Imaginez : une carte mystérieuse, une mer turquoise, et soudain, la fureur d’une tempête. Votre radeau de fortune sombre, vous échouant avec trois autres enfants intrépides sur le dos d’une gigantesque créature mi-tortue, mi-baleine : une « Whurtle ». Bienvenue dans Survival Kids, l’un des titres phares du lancement de la Nintendo Switch 2. Loin des épreuves impitoyables des jeux de survie traditionnels, cet opus signe le grand retour d’une licence culte de Konami (née en 1999 sur Game Boy Color) en l’orientant résolument vers le coopératif familial, l’exploration décontractée et la joie du travail d’équipe. Plus de 25 ans après le premier épisode, cette renaissance, développée avec le moteur Unity, promet de captiver une nouvelle génération tout en séduisant les nostalgiques. Mais tient-elle ses promesses ? Plongeons dans cette aventure insulaire.
L’appel de l’île
Pour la première fois, Unity Technologies, le célèbre créateur du moteur de jeu éponyme, passe de l’outil au créateur en assurant le développement complet de « Survival Kids ». C’est un pari audacieux pour cette entreprise, habituée à fournir la technologie plutôt qu’à produire des jeux finis. Le résultat est un titre techniquement solide, exploitant apparemment sans accroc les capacités de la Switch 2, notamment ses nouvelles fonctionnalités sociales. Bien que basé sur une licence historique de Konami, ce reboot est entièrement façonné par Unity, marquant une étape significative dans l’évolution de l’entreprise.
L’intrigue est simple et sert de prétexte à l’aventure : quatre enfants, attirés par une vieille carte en lambeaux, font naufrage et se retrouvent échoués sur une île vivante, le dos d’une majestueuse Whurtle. Leur objectif est clair : réparer leur radeau et tenter de rentrer chez eux. Cependant, chaque nouvel embarquement les conduit invariablement vers un nouveau naufrage sur une autre île-Whurtle, créant une structure répétitive mais rassurante. L’histoire reste en toile de fond, légère et discrète, mettant l’accent sur la découverte progressive de cet archipel mystérieux et des créatures qui le peuplent. Le véritable récit se vit à travers les rires et les cris de coordination entre les joueurs.
Le cœur de Survival Kids repose sur un gameplay coopératif accessible et des mécaniques de survie volontairement allégées, pensées pour le plaisir avant tout. Ici, pas de jauges de faim stressantes ni de systèmes d’inventaire complexes : la survie est abordée de manière ludique et intuitive.
Le système d’artisanat incarne parfaitement cette philosophie. Pour récupérer une ressource — qu’il s’agisse de bois, de pierre, de liane, de fruit ou de poisson — il suffit de s’en approcher et d’appuyer sur le bouton A. Pour fabriquer un objet comme un pont, un trampoline ou une canne à pêche, il suffit de réunir les ressources requises et de les déposer à proximité de la zone de construction, souvent située près du camp ou d’un objet à réparer. La fabrication est alors instantanée, sans avoir à naviguer dans des menus. Il n’y a pas de gestion d’inventaire à proprement parler : on ne peut porter qu’un type d’objet à la fois, ce qui simplifie l’ensemble et évite toute surcharge cognitive. Par exemple, vous pourrez transporter plusieurs petites branches ou un seul gros rocher, mais pas les deux en même temps.
L’exploration constitue un autre pilier du gameplay. Chaque île est un petit monde à découvrir, regorgeant de ressources, de secrets bien cachés comme des glyphes ou des pierres précieuses (utiles pour gagner des étoiles), et de petites énigmes environnementales. L’objectif principal reste toujours le même : retrouver les différentes pièces éparpillées de votre radeau — proue, gouvernail, voile — et les assembler pour quitter l’île. Pour cela, vous devrez résoudre des casse-têtes simples mais satisfaisants : actionner des plaques de pression à l’aide d’objets lourds, utiliser une canne à pêche pour attraper un élément hors d’atteinte, construire une rampe pour accéder à une plateforme, ou encore activer des mécanismes d’anciennes civilisations.
La stamina, ou énergie, est la seule jauge à surveiller. Elle régit les actions les plus exigeantes comme grimper, soulever de très gros objets ou déterrer des trésors. Elle diminue lentement avec le temps et se recharge en mangeant des plats cuisinés au camp. La cuisine prend ici une tournure coopérative : chacun peut apporter son ingrédient pour préparer un repas collectif. La gestion de cette jauge reste toutefois indulgente — une perte totale d’énergie ou une chute dans l’eau n’entraîne qu’un étourdissement temporaire, sans réelle punition.
Enfin, la coopération est plus qu’un ajout facultatif : elle est profondément ancrée dans la conception du jeu. Transporter un objet encombrant seul est lent et laborieux, mais devient rapide et fluide à deux. Certains objets ne peuvent même être déplacés qu’en équipe. De nombreuses énigmes exigent une vraie coordination entre les joueurs, comme peser simultanément deux plaques ou échanger rapidement des ressources à distance. Le jeu ajuste automatiquement sa difficulté en fonction du nombre de participants (de 1 à 4), garantissant une expérience fluide, que vous soyez en solo ou accompagné.
