Alors que la Nintendo Switch continue d’accueillir une diversité de titres, des blockbusters aux pépites indépendantes, Into the Emberlands se présente comme une fusion intrigante de genres : une touche de survie, une pincée de gestion de village, et une forte emphase sur l’exploration dans un monde procédural. Développé par Tiny Roar, et édité par Daedalic Entertainment, l’accent est surtout mis sur l’atmosphère et la découverte. Alors craignez l’obscurité et rejoignez vite la lumière dans cette version Nintendo Switch.
Miasmatique
L’histoire d’Into the Emberlands est volontairement minimaliste, servant principalement de toile de fond à l’exploration et à la reconstruction. Le monde est frappé par le Miasme, une force obscure qui consume la lumière et la vie. Les Knacks, autrefois prospères, sont désormais isolés et figés dans une sorte de stase, privés de leur éclat. Le joueur incarne le porteur de lumière, sorte de gardien et seul espoir de ces petits personnages. Votre tâche est de les retrouver, de les libérer de l’emprise du Miasme en les ramenant à votre lanterne, et de les guider vers votre village renaissant.
Il n’y a pas de dialogues complexes ou de cinématiques grandioses. L’histoire est racontée à travers l’environnement lui-même, les ruines que l’on découvre, et les bribes de lore disséminées. Chaque Knack sauvé, chaque bâtiment restauré dans le village, et chaque zone purifiée par votre lanterne contribuent à faire avancer cette narration implicite. L’accent est mis sur le sentiment de progression et de restauration, le joueur étant le fer de lance d’une renaissance. La simplicité de l’intrigue permet une mise en action immédiate, le but étant clair dès les premières minutes : ramener la lumière. Cette approche fonctionne bien pour un jeu axé sur l’exploration et la gestion, car elle ne surcharge pas le joueur d’informations, le laissant libre de se concentrer sur la découverte et la construction.
Dans la pratique, le cœur d’Into the Emberlands réside dans un cycle de gameplay : exploration, sauvetage, collecte, et construction. L’exploration est vraiment la pierre angulaire du jeu. Chaque expédition hors du village se fait avec votre fidèle lanterne, qui sert non seulement de source de lumière mais aussi de moyen de transport pour les Knacks sauvés, et de barre de vie. Le monde est généré de manière procédurale, garantissant que chaque partie est unique. Les biomes sont variés, avec des forêts verdoyantes, des déserts arides en passant par des zones marécageuses, offrant des ressources distinctes et des défis spécifiques.
La gestion de l’énergie de la lanterne est cruciale : elle diminue à mesure que vous vous aventurez plus loin, vous forçant à planifier vos retours ou à trouver des puits de lumière pour la recharger. L’obscurité est un danger constant, et s’y aventurer trop loin sans lumière signifie une fin prématurée de votre expédition. Cependant, le jeu reste clément, les ressources collectées étant conservées même en cas de défaite, ce qui encourage l’expérimentation et l’exploration audacieuse.
Sim City Cosy
Le sauvetage des Knacks sera bien sûr votre quête principale, et les libérer implique généralement une mini-énigme environnementale ou la collecte d’un certain nombre de ressources spécifiques, et en général rien de vraiment compliqué. Une fois libérés, ils se regroupent autour de votre lanterne, prêts à être ramenés au village. Chaque Knack est unique et possède des compétences spécifiques qui peuvent être utilisées pour débloquer de nouvelles constructions ou améliorer celles existantes dans votre camp.
Bois, pierres, champignons, cristaux… tout peut être utile. La collecte de ressources est omniprésente, et fondamentale pour fabriquer des outils, améliorer votre lanterne, ou construire et améliorer les bâtiments de votre village. Le système de crafting est simple et plutôt intuitif, basé sur des plans que l’on débloque au fur et à mesure.
Le développement du village, quant à lui, est l’aspect le plus gratifiant. Le camp de base, initialement modeste, se transforme progressivement en un hub vibrant à mesure que vous sauvez des Knacks. Chacun apporte une nouvelle fonctionnalité : un forgeron pour de meilleurs outils, un fermier pour la nourriture, un architecte pour des constructions avancées. La progression est linéaire mais satisfaisante, chaque nouvelle addition rendant les expéditions futures plus faciles et plus fructueuses – un Rogue Lite en somme – Le placement des bâtiments est laissé à la discrétion du joueur, offrant une liberté créative dans l’aménagement de son havre de paix. Le village devient un reflet de votre progression et de votre dévouement.
On parle d’un monde touché par un miasme lugubre, et qui dit Rogue Lite et monde à explorer, implique implicitement des affrontements avec de vilaines bestioles rampantes, grouillantes et dégoûtantes. Mauvaise pioche pour les fanatiques de combats, car le jeu n’est pas axé sur la confrontation mais sur l’évitement, la gestion et la résolution de puzzles. Les menaces sont principalement environnementales : l’obscurité, les pièges, et quelques créatures passives que l’on peut contourner. Cette approche va avec l’ambiance graphique et l’esprit du jeu, réduit le stress et permet une expérience plus relaxante, idéale pour ceux qui recherchent un jeu sans pression, bien installé dans son canapé.
