Octopath Traveler est une nouvelle licence de Square Enix ayant surpris son monde lors de l’annonce du premier jeu en tant que projet pour la Nintendo Switch et premier jeu en HD-2D. C’est également un nouveau projet de la Team Asano dont la notoriété commençait à se forger avec les jeux Bravely Default et Bravely Second sur Nintendo 3DS. Sur cette même inspiration de proposer un nouveau projet hommage aux JRPG d’une époque révolue sur console Nintendo, Octopath Traveler arrive en premier sur Nintendo Switch. Un schéma qui continuera avec la notoriété de cette équipe Asano explosant depuis Octopath Traveler mais dont les autres jeux seront souvent mis en avant sur Nintendo en dépit d’être multiplateforme. C’est ainsi toujours le cas avec ce préquel Octopath Traveler 0 que nous avons pu longuement parcourir avec nos Joy-Con 2 sur nos Nintendo Switch 2.
Et 1 et 2 et… Zéro effort ?
C’est une pratique normale dans le jeu vidéo que de poursuivre une série bien installée auprès du public. Parfois par un nouvel opus inédit, parfois par une suite directe ou indirecte, puis pourquoi pas un préquel. Dans le cas d’Octopath Traveler, nous avons eu un premier opus qui a lancé la licence puis un nouvel opus inédit numéroté en 2 sur console. Pourtant du côté du smartphone, nous avions aussi eu un préquel au premier jeu avec le sous-titre “Champion of the Continent”, un peu comme pour marquer la différence de plate-forme et vouloir définir ce dernier comme un spin-off. La bonne idée ensuite étant de prendre ce jeu smartphone comme base pour l’adapter au format console et le renommer 0 avec plusieurs significations, l’une d’entre elles étant bien d’insister sur le côté préquel au premier jeu.
Ainsi pas d’inquiétude, les développeurs savent bien compter, le 3 sera pour une autre fois. Revenons simplement à des évènements antérieurs au premier jeu afin de parler à nouveau aux fans de celui-ci, et enrichir l’univers et la chronologie. Encore une fois, l’idée est bonne pourtant l’écran titre à lui tout seul nous fait part d’une mauvaise nouvelle de taille pour les fans occidentaux de la licence Octopath Traveler. La promotion du jeu ne nous aura pas menti, nous espérions que ce ne soit qu’une erreur de communication mais il n’en est rien. Après un premier jeu et un second sur console entièrement traduit en de nombreuses langues, Octopath Traveler 0 reprend le même schéma que le jeu smartphone avec uniquement les langues japonaises et anglaises. Une véritable honte quand cela provient d’un éditeur comme Square Enix qui a les moyens et qui a ainsi juste choisi de faire le minimum.
Ce point va énormément peser dans la balance « frustration » des fans français, balance que nous trimbalerons avec nous tout au long de l’expérience et tout au long de ce test. La première frustration concerne l’histoire, un grand point fort du genre et de cet opus, mais qui se limitera aux fans qui réussiront à aller au-delà de la barrière de la langue pour comprendre les récits qui nous sont présentés. La promesse de l’équipe étant de nous proposer un récit et un contenu inédits occupant plus de la moitié de ce préquel console, puis une autre partie qui est une réécriture basée sur le jeu smartphone. Une promesse plutôt bien tenue selon nous sur la belle centaine d’heure de jeu évoquée par les développeurs et qui dépend surtout de la façon de progresser de chaque joueur. Certes, nous n’avons pas eu l’occasion encore d’explorer tous les récits de ce préquel, mais nous avons pris d’autant plus de plaisir à le parcourir dans cette version Nintendo Switch 2 que nous n’avons jamais touché au jeu smartphone.
Pour dresser tout de même la toile de fond de ce préquel, l’intrigue se déroule avant Octopath Traveler sur le continent d’Orsterra, un immense territoire sur lequel nous vivons des péripéties à une ère et dans une ambiance très médiéval-fantastique. Le continent est divisé en plusieurs régions avec plusieurs cultures, civilisations et géographie uniques. La mythologie raconte que le continent fut créé par treize entités divines, dont douze sont encore vénérés. La dernière divinité s’étant rebellée contre les autres dans le but de détruire le monde, elle a ainsi été bannie du continent. Ainsi, les habitants d’Orsterra prient désormais la flamme sacrée les protégeant contre l’influence néfaste de cette entité bannie mais qui se tapit toujours dans l’ombre.