Robuste, joyeux et accessible
La maniabilité de Survival Kids constitue l’un de ses points forts les plus évidents. Les commandes sont à la fois simples, précises et généreuses, rendant l’expérience fluide et agréable pour tous les profils de joueurs. Les déplacements et les sauts offrent une précision suffisante, même si le saut conserve une légère sensation de « flottement », typique de certains jeux au style cartoon. L’interaction avec les objets, grâce au bouton A, se révèle intuitive : le système permettant de ne ramasser qu’un type d’objet à la fois évite les erreurs fréquentes dans des piles d’éléments, ce qui s’avère particulièrement appréciable lors des moments d’urgence ou en coop.
Les actions contextuelles sont confiées au bouton Y, qu’il s’agisse de couper un arbre, de briser une pierre ou d’utiliser la canne à pêche. Le timing pour ferrer un poisson, signalé clairement par les vibrations de la ligne, est facile à saisir. En multijoueur, la communication rapide est favorisée par les boutons L et R : une pression sur R envoie une bulle d’appel visible à l’écran par vos coéquipiers, tandis que L permet de localiser les autres joueurs instantanément. Le bouton X, quant à lui, est dédié au lancer d’objets, utile aussi bien pour déclencher des mécanismes à distance que pour transmettre des ressources à un allié.
L’accessibilité générale du jeu est exemplaire. La courbe d’apprentissage est douce, idéale pour les enfants ou les joueurs occasionnels — ce qui correspond d’ailleurs à sa classification PEGI 3. L’absence de sanctions sévères en cas d’erreur renforce l’aspect relaxant de l’expérience, sans pour autant brider l’aspect coopératif ou stratégique.
Côté ambiance sonore, Survival Kids mise sur une atmosphère joyeuse et immersive. La bande-son accompagne l’exploration avec des mélodies entraînantes aux accents tropicaux ou calypso, gaies sans jamais devenir envahissantes. Les bruitages sont eux aussi très soignés : on entend avec clarté le craquement du bois sous la hache, le « plouf » d’une chute dans l’eau, ou encore le crépitement d’un plat en train de cuire. Chaque effet contribue à renforcer l’ancrage dans cet univers insulaire vivant et chaleureux.
Enfin, le GameChat intégré à la Nintendo Switch 2 est parfaitement exploité ici. Que ce soit via le micro intégré à la console ou au travers d’un casque, la communication vocale s’effectue naturellement. Et pour ceux disposant de la Caméra Switch 2, il est même possible d’afficher un flux vidéo en coin d’écran, ajoutant une touche personnelle qui rend les échanges en ligne plus humains, les coopérations plus instinctives et les éclats de rire encore plus contagieux.
Exploration et défis optionnels
La durée de vie principale de Survival Kids s’étale entre 10 et 15 heures si l’on suit l’histoire de manière linéaire, en se concentrant simplement sur la réparation du radeau et le départ de chaque île-Whurtle. Pour les joueurs souhaitant atteindre les 100 % — en collectant tous les secrets, en accomplissant tous les défis et en explorant à fond chaque recoin — il faut compter environ 16 heures de jeu.
La rejouabilité repose avant tout sur plusieurs systèmes incitatifs. Les étoiles jouent un rôle central : elles sont obtenues en ramenant des pierres précieuses au camp ou en remplissant des défis propres à chaque île. Ces défis, systématiquement proposés par zone, incluent un défi chronométré (réparer le radeau le plus rapidement possible) et un défi d’exploration, demandant de mettre la main sur des secrets parfois très bien dissimulés.
L’aspect de personnalisation vient enrichir cette rejouabilité. En découvrant des glyphes anciens, en pêchant certaines espèces rares ou en cuisinant des aliments spécifiques, il est possible de débloquer de nouvelles tenues et options esthétiques pour les personnages, renforçant ainsi le plaisir d’expérimenter et de compléter.
L’expérience coopérative représente également un atout important. Rejouer les mêmes îles avec différents partenaires — amis ou membres de la famille — permet de varier les approches selon les styles de chacun, qu’il s’agisse d’un joueur axé sur la récolte, la pêche, la cuisine ou l’exploration. Chaque session devient alors unique, favorisant des moments partagés à la fois stratégiques et amusants.
Cependant, la structure globale du jeu, basée sur la répétition du même objectif (réparer le radeau pour quitter l’île), peut provoquer une certaine lassitude en solo, notamment chez les joueurs plus aguerris en quête de mécaniques plus profondes ou de variété structurelle. De plus, la collecte d’étoiles en fin de partie peut sembler laborieuse pour ceux qui ne sont pas motivés par le 100 %.
