Alors que la rentrée approche à grands pas, quoi de mieux que de se décider à commencer un sport pour reprendre une activité physique et ainsi améliorer ses capacités cardio-vasculaires ? Mais si cette résolution est louable, se pose maintenant la question du sport qui aura l’honneur de nous accueillir. Évidemment notre grandeur d’âme et d’esprit nous oblige à un certain standing… mais c’est bien sûr, le seul moyen de détendre un esprit aussi profond que le nôtre ne peut être que le sport roi des hautes sphères de la société, le golf ! Et cela tombe bien, car les développeurs japonais de chez Chuhai Labs font débarquer un titre au nom évocateur Cursed to Golf. L’occasion pour nous de voir si ce sport va lui aussi nous maudire.
Une histoire pas banale
Dans Cursed to Golf, tout commence par une banale finale du plus grand tournoi de golf de tous les temps. Et cette finale, nous ne sommes qu’à un put de la gagner. Nous menons facilement devant des adversaires écœurés par notre talent naturel pour un jeu dont nous maîtrisons toutes les arcanes. Le par, aka le nombre recommandé de coups à jouer pour finir un parcours, n’est qu’une vaste blague pour notre don naturel. Mais voilà qu’au moment précis où notre club s’élève pour prendre son élan et nous envoyer au panthéon des joueurs de ce sport, un éclair jaillit et nous envoie dans les limbes du monde des esprits.
Heureusement pour nous, ce royaume ténébreux n’est rien d’autre qu’un parcours de 18 trous. Et oui, dans leur grandeur, les esprits nous ont envoyés directement au purgatoire golfique ! Un lieu hanté par d’anciens joueurs et contrôlé par le machiavélique directeur. Mais réussir à atteindre la fin de ce parcours signifie quitter ce monde, du moins, c’est ce qu’affirme l’écossais, l’esprit d’un ancien golfeur portant magnifiquement bien le kilt. Notre tee ne fait qu’un tour, si un joueur est capable de venir à bout de ce parcours, ce sera nous !
Mais notre voyage sera semé d’embûches. Le purgatoire golfique n’est pas un practice comme les autres. Oubliés les habituels lieux verdoyants qui se laissent parcourir à bord d’une voiturette. Les niveaux que nous allons parcourir possèdent certes un point de départ et un trou d’arrivée, mais ceux-ci, dans des tableaux en deux dimensions, sont extrêmement retors et il n’est pas rare de devoir utiliser plus de dix coups pour en voir le bout.
Dans ce monde démoniaque, le trou en un coup n’est qu’une illusion qu’il nous faut très vite oublier. Nous démarrons chaque parcours avec la possibilité de jouer cinq coups. En gaspiller un dans les multiples pièges qui composent ces niveaux est bien entendu une très mauvaise idée et c’est pour cela que les premières minutes de jeu consistent en un tutoriel nous permettant d’appréhender au mieux l’ensemble des mécaniques qui nous permettront de rejoindre le monde des vivants.
Les aléas du green
Commençons par celle qui nous permettra à chaque fois de prendre en compte la démesure des tableaux auxquels nous allons faire face : la caméra birdie. Celle-ci aura son importance, car elle nous permet de naviguer librement dans les niveaux. Ceux-ci sont énormes et regorgent littéralement de passages détournés, de raccourcis et de divers éléments qu’il nous faudra atteindre ou détruire pour gagner du temps et surtout des coups.
Car oui, réussir un parcours en dix coups quand nous n’en possédons que cinq est difficilement faisable, sauf si nous détruisons les statues en argent ou en or qui jonchent ce que nous appellerons commodément les greens. Les statues en or nous offriront quatre coups supplémentaires tandis que celles en argent nous en octroient deux de plus. Il est parfois intéressant de perdre un coup pour en gagner davantage, le mieux étant bien sûr de faire d’une pierre deux coups en optimisant nos trajectoires.
Les autres objets qu’il nous faut chercher dans ces niveaux sont les téléporteurs, qui nous font gagner de précieux coups, ainsi que les caisses de TNT. Celles-ci cachent très souvent des raccourcis, eux aussi, fournisseurs officiels de gain de coups. Bref, commencer un trou signifie très souvent utiliser la caméra birdie pour essayer de comprendre comment fonctionne ce niveau et pour trouver où se trouvent les meilleurs chemins. Le level design est donc un modèle du genre et c’est d’autant plus impressionnant que ces niveaux, à la manière des rogues-like, sont générés aléatoirement.
Chaque tentative ratée nous renvoie au début de notre aventure et nous oblige à reprendre au trou numéro un notre progression. Le tableau que nous retrouvons alors, s’il possède des éléments identiques, n’est toutefois plus du tout agencé de la même façon, nous obligeant à repenser complètement notre tactique. La lassitude de refaire encore et toujours les mêmes niveaux ne pointe jamais le bout de son nez et chaque nouvelle tentative est différente de la précédente.
Le put ou la vie ?
Toujours à la manière d’un rogue-like, les enchaînements de tableaux ne sont jamais les mêmes et des événements aléatoires s’intercaleront entre nos parcours. Nous pourrons ainsi récupérer des items ou de l’argent durant ces phases. Nous pouvons, à l’occasion, choisir entre plusieurs voies qui nous sont offertes. À nous de décider laquelle sera la plus à même de nous réussir. Les indications sur la carte sont claires et nous savons toujours à quoi nous attendre en sélectionnant tel ou tel chemin.
