Le jour du lancement de la Nintendo Switch 2, un invité de marque s’est glissé dans la liste des titres disponibles : Hitman World of Assassination – Signature Edition. Développé par IO Interactive (les maîtres danois derrière la saga culte), ce portage natif marque une étape cruciale pour les joueurs Nintendo. Exit la Cloud Version tâtonnante de l’ère Switch 1 : l’Agent 47 débarque enfin en cartouche (ou presque) et surtout en complet sans une connexion internet obligatoire (enfin presque…), offrant sa trilogie réunie (Hitman, Hitman 2 et Hitman 3) dans un package gargantuesque. Mais cette conversion est-elle à la hauteur de l’exigence assassine ? Après avoir exploré Paris, Dubaï et Chongqing en mode portable et TV, voici notre verdict.
Une chasse à l’homme planétaire
Fondé en 1998, IO Interactive a forgé sa réputation sur l’élégance macabre des aventures d’Agent 47. Après le faux pas linéaire d’Absolution (2012), le studio a réinventé la saga avec une trilogie axée sur des « boîtes à jouets » gigantesques, où créativité et improvisation sont rois. Leur expertise en level design — saluée par la critique — culmine dans ce World of Assassination, compilation définitive incluant tous les contenus additionnels, contrats communautaires et cibles insaisissables.
Vous incarnez Agent 47, tueur à gages génétiquement modifié, au service de l’Agence. Votre mission : éliminer des cibles haut placées dans des décors somptueux (villas italiennes, gratte-ciels dubaiotes, bidonvilles de Mumbai…), au sein d’écosystèmes regorgeant d’opportunités mortelles. L’histoire, bien que secondaire, tisse une trame autour du complot de Providence, une organisation secrète qui manipule les pouvoirs mondiaux. Si la narration reste un prétexte à l’action (mélangeant espionnage et science-fiction légère), elle sert de fil rouge à cette tournée meurtrière.
Le cœur du jeu réside dans sa liberté d’approche. Chaque mission est un puzzle géant où tout est arme : un fil de fer, un poison subtil, un extincteur « accidentellement » explosif… Le système de déguisements permet de s’infiltrer partout, tandis que l’IA réactive des PNJ crée un chaos maîtrisé. Les niveaux sont conçus pour la rejouabilité infinie : défis spécifiques, routes alternatives, et le mode Freelancer (roguelike exigeant) renouvellent l’expérience. La Signature Edition inclut même les contrats créés par la communauté — garantissant des centaines d’heures de jeu.
Précision, mais sans innovations
Sur Switch 2, les contrôles sont fluides et précis, hérités des versions PS5/Xbox Series. Par contre, aucune innovation spécifique n’exploite les Joy-Con 2 : pas de motion aiming pour les tirs, ni de gyroscopie pour les lancers d’objets. Les vibrations HD sont présentes, mais c’est un rendez-vous manqué pour une immersion accrue. En revanche, la reconnaissance des commandes vocales via le micro intégré (pour attirer les cibles) fonctionne étonnamment bien.
L’audio est une réussite totale. La bande-son orchestre (signée Niels Bye Nielsen) alterne tension et élégance, tandis que les bruitages (pas feutrés sur le marbre, cliquetis d’un fusil démonté) sont hyperréalistes. Le jeu supporte le 5.1 surround en mode TV, et les voix off (dont l’iconique Diana Burnwood) sont parfaitement synchronisées. En casque, l’immersion est totale — écouter les conversations des gardes devient un outil stratégique.
Avec 3 jeux en 1, des dizaines de missions principales, des centaines de défis, les cibles insaisissables (événements temporaires), le mode Freelancer et les contrats créés par les joueurs, la durée de vie frôle l’infini. Comptez 200h+ pour tout achever est réaliste. Le système de maîtrise (déblocage d’outils / accès secrets en rejouant les niveaux) encourage l’expérimentation. Petit bémol : la progression est scindée entre parties online/offline — jouer hors connexion n’alimente pas votre sauvegarde principale.
Entre émerveillement et frustration
En mode portable, le jeu tourne autour d’une résolution 720p avec un redimensionnement dynamique. Les textures y perdent en finesse, mais restent correctes sur l’écran de 8 pouces. Le framerate varie entre 30 et 50 images par seconde, mais l’intégration du VRR (rafraîchissement variable) aide à maintenir une bonne fluidité générale, malgré quelques chutes ponctuelles. En revanche, le HDR est à éviter : les lumières deviennent surexposées, effaçant les détails de l’image. Une fois désactivé, le rendu visuel redevient bien plus équilibré. Côté décors, certains effets visuels impressionnent, notamment la pluie à Chongqing ou les reflets à Dubai, mais on remarque tout de même un pop-in visible des textures à longue distance.
En mode docké, la résolution grimpe à un solide 1080p avec des décors remarquablement détaillés. On apprécie les foules denses à Paris ou encore les éclairages subtils. Toutefois, la fréquence d’images est nettement plus problématique. Le jeu se limite à 30 fps en moyenne, et peut chuter en dessous dans les scènes plus chargées. L’absence de VRR en mode TV accentue la sensation de saccades, ce qui rend l’expérience moins agréable pour les joueurs sensibles au stuttering. La technologie d’upscaling utilisée (DLSS ou FSR) n’est pas précisée, mais la résolution de base semble assez basse, provoquant un léger flou et de l’aliasing par moments.
Enfin, on notera que les temps de chargement sont aussi rapides que sur PS5, un bon point. En revanche, aucune option graphique n’est proposée pour ajuster les performances, ce qui est regrettable pour un portage aussi ambitieux.
Conclusion
Hitman World of Assassination - Signature Edition s’impose comme une référence absolue du jeu d’infiltration tactique. Avec ses niveaux immenses, sa liberté d’approche quasi infinie et un contenu titanesque, cette collection est une véritable bible pour les fans du genre. Sur Nintendo Switch 2, le plaisir est bien présent… mais non sans compromis. En mode portable, le titre s’en sort admirablement bien. La fluidité est bonne, le rendu visuel reste soigné, et il est grisant de pouvoir embarquer dans son sac près de 200 heures d’assassinats. C’est une prouesse technique qui permet aux missions de conserver toute leur intensité, même sur petit écran. En revanche, le passage en mode TV révèle les limites du portage. Si la résolution reste flatteuse, les chutes de framerate viennent sérieusement gâcher l’expérience, surtout dans les environnements les plus complexes ou chargés en PNJ.
LES PLUS
- La trilogie complète + tous les DLCs en un pack
- Gameplay profond et réjouissamment sandbox
- Sonore sublime et immersion maximale
- Portabilité révolutionnaire pour un jeu si dense
LES MOINS
- Performances TV erratiques
- HDR mal calibré (à désactiver)
- Pas de motion control
- Sauvegardes online / offline non synchronisées