Dans la mouvance des jeux de type « auto-shooter » popularisés par Vampire Survivors, Army of Ruin s’inscrit comme un concurrent sérieux, porté par la petite équipe de développeurs de Milkstone Studios. Le genre a explosé ces dernières années, grâce à sa simplicité de prise en main mêlée à une profondeur stratégique surprenante. Ce titre mise sur une esthétique en 3D, une grande variété d’armes et un gameplay dopé aux effets pyrotechniques pour séduire les amateurs d’action frénétique. Va-t-on enfin enterrer le vampire ?
L’armée des ténèbres
Soyons clairs, Army of Ruin n’a pas la prétention de vous plonger dans une épopée narrative. L’intrigue peut être rapidement résumée, puisqu’il n’y a ni pitch, ni vidéo d’introduction, ni contexte. On pourra déduire que le joueur incarne des héros légendaires, appelés à repousser des armées du mal. Chaque personnage possède sa propre mini-fiche de présentation, avec des motivations très succinctes ainsi que ses pouvoirs, avantages et désavantages. On est ici dans du gameplay pur jus, et le jeu se concentre avant tout sur l’action et la survie, plutôt que sur une quelconque narration.
Le titre adopte un gameplay typique des auto-shooters : le personnage attaque automatiquement, tandis que vous vous focalisez sur le déplacement, la collecte d’objets et l’optimisation de vos choix d’évolution. Dès le début de chaque run, vous choisissez un personnage, chacun ayant une capacité spéciale (aire d’effet – AOE, tir unique, effets passifs). Au fil du temps, en éliminant les vagues d’ennemis, vous gagnez de l’expérience via des gemmes à collecter au sol ; ainsi, vous montez en niveau et choisissez parmi plusieurs armes ou artefacts. Ces choix sont essentiels car ils façonnent la synergie de votre arsenal et ce, dès les premières minutes de jeu.
Chaque arme peut être améliorée jusqu’à cinq fois, augmentant ainsi les dégâts, l’aire d’effet ou autre. Toutes peuvent évoluer, débloquant des effets supplémentaires comme par exemple le gel, le poison ou le tir multiple. Il vous faudra, pour cela, avoir en votre possession deux artefacts correspondant à des types d’énergie élémentaire (feu, glace, nature, lumière, ténèbres, etc.), rendant les combinaisons plus variées et stratégiques. Les artefacts peuvent, comme les armes, être améliorés jusqu’à cinq fois. Cependant eux, n’auront pas d’évolution : ce sont plutôt des bonus passifs (pourcentage de recul, soin par seconde, etc.). Malgré une foultitude d’armes et d’artefacts, une fois vos combinaisons préférées trouvées, le facteur nouveauté s’amenuise un peu.
Army of Ruin introduit un peu plus tard dans le jeu les talismans. Ils permettent d’invoquer des animaux totémiques offrant des bonus colossaux – surtout si vous avez les bons éléments via vos artefacts – mais avec un malus en contrepartie. Sous la forme d’une caisse rose, il vous faudra rester dans une zone, immobile ou presque, pendant un certain temps afin de débloquer le talisman. Cet ajout est intéressant, car il propose un challenge supplémentaire : dans un gameplay où la mobilité est le maître mot, devoir résister aux assaillants pendant une courte durée en étant restreint dans vos déplacements demande une certaine préparation.
Le jeu propose une vingtaine de personnages. Chacun aura son arme imposée pour démarrer la partie, ainsi qu’une compétence unique à activer avec une touche. C’est un petit ajout sympathique qui peut même parfois vous sauver la vie, et cette compétence se recharge au fur et à mesure du temps. Les personnages sont plutôt sympathiques, mais il y a un petit manque d’identité visuelle. On retrouve les classiques du genre fantasy : mages, guerriers, voleurs/assassins, elfes archers, orcs. Et quelques autres, comme des démons ou des robots. Malheureusement, vous aurez plusieurs itérations de ces personnages, avec une apparence légèrement différente – souvent la couleur.
Les adversaires varient selon les niveaux, avec des ennemis élites et des mini-boss identifiables par un halo de couleur et une barre de vie distincte pour ces derniers. Les boss finaux apparaissent après plusieurs vagues, et on peut regretter qu’il y ait un manque de stratégie pour les affronter. Souvent, ils sont plus simples à combattre que les vagues récurrentes d’ennemis que vous affrontez durant la partie ; surtout, ils sont relativement lents. Donc si vous avez bien construit vos synergies d’armes et d’artefacts, les boss ne seront qu’une formalité.
Un pieu pour le vampire !
Sans être une claque graphique, Army of Ruin se distingue de la concurrence par son choix de jeu entièrement en 3D, offrant des environnements détaillés, des couleurs plutôt chatoyantes et des animations fluides, ou presque. Les cinq niveaux du jeu présentent des thèmes variés et agréables à parcourir : un cimetière, une plaine marécageuse, une vallée de glace, une cité mécanique ou un sanctuaire japonais – chacun avec ses propres ennemis, ses pièges et obstacles.
