Après un 2urvive très sympathique, voilà que Mr Tony DE LUCIA remet le couvert en nous offrant son rêve de gosse devenu réalité : programmer son propre Beat’em All à lui tout seul. Toujours aussi inspiré par la culture pop de la fin du 20ème siècle, il nous offre Brutal Rage, un jeu à la narration décomplexé qui transpire l’amour des classiques qui lui ont servi de modèles. Mais tenter de se faire une place juste après l’arrivée des excellents Street of Rage 4 et Scott Pilgrim Vs the World ne va pas être facile.
Je veux ta plaque, je veux ton arme et j’aurai ta peau.
Quand un jeu de Mr DE LUCIA démarre, il faut toujours avoir une chose en tête, c’est qu’il fait tout tout seul. Et si l’histoire ne précise pas si c’est dans son garage, elle garde toutefois les traces d’un amour du jeu à plusieurs. Et c’est le premier point que nous aborderons sur Brutal Rage : il est entièrement jouable à deux. Du tutoriel jusqu’à son dénouement, nous avons la possibilité de n’être jamais seul.
Son titre nous emmènera dans une ville où le crime ne fait pas la loi, car la loi, c’est nous (et paf deuxième citation culte ou presque…). Policier émérite au service du bien public, nous ne reculons devant rien pour mettre les criminels derrière les barreaux, quitte à ce qu’ils s’y rendent avec des membres plus ou moins bien agencés…
Notre première mission nous attire malheureusement dans un vil piège tendu par un mystérieux homme au visage brûlé. Qui est-il et pourquoi s’en prend-il à nous personnellement ? Beaucoup de questions auxquelles il faudra trouver des réponses. Comment faire pour cela ? Facile, tapez sur tout ce qui bouge jusqu’à obtenir un indice nous menant vers la solution de cette énigme.
Notre périple pour rétablir la vérité et notre honneur nous emmènera dans les couloirs mal famés de la prison jusqu’au casino en passant par les égouts ou par le métro. Beaucoup de références viendront forcément titiller notre fibre nostalgique tout au long de nos pérégrinations. Le déroulement même de l’aventure fait référence à tout un tas de titres, qu’ils soient vidéoludiques ou filmiques. Citons en vrac Tango et Cash, Robocop, ou encore Judge Dredd pour les dialogues tandis que Mister T semble être le modèle du second personnage jouable. L’enchaînement des niveaux rappelle lui aussi pléthore de jeux des années 80 : de Double Dragon en passant par Final Fight, des lieux classiques que sont un bar ou un ascenseur viendront forcement pointer le bout de leur nez lors de notre aventure.
Le seul point noir concernant cette histoire concerne la fin de notre périple. En effet, nous serons amenés à nous battre contre nos propres collègues, c’est un cruel manque de cohérence avec le reste de l’histoire. Si encore ceux-ci étaient véreux, pourquoi pas, mais là il nous est juste demandé de nous frayer un chemin à travers la bleusaille de la même manière dont nous avons traité la racaille. C’est d’autant plus dommage qu’entre chaque niveau, découpé en VHS dans le menu, des dialogues viendront agrémenter notre parcours pour nous aider à mieux comprendre pourquoi nous tabassons tout ce qui remue le petit doigt. Ces dialogues sont bien écrits et restent toujours dans l’ambiance des années 80. Ça fleure bon l’insulte décomplexée.
Je t’exploserai moi-même la cervelle… personnellement !
Brutal propose deux modes de jeu. Le mode histoire compte 6 niveaux comprenant 3 tableaux chacun. Ces 18 levels passent assez vite. En trois heures, nous avons pu envoyer l’ensemble des conspirateurs derrière les barreaux et retrouver notre insigne.
Les niveaux ont tous des thèmes différents, ce qui est agréable. Toutefois, leur déroulement est toujours le même. Nous arrivons sur les lieux, nous engageons la discussion avec le premier quidam ne tenant plus à ses dents, nous lui faisons une séance gratuite d’orthodontie, puis nous avançons dans le niveau jusqu’à faire cracher la vérité (ainsi que ses dents donc) au boss. Ces tableaux consistent tous en une longue ligne droite. Aucun piège au sol, aucune déviation et aucun mouvement dans le fond ne viendront agrémenter nos parties. De temps en temps, un intermède en moto viendra modifier ce long fleuve tranquille. L’idée est intéressante, ces niveaux sont toutefois assez courts et offrent trop peu de challenge. Il suffit de se déplacer tranquillement en récupérant l’essence sur la route et en évitant les voitures.
Le second mode de jeu, débloquer à la fin du mode histoire, rend lui hommage au cultissime Fight Club. Dans ce Brutal Club, il faudra survivre à 10 vagues d’ennemis puis vaincre un boss. Le challenge est plus élevé que dans le mode histoire. Ceux pour qui les mécaniques des Beat’em All n’ont plus aucun secret pourront se faire plaisir et retrouver les sensations des jeux d’arcade d’antan avec leur unique crédit et leur mort punitive.
Je veux que tu me frappes aussi fort que tu peux !
