Kentum est le troisième jeu des Argentins de Tlön Industries et le premier jeu à sortir sur Nintendo Switch. Derrière ce nom mystérieux se cache un metroidvania de gestion basé sur l’exploration et l’automatisation. Que nous donne ce titre disponible sur l’eShop depuis le 20 novembre 2025 au prix de dix-sept euros cinquante ?
Un jeu addictif, en tout cas au début
Kentum nous place dans la peau de Kent, un astronaute qui doit se réveiller tous les dix ans afin… d’actionner un bouton rouge avant de revenir en phase de stase. Cependant Kent est paresseux, et au lieu de se réveiller de sa très longue sieste pour se dégourdir les jambes et s’occuper du bonsaï, il bidouille la machine pour que le gros bouton rouge puisse s’activer automatiquement.
Sauf que 8000 ans après (nous étions en 2219), le vaisseau est obligé de faire un atterrissage d’urgence sur la Terre. Kent se réveille dans un monde où l’humanité a disparu. Il se retrouve forcé contractuellement par son entreprise (à cause de ses longues années sans appuyer sur le bouton rouge) à reconstruire l’humanité.
Kentum est un metroidvania de gestion basé sur l’exploration et l’automatisation. Armé de notre bâton (qui est en réalité notre brave bonsaï mort dans le crash du vaisseau), nous allons visiter les nombreux biomes proposés par le jeu en quête de ressources.
Et des ressources, nous allons en avoir besoin ! Il va falloir débloquer les recettes du cerveau, qui nous permettent de débloquer de nouveaux objets, les recettes pour améliorer nos clones (car dès que nous mourons, un clone est créé pour nous remplacer), mais aussi celles pour renforcer notre bâton et nos capacités d’automatisation !
L’exploration se fait par étape : nous sommes déjà limités par notre vie et notre endurance, mais aussi par nos capacités. Chaque biome a ses animaux, plus ou moins agressifs, et ses ressources. Si le premier biome désertique possède de simples souriceaux qui fuient en nous voyant et du microplastique dans les arbres, les biomes plus reculés nous permettront d’avoir de l’or, du cuivre, mais aussi des monstres terrifiants, comme ces araignées aux longues pattes qui nous poursuivent dans une grotte sombre.
Chaque monstre, minerai et même plante doit être scanné à l’aide d’un drone pour profiter de ses vertus (comme débloquer des recettes avec). Cependant, comme le scan est parfois long, il est risqué de scanner des monstres qui nous attaquent en même temps !
Toute la partie exploration repose sur notre gestion de la santé (qui descend très vite), de notre endurance, et de notre inventaire. Allons-nous un peu plus loin pour récolter plus de cette ressource dont nous avons besoin, au risque de mourir ? Il faut aussi savoir que la mort nous ramène à la base, affamés, et qu’il faut retourner au cadavre de notre clone pour récupérer (une partie de) nos ressources.
Nous allons passer aussi énormément de temps à construire notre base et à transformer les ressources durement acquises à l’extérieur. Avec les plantes récupérées, nous pourrons faire des graines. Les graines nous permettent, dans des parcelles, de créer nos propres plantes.
Un gameplay conséquent et complet
En débloquant des pinces cueilleuses, que nous placerons sur un tapis roulant, nous pourrons ensuite faire en sorte (par exemple) que le café arrive devant une autre pince, qui va le déplacer dans un mixeur pour le transformer en poudre, avant qu’une énième pince récupère le café broyé pour le mettre dans une machine qui le transformera en fluide cognitif (objet très important pour les ressources du cerveau).
Cependant, il faut là encore prendre en compte un critère très important : la plupart des ressources (hors minerai) sont périssables. La nourriture, les plantes, les fluides, les peaux d’animaux pourrissent au bout de quelques jours, ce qui nous oblige à trouver des subterfuges pour ne pas avoir des coffres remplis d’objets avariés ! Par exemple, nous avons appris à ne pas récolter les fluides cognitifs tant que nous n’en avons pas besoin dans l’immédiat.
