Chicken Run: Commandodu (Nintendo Switch) – Le test

En cette fin d’année 2025, le marché du jeu vidéo regorge de blockbusters et de sorties en tous genres. Pourtant, c’est d’une franchise que l’on attendait pas qu’est venue l’une des meilleures surprises de cette fin d’année : Chicken Run: Commandodu. Édité par Outright Games et développé directement par le studio Aardman – les génies derrière Wallace & Gromit et la saga Chicken Run – ce titre n’était sans doute pas celui que la presse attendait avec le plus d’ardeur, et pourtant… Après une première incursion dans le jeu vidéo il y a 25 ans et un récent film sur Netflix (Chicken Run : La Menace Nugget), cette nouvelle aventure se positionne comme une suite canonique. La promesse est séduisante, mêler infiltration en temps réel, action tactique et puzzle game, le tout enveloppé dans l’humour absurde et le style visuel inimitable qui ont fait la renommée mondiale du studio britannique. Mes petits poulets accrochez-vous, ça va bouger dans la basse-cour !

Le retour inattendu de la ferme Aardman

L’une des plus grandes forces de Chicken Run: Commandodu réside dans son engagement absolu envers la continuité narrative de la franchise. Loin d’être un simple produit dérivé sans âme, le jeu se présente comme une suite canonique directe au film Chicken Run : La Menace Nugget (2ème film de la licence), se déroulant environ trois mois après les événements du long-métrage. Les scénaristes d’Aardman ont mis un soin particulier dans l’écriture pour garantir cette cohérence.

Nous retrouvons naturellement les héros du grand écran, Rocky et Frizzle, menés par Molly, la fille de Rocky et Ginger, protagonistes du premier film. L’intrigue nous plonge dans une série de missions d’infiltration visant à contrecarrer les plans de l’industrie du « nugget » qui menace une nouvelle fois la vie de leurs amis. Le prétexte est parfait pour justifier une série de missions d’espionnage et de sauvetage à travers divers environnements, véritable cœur et esprit de la licence .

La présentation du contexte est impeccable et vous plonge immédiatement dans le vif du sujet par le biais de cinématiques absolument superbes et de qualité, réalisées par Aardman dans leur style stop-motion traditionnel et si reconnaissable. Ces séquences narratives sont de véritables nouveaux courts-métrages de Chicken Run offerts aux fans, servant presque de récompense constante entre les missions.

La qualité d’immersion est encore renforcée par un doublage exceptionnel. Le jeu a réussi à ramener une partie importante des acteurs vocaux du dernier film. L’interprétation est excellente, notamment celle de Molly, très convaincante et de Frizzle, le personnage le plus hilarant du jeu. L’humour sec, parfois absurde et typiquement britannique des studios Aardman est omniprésent dans les dialogues et le ton général, rehaussant l’expérience narrative de manière significative.

Infiltration, gadgets et chaos

Au cœur de Chicken Run: Commandodu se trouve une boucle de gameplay qui est un mélange savamment dosé d’infiltration et de puzzle game en temps réel. Le joueur commande une équipe de poulets en vue du dessus, naviguant dans des complexes sous haute surveillance.

L’objectif principal est double, d’abord, atteindre la zone de détention en naviguant dans le niveau et en résolvant des énigmes environnementales (leviers, interrupteurs, etc). Ensuite, la phase d’extraction commence, et c’est là que le jeu révèle sa mécanique la plus unique et la plus chaotique. Contrairement aux poussins, plutôt bien éduqués, responsables et qui restent sagement à vos côtés, les poulets adultes secourus, eux, sont autonomes. Ils se ruent automatiquement vers le point d’extraction, sans se soucier des dangers, des pièges ou des rondes ennemies.

Cette mécanique imprévisible, voire chaotique, force le joueur à penser et à agir vite, transformant l’opération de sauvetage en une course contre la montre où il faut dégager le chemin, neutraliser les menaces et éviter que les poulets affolés ne se transforment en nourriture pour humains. Cette gestion du chaos est la partie la plus difficile à appréhender et en même temps la plus amusante du jeu, même si elle est parfois sujette à des frustrations.

Avant chaque mission, vous devez choisir votre équipe et un Leader, un choix crucial, car chaque poulet possède des attributs uniques. Les pouvoirs de Leader bénéficient à l’ensemble de l’équipe, comme une compétence passive. Par exemple, le pouvoir de Molly retarde la détection du groupe par les gardes, tandis que Frizzle augmente la vitesse de déplacement du groupe.

Mais ce n’est pas tout, puisque chaque poulet de votre équipe dispose également d’une compétence utilisable indépendamment de celle du Leader. Molly peut faire tomber des détritus pour étourdir les ennemis, Mac possède un Bouclier permettant de résister à une attaque et étourdir un agresseur, et Frizzle utilise une charge étourdissante.

C’est dans l’expérimentation de ces différentes combinaisons que vous trouverez tout le sel du jeu, et que vous passerez des heures à faire ou refaire des missions de manière très différentes. Cela augmente considérablement la rejouabilité des missions, vous l’aurez compris, mais avoir ce choix permet à chaque joueur d’appréhender le titre de la façon qui lui convient, défensif ou offensif.