Avant de passer au gameplay à proprement dit, notons que notre version de test a planté deux fois sur l’ensemble des plusieurs heures que nous avons passé à tenter de mater nos clubs, ce n’est pas énorme sur une version de test et cela nous a surtout permis de nous rendre compte que notre avancée était sauvegardée à la fin de chaque événement, que celui-ci soit un trou, un magasin ou autre. De ce fait, il est très facile de quitter le jeu lorsque nous ratons un parcours pour recommencer notre progression là où nous l’avions laissé sans avoir besoin de tout reprendre depuis le début, facilitant ainsi notre progression durant ce test, mais ruinant le côté rogue-lite du titre.
Mais il est maintenant temps de rentrer dans le vif du gameplay. Notre personnage possède en tout et pour tout trois clubs : le driver, le fer et le wedge. Chacun de ces articles coûteux aura son utilité. Ainsi le driver saura nous emmener loin en adoptant un angle de tir optimal proche des 45°, le fer, quant à lui, partira fort sur des trajectoires tendues tandis que le wedge nous offrira des angles bien plus grands pour ainsi passer au-dessus des obstacles les plus hauts.
Une fois notre club choisi, nous n’aurons plus, à l’aide de la jauge à remplir, qu’à choisir la force que nous appliquerons ainsi que l’angle de frappe. Le début de la trajectoire est alors visible et nous savons toujours avec précision comment partira notre balle. Notons qu’une fois en mode frappe, la caméra ne se déplace plus que très légèrement, nous interdisant ainsi de savoir trop précisément comment se comportera notre balle, ajoutant ainsi beaucoup de tension sur chacune de nos frappes.
Les surcouches qui changent tout
Mais comme si cela ne suffisait pas, les développeurs de chez Chuhai Labs se sont dit qu’ajouter une couche de gameplay à ce qui est déjà une réussite serait une bonne idée. Il y a tout d’abord les niveaux maudits. Chacun de ces niveaux possède une malédiction qui lui est propre. Cette malédiction se charge durant notre progression, puis se lance. Nous avons alors droit à des vents de travers venant repousser notre balle, classique, ou alors nous nous retrouvons avec un niveau dont la gravité s’est soudain inversée, le haut devant le bas et inversement, moins classique et diablement perturbant la première fois que nous rencontrons cette malédiction.
Et enfin, cerise sur le tee, dernière mécanique qui va complètement rebattre les cartes de nos parties en y ajoutant de la stratégie et du skill, mesdames et messieurs, voici venir rien que pour vous, sous vos yeux ébahis : les cartes à jouer. Ces cartes, que nous pouvons acheter ou récolter durant notre aventure, sont utilisables avant de lancer l’un de nos coups. Leurs effets changent radicalement le déroulement de nos lancers. Il y a la balle fusée, qui permet de contrôler la balle en plein vol, ou le changement de direction, qui en plein vol nous permet de modifier complètement sa trajectoire dans un slow motion haletant et il existe bien d’autres cartes dont nous vous laissons le plaisir de la découverte. Le gameplay en devient ultra complet et surtout ultra addictif.
La partie technique n’est pas en reste. Le pixel art est de toute beauté avec un premier et un second plan très détaillés. Les quatre biomes disponibles renouvellent à chaque fois notre expérience de jeu en ajoutant de nouveaux pièges à ceux déjà présents. La bande-son, si elle est un peu en retrait par rapport à tout le reste, est toutefois très satisfaisante et se laisse facilement écouter sans jamais gêner des parties qui nous scotchent vite à nos sièges. Les petits détails qui font du bien sont présents sur ce titre pour encore un peu plus le peaufiner. Un classement mondial vient nous montrer à quel point nous sommes insignifiants et un classeur nous permet de stocker nos cartes en cours de tentatives pour les récupérer lors d’un essai prochain.
Conclusion
Pour un peu moins de 20 €, les développeurs de Chuhai Labs ont mis au point, avec Cursed to Golf, un grand jeu mêlant astucieusement les mécaniques des jeux de golf avec celles des rogues lite. Sa conception procédurale est efficace et nous offre des niveaux énormes, ses graphismes sont une vraie réussite et surtout son gameplay est on ne peut plus complet avec des mécaniques qui se superposent harmonieusement pour nous permettre de faire preuve à la fois de tactique, mais aussi d’habilité et de réflexes. Une très bonne pioche dans le monde du jeu indépendant qui se laisse apprécier autant sur des parties courtes que sur sessions plus longues.
LES PLUS
- Les graphismes en pixel art sont colorés et détaillés
- La bande-son nous accompagne agréablement durant nos sessions
- Le gameplay est ultra complet
- La partie tactique n’a rien à envier à la partie skill
- La conception procédurale des niveaux est efficace
- Le système de cartes à jouer ajoute beaucoup de tactique, mais demande aussi de l’habileté
- La narration est amusante
- Les mécaniques de rogues lite sont parfaitement maîtrisées
- Le classement en ligne nous rend bien humbles
- La sauvegarde auto permet de quitter sa partie en cours pour la reprendre à tout moment
LES MOINS
- Le titre s’est montré instable lors d’une session de jeu, heureusement sans grande conséquence
- La sauvegarde auto peut ruiner complètement le côté rogue lite