Dans Octopath Traveler 0, nous ne suivons plus seulement l’aventure de 8 héros dispersés sur le territoire avec une histoire unique dont les chemins finissent plus ou moins maladroitement par se lier entre eux. Nous suivons tout d’abord l’aventure de notre propre protagoniste à créer. Celui-ci est le descendant de l’homme à la tête de l’unité protégeant le village de Wishvale. Nous sommes à la veille d’une cérémonie traditionnelle du village en lien avec les célébrations de la flamme sacrée. Notre protagoniste termine son entraînement pour finaliser son entrée dans l’unité de son père. Alors que le quotidien des proches de notre protagoniste, ses amis et les habitants du village semble suivre son cours, la division spéciale des ailes écarlates du héros – et désormais tyran – Tytos ravage Wishvale. Un événement qui semble aussi lié à deux autres personnes : Herminia la sorcière vivant dans l’opulence, et Auguste, un dramaturge sanglant avec une soif insatiable de notoriété.
L’histoire est ainsi divisée en 3 routes principales au début, toutes basées sur des histoires existant déjà dans le jeu smartphone. Ce qui est inédit, en considérant la destruction du village de Wishvale, c’est que notre protagoniste aidé par son amie d’enfance Stia, part en quête pour reconstruire le village détruit et repeupler celui-ci avec des survivants ou de nouveaux venus. Une quête qui les amène à croiser la route de visages déjà connus de la série pour ceux ayant joué au jeu smartphone ou au premier opus sur Nintendo Switch. Chacun ayant sa propre histoire que nous pourrons développer, mais aussi de nombreux personnages inédits. Le studio nous promet plus d’une trentaine de personnages jouables, ce qui implique des quêtes annexes et les histoire liées à ceux-ci, et explique mieux la centaine d’heures de jeu promise. Notons que la série nous habitue à un schéma où tout se rejoint pour un objectif final bien plus grand, il faudra ainsi progresser dans chacune des routes pour comprendre véritablement les enjeux. Les personnages sont variés, et la qualité d’écriture est inégale d’un personnage à l’autre. Les routes principales du jeu restent très agréables à vivre avec des thématiques plutôt matures, néanmoins l’absence de traduction française peut être source de frustration, d’autant que les autres opus de la série sur Nintendo Switch sont intégralement traduits.
Reconstruire… mais pas de zéro
En plus des récits inédits entre vengeance et reconstruction, la plus grande nouveauté d’Octopath Traveler 0, c’est la création de notre personnage, puis justement la reconstruction du village de Wishvale. La création de notre protagoniste permet ainsi d’amener tout une panoplie d’optimisation de ses classes et compétences afin de personnaliser davantage la manière de progresser. Chaque joueur ayant des affinités différentes, la customisation fera que chacun abordera les mêmes évènements de manière différente. Il en va de même pour le casting de personnages jouables sur lequel nous allons revenir en abourdant les combats. Avant ça, abordons rapidement le second point, la reconstruction de Wishvale. Très rapidement après une petite ellipse en début de jeu, nous revenons à Wishvale désormais en ruine et sans aucune âme qui vive.
Stia est fille de charpentier, et en héritant des techniques de son père elle se jure de restaurer Wishvale. Nous l’assistons en explorant le monde et en récupérant les matériaux nécessaires pour reconstruire des établissements ou des éléments de décors pour le village. Nous pouvons aussi durant notre quête parler à des PNJ et tenter d’inviter certains à rejoindre Wishvale. C’est ainsi qu’au terme de nos efforts et de plusieurs quêtes nous redonnons progressivement vie à ce village. Les options sont plutôt nombreuses, il faut déblayer les terrains vierges qui se débloquent en progressant, puis, selon notre avancée et les matériaux dont nous disposons, nous pouvons construire des éléments et attribuer des logements. Un véritable petit jeu de gestion à l’intérieur de cette expérience classique du RPG qui peut ainsi aider à varier l’expérience et changer d’air entre plusieurs développements de récit et plusieurs successions de scènes et dialogues. Une customisation de son personnage et une reconstruction qui auraient été bien plus amusantes en français, non ?
Pour le reste, ce sont surtout des changements plus ou moins subtils d’éléments déjà connus de la série. Pour l’exploration, nous explorons à nouveau Orsterra, nous dirigeons notre groupe de personnages à travers les villages, les villes, les donjons et les routes liant tout ça. Une fois un lieu enregistré, il est possible d’y revenir par voyage rapide si les routes vous semblent trop longues et ennuyeuses à parcourir. Cela vaut surtout quand les monstres nous faisant face sont devenus trop faibles ; et lorsque tous les coffres d’une route sont récupérés, il n’y a plus tellement de raison d’y revenir. Sauf pour des matériaux de reconstruction. Au-delà des coffres et des secrets, le point important à ce niveau dans la série Octopath Traveler, c’est les Path Action, les interactions que nous pouvons avoir avec les PNJ. Nous pouvons ainsi recueillir des informations sur eux, leur dérober des objets selon un pourcentage de réussite, les affronter, tenter de les recruter en soutien de combat, marchander avec eux ou justement leur demander de venir à Wishvale, parmi d’autres interactions.
