« Dis-moi, tu aimes les films de gladiateurs ? » ou encore « Ces hommes ont fait vœu de chasteté, tout comme leurs pères et leurs grands-pères avant eux. » Ça vous dit quelque chose ? Quand la réalité part en cacahuète par petite touche pour atteindre ce magnifique pays qu’est l’Absurdistan. Ce lieu magique où les conventions qui nous lient sont poussées à leur paroxysme jusqu’à ce qu’elles finissent par lâcher pour notre plus grand plaisir. Eh bien UnMetal, le dernier titre de Unepic_Fran, c’est un vibrant hommage aux séries cultes que sont les Hot shots ou Naked Gun. Des films qui restent gravés dans les mémoires comme les parfaits films du dimanche après-midi en famille. Mais vouloir rendre un hommage vibrant est toujours un exercice difficile, comment s’en est sorti le petit studio espagnol ? Facile, la réponse tient en un mot : achetez ce titre !
Mon cœur s’entirbouchonne autour de mes chevilles comme un vieux slip moite.
Mais reprenons au début. Tout commence par un crash d’hélicoptère. Notre héros, Jesse Fox, vient de se faire descendre et capturer. Il va devoir expliquer ce qu’il faisait dans un appareil ennemi sur le sol allié. Ainsi commence le récit de son évasion. Un récit-cadre, brisant régulièrement le quatrième mur, fait d’ellipses, de retournements de situation et de choix. Car oui, non seulement Unepic_Fran tente de mettre à l’honneur la culture burlesque des années 80, mais en plus il veut le faire avec la manière et autant dire que le résultat est plus que réussi. Dès les premières minutes de l’introduction, nous avons le sourire aux lèvres. Les dialogues sont ciselés à la Audiard et le rythme de la narration ne baissera jamais de tout le récit. Plus fort, à certain moment de nos pérégrinations, lors de moment où la tension est palpable et notre concentration à son apogée, des saynètes viendront nous surprendre et, peu importe leur issue, nous faire bien rire.
Jesse nous raconte comment il s’est fait capturer pour un crime qu’il n’avait pas commis et comment il s’est échappé de la base qui le maintenait prisonnier. Nous avons affaire à l’exact inverse de Metal Gear premier du nom, sorti en 1987 sur MSX2. L’influence du titre de Kojima est d’ailleurs palpable. Mais loin de proposer une simple expérience rétro, UnMetal s’affranchit des limites du jeu d’infiltration pour proposer sa propre vision de ce genre aux codes pourtant si stricts. Bien sûr, il faudra agir dans la discrétion la plus grande possible, mais loin d’être manchot, Jesse saura utiliser ses mains et les différentes armes qu’il trouvera pour se défaire de ses ennemis.
Mais là où le studio espagnol a fait fort, c’est qu’il a inclut énormément de petits ajouts à son gameplay. Il y a d’abord l’inventaire qui, à la manière de ce que nous retrouvons dans les point’n click, nous demandera de combiner des objets pour en créer de nouveaux. C’est ainsi que nous créerons une potion ou encore des armes allant du chloroforme au lance-flammes. À chaque fois, les commentaires de notre avatar sont très drôles et s’intègrent parfaitement à la narration. Découpée en dix chapitres, chacun d’environ une heure, notre aventure se vit au rythme de notre exploration de ce complexe militaire et des boss.
Tel un nain devant un urinoir, je vais devoir placer la barre très haut !
Joy-Con en main, notre première impression se rapproche d’un jeu d’infiltration assez classique. Il va falloir se faufiler derrière les gardes sans se faire remarquer pour les neutraliser. Si ceux-ci nous remarquent et donnent l’alarme, il faudra tout faire pour nous cacher durant un laps de temps conséquent pour faire redescendre la barre d’alerte. Très vite toutefois, des différences feront de UnMetal bien plus qu’un simple pastiche. Certains de nos ennemis demanderont davantage de skill pour débarrasser le plancher. Que ce soit des rats à finir au lance-flammes ou des drones à finir au pistolet ou à mains nues, tout n’est pas que furtivité dans le titre de Unepic_Fran. Il faudra aussi savoir esquiver les attaques et savoir étudier les niveaux pour se placer correctement et éviter de se faire entourer par trop de force létale voulant notre mort.
