Après Thunder Kid: Hunt for the Robot Emperor et Thunder Kid II: Null Mission, Renegade Sector Games revient avec un troisième jeu de shoot : Escape from Terror City. Comme les deux premiers, Escape from Terror City est un jeu de tir à la troisième personne inspiré des grands classiques du style « run-and-gun », mais retournant la perspective derrière le héros, le tout présenté dans des graphismes rétro en « low-poly » !
Escape from Terror City est le fruit de Renegade Sector Games, un studio indépendant composé principalement d’une seule personne, Paul Schneider. En plus de Thunder Kid 1 et 2, et de l’opus du jour, Paul a développé Diorama Dungeoncrawl – Master of the Living Castle, un plateformer 3D dans le même style graphique et Breakneck City, un beat ‘em up qui garde aussi cette esthétique.
L’ennui, c’est l’enfer du jeu vidéo
L’histoire se résume à une série de textes plats et mal intégrés entre les niveaux. Vous incarnez un soldat anonyme qui doit s’échapper de Terror City, une zone en guerre, après que des extraterrestres ont pris le contrôle de la ville. Ce scénario simpliste aurait pu fonctionner dans un contexte rétro si et seulement si, il était porté par une narration un peu plus poussée ou une mise en scène intéressante. Malheureusement, le jeu n’exploite ni son univers ni son ambiance.
Le principe est simple : Chaque niveau consiste à se frayer un chemin à travers des vagues d’ennemis tout en cherchant la sortie. Si sur le papier, cela rappelle les classiques comme Zaxxon, dans la pratique, l’exécution est désastreuse. Le gameplay répétitif, la difficulté abusive et les environnements sans vie enlèvent rapidement toute envie de continuer.
Le gameplay souffre de contrôles approximatifs et d’une caméra mal placée, rendant l’action confuse. Le tir en vue isométrique manque de précision, et les ennemis, souvent placés hors champ, frappent le joueur avant même qu’il ait une chance de réagir. Les niveaux sont linéaires et répétitifs, les mécaniques d’exploration étant quasi inexistantes. Les vagues d’ennemis se ressemblent toutes, et la variété des armes ou des power-ups est si limitée qu’on se demande pourquoi ils sont inclus. Le système de vie et de checkpoint est également mal pensé, punissant injustement les erreurs et forçant à recommencer des sections entières.
Comme dit plus haut, la maniabilité est l’un des plus gros points faibles du jeu. Les commandes manquent de réactivité, et le stick analogique de la Switch peine à gérer les mouvements précis dans une vue isométrique. Cela transforme chaque affrontement en une bataille contre les contrôles, plus que contre les ennemis eux-mêmes.
Finir l’enfer avec un coupe-papier
La difficulté dans Escape from Terror City est l’un des aspects les plus mal équilibrés du jeu. Ce n’est pas tant une difficulté bien pensée qui pousse le joueur à s’améliorer ou à développer des stratégies, mais plutôt une accumulation de choix de conception frustrants. Les ennemis apparaissent souvent de manière imprévisible ou se placent hors du champ de vision, rendant leur élimination aussi frustrante qu’aléatoire. Les tirs ennemis semblent parfois impossibles à esquiver, notamment à cause des commandes imprécises et d’une caméra isométrique qui gêne plus qu’elle n’aide.
La difficulté est aggravée par un système de checkpoints minimaliste et punitif. Mourir signifie généralement recommencer des sections entières, ce qui, combiné à des contrôles peu réactifs, rend l’expérience exaspérante. Cela ne donne pas l’impression de surmonter un défi, mais plutôt de lutter contre un système mal conçu.
Certains joueurs pourraient voir dans cette difficulté un défi « old-school », mais cela tient davantage de la frustration que d’un hommage authentique aux classiques du genre. Le sentiment général est qu’au lieu de récompenser les compétences du joueur, le jeu le punit pour des erreurs souvent causées par ses propres défauts techniques et son manque de lisibilité.
Le mauvais goût ne s’invente pas
La bande-son est répétitive et monotone, composée de boucles musicales qui deviennent rapidement agaçantes. Les bruitages, censés rappeler les classiques rétro, sont au mieux médiocres et au pire irritants. La direction sonore manque cruellement de dynamisme, laissant l’ensemble sonore terne et sans impact.
Les graphismes en low-poly, censés évoquer l’esthétique rétro des années 90, semblent datés non pas par choix artistique, mais par manque de moyens. Les textures sont grossières, les environnements génériques, et le bestiaire ennemi peu varié. Les animations rigides et les effets spéciaux simplistes n’aident pas à améliorer le ressenti global.
Le level design est tout aussi mal pensé et peu inspiré. On peut, à certains moments, changer de direction pour découvrir une autre parcelle d’un niveau. Mais dans les faits, les ennemis sont si identiques que ça ne change presque rien. On peut sauter, mais ce n’est jamais utile. On avance dans des mini salles ou on est bloqué par une barrière imaginaire qui ne se dissout que lorsque l’on a vidé l’écran d’ennemis.
Quelques soins peuvent être récupérés lors de l’annihilation des ennemis, mais, comme pour symboliser le manque d’originalité du jeu complet, ce sont de simples morceaux de viande. On notera pour finir les boss, avec toujours 2 à 3 patterns qui bouclent, qui sont au final de gros sacs à PV qui ne proposent comme difficulté que la patience pour en venir à bout une fois les mécaniques détectées.
Le pire dans tout ça, Escape from Terror City reprend des plans complets de Thunder Kid: Hunt for the Robot Emperor et Thunder Kid II: Null Mission. Même niveau reskiné, même boss sans modification, on est à deux doigts de l’auto plagiat.
Avec une poignée de 4 niveaux, le jeu peut théoriquement être terminé en 30 minutes. Cependant, la frustration causée par les contrôles et la répétitivité des niveaux rend chaque minute pénible. Une durée de vie courte n’est pas nécessairement un défaut, mais ici, elle reflète un manque de contenu et de finition. Pour les plus courageux qui ne sont pas dotés du don d’omniscience, le jeu se termine en deux heures maximum.
Escape from Terror City est disponible uniquement sur l’eShop de la Nintendo Switch. Le jeu est uniquement en anglais.
Conclusion
Escape from Terror City avait un potentiel, mais il échoue à livrer une expérience amusante ou engageante. Au bout de trois jeux presque identiques, les développeurs ont changé de gameplay, c’est dire que même eux ne sont pas satisfaits de leur propre jeu. Entre des graphismes datés, une difficulté aussi frustrante que le gameplay, une bande-son irritante, et une durée de vie risible, le jeu n’a que très peu à offrir. Renegade Sector Games fait pire à chaque nouvelle sortie, c’est un exploit qui ne mérite aucune louange.
LES PLUS
- L'esthétique rétro isométrique qui aurait pu évoquer les jeux des années 90
LES MOINS
- Difficulté mal équilibrée et frustrante
- Commandes imprécises rendant le gameplay rigide
- Caméra isométrique mal exploitée
- Ennemis imprévisibles et mal placés
- Checkpoints punitifs
- Une durée de vie courte
- Scénario quasi absent
- Manque flagrant de polish