L’interface utilisateur est claire, épurée et fonctionnelle, cependant nous avons trouvé le titre très mal adapté à la manette. On voit que le jeu est vraiment pensé pour le clavier / souris, et on retrouve le style de déplacements que vous auriez dans un Diablo. Vous sélectionnez une destination et vous cliquez, puis votre personnage se rend à cette destination. Mais ce style de commande est vraiment plus rapide et intuitif avec une souris, il aurait été préférable de repenser le jeu à la manette pour ce portage. Aussi, on peut reprocher que le jeu n’est pas très débutants-friendly. Les didacticiels sont bien présents pour vous permettre de démarrer l’aventure, mais il ne présente que les bases les plus simples du jeu sans être très exhaustifs sur certaines mécaniques. Le mot d’ordre sera donc : cherchez par vous-même et testez des choses.
Low-Poly Pocket
Into the Emberlands opte pour un style artistique simple, épuré, qui se marie parfaitement avec son atmosphère relaxante. Les graphismes sont caractérisés par un rendu low-poly, mais bien pensé pour éviter de tomber dans du minimalisme trop brut. Les couleurs sont vives et saturées, contrastant agréablement avec les teintes sombres et oppressantes du Miasme. Les effets de lumière, en particulier ceux émanant de la lanterne du joueur et des Knacks, sont bien rendus. Ils créent une ambiance chaleureuse et réconfortante, soulignant l’importance de la lumière dans cet univers. Les bâtiments du village, une fois construits, s’intègrent aussi harmonieusement dans le décor, et leur évolution visuelle reflète la progression du joueur. Bref la direction artistique est claire, cohérente, et fonctionne parfaitement pour le jeu.
Sur Nintendo Switch, le jeu tourne de manière satisfaisante. Les graphismes sont fluides en mode portable comme en mode docké, avec une résolution qui maintient une bonne netteté. Il y a quelques rares et légers ralentissements lors de moments de forte affluence visuelle, notamment lorsque de nombreux Knacks suivent le joueur ou dans des zones particulièrement denses, mais cela reste rare et n’entrave pas l’expérience de jeu.
Du côté sonore, le jeu n’est par contre pas très attrayant. Une répétition de plusieurs types de sons tout au long de l’aventure, des compositions très fades et en retrait de l’expérience proposée. Rien de marquant, ou entraînant dans votre exploration. Et lorsque vous vous approchez des derniers pas restants avec votre lanterne, et que la fin est proche pour vous, vous n’aurez pas non plus de musique spécifique pour accentuer ce moment de stress ou de tension. L’obscurité règne autour de vous dans un monde et un peuple à sauver, mais vous n’avez, musicalement, rien pour accompagner ou renforcer ce sentiment.
Avec une durée de vie qui dépendra grandement de l’implication du joueur, le monde procédural assure tout de même une rejouabilité quasi infinie, car chaque nouvelle expédition révélera des agencements de terrain différents, de nouvelles ressources à trouver, et des Knacks à sauver dans des lieux inattendus. Une dizaine de personnages jouables pour parcourir les terres miasmatiques du jeu et un peu moins pour les compagnons. L’histoire principale sera d’environ 10 heures, selon le rythme du joueur et son envie d’explorer ou non. Le caractère relaxant du jeu invite également à des sessions de jeu plus courtes et fréquentes, prolongeant ainsi l’expérience globale. Le jeu ne force pas à un rythme effréné, permettant aux joueurs de s’y plonger à leur guise.
Et au-delà de la quête principale, le jeu propose également des objectifs secondaires via des requêtes, qui peuvent demander des ressources spécifiques ou la découverte de lieux particuliers. Ces requêtes incitent à explorer davantage et à diversifier les activités, tout en représentant un défi substantiel pour les joueurs complétionnistes.
Into the Emberlands est disponible le 2 juillet 2025 sur l’eShop au prix de 6,59 euros, en français.
Conclusion
En conclusion : 6/10 Into the Emberlands est une agréable surprise sur Nintendo Switch, offrant une expérience de jeu apaisante et gratifiante. Son mélange d'exploration, de survie légère et de gestion de village fonctionne à merveille, créant un cycle de gameplay addictif qui pousse à la découverte constante. La simplicité de son histoire est compensée par la profondeur de ses mécaniques et la satisfaction de voir son village prendre vie. Les graphismes, bien que low-poly, sont charmants et efficaces, contribuant à une atmosphère cosy, parfaitement en adéquation avec les mécaniques. Cependant, c’est dans son adaptation manette que la version Switch pêche. La maniabilité et l’ergonomie ne sont pas aussi efficaces qu’on pourrait l’espérer. Toutefois, le titre se positionne comme un excellent choix pour les joueurs en quête d'une aventure relaxante, loin du stress des jeux d'action intenses. C'est un titre qui récompense la curiosité et la persévérance, et avec une fenêtre de sortie en juillet, il sera surement une excellente option pour vous accompagner cet été dans vos déplacements ou vos vacances.
LES PLUS
- Gameplay addictif mélangeant exploration, collecte et gestion…
- Atmosphère relaxante très cosy
- Idéal pour des sessions longues ou courtes
- Direction artistique charmante
- Rejouabilité
- Progression gratifiante
- Une interface épurée et claire
- Pas très cher
LES MOINS
- … Mais qui peut s’avérer répétitive à long terme
- Scénario minimaliste
- Pas de combat, peut déplaire aux joueurs cherchant de l'action
- Quelques très rares ralentissements
- Les musiques sont fades
- La maniabilité manette pas très bien adaptée
- Le jeu manque d’accompagnement pour les débutants