Imaginez un monde où la vitesse ne se mesure plus en kilomètres-heure, mais en battements de cœur. Où chaque virage devient un poème de pixels, chaque accélération un hurlement d’électrons. Sorti sur Nintendo Switch, Neon Apex: Beyond the Limit est le fruit d’une collaboration entre Repixel8, un studio britannique spécialisé dans les jeux de course rétro-futuristes, et Numskull Games, éditeur connu pour soutenir des productions indépendantes. Ensemble, ils proposent une expérience qui évoque l’âge d’or des jeux d’arcade, tout en injectant une dose de folie visuelle et de mécaniques contemporaines.
Une proposition ambitieuse… sur le papier
Neon Apex: Beyond the Limit se présente comme un jeu de course arcade futuriste, où l’on incarne un pilote (ou un être à la nature plus ambiguë) participant à une ligue interzones. Le but ? Gravir les échelons, gagner de l’argent et de l’expérience, débloquer des véhicules, et s’imposer comme le maître des circuits. Mais cette promesse de domination totale se heurte vite à des limitations techniques et ludiques notables.
Parmi les modes de jeu proposés, on retrouve :
- Arcade : enchaînement de courses pour tester votre habileté pure.
- Story Mode : une campagne scénarisée centrée sur un certain Chase, plongé malgré lui dans une machination d’apprentissage automatique.
- Championnat, Time Trial et Versus local, pour les puristes du chrono et les duels canapé.
- Carrière, véritable cœur du jeu, où l’on choisit ses courses, améliore ses véhicules et monte dans les classements.
Il est important de souligner l’absence d’un mode multijoueur en ligne, une lacune regrettable pour un titre orienté compétition.
La promesse de sensations de vitesse est tenue : les véhicules — voitures et motos — filent à une allure vertigineuse sur des circuits aériens et verticaux à la F-Zero. Cependant, la maniabilité est problématique : les commandes sont extrêmement sensibles, voire instables. La moindre erreur peut transformer une course tendue en véritable cauchemar de collisions, tant les véhicules semblent flotter sans réelle accroche à la piste.
Certains circuits introduisent des mécaniques intéressantes (modifications en temps réel, brouillards électromagnétiques, interruptions de signal), mais l’ensemble souffre d’un défaut de précision dans les contrôles, surtout lors des séquences à haute vitesse ou de nitro.
Autre étrangeté : l’intégration de phases de combat, façon mini-jeu de baston. Si l’idée peut paraître originale, l’exécution est maladroite, et la plupart des joueurs les éviteront dès qu’ils en auront l’occasion.
Une direction artistique à double tranchant
C’est probablement l’aspect qui divisera le plus. Neon Apex adopte une esthétique synthwave ultra-saturée, avec des circuits bardés de néons, des effets de lumière à foison, et une surenchère visuelle assumée. Certains décors sont sublimes — notamment la jungle néon ou le désert fractal —, d’autres frisent l’illisibilité à cause d’un excès d’effets visuels qui nuisent à la lisibilité des tracés.
Le charadesign est quant à lui plus discutable, avec des avatars qui semblent tout droit sortis de jeux Flash des années 2000 (Newgrounds, pour les connaisseurs), en décalage avec le reste de la direction artistique.
La bande-son, signée No_Sequence, est une des grandes réussites du jeu. Elle mêle synthés frénétiques, nappes électroniques planantes et rythmes percussifs parfaitement synchronisés avec le gameplay. Plus on va vite, plus la musique s’emballe, jusqu’à générer une transe auditive particulièrement immersive. Un vrai régal pour les amateurs de synthwave.
Avec plus de 20 véhicules à débloquer, des améliorations à acheter, des circuits variés et des modes multiples, le contenu est riche. Le mode Carrière est sans doute le plus intéressant grâce à sa liberté d’approche et son système de récompenses à la F2P (placement + investissement = gains).
Malheureusement, la progression devient redondante au fil du temps. Les améliorations ont peu d’impact réel, et certains circuits manquent cruellement d’originalité sur la fin, ce qui accentue la sensation de répétitivité.
Sur Nintendo Switch, le jeu tourne correctement, mais des problèmes subsistent : ralentissements ponctuels, bugs graphiques (textures absentes, clignotements), coupures audio, voire des comportements IA étranges (adversaires incohérents, rattrapages artificiels). Rien de bloquant, mais à cette vitesse, chaque détail compte.
Conclusion
Neon Apex: Beyond the Limit est une œuvre pleine d’audace, un hommage visuel et sonore aux jeux de course arcade des années 90 et 2000, croisé avec une esthétique anime futuriste. Mais ses ambitions sont freinées par une prise en main imprécise, un multijoueur en ligne absent, et une expérience de jeu inégale. Il reste une curiosité à essayer pour les fans d’univers néon et de sensations de vitesse pures, mais il est difficile de ne pas penser à ce qu’il aurait pu être avec quelques mois de polish supplémentaires et des choix de design plus sobres.
LES PLUS
- Esthétique néon immersive et unique
- Bande-son synthwave de grande qualité
- Mode Carrière libre et complet
- Sensations de vitesse grisantes
LES MOINS
- Pas de multijoueur en ligne
- Contrôles trop sensibles, véhicules "flottants"
- IA incohérente et frustrante
- Phases de combat inutiles
- Bugs techniques trop fréquents
- Histoire sans grand intérêt









