L’été s’achève et c’est la rentrée… mais pourquoi ne pas en profiter pour faire une petite croisière sur le Nil tout en faisant travailler ses petites cellules grises ? C’est ce que nous propose Microids avec cette nouvelle aventure du célèbre détective, Hercule Poirot. Il est temps de bien lisser sa moustache et de prendre de quoi noter, l’enquête va commencer…
Crime au soleil
Ce nouvel opus des aventures de Hercule Poirot est encore une fois signé Microids et comme pour son prédécesseur, le développement a été assuré par Microids Studio Lyon. Ainsi, après Le Crime de l’Orient-Express dont nous vous avions parlé ici ; le studio rempile et nous propose cette fois de (re)vivre l’enquête intitulée « Mort sur le Nil ».
Histoire de coller un peu avec les dernières interprétations cinématographiques du détective Belge, l’aspect de Hercule Poirot se rapproche de celui de Kenneth Branagh dans les dernières adaptations où il tient la vedette. Oublié donc le petit monsieur rondouillard et légèrement dégarni, on dirige une nouvelle fois un personnage plutôt grand et svelte mais avec toujours autant de matière grise et une magnifique moustache !
Bien qu’inspirée de l’histoire Mort sur le Nil écrite par Agatha Christie, l’aventure proposée par Microids Studio Lyon rajoutera de nouveaux éléments et notamment un personnage jouable inédit en la personne de la détective privée afro-londonienne Jane Royce. Cette dernière idolâtre d’ailleurs complètement Hercule Poirot, elle sera d’ailleurs ravie de le rencontrer en chair et en moustache dès le début du jeu. L’histoire nous fera alors alterner entre les deux protagonistes, mais dans des lieux différents… Chacun des deux personnages aura sa propre quête, même si les évènements feront qu’ils se rencontreront à nouveau vers la fin du jeu… Nous n’en dirons pas trop sur l’histoire, car il s’agit quand même du cœur du jeu, mais l’ensemble est plutôt bien écrit et s’avère assez intriguant pour que l’on prenne plaisir à progresser dans l’aventure…
Il est temps de faire travailler nos petites cellules grises
Celle-ci se déroule en vue à la troisième personne, on peut ainsi diriger Hercule Poirot (ou Jane Royce) dans des environnements en 3 dimensions. Notre personnage évoluera généralement dans des zones fermées où il sera possible d’aller uniquement là où vous le devrez ! De prime abord les déplacements sont relativement lents, les personnages se déplaçant en marchant uniquement, cependant il est possible d’accélérer le pas en appuyant sur ZL. Une fonctionnalité bienvenue pour éviter de s’endormir au rythme des pas du personnage. Il est possible de regarder tout autour de nous pour identifier les objets ou les personnages avec lesquels nous pouvons interagir.
Ainsi les objets peuvent révéler des informations ou mettre en branle un casse-tête à résoudre dont la solution permettra de débloquer des questions supplémentaires avec les différents interlocuteurs. Cela amènera parfois à des situations un peu ubuesques où pour qu’une des suspectes vous réponde vous devrez lui faire écouter une musique bien précise… Une fois celle-ci identifiée après un échange avec un autre personnage, il faudra alors remettre en route un jukebox en procédant à différentes opérations (remise des rouages en place, branchement du système électrique défectueux, non sans oublier d’avoir débranché l’appareil au préalable) puis une autre énigme vous demandant de remettre le sélecteur de disque en état… Il faudra ensuite penser à demander de la monnaie à un autre personnage pour qu’enfin vous puissiez diffuser la bonne chanson et délier ainsi la langue de votre suspecte. Ces différentes actions sont surtout un prétexte à enchainer les mini-jeux casse-tête… On s’amusera d’ailleurs à constater dans l’un des derniers segments que chacun des suspects a un casse-tête pour cacher un indice ! Somme toute, ces différents mini-jeux sont pour la plupart assez inventifs et ne manqueront pas de vous remuer les méninges. Pour les plus impatients, il est possible de révéler des indices pour les résoudre et même d’en révéler la solution.
Le jeu propose d’ailleurs trois niveaux de difficulté permettant à chacun de choisir comment il compte mener l’enquête. Soit le mode histoire où les aides sont actives en permanence et où il est impossible de se tromper, soit le mode détective qui propose moins d’indications et quelques fausses pistes et enfin le mode « Herculéen » qui ne manquera pas de faire travailler vos petites cellules grises. Outre ces modes de difficulté, le jeu propose également quelques légères subtilités de gameplay selon que l’on incarne Hercule Poirot ou Jane Royce.
Là où avec Poirot ce sont les discussions et les casse-têtes qui priment (avec un soupçon de contemplation), les phases avec Jane Royce sont un tout petit peu plus rythmées. Elle pourra par exemple crocheter des serrures plus ou moins compliquées pour accéder à de nouveaux lieux ou encore participer à des phases « d’infiltration » et de « filature ». On notera toutefois que ces dernières ne sont pas d’un niveau Metal Gear Solid… Mais elles ont le mérite de proposer une expérience un peu différente et qui colle avec la psychologie de nos deux détectives. Hercule Poirot est un détective qui mise avant tout sur ses capacités cérébrales pour résoudre un crime (il dit lui-même qu’il est capable de résoudre un crime en restant assis confortablement dans un fauteuil), alors que Jane Royce représente un pendant un peu plus dynamique du métier de détective auquel s’ajoute une dimension « conséquence ». En effet à certains moments du jeu vous devrez choisir entre deux actions possibles, mais uniquement pour Jane.
