Annoncé l’été dernier lors d’un Nintendo Direct, The Hundred Line: Last Defense Academy est le dernier titre en date du studio Too Kyo Games, associé à Media.Vision pour le développement et à Aniplex et XSEED pour la localisation. Too Kyo Games est un studio composé d’anciens membres de Spike Chunsoft et chapeauté par le créateur de la série Danganronpa. Le style d’intrigue ou de design des jeux du studio est d’ailleurs très proche de ce que propose Danganronpa et semble souvent y faire référence voire donner à chaque nouveau titre des allures de suite spirituelle à celle-ci. Ainsi, en ce mois d’avril 2025 c’est au tour de The Hundred Line: Last Defense Academy de sortir sur Nintendo Switch et nous avons pu poser nos Joy-Con sur cette nouvelle production d’un genre un peu différent de Danganronpa.
Plus de cent lignes en anglais
Avant même de lancer le jeu, la première déception à l’écran titre, c’est de constater la collaboration avec XSEED proposant ainsi une traduction uniquement en anglais du jeu. Une surprise puisque les trois précédents jeux consoles de Too Kyo Games ont été traduits en de nombreuses langues dont le français. L’association avec IzanagiGames a permis la traduction de Death Come True et de World’s End Club tandis que le retour chez Spike Chunsoft a permis la traduction de Master Detective Archives: Raincode. Une mauvaise pioche d’éditeur cette fois-ci, certainement motivée par de récents soucis financiers enregistrés chez Too Kyo Games, mais cette traduction uniquement anglaise ne permettra certainement pas de faire de meilleurs chiffres. Nous ne pouvons que prier pour que le studio puisse survivre à cela.
En ce qui concerne ce nouveau récit de Too Kyo Games, nous incarnons un jeune lycéen dans un environnement rappelant beaucoup le Japon moderne. Notre héros se nomme Takumi Sumino, il est réveillé par la famille pour le petit déjeuner et se prépare pour aller en cours. Son amie d’enfance la jeune Karua Kashimiya est également de la partie et la mère de notre héros lance quelques insinuations pour taquiner le jeune couple qui ne veut pas se l’avouer, cliché classique du manga japonais. Alors que Takumi et Karua sont en route pour le lycée, une alerte retentit en ville et semble terroriser Karua. L’alerte semble faire partie du quotidien des habitants de la ville qui semblent avoir même oublié pour quelle raison celle-ci retentit. Toujours est-il qu’à son retentissement, il semble recommandé d’évacuer vers des abris spécifiques, ce que fait notre jeune couple.
Alors que cette nouvelle alerte ne semble être qu’un ultime avertissement à blanc, en sortant de leur abri un chien embête nos deux personnages. S’ensuit une course poursuite nous emmenant dans un mystérieux endroit ruiné de la ville où nous faisons la rencontre d’un genre de spectre nommé Sirei. Celui-ci nous refile un genre de petit katana et nous qualifie d’élu alors qu’une nouvelle alerte retentit. En sortant vérifier et en retrouvant Karua, nous constatons l’apparition d’étranges entités attaquant la ville et tuant ses habitants. Dans cette attaque, Karua et Takumi sont en mauvaise posture. Sirei réapparaît alors pour motiver Takumi à s’enfoncer la lame dans le cœur et libérer ses pouvoirs s’il veut sauver son amie. En suivant cette instruction, nous découvrons ainsi le pouvoir de l’Hémoanima suite à une animation sanglante et notre héros se découvre un nouveau look et des pouvoirs surnaturels.
Après un premier combat contre les étranges créatures, alors que nous parvenons à stabiliser la situation et que notre héros se livre à des citations poignantes et naïves du genre à son amie d’enfance, Sirei met fin à la scène. Il tire ainsi notre héros via une étrange force et l’emmène de force vers un complexe scolaire rappelant les écoles confinées des jeux Danganronpa. Autre similitude, en nous réveillant nous retrouvons d’autres jeunes inconnus dans une étrange salle de classe avec Sirei apparaissant à n’importe quel moment pour nous expliquer les choses. Pourtant, nous ne sommes pas dans la perspective de nous livrer à un genre de Battle Royale avec des affaires de meurtre à résoudre. À l’inverse, il semblerait que nous soyons le dernier espoir de l’humanité et que les fameuses entités en veulent à ce que renferme l’établissement dans lequel nous sommes.
Selon Sirei, si elles s’en emparent, l’humanité est vouée à l’extinction immédiate et notre groupe de jeunes adolescents ont ainsi appelé à s’enrôler pour une centaine de jours dans cette ultime ligne de défense de l’école. Alors même que l’introduction de Sirei se termine, une alarme retentit indiquant une attaque ennemie que nous devons refouler. Notre groupe est formé d’une belle dizaine d’individus qui ne se connaissent pas du tout et seuls 3 individus répondent à l’appel au combat de Sirei. Le quatrième étant notre protagoniste alors que les autres sceptiques quant à la situation restent bien au chaud dans la salle de classe. C’est comme ça que démarre The Hundred Line: Last Defense Academy qui propose un récit étiré sur un quotidien de 100 jours des différents personnages au sein de cette école luttant pour l’humanité. Le chiffre a une autre importance puisque les développeurs nous promettent aussi une belle centaine de fins de jeu selon ce que nous ferons en jeu.