Go Go gadget-au-poulet

Dans Chicken Run: Commandodu, pour faire face aux dangers, le joueur peut dépenser des ressources collectées (engrenages et épis de maïs) dans une boutique éphémère servant à vous acheter des gadgets. Ces objets, tels que les aimants (pour ouvrir des portes sans interrupteur) ou les costumes de robot (rendant plus difficile votre détection), permettent de contourner des situations délicates et d’aborder les défis de manière tactique et rigolote.

Les différentes menaces se présentent sous forme de caméras, de pièges lasers, de gardes humains ou de chiens robots. Et la résolution des énigmes passe souvent par l’activation d’interrupteurs, la désactivation de dispositifs et/ou l’utilisation judicieuse de votre environnement, en profitant notamment des conduits de ventilation.

Jusque là dans la proposition c’était un sans faute, mais qu’en est-il du gameplay ? Plutôt simple dans son exécution, certains pourraient y voir un manque de profondeur. De notre côté, nous considérons qu’il est très bien adapté et permet à tous les joueurs de rapidement le prendre en main.

Mais c’est dans le chaos amené par vos acolytes, que tout va basculer, et rendre vos actions plus…maladroites. Nous en venons à être soulagé de ne pas avoir 36 boutons et actions à gérer. Deux modes de difficulté sont toutefois présents, le Mode Classique – équilibré mais exigeant sur les timing ou détection – et le Mode Histoire – plus décontracté et moins dangereux, idéal pour les novices -.

Dans un jeu d’infiltration, une question légitime vient forcément sur le tapis, celle de l’IA. Et effectivement, de ce côté là, alliés comme ennemis, vous pouvez parfois vous retrouver avec une IA imprévisible et irritante. Comme nous l’avons évoqué plus avant, les poulets libérés peuvent s’écarter de leur trajectoire, et les alliés contrôlés par l’IA peuvent parfois saboter la progression de la mission, en quittant parfois un interrupteur au mauvais moment, entraînant au passage un blocage temporaire ou une alerte inattendue. Ces moments, bien que ponctuels, contribuent à un sentiment de frustration que nous pouvons ressentir.

Entre sublime et sobriété

Techniquement Chicken Run: Commandodu se retrouve très contrasté. Artistiquement c’est un sans faute, les cinématiques stop motion produites par Aardman sont des petits chefs-d’œuvre authentiques qui vont ravir les fans par leur humour et leurs détails. Riches, colorés et fidèles à l’univers de la licence, ces vidéos sont de pures merveilles de création dans la lignée des films.

Cependant, l’aspect visuel est moins réussi une fois en jeu. La caméra vue du dessus ne permet pas d’apprécier pleinement la direction artistique de cette licence. Nous perdons une partie de ce qui fait le charme des poulets comme des décors. Le jeu paraît alors plus terne et moins clinquant que dans les cinématiques.

Aussi, la vue du dessus vient parfois générer un chaos visuel supplémentaire, lors des moments d’action intense, rendant parfois difficile la localisation de votre propre personnage ou de certains éléments du décor. Et c’est vraiment très dommage, car avec une claque incroyable lors des cinématiques, on espérait franchement mieux. Nous avons l’impression que le soufflet retombe et nous nous retrouvons finalement en jeu avec un produit plus proche, visuellement, du jeu indépendant à budget modeste.

Par contre, côté bande son entre la présence des doubleurs originaux et une qualité d’interprétation impeccable, il y a de quoi se réjouir. Même dans les plus petits détails, les touches sonores apportées au jeu, comme les voix mignonnes des poulets qui se bousculent vers la sortie, ne fait qu’ajouter au charme général du titre.

Côt-Côt-Côt Coop

L’aventure principale de ce Chicken Run: Commandodu n’est pas particulièrement longue, comptez environ 5h à 6h pour le terminer en prenant en compte la compréhension des mécaniques et certaines missions que vous referez. Toutefois le jeu parvient à proposer un contenu correct pour son prix, grâce à un ensemble de défis annexes et surtout du mode multijoueurs.

Chaque mission propose trois défis optionnels à relever, parfois basés sur l’achèvement sans détection, ou la rapidité, récompensés par des étoiles. Accumuler ces étoiles est crucial non seulement pour la satisfaction personnelle, mais aussi, et surtout, pour débloquer de nouveaux poulets et améliorer les capacités des personnages.

Cette chasse aux étoiles, souvent liée à un processus “die and retry” pour maîtriser parfaitement les étapes et environnements, pousse à rejouer les niveaux avec différents Leaders et équipements. Le jeu encourage également l’exploration pour trouver les petits poussins cachés dans chaque niveau.

En plus de cela, le titre offre une option de coopération à deux joueurs en local,  sur un même écran ou en écran partagé lorsque les joueurs s’éloignent en jeu. La possibilité de parcourir l’intégralité de la campagne principale avec un ami est un véritable plaisir, même si ça devient parfois un joyeux foutoir, pour des raisons évoquées plus haut, c’est bel et bien dans ce mode de jeu que nous vous conseillons d’aborder le titre.

En plus d’inclure une sélection de niveaux bonus uniques qui ne peuvent être joués qu’en co-op, plus axés sur les énigmes que sur l’action pure, la coop vous offre une expérience incroyablement fun et réussie. À la manière d’un Overcooked, c’est un peu le retour de l’ambiance canapé et franche rigolade, le temps d’une soirée, avec ce jeu. Pas de mode en ligne, en revanche, ce qui est un peu dommage.

Chicken Run: Commandodu est disponible depuis le 24 octobre 2025 sur l’eShop au prix de 39,99 euros, en français.