Depuis son annonce en 2017, Metroid Prime 4 aura entretenu un suspense insoutenable : un logo pendant sept ans, un projet d’abord confié à Bandai Namco avant un redémarrage complet en 2019 sous la houlette de Retro Studios, le tout dans l’ombre de la trilogie originelle qui a façonné l’histoire du “First Person Adventure” chez Nintendo. Autant dire que mes réserves étaient nombreuses avant de poser les mains – ou plutôt le viseur – sur la démo présentée sur Nintendo Switch 2. Aujourd’hui, après une vingtaine de minutes passées dans les arènes de Tenmaar, je peux l’affirmer : Beyond n’est pas un simple retour dans la franchise, c’est une renaissance.
Preview basée sur la prise en main faite lors du Nintendo Switch 2 Experience.
Enfin ce Metroid Prime 4 en main
Dès les premières secondes, l’ambiance frappe fort. Fini le prologue contemplatif : on débarque en plein champ de bataille, Samus survolant une base de la Fédération sous les tirs de vaisseaux pirates. Cette entrée en matière, digne d’un blockbuster, tranche avec l’habituel calme oppressant des titres Metroid Prime, mais elle sert un double dessein : d’une part, rendre hommage à la tradition (comme Metroid Prime 3, où la guerre rôde dès l’ouverture) ; d’autre part, mettre en avant la fibre action du moteur graphique revu et corrigé pour la Switch 2.
Une fois l’atterrissage effectué, la formation commence. Samus arbore une Varia Suit presque complète, avec météorites de missiles, tir chargé, Morph Ball et double saut déjà au menu. Les premières minutes baignent donc dans un tutoriel contextuel, entre injections d’arêtes à scanner et corridor à franchir en roulant pour jeter quelques bombes. Rien de nouveau en soi, mais le geste rajeunit : chaque rotation de joystick, chaque pression de gâchette sonne plus précis, plus vivant que jamais grâce au 120 fps stable en mode performance et à un framerate impeccablement tenu même lors des explosions ou du lancement de séquences cinématiques.
Techniquement, Retro Studios n’a pas fait les choses à moitié. Les textures gagnent en finesse, les reflets jouent avec l’HDR sur l’écran de la Switch 2, et l’architecture de Tenmaar – creusée sous le feu des combats – se révèle d’une richesse inédite sur plateforme Nintendo. Suivre le ballet des globes d’énergie d’un Pirate de l’Espace qui explose en vol procure un frisson rare, tout comme admirer les faisceaux lumineux traversant les volutes de fumée. Les plus petits détails, comme le grain de la combinaison de Samus ou le rendu soyeux de son casque futuriste, témoignent d’un soin quasi maniaque.
Côté prise en main, Beyond s’offre le luxe d’une flexibilité totale. Le mode souris, rendu possible par les Joy‑Con 2, fonctionne sans menu ni chargement : il suffit de placer le Joy‑Con droit à plat pour transformer l’interface en viseur ultra-précis, tandis que le joystick gauche garde le contrôle de la locomotion. Pour l’avoir essayé sur quelques approches délicates, je peux dire qu’il rend hommage à l’ergonomie PC, tout en conservant la spontanéité propre au pad. Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également revenir à tout instant à la traditionnelle configuration deux sticks, ou basculer sur Pro Controller. Cette modularité combat d’emblée la critique selon laquelle un FPS sur console se contenterait de contrôles imprécis. Ici, chaque impact, chaque déviation de tir se ressent dans la paume.
Une démo techniquement bluffante
La démo m’a mené jusqu’à l’affrontement final contre un boss, fusion d’un prédateur et d’un Metroid logé sous la peau. Les cavités tumorales sont autant de points faibles à viser, alternant entre invulnérabilité et vulnérabilité selon le rythme d’un cycle que l’on apprend à décrypter. Il a fallu combiner dash, saut, Morph Ball et tirs ciblés pour éviter les projectiles toxiques et déchiqueter le colosse en plusieurs phases : un pur concentré de la tension Metroid, coupé d’un final où Sylux, l’antagoniste mystérieux, fait une apparition éclair, semant le doute sur le rôle de l’artefact qu’il active.
Bien sûr, cette courte séquence n’est qu’une entrée en matière. Les énigmes labyrinthiques, l’exploration non linéaire et la douce mélancolie d’un monde post‑cataclysmique sont sans doute à venir. Mais Beyond a réussi le pari de rassurer : les sensations de découverte à la Prime 1, l’émotion de dénicher un passage secret, la jubilation de vaporiser un ennemi bien planqué… tout est là. Le savoir‑faire de Retro Studios perce à chaque texture craquelée, à chaque explosion de débris.
Si des questions subsistent – l’équilibre final entre phases d’action et d’exploration, l’ampleur de la carte, l’étendue des pouvoirs psychiques récemment teasés – Metroid Prime 4 : Beyond a accompli son plus grand exploit : ranimer l’enthousiasme et la confiance d’une communauté éprouvée par l’attente. Le verdict tombera dès cette année, sur Switch 1 et surtout sur Switch 2, pour laquelle Beyond apparaît déjà comme le fer de lance. En attendant, une chose est établie : Samus Aran revient plus affûtée que jamais, et son univers n’a jamais été aussi prometteur.
Le jeu que j’attends le plus depuis son annonce. Il fait partie du Big Five des longues attentes qui arrivent enfin à terme (à l’époque, il y avait Shin Megami Tensei V : Vengeance, The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, Bayonetta 3, celui-ci, et…Xenoblade Chronicles 3 ? En tout cas, le jeu mystère de Monolith Soft).
Je lui préférerai probablement DK Bananza dans l’absolu, mais celui-ci, je dois le faire et le digérer, après autant d’attente…
S’il est à la hauteur, la Switch m’offrira une exclu digne de mon top 5 dessus, donc, et je ne pense pas que le classement change à l’avenir (TOTK, Odyssey, Xeno 2&3, Smash Bros…et MP4 ?).
Une belle année en perspective.