Toutes les interactions ne sont pas disponibles pour chaque PNJ, il ne s’agit pas d’aller battre un enfant par exemple. Un certain nombre de Path Action est possible pour chacun des PNJ ce qui a pour but de nous inciter à interagir avec ceux-ci. Certains d’entre eux possèdent des objets rares et d’autres ont un niveau de combat élevé et des techniques puissantes. Ainsi, ceux que nous recrutons peuvent être temporairement invoqués pour effectuer une action avant de disparaître après un certain nombre d’interactions. Et c’est justement une bonne occasion de s’attarder sur ce point, puisque là encore nous ne partons pas de zéro. Sur les routes, dans les donjons ou à des moments-clés du jeu, nous devons nous battre pour progresser. Exception faite des moments-clés, des PNJ ou des boss du jeu, les combats sont aléatoires. Il n’y a pas d’élément pour paramétrer la fréquence mais nous pouvons influencer la vitesse des animations de combat. Les combats étant au tour par tour, c’est toujours une très bonne chose de retrouver cette possibilité.
Nous avons un historique des tours en visuel et nous devons ainsi choisir les actions de nos personnages quand leur tour arrive. C’est à ce moment que nous pouvons attaquer, utiliser des compétences, des objets, nous défendre, fuir ou encore invoquer un PNJ. Les combats sont toujours régis par le système Break/Boost, selon lequel en exploitant les faiblesses d’armes ou élémentaires des ennemis nous pouvons faire descendre leur garde afin de la briser lorsque le chiffre de garde atteint 0. Nous cumulons aussi des BP à chaque tour, que nous pouvons ainsi dépenser pour agir jusqu’à 4 fois de suite en un seul tour. Ce qui peut participer à définir une stratégie efficace afin de briser la garde rapidement et lancer de gros assauts. Une fois la garde détruite, l’ennemi est totalement vulnérable et paralysé pour 1 tour. Il vous appartient de plutôt conserver vos BP pour lancer un puissant assaut une fois la garde brisée, briser rapidement la garde ou faire un mélange de tout ça.
La subtilité dans Octopath Traveler 0, reprise sur les jeux smartphone, c’est de ne plus être limités à 4 personnages en combat. Nous pouvons former des groupes de 8 avec une ligne d’attaque de 4 personnages et une autre ligne de soutien. Les 4 à l’arrière n’interviennent que selon leur compétence passive, en revanche la ligne de front attaque et subit directement les assauts. Soulignons que les personnages à l’arrière récupèrent des PV et PM à l’abri, cumulent aussi des BP à chaque tour et que nous pouvons switcher de position puis agir directement lors du tour du personnage au front. Sachant que nous avons un casting de plus de 30 personnages avec un protagoniste customisable, vous comprenez que les stratégies de combats changent d’un joueur à l’autre. Nous avons aussi tout un système de JP à attribuer à nos personnages pour débloquer des compétences passives ou actives et la gestion d’équipement à prendre en compte dans l’équation pour une expérience toujours plus subtile. Bien évidemment, la traduction en français absente ne facilite pas tout cela.
En ce qui concerne la réalisation du jeu, là aussi nous ne reprenons pas tout de zéro. Nous reprenons la réalisation en HD-2D introduite par Square Enix dans le premier Octopath Traveler et qui a sans cesse été améliorée jusqu’à aujourd’hui, comme nous le constatons avec les remakes de Dragon Quest, les dernières productions en date exploitant cette réalisation. Toutefois, Octopath Traveler 0 est basé sur le jeu smartphone et sur la région présente dans le premier opus, et nous sentons ainsi que le studio n’a pas voulu mettre trop de moyens pour cet opus console. Comparativement à Dragon Quest nous avons une réalisation bien moins claire, des personnages moins détaillés, moins de travail sur la luminosité ou sur les effets de lumière en général, un genre de retour en arrière entre le rendu du premier et second jeu Octopath Traveler sur console. Ceci étant dit, les gros pixels détaillés des boss restent très beaux à voir. Un point qui peut encore fâcher puisque si des économies ont été faites sur la réalisation, il aurait été judicieux de réinjecter ça dans la localisation non?
Terminons par la bande sonore avec un travail toujours splendide du compositeur Yasunori Nishiki qui signe une bande-son explorant de nombreux genres avec une belle dominance des sons orchestraux mélangés à de véritable chœurs, des voix d’opéra, mais aussi des sonorités plus électriques. Un résultat qui convainc toujours et embellit les villes, les routes, et rend les affrontements épiques. On apprécie toujours la transition musicale entre les dialogues et les affrontements de boss. Et pourtant, aussi excellente que soit la bande sonore, on perçoit aussi des économies à ce niveau puisque beaucoup de thèmes excellents sont simplement repris du premier jeu ou du jeu smartphone. Ceci étant dit, les thèmes inédits sont excellents et nous montrent le sérieux et l’inspiration non tarie du compositeur à chaque opus. Soulignons aussi le doublage japonais ou anglais au choix, cela permet ainsi de finir sur une très bonne note, sauf pour les jusqu’au-boutistes critiquant la localisation et qui diront qu’il aurait fallu des voix françaises en plus de la traduction française, mais soyons honnêtes, le doublage français reste encore un luxe dans le domaine.
