Quand nous pensons au mélange entre le rogue-lite et le deckbuilder, nous avons forcément une pensée émue pour Slay the Spire. Cet excellent jeu avait démontré les talents d’Humble Games en tant qu’éditeur de jeux indépendants, mais, par la même occasion, avait sonné le glas sur la période dorée d’Humble Bundle, devenu dorénavant un site mercantile comme les autres. Ce fameux mélange entre le rogue-lite et le deckbuilder a ensuite fait son chemin, avec des jeux comme Dicey Dungeon ou l’étonnant Inscryption, qui repoussait les limites du genre et du jeu vidéo.
Wildfrost est donc un rogue-lite et un deckbuilder qui scelle la rencontre entre Will Lewis, le créateur du très complexe mais néanmoins réussi Caveblazers, et Gaziter, qui était en charge des graphismes de l’excellent Forager. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons accueilli Wildfrost, disponible depuis le 12 avril 2023 au prix alléchant de vingt euros sur l’eShop. Arrivera-t-il à combler à toutes nos attentes ? C’est ce que nous allons voir.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un bon niveau en anglais est nécessaire pour jouer à Wildfrost.
Un gameplay vraiment complet et addictif
Dans Wildfrost, le monde est en proie à une tempête glaciale qui bloque les habitants de notre village et les condamne à vivre dans un isolement le plus total. C’est à nous, héros téméraire et un peu suicidaire, de braver le blizzard afin de comprendre le mal qui ronge le monde.
Wildfrost est un mélange entre le rogue-lite et le deckbuilder, un genre de jeu où la mort est omniprésente et où nous devons construire un nouveau deck à chaque nouvelle partie.
À ce titre, Wildfrost est un jeu au gameplay extrêmement classique et qui ne surprendra pas les habitués du genre. C’est un jeu avec un scénario prétexte, et ne vous attendez pas à découvrir une histoire comme l’avait fait Inscryption.
Nous débutons la partie avec le choix de notre héros. Celui-ci est créé aléatoirement parmi les trois classes disponibles, ce qui donne souvent lieu à des choix cornéliens. Les classes ont chacune leurs spécificités et, forcément, une façon de jouer différente. D’un côté il y a les « Snowdwellers » (le jeu n’est pas traduit), qui maitrisent les éléments (poison, neige, etc.). De l’autre, nous avons les « Shademancers » qui peuvent invoquer des créatures très utiles pour nous protéger. Finalement, nous avons les « Clunkmasters », des gnomes qui peuvent fabriquer des objets très pratiques pour le combat.
Les trois classes possèdent plusieurs styles de combat et sont tous aussi intéressants les uns que les autres. Nous aurions peut-être espéré plus de classe, mais nous préférons largement un jeu qui privilégie la qualité à la quantité.
Les combats se déroulent sur une sorte de champ de bataille avec deux lignes de trois cases pour les deux joueurs. Nous plaçons d’abord notre héros, puis le combat débute et nous devons jouer une des cartes parmi notre main. Cela peut être les compagnons que nous rencontrons au fil de notre partie, ou alors des attaques que nous envoyons aux ennemis, ou même des effets pour nous renforcer.
Dans Wildfrost, le système de pioche est très bien pensé. Nous devons jouer avec notre main pendant plusieurs tours avant de la défausser intégralement et de repiocher dans la même réserve de cartes. Ce choix original nous oblige à veiller attentivement à la composition de notre deck.
Une fois qu’une carte est sur le plateau, nous pouvons la déplacer librement jusqu’à la fin du tour. Cela nous donne une grande marge de manœuvre pour déployer notre stratégie. Nous pouvons aussi choisir de ramener une carte du plateau dans notre deck (sauf notre héros) afin de la soigner. Nous perdons quand notre héros perd toute sa vie.
Un jeu avec une rejouabilité quasiment infinie
Les ennemis arrivent par vague, et notre objectif à chaque combat est de réussir à tuer le boss. Cette idée simple est diablement efficace. Nous nous retrouvons régulièrement à hésiter sur la meilleure stratégie à adopter. Parfois nous préférerons attaquer les sbires qui rapportent de l’argent à leur mort, alors que dans d’autres moments souvent critiques, nous tenterons à tout prix de tuer le boss pour terminer le combat au plus vite.
En plus des combats, nous avons à choisir entre deux chemins qui nous donneront des récompenses diverses et variées pour compléter et améliorer notre deck. Nous pourrons, par exemple, obtenir des charmes qui permettent de renforcer nos cartes. Nous pourrons aller à la boutique afin de dépenser l’argent durement gagné afin d’obtenir de nouvelles cartes, des charmes, mais aussi une couronne qui nous permet d’avoir la carte de notre choix dans notre main au début du combat.