La fluidité peut être ponctuellement mise à rude épreuve sur Nintendo Switch lors des vagues avancées, quand l’écran est saturé d’ennemis, de projectiles et d’effets visuels. C’est heureusement assez rare. Aussi, la lisibilité devient parfois difficile à l’écran dans les mêmes conditions. Pour autant, c’est le lot de ce type de jeu Vampire-like / Bullet Hell, donc on peut facilement s’y attendre.
Chacun des cinq environnements à visiter sera rejouable au fur et à mesure, dans des paliers de difficulté de plus en plus corsés. Plus vous augmentez ces derniers, plus les vagues d’ennemis seront conséquentes avec des adversaires toujours plus forts et résistants. Aussi, chaque environnement aura une configuration différente : le cimetière est une map standard, tandis que la vallée de glace se parcourt uniquement en horizontalité, à contrario du sanctuaire japonais. Et mine de rien, cela apporte aussi une difficulté supplémentaire, car cela restreint d’une certaine manière votre mobilité.
Chaque partie dure entre 10 et 30 minutes, une vague d’ennemis se déclenchant toutes les 60 secondes, jusqu’au boss final. On enchaîne les sessions sans y penser, ce qui est un excellent signe d’addiction au jeu. Et avec plus de 100 armes et artefacts à débloquer, ainsi que de nombreux défis, Army of Ruin offre une durée de vie conséquente. Les joueurs peuvent passer des dizaines et des dizaines d’heures en jeu.
Le système de progression est d’ailleurs très bien pensé, puisque vous avez toujours des choses à faire et à débloquer. En jeu, vous ramassez de l’or, et cet argent est dépensé pour améliorer les statistiques de vos personnages de manière permanente. Vous pouvez ajouter des vies en cas de défaite, améliorer votre force ou votre santé, etc. Tout incite le joueur à revenir pour faire évoluer ses personnages et tester de nouvelles stratégies.
Contrairement à Vampire Survivors, souvent cité comme référence dans le genre, Army of Ruin propose une bien meilleure gestion des améliorations déblocables et de personnages via l’or. Car il ne sera pas aisé de tout améliorer : il vous faudra donc revenir jouer des centaines de parties pour mériter vos améliorations, là où tout semblait trop rapide dans Vampire. Aussi, on trouvera plus facilement – et avec une bien meilleure ergonomie en jeu – comment faire évoluer nos armes et quels éléments sont nécessaires pour les améliorer. Bon point donc !
Petit point également sur la bande-son, que nous avons trouvée au premier abord dans le thème, mais pas forcément mémorable. Puis, à force de fredonner l’air du menu principal ou de certains niveaux, même hors jeu, force est de constater que nous nous sommes trompés, et que les thèmes sont bien faits. En fait, la musique peut paraître simpliste et même un peu discrète au début, mais elle reste bien en tête, et reviendra vous hanter, sans aucun doute. Peut-être pas de la même manière que de grands thèmes comme ceux de Zelda ou Mario, mais à sa façon, le jeu aura réussi à se faire sa petite place dans notre mémoire auditive.
Army of Ruin est disponible en français depuis le 23 juin 2023 sur l’eShop au prix de 7,99 euros.
Conclusion
Army of Ruin est une excellente addition au genre des auto-shooters. Avec son gameplay addictif et sa richesse de contenu, il saura satisfaire les amateurs du genre comme les nouveaux venus. Bien qu'il présente quelques défauts mineurs — notamment en termes de lisibilité lors des phases intenses, inhérents au genre, une direction artistique qui manque d’identité, et de très rares baisses de framerate — ses qualités l'emportent largement. Parfaitement taillé pour des sessions courtes et intenses, comme de longues sessions plus stressantes et exigeantes, il ravira sans aucun doute les amateurs du genre qui cherchent des défis progressifs et de l’optimisation de builds.
LES PLUS
- Gameplay nerveux et addictif
- Excellente variété d’armes et artefacts
- Système de talismans original
- Excellente durée de vie et rejouabilité
- Des défis à foison à réaliser
- Beaucoup d’éléments à débloquer
- Menus clairs et lisibles
- Les musiques finissent par vous hanter
- Enfin une alternative solide à Vampire Survivors !
- Prix attractif
- En français
- Plutôt joli…
- Très bonne optimisation sur Switch…
LES MOINS
- Lisibilité parfois confuse en plein combat
- Aucun intérêt narratif
- Légère redondance sur le long terme, inhérente au genre
- Les boss pas si puissants
- … mais avec un manque d’identité
- … mais avec de très rares baisses de framerate








