Principe du jour : jouer avec des mots ! Oubliez tout ce que vous avez déjà essayé en jouant avec des mots, oubliez les scrabbles et autres Wordbiz. Cette fois-ci, nous vous emmenons dans un monde où les lettres prennent vie dans un territoire lugubre et terrifiant. Typoman vous invite à découvrir son petit univers.
Commençons par les bases. « Typoman » est un jeu développé par Brainseed factory et édité par Headup Games. Disponible depuis le 22 février dernier sur l’eShop de la Nintendo Switch, il n’en est pourtant pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà fait ses premiers pas sur WiiU mais aussi sur PC, sur PS4 et sur Xbox One. Certains joueurs ne seront donc pas surpris de le retrouver sur l’hybride de Nintendo.
L’objectif de ce jeu est simple : il vous faut avancer dans un jeu de plateforme atypique. Votre chemin se révèle pourvu d’une succession d’embûches mettant en scène des lettres et des mots qui iront jusqu’à prendre vie (pour tenter de vous prendre la votre). Oui oui, la cédille a ce petit quelque chose de terrifiant que nous ignorons tous ! Vous, HERO, vous êtes un amoncellement des petites lettres de votre nom. Et vous, vous êtes plutôt mignon avec votre tête bien ronde et vos jambes en forme de H !
Aparté singulier
Ceux qui suivent Nintendo Town depuis un petit moment le savent bien… pour ma part, j’aime beaucoup jouer avec les mots, triturer les phrases dans tous les sens pour les rendre plus poétiques, faire des pirouettes avec des figures de styles audacieuses. bref, les mots et moi, nous nous aimons bien depuis toujours ou presque. « Typoman » semblait donc idéal, et j’avais véritablement hâte de découvrir ce petit personnage attachant avec qui nous allions tripoter les consonnes et nous amuser avec les voyelles. Fin de l’aparté singulier.
Le début de l’aventure est une simple mise en bouche. Vous partez à la découverte de l’univers graphique de « Typoman », un parti pris qui va directement à l’essentiel et ne laisse guère de place au superflu : le rendu visuel est particulièrement propre et soigné, original de part ces lettres qui prennent forme dans tous les sens. Les couleurs sont légères ce qui confère à l’atmosphère un aspect mystérieux et tragique.
Rapidement, il vous faudra prendre en main les principes même du jeu : jouer avec les lettres et les mots pour déverrouiller les différents pièges qui parsèment votre chemin. Pour se faire, il vous suffit de porter courageusement sur votre dos les lettres afin de les remettre dans le bon ordre et former ainsi le mot magique (exemple : RAIN pour pleuvoir, DOWN pour abaisser un piège. Et si vous voyez RUN… Fuyez !) ou plus simplement, rentrer dans le menu afin de placer directement les lettres dans le bon ordre, ce qui s’avère tout de même nettement plus pratique et rapide que de jouer à l’escargot avec chacune des lettres tour à tour sur son dos.
Et là, c’est le drame !
Comme vous l’avez compris, il ne s’agit pas de faire mumuse avec des lettres comme nous l’avons tous fait avec nos lettres du scrabble, à les chevaucher inlassablement dans l’espoir de trouver enfin un mot digne de ce nom. Cette fois-ci, il vous faudra réfléchir en anglais. Zou, les anglophobes partent dès lors un à un ! ANGLAIS ANGLAIS ANGLAIS.
Maintenant que le moment le plus tragique de ce test est annoncé, prenons le temps de nous arrêter sur ce point important : les éditeurs proposent justement aux joueurs qui n’ont guère un niveau d’anglais excellent de se prêter au jeu afin d’apprendre en s’amusant.
A nouveau, afin de rendre toujours plus réaliste ce test, un aparté singulier. Précisons que si mon niveau d’anglais était très correct en fac, tout ceci est désormais bien loin et la pratique très limitée depuis des années. Autant dire que je suis fort loin d’être bilingue malgré une certaine attirance pour la langue de Shakespeare. Ce point de détail souligné, poursuivons notre quête. point final de l’aparté singulier.
S’il peut être drôle et jouissif de jouer avec sa langue natale, la bonne humeur peut rapidement s’envoler dès qu’il s’agit d’une langue étrangère. Certains mots à deviner sont simples (et heureusement, sinon l’aventure s’arrêterait au prologue !), mais pour d’autres, vous risquez de vous retrouver à tourner en rond dans un univers, certes bien dessiné, mais étriqué et qui risque vite de vous rendre un peu maboul. Pour le coup, la langue de Shakespeare risque de vous taper sur le système !
Mais alors, que faut-t-il penser de ce jeu ? Si l’anglais ne vous pose aucun problème, votre aventure sera excellente, bien qu’un peu courte : compter en moyenne 6 heures pour atteindre votre objectif (plutôt 10h pour les anglophobes !). Néanmoins, l’originalité du soft et la finesse de ses environnements parviendront à vous satisfaire tout au long de votre parcours, et vous garderez certainement un bon souvenir de ce bout de chemin à jongler avec les mots.
Pour les autres, la prise de plaisir sur un tel titre reste possible, mais n’est guère assurée. Clairement, passer 10min à bidouiller des lettres dans n’importe quel sens, allez jusqu’à tester n’importe quoi jusqu’à tomber par hasard sur la bonne combinaison… le fun n’y est pas. Lorsque vous parviendrez à trouver les petits bonus cachés dans les niveaux, la frustration sera à son apogée, puisque vous ne comprendrez pas totalement l’histoire qui en découle : votre bonus est un petit paragraphe en anglais ! Quel dommage car HERO, vous l’aimiez bien dans le fond…
Vous souvenez vous ?
Vous souvenez vous de « Lettriq » ? Sorti en septembre 2007, il repose sur la réalisation de mots (en FRANCAIS) plus ou moins longs afin d’engranger un maximum de points.
Conclusion
Typoman est à la fois un petit bijou par son originalité, la finesse de ses dessins, son univers tout entier qui parviendra à charmer les amoureux des lettres et des mots. Mais le fait qu'il soit en anglais lui confère un aspect bien rébarbatif pour les anglophobes, malheureusement contraire à l'attente des éditeurs. En français, il ne fait nul doute que le jeu aurait pu satisfaire un très grand nombre de joueurs tellement son univers est addictif. Mais les pièges et les solutions reposent sur des mots propres et vous n'en aurez pas le choix : l'anglais sera votre meilleur allié... ou votre pire ennemi.
LES PLUS
- Principe de jeu original
- Univers graphique propre
LES MOINS
- Anglais, anglais, anglais !
- Faible durée de vie