La durée de vie est similaire à ce que les développeurs nous ont habitué jusqu’à présent : une belle trentaine d’heures voire plus pour les joueurs qui souhaiteront tout voir et débloquer. La surprise de ce nouveau titre est de ne pas proposer une expérience narrative avec quelques petites mécaniques dynamiques pour captiver et immerger son public. Avec The Hundred Line: Last Defense Academy, nous avons une composante narrative couplée à un système ressemblant à du Tactical-RPG au tour par tour. Dans tous les cas, la partie narration est assez dense et il est d’autant plus dommage que la localisation par XSEED ne propose uniquement que l’anglais. Il appartient ensuite à chacun de jouer le jeu à sa façon et se laisser emporter ou non par ce récit à la fois générique du genre avec tout de même ses surprises et ses twists dépendamment de l’orientation que prendra notre progression.
Exploration scolaire, jeu de plateau et stratégie
Notre quotidien de 100 jours est rythmé entre des jours de quartier libre à explorer l’établissement scolaire, la possibilité d’explorer les alentours façon jeu de plateau et les différentes batailles à mener liées au scénario ou simplement pour renforcer nos personnages. Nous avons 2 quartiers libres par jour : le matin et l’après-midi. L’établissement solaire est divisé en plusieurs étages avec des salles à explorer. L’établissement semble modélisé sur une base 2,5D mais l’exploration se fait sur un seul plan en 2D. Nous pouvons y croiser les autres adolescents de notre classe, nous pouvons leur parler voire passer un certain temps de nos quartiers libres avec eux pour booster nos compétences intellectuelles. Nous pouvons ainsi améliorer nos compétences linguistiques, mathématiques, scientifiques, sociales ou physiques. Cela a une influence sur notre capacité à débloquer et booster les compétences de combat de nos différents personnages.
Le matin, nous pouvons choisir d’aller à l’entrée de l’établissement pour sortir de l’enceinte de l’école et explorer les ruines aux alentours. Uniquement disponible le matin, lancer une exploration vous fera perdre une journée entière. L’exploration se fait sous la forme d’un genre de jeu de plateau avec des cartes à tirer représentant le nombre de cases que nous pouvons parcourir. Chaque case est liée à un évènement ou des ressources à récupérer voire même à une attaque ennemie. Notons que la vie des personnages de notre groupe se conserve jusqu’à ce que nous ayons l’occasion de pouvoir rentrer à l’école. Ainsi, certains évènements ou affrontements d’ennemis peuvent nous faire perdre des PV, d’autres événements peuvent nous soigner légèrement. Certains événements de l’histoire incombent que nous explorons l’extérieur de l’école jusqu’à une certaine case. En avançant, nous pouvons effectuer une exploration simple et annuler la phase de plateau pour uniquement récupérer des récompenses aléatoires.
Au-delà de l’exploration de l’école et des extérieurs, alors que l’histoire avance, les entités finissent toujours par revenir attaquer l’école et nos protagonistes se plantent alors une dague au cœur pour éveiller le pouvoir de l’Hémoanima. Une fois sur le champ de bataille, notre gameplay est rythmé en deux phases : une phase joueur et une phase ennemie. Nous avons un certain nombre de PA que nous pouvons utiliser pour effectuer une action avec un de nos protagonistes. Le premier déplacement d’un personnage durant notre tour d’action est normal, nous pouvons ainsi nous déplacer sur un certain nombre de cases puis définir une attaque à effectuer, se mettre en défense ou juste terminer un déplacement. Il est possible de bouger et jouer plusieurs fois un même personnage en une même phase d’action mais son déplacement sera très limité après le premier mouvement.
Les attaques, leurs effets et leur portée diffèrent selon les techniques mais aussi d’un personnage à l’autre. Certains ennemis vaincus nous donnent également des PA permettant ainsi de poursuivre nos actions. Nous pouvons aussi décider de conclure notre phase sans utiliser tous nos PA. À ce niveau, les mécaniques ne sont pas si différentes des autres jeux de stratégie japonais du genre. Dans les petites originalités, The Hundred Line: Last Defense Academy propose une gestion de jauge Voltage qui se remplit à chaque dégât encaissé, attaque donnée ou ennemi vaincu. Nous pouvons la remplir à plus de 100% mais en utilisant 100% nous pouvons effectuer une puissante technique propre à chaque personnage et utile pour vaincre de nombreux ennemis en une fois. Nous pouvons aussi utiliser 100% de la jauge pour booster un personnage. Soulignons aussi la possibilité d’utiliser notre puissante technique en “Dernier recours” lorsque notre personnage n’a plus beaucoup de PV et qu’il est dans le rouge.