Au fil du temps, nous débloquerons des capacités très utiles qui « révolutionneront » notre façon de jouer. Par exemple, l’hoverboard permet de se déplacer à une vitesse folle sur les terrains plats (il n’y en a pas tant que ça) en échange d’un peu de compost. Le grappin permet d’atteindre de nouvelles zones… mais aussi d’attraper des ennemis furtifs et des objets en hauteur !
Comme susmentionné, nous devons reconstruire l’humanité. Pour ce faire, nous avons accès à un mystérieux monolithe où nous devrons accomplir des quêtes rébarbatives qui nous permettront, à terme, de repeupler la planète ! Il faudra par exemple déposer un nombre de graines de plus en plus grand, pour, en contrepartie, débloquer des technologies qui amélioreront nos rendements agricoles.
Le jeu propose aussi, en plus de ce contenu déjà bien fourni, des cosmétiques et des objets décoratifs à trouver un peu partout dans le décor afin de personnaliser votre base en fonction de vos goûts. Voulez-vous mettre une jolie lampe ? Une boule à neige ? Un panier de basket ? Les possibilités sont nombreuses, même si certaines tenues, comme des lunettes, offrent un bonus qui nous fait oublier les cosmétiques.
Kentum développe aussi une histoire assez amusante, avec un humour qui fonctionne, entre Kent, cet employé fainéant qui cherche à en faire le moins possible, et O.R.B, ce robot assistant qui devient esclavagiste pour nous forcer à travailler. Les robots dans le monolithe sont assez amusants à découvrir, avec une personnalité qui diffère en fonction de leur « zone d’affectation » (dans la zone de l’agriculture, nous avons un fermier très « texan » dans sa façon de parler).
Le plaisir de l’automatisation
Kentum est un jeu intéressant, au contenu impressionnant, au grand potentiel, mais qui se perd dans son rythme et ses mécaniques. L’expérience est addictive, il y a un vrai plaisir à découvrir les biomes, à automatiser notre base, et à tuer les monstres aux capacités variées.
Les possibilités en termes d’automatisation sont intéressantes, le nombre d’objets et de compétences est conséquent, et nous avons apprécié toutes les petites nouveautés distillées au fil de notre progression.
Même si l’histoire est finalement assez classique, l’humour fonctionne, et nous nous amusons (surtout au début) avec les nombreuses scènes entre notre personnage et les robots qu’il croise sur sa route.
Malheureusement, Kentum connaît un grand moment de creux à partir de six – sept heures qui découragera une majeure partie des joueurs. Certaines mécaniques sont mal expliquées. De facto, ce manque d’information sur nos possibilités nous oblige à faire de nombreux allers-retours en cherchant désespérément la suite du jeu (et les ressources à obtenir).
Au bout d’une à deux heures d’errance (pour nous, ce fut deux heures trente), nous finissons par avoir du ressentiment envers le jeu, car d’un côté, nous ne trouvons que des cosmétiques là où nous voulons juste avancer dans l’aventure, et de l’autre, quand nous découvrons enfin le pot aux roses, nous sommes frustrés par ce manque d’explication qui nous a fait perdre deux heures de notre vie.
Mais un violent ventre mou qui décourage
Plus généralement, Kentum se saborde tout seul avec un rythme lancé sur les chapeaux de roue qui faiblit au fil de notre progression. Le jeu démarre avec de nombreux dialogues, presque trop, avant de presque totalement disparaître. D’un jeu addictif avec une dominante humoristique, nous arrivons à une expérience qui nous oblige à farmer, encore et encore, afin de récupérer la ou les ressources qui nous permettraient d’avancer.
Là où l’automatisation est satisfaisante dans des jeux comme Satisfactory, Kentum propose une expérience où aménager sa base est fastidieux et mal conçu. La construction en 2D (un peu comme dans Spiritfarer), combinée à des mécaniques peu intuitives (nous devons aller dans le mode construction, puis tout déplacer dans des espaces souvent restreints), rendent l’automatisation peu satisfaisante à réaliser.
Si nous sommes ravis de voir les premiers grains de café se transformer en fluide cognitif, le chemin à parcourir pour automatiser notre base est tellement fastidieux que nous nous démoralisons à l’idée de créer des usines qui feraient pâlir de jalousie la révolution industrielle. Le manque d’espace est vraiment un point noir, car les amateurs d’automatisation (comme nous) aiment concevoir, tester, et imaginer en grand avant d’appliquer nos idées sur une échelle plus réaliste.
