Sorti en 2015 en exclusivité sur Wii U, Devil’s Third est resté dans les mémoires comme l’un des échecs les plus notables de la console. Projet chaotique dès ses débuts, changement d’éditeurs, direction artistique décalée, gameplay bancal… Le titre développé par Valhalla Game Studios et dirigé par Tomonobu Itagaki (le créateur de Dead or Alive et Ninja Gaiden) n’a jamais réussi à convaincre. Dix ans plus tard, le créateur revient pourtant sur l’expérience avec un regard apaisé, estimant que Devil’s Third était, à sa manière, « innovant pour un jeu de son époque ».
Dans une récente interview publiée dans Retro Gamer, Itagaki évoque les nombreuses turbulences ayant émaillé le développement du titre. Initialement prévu pour sortir sur consoles HD sous la bannière de THQ, le jeu a vu son avenir bouleversé par la faillite de l’éditeur américain. Repris un temps par la société sud-coréenne Doobic, elle-même dissoute peu après, Devil’s Third s’est retrouvé entre les mains de Nintendo, qui assurera finalement sa sortie exclusive sur Wii U.
Itagaki confie :
« Je n’avais aucun contrôle sur la faillite de THQ, c’était le seul problème. Bien qu’il y ait des éléments de design restés inachevés, je pense que Devil’s Third était innovant pour un jeu de son époque. Si je devais le refaire, je l’améliorerais évidemment. »
Parmi les critiques les plus récurrentes à l’époque, l’intelligence artificielle des ennemis avait particulièrement déçu, surtout de la part d’un créateur ayant brillé par le passé avec un Ninja Gaiden au level design et à l’IA redoutables. Pourtant, Itagaki met en avant l’ambition du gameplay multistrate que son équipe a tenté de mettre en œuvre.
Concernant le mode multijoueur, qui avait d’ailleurs reçu un accueil un peu plus favorable que la campagne solo, le développeur précise :
« Dans la terminologie des jeux de simulation tactique, on distingue trois niveaux : stratégique, opérationnel et tactique. Devil’s Third est un jeu qui intègre tous ces niveaux de gameplay. C’est révolutionnaire. Je suis vraiment heureux que le mode multijoueur ait été salué à l’époque. »
Aujourd’hui encore, Devil’s Third divise. D’un côté, un gameplay hybride mêlant tir à la troisième personne et combat rapproché dans un univers déjanté, de l’autre, une réalisation datée, un level design poussif et une finition bancale. Mais selon Itagaki, ce titre trop souvent moqué pourrait bien mériter une relecture plus nuancée à la lumière de ses intentions initiales.
Alors, Devil’s Third : simple curiosité d’une Wii U en fin de course ou œuvre expérimentale inachevée ? Si une suite ou un remaster semble peu probable, la parole de son créateur vient au moins réhabiliter partiellement cette tentative audacieuse, née dans un contexte industriel particulièrement chaotique.
ça serait sympa une version Switch, perso j’achèterai.