Plus d’un an et demi après sa sortie initiale sur Xbox Series X et PC, on voit aujourd’hui débarquer avec un peu de surprise High on Life sur Nintendo Switch. Développé par Squanch Games, le studio fondé par Justin Roiland (co-créateur de Rick and Morty), le jeu est un concentré de comédie absurde, de science-fiction grotesque et de mécaniques de FPS saupoudrées de plateformes et d’exploration façon metroidvania.
Une histoire aussi sérieuse qu’un pet dans l’espace
Le petit studio Squanch Games n’est pas un inconnu pour les amateurs de jeux loufoques : on leur doit notamment Trover Saves the Universe, un platformer en VR où l’humour primait sur tout le reste. Avec High On Life le studio pousse encore plus loin ses délires comiques et meta, au point que l’humour devient l’ADN du jeu. Justin Roiland prête sa voix à plusieurs personnages (dont Kenny, votre pistolet parlant), et l’on retrouve à la distribution vocale des pointures comme J.B. Smoove (Curb Your Enthusiasm), Tim Robinson, Betsy Sodaro et Tom Kenny (la voix de Bob l’Éponge). Autant dire que le jeu s’inscrit dans une certaine tradition du comique absurde et irrévérencieux à la Adult Swim.
Dans High On Life, la Terre est envahie par un cartel extraterrestre nommé le G3, dont les membres ont une drôle de passion : ils transforment les humains en drogues hallucinogènes. Votre mission ? Arrêter le cartel et ses leaders en devenant un chasseur de primes intergalactique. Armé de votre maison téléportée, d’un ancien mentor alcoolique nommé Gene et surtout de vos armes parlantes (les Gatlians), vous partez pour sauver l’humanité… Mais surtout, pour faire des blagues graveleuses, tuer des aliens grotesques et explorer des planètes à la direction artistique psychédélique.
Malgré la vulgarité omniprésente, le jeu réserve quelques moments de tendresse et de réflexion. Votre relation avec Gene, votre sœur Lizzie, ou même certains Gatlians, se révèle parfois étonnamment touchante.
Chaque arme dans High On Life possède une véritable personnalité, doublée de compétences uniques qui la distinguent des autres. Kenny, le pistolet de base, peut projeter les ennemis dans les airs grâce à son tir alternatif, le « Glob Shot ». Gus, un fusil à pompe, se distingue par sa capacité à aspirer les ennemis et à créer des plateformes en envoyant ses lames sur les murs. Sweezy, inspirée du Needler de Halo, dispose de tirs perforants et peut générer une bulle ralentissant le temps dans une zone donnée. Quant à Creature, il utilise ses propres enfants comme projectiles, de petites créatures qui attaquent ou contrôlent les ennemis. Chaque Gatlian est également doté d’une « trick hole », une compétence secondaire qui s’active aussi bien lors des affrontements que pendant l’exploration.
Un FPS à la manette, avec des ajustements
Le gameplay reste basique : on tire, on esquive, on explore, on collecte. Les ennemis sont peu variés, et même les boss, bien que drôles et absurdes, manquent parfois de stratégie. Le combat s’améliore avec le temps grâce à l’introduction de gadgets et d’aptitudes (jetpack, bottes magnétiques, grappin…), mais le cœur du jeu repose plus sur le rythme comique et narratif que sur la précision du tir.
La version Nintendo Switch de High On Life s’avère être un portage globalement correct, bien qu’allégé sur plusieurs plans techniques. Le framerate oscille entre 30 et 40 images par seconde, avec quelques baisses légères lors des combats, mais sans rendre l’expérience injouable. Sur le plan graphique, les textures sont plus simples, les modélisations moins détaillées et l’éclairage plus terne par rapport aux versions sur consoles plus puissantes. En mode portable, la résolution semble inférieure à 720p, ce qui rend certains éléments visuellement flous. En revanche, une bonne surprise vient de la compatibilité gyroscopique : on peut viser en bougeant la console ou la manette, une option agréable en combat. Cette version intègre également le DLC High on Knife sans coût supplémentaire. En contrepartie, quelques contenus ont disparu, notamment les films live-action diffusés sur les téléviseurs dans le jeu, probablement retirés pour réduire la taille d’installation du jeu.
La visée à la manette peut demander un temps d’adaptation, surtout que le bouton de « crouch » est assigné à une touche peu intuitive (par défaut, bas sur la croix directionnelle). Heureusement, les options d’accessibilité permettent de désactiver certaines lignes de dialogue ou de modifier des entrées pour plus de confort.
Ça parle, beaucoup, c’est grotesque et… attachant
Visuellement, High On Life adopte un style cartoon psychédélique coloré. Les environnements varient entre décharges aliens, jungles vivantes et villes flottantes crasseuses. Le design des personnages, souvent repoussant ou absurde, colle à l’univers du jeu. La version Switch perd en netteté, mais conserve la personnalité visuelle de l’ensemble.
Le principal atout sonore du jeu réside dans son doublage remarquable. Justin Roiland y livre une performance typique de son style — rappelant Rick, mais en version moins alcoolisée — tandis que J.B. Smoove (Gus) et les autres comédiens semblent s’amuser pleinement dans leurs rôles. La version originale est intégrale, et les dialogues sont omniprésents. La bande-son, quant à elle, adopte une tonalité électro étrange, alternant entre morceaux planants et séquences plus rythmées. Seul bémol : certaines lignes peuvent finir par lasser, notamment si vous n’accrochez pas à l’humour du titre.
Comptez entre 8 et 16 heures pour terminer la campagne principale, selon que vous alliez droit au but ou que vous preniez le temps d’explorer chaque recoin. L’approche Metroidvania du jeu encourage à revenir dans certaines zones une fois de nouveaux pouvoirs acquis. Vous aurez également la possibilité d’acheter des améliorations, de partir à la recherche de coffres remplis de pesos, ou de viser le 100 % en relevant les défis propres à chaque niveau. À noter : le DLC High on Knife, inclus dans la version Switch, qui ajoute plusieurs heures de jeu supplémentaires.
Conclusion
High on Life sur Nintendo Switch, c’est un pari osé et partiellement réussi. Malgré des limites techniques évidentes et un humour qui ne plaira pas à tout le monde, le jeu conserve sa folie créative, ses personnages attachants et ses dialogues mémorables. Il ne réinvente pas le genre du FPS ni celui de la comédie vidéoludique, mais il apporte une fraîcheur et une liberté de ton bienvenues, en particulier sur Switch où ce type de titre est rare.
LES PLUS
- Humour décalé et omniprésent
- Armes parlantes uniques
- Exploration façon metroidvania
- Bonne adaptation Switch
- Contenu généreux
LES MOINS
- Humour clivant
- Combat peu exigeant
- Portage visuellement inférieur
- Exploration parfois confuse