Comme son nom l’indique, le “Dernier recours” est une ultime puissante attaque et son utilisation se fait au sacrifice de l’unité qui l’utilise. L’issue des combats dépend ainsi de notre bonne gestion de nos personnages sur le champ de bataille, couplée à une bonne utilisation de leur technique sans oublier une bonne optimisation de l’usage du Voltage pour abattre le plus d’ennemis possible et ainsi potentiellement reprendre l’ascendant sur l’affrontement. En avançant, d’autres subtilités s’ajoutent et des nouvelles infrastructures de l’école se débloquent également pour étoffer un peu plus l’expérience. Nous débloquons rapidement la possibilité de jouer des combats virtuels pour accumuler des points à attribuer sur nos techniques et les renforcer. Nos personnages n’ont pas de niveau et de stats à proprement parler comme nous pouvons avoir l’habitude de voir dans un Tactical-RPG. Nous pouvons juste renforcer nos techniques et certains renforcements nécessitent de se rapprocher de certains personnages et monter nos stats intellectuelles.
Terminons sur l’enrobage du jeu. En termes de réalisation, nous sommes clairement sur une inspiration de la licence Danganronpa. Bien qu’en 2.5D, l’exploration scolaire ressemble au précédent jeu cité avec différentes salles que nous pouvons explorer et dont les éléments apparaissent progressivement de la même manière. Le même style cel-shading type manga/anime avec modèle 3D plutôt propre et une expérience globale fluide. Dommage que ce soit plutôt vide et que nous fassions très vite le tour des environnements par manque de variété visuelle. Les champs de bataille sont également toujours le même type d’arène et rien qui ne soit très gourmand pour la Switch. Ceci dit, les animations des techniques spéciales et les cinématiques très sanglantes sans censure sont très jolies. Soulignons la participation de Rui Komatsuzaki, illustrateur et chara-designer, ainsi que de Masafumi Takada, compositeur pour la série Danganronpa. Cela nous explique ainsi la même ambiance sonore unique avec des musiques globalement bonnes, parfois génériques, mais un doublage japonais qui est toujours de qualité.
Mentionnons un casting de personnages hauts en couleurs avec des expressions, des traits et stéréotypes de personnage tout aussi uniques. Pour un non-connaisseur, la réalisation et les musiques fonctionnent pour donner une identité propre à The Hundred Line: Last Defense Academy. Pour un fan de Danganronpa, nous avons juste l’impression d’avoir un ultime clone avec une intrigue différente et la petite originalité d’avoir une expérience tactique plutôt qu’un Visual Novel avec exploration puis résolution de meurtre. Un clone que certains arriveront à apprécier tandis que d’autres commenceront à se lasser aux premières heures et sentir que les développeurs tournent en rond dans la proposition. Les développeurs eux-mêmes en sont certainement conscients et jouent le jeu en entrant dans l’autodérision avec des personnages faisant référence à leur précédent jeu pour s’en moquer. Pourtant, nous ne pouvons que conseiller les fans à lui donner une chance, l’expérience se veut bien plus profonde avec des dénouements nombreux et suffisamment surprenants pour tenir en haleine et surprendre.
The Hundred Line: Last Defense Academy est disponible sur l’eShop au prix de soixante euros.
Conclusion
Voici l’ultime proposition Nintendo Switch de Too Kyo Games et l’équipe de Danganronpa. Le jeu est potentiellement la dernière ligne de défense pour le studio et globalement nous avons une expérience plus que satisfaisante dans les intrigues et dénouements proposés. Puis les mécaniques de style Tactical fonctionnent à délivrer quelque chose de légèrement différent de ce que le studio à l’habitude de nous donner. Pourtant, la formule fait surtout mouche pour un nouveau joueur qui sentira bien mieux l’humour particulier, l'atmosphère malsaine, la réalisation originale et unique des jeux du studio. Cependant, avec une traduction uniquement anglaise, une bonne partie de ces joueurs se tourneront vers d’autres productions. Nous leur conseillons d’ailleurs Rain Code, le précédent jeu du studio sur Switch et en français. Laissant ainsi seuls les fans de Danganronpa toujours ravis de retrouver un nouveau jeu de l’équipe mais dont la réalisation commence à être connue, donnant un côté moins unique mais pas moins appréciable puisque l’intrigue vaut la peine de s’attarder à tenter de voir les différentes fins. À vous de décider de rejoindre ou non cet appel d’ultime défense du studio sur Nintendo Switch.
LES PLUS
- La réalisation cel-shading sanglante, propre et fluide
- Le chara-design de Rui Komatsuzaki
- Des personnages hauts en couleur
- L’autodérision et l’humour particulier
- Les mécaniques type Tactical
- Le mélange de gameplay fonctionne
- Une grande durée de vie pour tout voir
- Un scénario qui part dans tous les sens avec plein de fins
- Les musiques de Masafumi Takada
- Le doublage japonais de qualité
LES MOINS
- Réalisation qui commence à tourner en rond
- Un peu vide et manque de variété visuelle
- L’impression de voir les mêmes personnages que Danganronpa
- La même ambiance sonore et les mêmes musiques génériques
- Un début de jeu très “cloné” et long
- Un Tactical pas si difficile et ça tourne finalement en rond
- Plein de fins, mais de nombreuses inintéressantes
- En vrai, le plus gros défaut… c’est la localisation anglaise de XSEED