Dès les premiers instants, Rift of the NecroDancer frappe par son audace : loin de se contenter de recycler la formule du dungeon-crawler musical inauguré par Crypt of the NecroDancer, Brace Yourself Games et son partenaire Tic Toc Games livrent un hommage ambitieux aux classiques du genre, de Guitar Hero à Rhythm Heaven. Alors que la série initiale mêlait exploration de donjon et pas de danse mortels, ce spin-off mise tout sur un gameplay à trois voies, où chaque ennemi remplace une « note » et se meut au rythme d’une bande-son résolument éclectique.
La formule NecroDancer toujours aussi riche
Derrière ce virage stylistique, on retrouve le studio canadien à l’origine du phénomène de 2015 ; depuis, Brace Yourself Games a enrichi son univers grâce au formidable succès de Cadence of Hyrule (2019), en collaboration avec Nintendo. Cette fois, l’équipe a opté pour un défi différent : troquer la liberté de déplacement contre la rigueur du tempo, dans un cadre où la main-mise des mortels se mesure en précision de frappes plutôt qu’en lames et boucliers.
Avant d’affronter la légion de slimes et de squelettes, le jeu vous guide dans une calibration minutieuse, ajustant automatiquement latence audio et vidéo pour que votre performance dépende uniquement de vos réflexes, et non du moindre décalage matériel. Cette étape, discrète mais essentielle, apparaît comme un gage de respect pour les joueurs exigeants désireux de viser le « Perfect » à chaque mesure.
Le cœur de Rift, ce sont les Rhythm Rifts : 35 morceaux originaux composés par Danny Baranowsky (Crypt of the NecroDancer, Super Meat Boy), Jules Conroy, Alex Moukala, Josie Brechner et bien d’autres, couvrant rock, funk, électro, metal et même clins d’œil bluesy à Chess Records. Chacun de ces titres vous place face à une vague d’ennemis qui descendent en rythme sur trois lignes verticales, correspondant aux directions gauche, haut et droite : un slime vert se terrasse d’un seul coup, un “blue bat” exige deux frappes, un “red harpy” fonce à toute allure mais cède en un impact, tandis que d’imprévisibles zombies diagonaux ou squelettes noirs rebondissants compliquent la partition. Parfois, une créature s’échappe, change de file ou se divise en deux après le premier coup, tandis que des pièges peuvent enflammer certains monstres ou les téléporter d’une voie à l’autre. L’ensemble, calibré comme un véritable « bullet hell » rythmique, oblige à jongler entre observation des patterns et écoute des beats, sous peine de ramasser dix coups et de voir Cadence s’écrouler.
Pour prolonger la session, le jeu propose un vaste mode libre : rejouez chaque morceau à l’infini, activez le « Remix Mode » (variations de patterns), relevez des défis spéciaux – compter uniquement les « Perfects », survivre avec une vie unique, etc. – ou testez les Daily Challenges, défis journaliers qui renouvellent les règles à chaque session. Une fonctionnalité de création de pistes musicales, déjà très populaire sur Steam Workshop, souligne l’ambition communautaire : d’ici quelques semaines, vous pourrez télécharger des versions rythmées de morceaux cultes comme “Megalovania” d’Undertale ou créer vos propres compositions.
Aussi bon que long
La durée de vie s’envole dès lors : entre la vingtaine d’heures nécessaires pour débloquer et explorer toutes les options, la chasse aux records en ligne et l’exploitation des contenus créés par les joueurs, Rift of the NecroDancer offrira des mois de défis aux amateurs de scoring.
Le mode Histoire, d’une petite demi-dizaine d’heures, joue la carte du « passage au monde moderne » : Cadence et ses compagnons sont projetés hors du royaume médiéval qu’ils connaissaient, pour découvrir nos rues et nos joies quotidiennes. Bon prétexte à une poignée de cut-scenes « visual novel » entièrement doublées et animées main, cette trame ménage quelques instants légers, voire absurdes, où l’héroïne s’essaie à la pizza, à la vie urbaine et aux emplois à mi-temps de ses alliés. Le rythme y est « stop & go » : après un enchaînement de rifts, surviennent dialogues et petits intermèdes, ce qui peut briser la transe mais permet d’attacher un vrai visage aux personnages.