Ces objets que nous récupérons sont très aléatoires et laissent parfois trop de place au hasard dans nos parties. Nous pouvons parfois avoir des charmes inutilisables ou qui diminuent la puissance de nos cartes. Cet aléatoire parfois trop grand est l’un des seuls défauts d’un jeu pourtant excellent dans son gameplay.
À chaque fois que nous mourons, ou alors que nous gagnons une partie (ce qui arrive bien plus rarement), nous accomplissons des quêtes diverses et variées qui permettront d’augmenter le niveau des bâtiments dans notre village. Ceux-ci donnent accès à de nouveaux charmes, à de nouveaux compagnons, à de nouvelles cartes, etc.
En plus de donner un vent de fraicheur au jeu, ses quêtes nous amènent intelligemment à essayer de nouvelles façons de jouer au lieu de rester sur nos presets favoris. C’est grâce aux quêtes que nous sommes allés expérimenter les « Shademancers » et finalement gagner notre première partie. Malgré tout, certains joueurs qui n’aimeraient pas le rogue-lite pourrait quand même être fatigué par cette répétitivité qui est inhérente au genre.
Le gampelay de Wildfrost, même s’il est infiniment classique, est extrêmement agréable et addictif. Il repose sur notre capacité à faire les bons choix au bon moment. Il est tout aussi jouissif de réussir un coup que frustrant de réaliser la petite erreur nous amène au game over. Wildfrost est le genre de jeux qui nous tient éveillé la nuit, capable de nous happer pour une partie… ou même plus.
La difficulté est relevée, assez pour nous arracher les cheveux, tout en restant assez agréable et accessible pour que nous ayons envie de perdre encore et encore jusqu’au moment incroyablement gratifiant de notre première victoire. À titre de comparaison, nous avons perdu plus d’une vingtaine de fois avant d’arriver jusqu’au boss final.
Une direction artistique au top
Que dire d’autre hormis que Wildfrost est un jeu quasiment parfait, qui propose une expérience vraiment agréable et addictive ? Nous pourrions vous expliquer plus longuement le gameplay, mais nous ne voulons pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
La durée de vie et la rejouabilité sont, par définition, infinies. Même après notre première victoire, le jeu continue de se renouveler et d’apporter, si nous le souhaitons, plus de difficulté. Pour vingt euros, c’est vraiment un ratio plus qu’intéressant. De plus, Wildfrost propose un défi quotidien pour vous mesurer avec les joueurs du monde entier.
La Nintendo Switch est parfaite pour ce jeu. Que ce soit en mode docké et surtout en mode portable, nous avons apprécié cette version totalement tactile qui donne vraiment de très belles sensations. Nous remarquons que les développeurs se sont appliqués sur cette version qui est ergonomique et agréable.
Les graphismes sont excellents, nous sentons la patte de Gaziter, et les créatures sont certes classiques mais très réussies. La bande-son est aussi au top, avec des musiques entraînantes qui nous font passer un excellent moment.
Un point noir, tout de même : Wildfrost n’est pas traduit en français pour le moment. Il vous faut quelques bases en anglais pour pouvoir profiter de cette formidable aventure. Les développeurs assurent cependant sur leur site qu’ils réfléchissent à la possibilité de localiser leur jeu. Croisons les doigts.
Conclusion
Si vous maîtrisez l’anglais, que vous aimez les rogue-lites ou les deckbuilders, et que vous avez vingt euros sur vous, alors n’hésitez pas : Wildfrost est un jeu pour vous. Son gameplay à la fois complet et addictif vous promet des heures et des heures de plaisir sur votre console. La version sur la Nintendo Switch, entièrement tactile, est un plaisir en main et nous nous demandons même si elle n’est pas meilleure que la version PC. La direction artistique est elle aussi une réussite et tire le jeu vers le haut. Attention cependant, le jeu n’est pas disponible en français.
LES PLUS
- Une réussite sur tous les plans
- Un gameplay vraiment addictif
- Des bonnes idées de partout
- Difficile et à la fois accessible
- Entièrement tactile !
- Une durée de vie quasi infinie…
- … Et une grande rejouabilité même après la première victoire
- Complet
- Des quêtes pour nous forcer à tenter de nouveaux gameplays
- Une très bonne bande-son
- Des bons graphismes
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Seulement trois classes (mais toutes intéressantes)
- Une répétitivité inhérente au genre
- Parfois un sentiment que l’aléatoire prend trop souvent le dessus
- Une difficulté qui peut rebuter certains joueurs
- Un peu classique ?
J’aime beaucoup ce jeu mais, personnellement, je ne l’ai pas trouvé aussi difficile que dit ce test. Je le trouve même plutôt trop simple. Je suis peut être habitué au roguelike et au deckbuilding, mais c’est plutôt facile de faire des combos ultra craqués dans ce jeu et de rouler sur les combats.