Joy-con en main, Brutal Rage se montre complet sans pour autant révolutionner le genre. Les coups de poing et les coups de pied s’enchaînent sans coup férir. Un dash et un saut sont aussi de la partie, permettant de varier les plaisirs. Il nous est aussi possible d’attraper nos ennemis pour, au choix, leur mettre plusieurs bourre-pifs ou les lancer violemment au sol. Le plus intéressant consiste à faire un mixte des deux. La première partie les affaiblira et la seconde les abrutira un court instant et mettra au sol leurs acolytes présents dans la zone de largage.
Le tout donne un gameplay assez complet qui nous demandera d’alterner entre les diverses commandes pour sortir vivant de tous les pièges tendus par nos ennemis. Une fois ces routines assimilées, la progression est assez rapide et l’on perd de moins en moins de vie. Les boss fonctionnent un peu de la même manière. Leurs attaques sont prévisibles et il suffit de se montrer patient et mobile pour en venir à bout sans risquer de perdre ses crédits.
Nous aurons la possibilité de ramasser tout un tas d’objets contondants tout au long de notre périple : des battes, des tuyaux, des matraques, tout est bon pour faire mal (tient le slogan de cuir et clous magazine…). Ceux-ci ont toutefois une durée de vie assez courte de trois coups portés. Heureusement, car ils font vraiment très mal, tout comme le pistolet, qui tuera vos ennemis en un coup. Les sus-mentionnés ennemis n’étant pas complètement idiots, ils auront d’ailleurs tendance à récupérer ces items pour en faire douloureusement usage.
Le dernier point concernant le gameplay a abordé : la jauge de rage que nous chargeons tout au long de nos combats. Une fois remplies, nous pouvons déclencher notre colère, devenir tout rouge et mettre une tannée à retourner un méchant dans son slip tout en lui faisant regretter d’avoir choisi une orientation professionnelle aussi malsaine. Notre barre de vie ayant tendance à fortement chuter à chaque coup que nous recevons, la rage de notre personnage est à chaque fois une bouffée d’air pur.
Si chaque personnage a des coups et des combos qui lui sont propres, leurs maniabilités sont toutefois très proches. Nous sommes loin de ce que pouvait proposer un Final Fight en termes de variation de gameplay en fonction du personnage choisi.
Résister provoquera … votre mort !
Si la palette de coups est suffisante pour offrir un gameplay intéressant, nous regrettons l’absence d’option pour le mapping des touches. Brutal Rage n’utilise pas toutes les touches de la manette et il aurait été agréable de pouvoir en réattribuer certaine, notamment le saut et la dash, qui auraient gagné à se déclencher grâce aux gâchettes ZL et ZR.
D’un point de vue technique, Mr DE LUCIA propose une expérience agréable et bien rythmée. Les animations des protagonistes sont un peu raides, mais la performance est toutefois à saluer tant tourne sans aucun souci. Les graphismes sont détaillés et proposent un rendu proche des jeux des années 80/90. Mention spéciale pour le clin d’œil à 2urvive dans l’un des niveaux. Des effets de vibration d’écran viendront agrémenter nos parties.
Le seul petit bémol, commun à toutes les productions du genre, concerne l’effet usine à clones de nos adversaires. Nous tabassons une dizaine de types d’ennemis s’étant visiblement reproduit de manière consanguine un trop grand nombre de fois. Et pour finir avec les points négatifs, mentionnons la bande-son. Trop répétitive et pas assez énergique, elle ne colle pas du tout à l’ambiance générale du titre. Et si 2urvive avait su mettre en place des effets sonores bien badass avec ses pétoires, Brutal Rage n’offre rien de comparable et les tristes cris de souffrances de nos adversaires sont bien trop étouffés et monotones.
Ps : attention des citations de films cultes se sont glissées dans ce test, saurez-vous les retrouver ?
Conclusion
Mr DE LUCIA nous propose avec Brutal Rage sa vision du Beat’em All, style culte des salles d’arcade et des consoles de salon des années 80/90. Tout en étant décomplexé dans son scénario et ses dialogues, il offre une expérience agréable qui revisite sagement des œuvres cultes tel Final Fight. Ses mécaniques sont maîtrisées et seules les parties concernant l’animation et la musique sont en deçà du reste. L’expérience globale, entièrement jouable en coopération, est plus que satisfaisante même si elle manque d’une petite touche d’excentricité. Il va donc falloir faire un choix : entre un jeu plaisant, mais limité techniquement, et des jeux, Scott Pilgrim et Streets of Rage 4 en-tête, dont le prix est multiplié par 2 ou 3, mais dont le contenu est supérieur. Nous avons confiance en toi cher lecteur pour choisir judicieusement...
LES PLUS
- Des graphismes détaillés qui rendent hommage aux productions des années 80/90
- Une ambiance dans la lignée des productions phares de la période 80/90
- Gameplay maîtrisé et complet
- Des contrôles qui répondent aux doigts et à l’œil…
- Une durée de vie correcte avec ses deux modes de jeu
- Un petit prix de 7€
LES MOINS
- … mais une absence de remapping dommageable
- Une bande-son un peu trop molle et répétitive.