Ces respirations prennent la forme de mini-jeux rythmés, clins d’œil évidents à la série Rhythm Heaven : yoga dans un dojo pacifique, service dans un fast-food pour Le NecroDancer lui-même, rôle de taupe géante dans une émission pour enfants, et autres défis loufoques. Si leur ergonomie simple et leur art-style kawaï apportent un vrai air de fraîcheur, leur quantité limitée (cinq en tout) et leur mécanique plus basique qu’en rifts principaux en font, hélas, les moins marquants du lot.
Entre hommage et renouveau
Le troisième pilier de l’expérience réside dans les boss fights, où les lignes verticales disparaissent au profit de cercles surgissant aux quatre coins de l’écran. Un anneau se referme sur chacun, et il faut esquiver (bouton violet) ou attaquer (bouton doré) au moment précis où la frontière touche le repère. Mi-chemin entre Elite Beat Agents et Punch-Out!!, cet affrontement réserve des animations soignées et des morceaux énergiques qui se détachent de la bande-son principale. Là, le défi est moins rythmique que cognitif : reconnaître le cycle d’attaque du boss pour optimiser vos Perfects et faire tomber l’adversaire en un minimum de temps.
Graphiquement, le titre reprend le pixel-art modernisé cher à Brace Yourself Games : personnages expressifs, décors stylisés et particules dynamiques, sans jamais sacrifier la lisibilité même dans les phases les plus chargées. Les options d’accessibilité sont, tout comme en mode calibration, particulièrement étoffées : ajustements de couleurs (mode daltonien), diminution des effets visuels et animations de combo, monstres statiques, barre d’indication de précision… Une preuve d’attention rare dans un jeu de rythme aussi exigeant, qui permet aux novices comme aux joueurs en situation de handicap de trouver leur équilibre.
Enfin, la maniabilité sur Nintendo Switch mérite une mention : Joy-Con dockés ou manette Pro, l’entrée en trois boutons (D-pad ou croix directionnelle + face buttons) reste précise, même si certains joueurs regretteront l’absence de support tactile ou d’un mapping plus souple sur joysticks, plus intuitif lors des enchaînements rapides. Les développeurs autorisent toutefois le basculement de difficulté à la volée, un soulagement lorsque la frustration guette.
Conclusion
Rift of the NecroDancer s’impose comme un colossal « Greatest Hits » des jeux de rythme, amplifié par la créativité de Brace Yourself Games. Entre la férocité des Rhythm Rifts, l’excentricité des mini-jeux et l’ingéniosité des boss fights, chaque session propose un menu varié et cohérent qui, malgré une courbe de difficulté parfois abrupte et une légère dispersion d’identité, se révèle addictif. Pour peu que vous aimiez relever des défis, accélérer le tempo de votre cœur au gré d’enfer mélodiques et chasser le Perfect ultime, vous tenez là l’un des must-have de la Switch, nourri par une communauté en pleine effervescence et un calibrage technique exemplaire.
LES PLUS
- Fusion créative
- Bande-son exceptionnelle
- Rythme calibré
- Contenu abondant
- Accessibilité
- Mini-jeux et boss fights
LES MOINS
- Courbe de difficulté abrupte
- Rythme « stop & go » du story mode
- Mini-jeux limités
- Tracks peu « reconnaissables »
- Ergonomie perfectible
- Légère dispersion d’identité
ça a l’air tellement bien, je me suis mis aux jeux de rythme avec THEATRHYTHM FiNAL BAR LINE et depuis je surveille un peu ce qui se fait de près ou de loin, j’avais joué un peu à Crypt of the NecroDancer et c’était bien, cet opus m’attire encore plus, merci pour le retour.