Mais là où UnMetal atteint le génie, c’est dans la somme des missions secondaires à réaliser. Celles-ci s’intègrent parfaitement à notre progression ainsi qu’à l’humour potache véhiculé. Nous croiserons le chemin d’une infirmière plantureuse et débordée par le nombre de soldats que nous envoyons dans son local. Forcément pour ne pas la décevoir et plus si affinité, il nous faudra tout simplement soigner nos ennemis. UnMetal, le premier jeu vidéo qui respecte la convention de Genève, rien que ça ! Mais ces quêtes magnifient aussi le côté infiltration du titre. Comment faire pour ne pas abîmer un soldat ? Il suffira de l’endormir avec du chloroforme. Mais d’abord, il faudra trouver les ingrédients pour le confectionner. Tout s’enchaîne parfaitement.
Les ennemis que nous trouverons sur notre route sont nombreux et les manières d’en venir à bout sont très diverses. Du molosse qui foncera vers le steak saignant à la mine nécessitant le détecteur de métaux, tout est prétexte à la diversification des situations. Le dernier point à aborder sur le gameplay concerne la présence d’un système d’expérience. Chaque élimination silencieuse se verra récompensée par la récupération de points d’expérience. Une fois la jauge remplie, nous pourrons choisir de débloquer une compétence parmi deux proposées. Là encore, loin de la facilité, UnMetal nous offre la possibilité de personnaliser notre Jesse Fox comme nous le souhaitons, pour en faire l’arme fatale ultime.
Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant
Un scénario qui tabasse sa belle-mère, un gameplay qui met au tapis son beau-père, rien ne semble pouvoir arrêter UnMetal à réaliser un sans-faute et ce n’est pas sa technique qui viendra gâcher notre plaisir. Gardant toujours cette volonté de rendre hommage à ce qui fut l’un des plus grands titres du MSX2, Unepic_Fran nous fournit un jeu aux graphismes très proches de ce que fut son modèle, Metal Gear. Le pixel art créé pour l’occasion est de qualité, et si son rendu est proche de ce son ancêtre, il regorge toutefois de détails donnant vie à ce monde. Cerise sur le cocktail Molotov, chaque début de niveau se construit couche par couche devant nos yeux, venant ainsi mettre en exergue la voix-off de Jesse nous narrant sa progression.
Les animations ne sont pas en reste et chaque personnage, qu’ils soient amis ou ennemis jouit de mouvements fluides peu importe la situation. Que ce soit un soldat en train de suffoquer sous notre attaque de chloroforme ou un chien enragé se délectant du morceau de bidoche que nous lui avons très vite offert, le fantasme des joueurs des années 80, à savoir des petits pixels qui prennent vie, se réalise à chaque niveau que nous parcourons. Seule la bande-son est en retrait. Avec uniquement quelques notes de musiques au moment de venir à bout d’un boss, l’ambiance sonore est très pauvre.
La maniabilité est parfois prise en défaut lors des phases d’exploration. En effet, éviter des rouleaux mortels ne peut se faire qu’avec précision, et pourtant, la conception par case nous oblige à une extrême prudence et entraîne des morts un peu frustrantes. Ce n’est pas souvent que cela arrive et la disposition régulière de point de sauvegarde limite heureusement cet effet. Pour le reste, c’est un sans-faute, chaque touche est utilisée à bon escient et la possibilité de mettre en place des raccourcis depuis l’inventaire vers le stick droit nous fait gagner un temps précieux.
Conclusion
Il est difficile de mentionner tout ce qui fait le charme de UnMetal sans spoiler son contenu. Nous allons de surprise en surprise tout au long de nos dix heures de jeu. La narration est géniale d’humour décalé et elle est magnifiée par les mille-et-une astuces mises en place tout au long de notre partie. Les phases de gameplay ne sont pas en reste, puisque c’est à un vrai jeu d’infiltration auquel nous avons droit, avec ce qu’il faut de furtivité, de pièges et de stratagèmes diaboliques pour éliminer en douceur tout ce qui se mettrait sur notre chemin. En voulant parodier Metal Gear, Unepic_Fran accouche d’un titre qui régale le joueur en détournant intelligemment les codes du genre de l’infiltration. Arrêtez de lire ces lignes et foncez sur l’eShop ! C’est un ordre soldat !