Conclusion
Square Enix enchaine en ce début de cycle de la Nintendo Switch 2 avec Octopath Traveler 0, un opus inédit sur console. Il s’agit en réalité d’un opus basé sur le préquel du premier jeu sorti sur smartphone, avec de nombreux contenus inédits justifiant plutôt bien cette ressortie. L’expérience Octopath Traveler reste très solide à travers les Path Action durant l’exploration et le système Break/Boost des combats. Tout est subtilement enrichi à travers la customisation de notre personnage, les combats à 8 et la reconstruction de Wishvale à partir de zéro apportant une petite touche de nouveauté. Quelques économies semblent avoir été faites sur la réalisation et la bande sonore, mais globalement Octopath Traveler 0 propose une expérience très intéressante, et davantage si vous n’avez jamais approché l’opus smartphone. C’est cela qui rend encore plus dommageable le fait de ne pas avoir effectué un travail de localisation exemplaire. Une véritable honte surtout quand il s’agit d’un grand éditeur comme Square Enix.
LES PLUS
- La HD-2D toujours très belle à voir
- Le pixel art des ennemis et des boss
- Le système Path Action et Break/Boost toujours solide
- Création de personnages, gestion à 8 et reconstruction en plus
- Durée de vie gigantesque et beaucoup d’inédits
- De bonnes histoires variées, légères ou plus matures
- Yasunori Nishiki toujours inspiré sur les musiques inédites
- Choix du doublage anglais ou japonais
LES MOINS
- Square Enix a déjà fait mieux en HD-2D
- Beaucoup de musiques juste reprises
- Quelques personnages peu intéressants
- Anglais et japonais uniquement…
- Sérieusement Square Enix ?










J’aurais voulu l’acheter ! Ayant adoré le 2.
Jai lancé la demo donc.
Au début ça va, mais au bout d’un moment, c’est fatiguant de traduire l’anglais, avec certains mots inconnus, on finit par zapper les dialogues, mais le jeu perd alors tout son intérêt.
Reste les musiques exceptionnelles de Yasunori, incroyables, je ne comprend pas pkoi vous n’avez pas mis 10/10. J’écoute les ost octopath en boucle depuis des mois. Le travail fourni est énorme et le résultat extraordinaire.
Seb. merci pour ton commentaire
La traduction uniquement anglaise est effectivement un gros défaut
Pour la musique, comme souligné sur mon avis, je ne remets pas en cause l’excellence du travail de Yasunori Nishiki sur les différents opus de la série. OT Zero inclu. Je souligne surtout que pour un opus inédit sur console, Square a préféré joué économiques en reprenant une bonne partie du travail déjà effectué sur le premier opus et sur le jeu smartphone. J’aurai bien aimé encore plus de musique inédite par Yasunori vu la qualité justement de son travail et des quelques pistes inédite de cet opus.
S’il avait été traduit, je l’aurais acheté sans hésitation day one.
Là, sans la traduction FR… même pas certain de l’acheter. Et si je l’achète ce sera uniquement en occasion ou avec une (très) grosse promotion.
L’absence de traduction est 100% perdant pour SE.
Merci de ton commentaire Aeryle
Totalement compréhensible
Vraiment une honte et impardonnable pour un aussi gros éditeur
Effectivement, l’absence de traduction pour cette série c’est un No-Go.
Square-Enix qui continue de s’enfoncer toujours plus profondément…
Et leur « 2D-HD » façon Octopath Traveler à très mal vieilli…
ils devraient la dépoussiérer comme avec les Dragon-Quest I+II & III qui mix avec de la 3D (comme avec Eiyuden-Chronicle d’ailleurs qui est magnifique) ou encore mieux : faire évoluer la formule avec leur propre aset léché comme ceux de Street of Rage 4 & Shinobi art of Revenge.
imaginez cette qualité de visuel en RPG TpT
Merci pour ton commentaire The Gamer
Effectivement, l’éditeur s’enfonce tout seul…
Je ne penses pas que ça ait mal vieilli à titre personnel mais en revanche ils ont déjà fait mieux dans ce style et ils ont juste choisi de reprendre assez betêment le rendu sur smartphone plutot que de refaire. Mais bon, ils sont adepte du zéro effort donc bon je ne sais pas comment ils prévoient de faire évoluer au-dela des DQ. A voir leur prochain jeu d’action, Elliot