J’ai à peu près gagné toutes mes parties pour le moment. Seul le twist du boss de fin, que je ne spoilerai pas, me fait me quelque peu frémir. Mais il y a pour moi trop peu de sentiment de progression et d’enjeu, si ce n’est de débloquer des cartes et d’avoir envie de tester de nouvelles combinaisons. Le jeu n’en reste pas moins très agréable et satisfaisant.
Je n’ai pas encore testé les modificateurs, je parle du jeu tel quel.
Bonjour Yohann. J’écris toujours mes tests pour le plus grand nombre.
Je suis moi-même un habitué des roguelikes deckbuilding. Je connais beaucoup de personnes pour qui le concept de perdre et perdre pour apprendre les mécaniques « à la dure », et bien, ça ne leur plaît pas. De mémoire, il m’a fallu une dizaine de parties pour gagner la première fois. Et je sais pertinemment que je ne recommanderai pas Wildfrost à ces personnes qui veulent la victoire rapidement. Je trouve ce roguelike plus relevé par exemple qu’un Balatro ou La Chance du Locataire, moins accessible qu’un Fight in Tight Spaces (mais plus simple qu’un One Step From Eden !).
Pour le sentiment de progression, je peux comprendre, beaucoup de roguelike donne ce sentiment et c’est souvent à nous, joueurs, de trouver de la motivation après les premières victoires.
Merci de votre commentaire, au plaisir de discuter jeu vidéo 🙂
LarryL
Ha oui, j’ai regardé plusieurs critiques qui relèvent sa grande difficulté, ça m’étonne quand même un peu, j’ai gagné dès ma 2e run et les seules défaites que j’ai eue étaient des erreurs d’inattention ou des abandons par flemme (je regrette). Pour le reste j’ai souvent eu l’impression de gagner assez facilement, le jeu m’a souvent permis de créer des équipes dévastatrices et de faire des combos à 100 dégâts voire 200, il m’arrive même souvent de sonner la cloche pour tuer plus rapidement les ennemis. Je ne dis pas ça par frime, je suis réellement étonné hahaha
Avec les couronnes on peut set up facilement ses combos tour 1 et prendre beaucoup d’avance, les charmes sur les bonnes cartes aident beaucoup aussi, enfin il y a quand même pas mal d’outils pour nous rendre craqué.
Mais j’entends ce que tu dis, c’est le genre de jeu qui peut rebuter si on est vite frustré, on entend souvent ça à propos des rogue-likes d’ailleurs. Et ce que je ne dis n’enlève en rien pour moi les qualités de ce jeu, je m’amuse de créer des équipes monstrueuses en essayant d’axer ma stratégie sur un nouveau voyageur qui me plait. Ce jeu est vraiment satisfaisant.
C’aurait juste être agréable que le jeu se dévoile petit à petit à la manière d’Hades, où du moins j’espère qu’après avoir tapé plusieurs fois le boss de fin, le jeu m’offrira un peu plus. Pour l’instant chaque écran de victoire se solde par un « Victory? » donc je suis tenté d’imaginer que quelque chose se prépare. Seulement ce n’est pas très clair. Là où dans Hades on sait que le jeu nous réserve des choses, ici on est tenté de se dire qu’on a fait le tour dès qu’on a gagné avec les 3 factions. Quelques événements et twists supplémentaires ne seraient pas de refus.
Débloquer les modificateurs dés les premières parties n’aide pas non plus, ça m’a donné l’impression d’avoir fini le jeu très vite.
Merci pour ta réponse, désolé de venir vanter mon immense talent dans tes commentaires hahaha Je serais juste curieux de voir si d’autres personnes pensent comme moi, car je ne lis que des critiques qui mettent en avant sa grande difficulté.
edit : ok je viens de faire une run ultra tendue, peut être ai-je été chanceux les fois d’avant ?
Haha, pas de soucis, tu peux venir te vanter quand tu veux. Après, je viens de checker sur le net, il faut savoir qu’on teste un jeu sur la 1.0 (voire parfois avant) et que depuis, les développeurs ont fait des mises à jour afin d’équilibrer et de simplifier le jeu. Je vois par exemple que la 1.1 retire les blessures des compagnons. (« In an effort to balance the gameplay, we’ve lessened the base game difficulty ») . Et des cartes ont été ajoutées.
Cela explique peut-être le décalage entre l’expérience au moment du test et celle qu’on peut avoir aujourd’hui.
Après, effectivement, ça aurait été l’idéal d’avoir un jeu à la Hades… mais bon Hades est un chef-d’œuvre… et il n’y a pas tant de chefs-d’œuvre dans le monde vidéoludique !
Et je suis d’accord, le contenu peut sembler faible, malgré le plaisir que le jeu procure, je suis un peu déçu de voir le peu de contenu apporté depuis sa sortie (un an). Mais cela reste un jeu très plaisant à faire.