LES PLUS
- Les graphismes en pixel art sont détaillés
- L’hommage à Metal Gear est réussi
- La narration arrive au niveau des Hot Shots et autre Naked Gun, et c’est un grand compliment
- Les choix que nous faisons ont des conséquences toujours imprévisibles
- Tout est fait pour mettre du sourire dans la vie du joueur
- Le gameplay d’infiltration est maîtrisé
- Beaucoup d’ajouts viennent agrémenter le gameplay de base
- Les passages WTF qui parsèment le jeu sont géniaux
- Tout en anglais sous-titre en français pour ne rien perdre du plaisir des dialogues
LES MOINS
- La bande-son est trop en retrait par rapport au reste du jeu
- Quelques phases sont un peu plus frustrantes
un vrai plaisir que cette pepite soit arrivee sur switch , ca manque les jeux originaux et droles !
Il a l’air trop bien ce jeu !
Bonjour,
Merci pour ce test, et à sa lecture le jeu fait vraiment envie.
Après c’est dommage que les screenshots soient ceux de la fiche du jeu sur l’e-shop, cela laisse planer un doute… C’est dommage. Mais le net est grand et permet de peaufiner son avis 🙂
je vois pas quel doute plane… quand il y a un écart, on met nos propres screens. La pas besoin.
Effectivement l’argument les screens éditeur correspondent donc pas besoin de nouveaux paraît recevable. Mais cela peut laisser une impression de « dossier de presse »; j’étais plutôt emballé par le test (et le sui toujours), donc direction l’ e-shop; mais là j’ai tiqué.
Comme écrit c’est du conditionnel; c’est juste que pour un tel détail, un doute peut s’installer.
On est un petit site avec pas forcement les moyens qui nous permet d’être toujours exhaustif sur chaque fiche de jeu. Mais je t’assure que c’est pas du dossier presse 😀
alors en ce qui concerne les screens, la personne qui s’occupe de l’édition est bien seule et il est plus facile pour elle de retrouver des screens depuis l’e-shop, et ce n’est que lorsque le jeu montre des images qui ne sont clairement pas tiré de la switch que nous l’informons et lui envoyons les captures, voila pour notre fonctionnement
le chef confirmera ce point je pense
ensuite, si UnMetal a un dossier presse, je le veux bien, parce que vu l’humour du titre, le dossier doit être bien barré aussi
et plus sérieusement, pour ces petits titres indés, le dossier presse n’existe quasiment jamais et ils n’ont aucune visibilité malgré leur qualité (ou pas d’ailleurs), d’où la volonté de Nintendo Town de leur faire une place
et pour finir, Unmetal m’a donné envie de revoir HotShots, et cela peut effectivement laissé planer le doute sur la qualité du testeur
Bonjour,
Vu le développeur et l’éditeur qui sont de taille très modeste , si c’était le cas, vous auriez été gratifié par un ou deux tickets restaurants au mieux…
Je vous indiquais seulement que cela laissait cette (désagréable) impression, ce qui est dommage (la pratique est tout de même bien répandue…)
Ensuite, c’est peut être une question de temps, et c’est vrai que Nintendo à fait les choses à moitié (le bouton screenshot/vidéo est très pratique; la récupération en devant retirer la micro-sd, trouver un adaptateur et allumer un pc est pénible pour cette tache (ce n’est pas ironique)… A moins que cela ait évolué.
Après effectivement, je vous suis car vous testez pas mal de jeux auxquels les autres ne s’intéressent pas et plutôt sympathiques (Summire et Sokobound récemment).
Voilà, enfin je vais quand même vérifier qu’il n’y a pas une réédition de hot shot remasterisée en blue-ray; bref le double combo 🙂
R.