Les combats deviennent aussi répétitifs et limités, et certains ennemis deviennent peu agréables à tuer, la faute à une maniabilité inexistante pour ces adversaires qui nous attaquent en oblique. Les oiseaux (avant de débloquer le grappin), peuvent devenir très longs à tuer. Nous attendons qu’ils se jettent sur nous, nous esquivons et, si nous sommes précis, nous leur mettons un coup. Il faut les toucher trois fois pour les tuer. Les évènements aléatoires (foudre, chutes de pierre) rendent aussi le jeu compliqué pour pas grand-chose.
Finalement, et c’est encore dommage, mais le pourrissement de la plupart des ressources, dont le champignon qui est indispensable pour quasiment toutes les constructions, rend l’expérience beaucoup plus frustrante que réjouissante. Nous nous retrouvons trop souvent avec des coffres inondés de ressources avariées (car chaque type de ressources avariées prend une place dans le coffre), et même si le compost existe, cette mécanique donne l’impression que l’automatisation est inutile, vu que nous perdons le fruit de notre labeur.
Un jeu qui se saborde tout seul
C’est vraiment dommage, car Kentum est un bon jeu, avec un beau potentiel, une boucle de gameplay addictive, de l’humour, et un mélange des genres qui fonctionne. Nous sentons l’amour des développeurs pour leur projet, même si ces petites mécaniques frustrantes nous donnent presque l’impression que ces derniers ne nous aiment pas (même si nous savons que c’est faux, nous l’avons pensé manette en main).
La durée de vie, pour le prix de dix-sept euros, est conséquente, même si elle dépendra de vos talents (et peut-être de votre intuition qui sera meilleure que la nôtre !). Il faut une trentaine d’heures pour arriver au bout de l’aventure, même s’il faut prendre en compte la plupart des avis négatifs d’utilisateurs sur Steam qui ont abandonné le jeu au bout de sept à dix heures, à cause du ventre mou que nous subissons de plein fouet.
Les graphismes sont intéressants, les biomes sont tous variés et travaillés, même si nous regrettons le côté « sans transition » entre chaque environnement. Le bestiaire est conséquent, avec notamment un système de saison qui permet de varier les décors.
La bande-son est sympathique, avec un texte intégralement doublé en langue anglaise. Même si les sous-titres sont (pour nous) un peu petits, l’histoire se suit facilement. Les monstres (et animaux) ont un sound design intéressant, notamment les sortes de gelées volantes, alors que la musique s’écoute et s’oublie au fil de l’aventure.
Nous vous joignons une vidéo de trente minutes de gameplay réalisée par nos soins, sans commentaire pour que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Conclusion
Kentum avait le potentiel pour être la surprise indépendante de l’année. Le contenu est conséquent, la boucle de gameplay addictive, le mélange des genres réussi, le tout avec un humour qui fait mouche. Malheureusement, le jeu se saborde tout seul, avec des mécaniques mal expliquées, un rythme qui faiblit, une automatisation peu intuitive… qui créent un ventre mou qui démotivera une grande partie des joueurs. Nous recommandons Kentum avec son contenu généreux et sa durée de vie conséquente, mais seulement pour les plus hardis qui n’ont pas peur des longs moments d’errance que procure le jeu.
LES PLUS
- Un contenu conséquent
- Addictif, au début
- Un mélange metroidvania, automatisation, gestion qui fonctionne
- Un humour qui fait mouche
- Des cosmétiques à débloquer tout au long de l’aventure
- Une progression avec plein de nouvelles compétences
- Une durée de vie conséquente pour un prix assez « faible » (dix-sept euros)
- Un doublage anglais avec des sous-titres français !
LES MOINS
- Un rythme qui faiblit…
- … Jusqu’à atteindre un ventre mou très contraignant
- Le pourrissement des ressources, une vraie fausse bonne idee
- Des heures d’errance…
- Une automatisation peu intuitive, avec peu d’espace et une 2D restrictive
- Des mécaniques mal expliquées
- Des combats qui deviennent longs malgré la variété du contenu









