saut des cinématiques initiales est un vrai point noir, surtout lorsqu’on enchaîne les parties.
City Connection a réalisé un travail remarquable sur les visuels. Les polygones d’époque ont été upscalés sans perdre leur charme rétro, et les textures sont plus nettes, améliorant la lisibilité globale. Le jeu propose plusieurs options d’affichage : 4/3 original, 16/9 avec des dégradés latéraux, ou un mode plein écran. Les décors sombres et les effets de lumière restent fidèles à l’ambiance angoissante de l’original, même si certains projectiles peinent parfois à se détacher des arrière-plans.
La bande-son de R-Type Delta est un chef-d’œuvre d’ambiance, mêlant orchestrations épiques et thèmes électroniques. Les bruitages, des tirs aux explosions, participent pleinement à l’immersion. Cette version inclut même une piste audio arrangée, bien que les puristes préféreront probablement la bande-originale.
Avec seulement sept niveaux, Delta peut sembler court, mais sa difficulté élevée et ses mécaniques profondes en font un défi de taille. Le mode entraînement permet de s’exercer sur les stages déjà complétés, et les trois niveaux de difficulté (dont le mode « Kid », recommandé pour les débutants) offrent une courbe de progression bien pensée. Les vaisseaux secrets, les tableaux de bord et les défis personnels ajoutent des heures de jeu supplémentaires.
Conclusion
R-Type Delta: HD Boosted est une remasterisation réussie, qui respecte scrupuleusement l’œuvre originale tout en l’adaptant aux standards modernes. Son gameplay stratégique, ses visuels soignés et sa bande-son envoûtante en font une pièce maîtresse du genre. Certes, l’absence de fonctionnalités modernes (comme des tableaux de bord en ligne ou des sauvegardes instantanées) et la difficulté impitoyable pourront décourager certains. Mais pour les fans de shoot’em up ou les joueurs en quête d’un défi exigeant, cette version est un incontournable.
LES PLUS
- Un gameplay profond et stratégique
- Une bande-son magnifiquement préservée
- Une rejouabilité élevée grâce aux vaisseaux variés
LES MOINS
- L’absence de redémarrage rapide
- Une difficulté qui peut rebuter
- Peu de contenu additionnel