Un cartoon lumineux et accueillant
Survival Kids adopte une direction artistique cartoon vibrante et colorée, qui tranche radicalement avec l’austérité habituellement associée au genre survivaliste. Les îles du jeu sont représentées avec des palettes de couleurs chaleureuses et saturées, mêlant sables dorés, végétation luxuriante et eaux turquoise. Les environnements, bien que parfois volontairement stylisés, respirent la vie grâce à une multitude de détails : feuillages animés, petits animaux qui surgissent au détour d’un chemin, ou encore effets de lumière dynamiques qui renforcent l’atmosphère insulaire.
Les personnages et créatures bénéficient eux aussi d’un soin particulier. Les enfants que l’on incarne sont mignons, expressifs, et animés avec une certaine dose d’humour. Leurs gestes, parfois maladroits comme lorsqu’ils peinent à transporter un objet trop lourd ou tombent dans l’eau, renforcent l’aspect attachant de l’aventure. Les Whurtles, créatures géantes emblématiques du jeu, apportent une dimension à la fois mystérieuse et poétique à l’univers, avec des animations fluides qui soulignent leur majesté.
Techniquement, le jeu tourne de manière fluide sur Nintendo Switch 2, que ce soit en mode portable ou docké, avec un framerate stable et un affichage net. Le mode local en écran partagé pour deux joueurs conserve cette fluidité, offrant une expérience agréable sans ralentissements notables.
En revanche, l’option GameShare, qui permet à un joueur de diffuser localement le jeu vers deux consoles supplémentaires (Switch ou Switch 2) avec une seule copie, montre quelques limitations. Le framerate est réduit à 30 images par seconde, une latence perceptible peut apparaître, et l’image est encadrée par des bandes noires. Si cette fonction reste pratique pour dépanner ou découvrir le jeu sans achat multiple, elle ne remplace pas la fluidité du mode splitscreen ou la qualité d’une partie en ligne avec une copie du jeu par console.
Les fonctionnalités sociales de la Switch 2 : le cœur de l’expérience
Survival Kids se présente comme une vitrine des nouvelles fonctionnalités sociales introduites par la Nintendo Switch 2. Le jeu exploite pleinement la diversité des modes multijoueurs disponibles sur la console. Il est ainsi possible de jouer à deux en écran partagé sur une seule Switch 2, ou bien d’utiliser la fonction GameShare en local : un joueur possédant le jeu peut inviter jusqu’à deux autres joueurs à se joindre à lui via une connexion sans fil, même s’ils ne détiennent pas le jeu, que ce soit sur Switch 2 ou sur la Switch originale. Le mode en ligne permet jusqu’à quatre joueurs de se retrouver pour jouer ensemble, à condition que chaque participant dispose de sa propre copie du jeu et d’un abonnement Nintendo Switch Online. Enfin, ces modes peuvent être combinés de manière hybride, par exemple avec deux joueurs en local sur une même console et deux autres connectés à distance.
La communication est également au cœur de l’expérience grâce à GameChat, un système de chat vocal intégré qui fonctionne via le micro de la console, la manette Pro ou un casque. Ceux qui possèdent la caméra Nintendo Switch 2 peuvent même activer une vidéo en direct de leur visage, qui s’affiche dans un coin de l’écran des autres joueurs pour renforcer l’immersion et la convivialité des parties.
La flexibilité des sessions multijoueurs constitue un autre atout majeur. Qu’il s’agisse de coop ponctuelle ou d’une aventure complète, les joueurs peuvent rejoindre ou quitter librement une session via GameShare ou en ligne, ce qui permet une expérience multijoueur fluide, adaptée aux disponibilités et envies de chacun.
Conclusion
Survival Kids n’est pas un jeu de survie exigeant ni une révolution mécanique. C’est avant tout une invitation à partager une aventure décontractée, pleine de rires et de moments de coopération satisfaisants, dans un cadre insulaire charmant. Son accessibilité en fait une excellente porte d’entrée vers le genre pour les plus jeunes ou les novices, tandis que ses fonctionnalités sociales poussées de la Switch 2 en font une démonstration convaincante du "jouer ensemble" nouvelle génération. Si vous cherchez un jeu coopératif familial, relaxant et techniquement optimisé pour les nouvelles capacités de la Switch 2, où la communication et l’entraide sont les véritables clés de la "survie", Survival Kids est une excellente escale. Pour les joueurs solitaires en quête de profondeur ou de challenge intense, le voyage risque en revanche de sembler un peu trop tranquille. Dans l’ensemble, c’est une renaissance réussie et rafraîchissante pour la licence, qui mérite le détour, surtout si vous avez des compagnons d’aventure à vos côtés (sur le canapé ou en ligne). Ensemble, c’est décidément mieux !
LES PLUS
- Coopération véritablement centrale, gratifiante et bien intégrée
- Gameplay de survie et d’artisanat simplifié et accessible
- Maniabilité intuitive
- Ambiance sonore et visuelle joyeuse et colorée
- Bonne durée de vie, avec des défis de rejouabilité (étoiles, temps, secrets, customisation)
LES MOINS
- Structure répétitive (réparer le radeau île après île) pouvant mener à une certaine lassitude, surtout en solo
- Expérience solo moins riche et potentiellement plus lente / ennuyeuse
- Visuels parfois simples