Le côté inédit du personnage permet ce type d’expérience et donne parfois l’impression qu’il s’agit d’un test pour un éventuel spin-off « dans l’univers de Hercule Poirot », mais avec un côté plus « action ».
Pour le reste, le jeu propose toujours l’impressionnant système de la carte mentale qui permet d’établir des liens entre les personnages et les objets afin de tirer les bonnes déductions qui feront progresser l’histoire. On s’amuse à faire assez facilement des liens entre ces derniers. Ce nouvel opus intègre également la possibilité de confronter certains suspects, pour éclairer l’enquête ; à l’image des liens de la carte mentale, vous pourrez user de paroles entendues ou d’objets trouvés pour mettre en avant un mensonge raconté par un personnage. Enfin la plupart des chapitres se termineront par une reconstitution mentale dans laquelle Hercule (ou Jane) pourront se déplacer tel des fantômes dans les lieux où ils enquêtent, pour positionner les personnages et les actions qu’ils faisaient aux différentes heures de l’intrigue afin de faire une reconstitution. Le jeu propose également un système « d’espionnage des conversations », ainsi lorsque deux personnages au loin discutent ensemble, une oreille apparait au-dessus d’eux. En l’activant vous les entendrez chuchoter, il faudra alors vous positionner correctement pour écouter ce qu’ils se racontent.
Mais ce système souffre des limites scriptées propres au titre ; en effet, pour que la conversation soit bien entendue, il faudra se positionner à un endroit spécifique (pas toujours évident à identifier) en vous aidant du volume de la conversation qui apparait au bas de l’écran… lorsque celle-ci est parfaitement calée sur le dialogue des personnages, il suffit de presser sur le bouton A (comme indiqué à l’écran) pour l’écouter… Au début, il n’est pas toujours évident de trouver la bonne position, mais après une ou deux fois, on comprend qu’il faut trouver un lieu se tenant au-dessus ou en dessous des deux personnages en train de discuter… Il aurait peut-être été plus intéressant de proposer un système où l’on pourrait se placer librement et vraiment tendre l’oreille pour écouter quelques bribes de conversations… Mais cela va à l’encontre du côté toujours très scripté du jeu.
Enfin, il est possible de dresser le profil des différents personnages que l’on rencontre (nom, prénom, activité, liens avec d’autres personnages et secrets). Ces fiches sont intéressantes, mais perfectibles dans le sens où le nom et le prénom pourrait être auto-complétés car ils s’affichent quand on dialogue avec eux.
Il est temps de réunir tout le monde dans le restaurant…
Mais l’Egypte ce n’est pas que les énigmes c’est aussi des décors et… la vision oscille parfois entre le très joli et le un peu moins beau. Bon en toute honnêteté, les personnages sont vraiment très bien réalisés ; les textures des visages et des vêtements sont très détaillées et les vêtements le sont tout autant. Il en est de même avec les décors, le jeu profite de beaux effets de lumière et de jolis reflets en fonction des objets du mobilier. Mais à côté de ça, certains décors sont un peu plus vides et parfois moins inspirés, donnant l’impression que tout se ressemble un peu (surtout dans les rue du Caire par exemple)… Cependant la représentation du temple d’Abou Simbel est franchement magnifique, mais tranche un peu avec les abords (vides) du Nil et le ciel en fond qui donne une impression de décor en carton. Pourtant, bien qu’ils soient très jolis, les modèles des différents personnages souffrent d’une certaine rigidité dans leurs déplacements donnant un petit côté robotique à certains de leurs mouvements. Il en est de même pour la synchronisation labiale qui est loin d’être optimale. Nous avons noté quelques légers ralentissements principalement lorsque nous étions à bord du Karnak (le bateau sur lequel se déroule la croisière sur le Nil) et que l’on observait à l’horizon, pour le reste des lieux, l’ensemble restait plutôt fluide. Malgré tout, on oublie ces quelques détails et on se laisse transporter par l’aventure qui n’est pas seulement visuelle mais également sonore !
Alors oui, la bande-son fait très jazz des années 70 et tourne parfois à la musique d’ascenseur à certains passages ou lors de la résolution de certaines énigmes (on pourra alors à loisir couper le son le temps de la résolution). Toutefois, nous nous devons de souligner l’effort fait sur la version française (intégrale textes ET voix) comme c’est toujours le cas avec Microids. Ce sont des comédiens de doublage reconnus qui assurent parfaitement leur interprétation (on peut citer Julien Chatelet dans le rôle de Poirot, mais que vous connaissez peut-être également pour son interprétation de All Might dans My Hero Academia). Ce doublage (de qualité), renforce un peu le côté film d’animation/Visual Novel interactif et c’est pour le mieux. Le découpage en chapitre permet également de reprendre l’aventure après une petite pause. Histoire de reposer nos petites cellules grises entre deux casse-têtes un peu retors.
Nous aurions cependant apprécié que l’écran tactile soit supporté pour la résolution des énigmes… En effet il n’est pas toujours évident de comprendre comment manipuler certains objets de prime abord et l’utilisation du tactile aurait permis au jeu de gagner en immersion. On a parfois tendance à s’embrouiller quand il faut faire tourner un mécanisme et il y a parfois une sensation de blocage quand on déplace le curseur dans un angle qui n’est pas souhaité. Mais cela n’est jamais bloquant, même si on aurait apprécié que ce soit plus fluide.
En tenant compte de votre propension à utiliser les aides ou non, vous pouvez tabler sur une bonne douzaine d’heures pour arriver à l’épilogue de l’histoire, ce qui est plutôt pas mal pour un jeu de ce genre. En revanche, il n’est pas dit que vous y reveniez (une fois l’histoire connue), mais les complétistes pourront toutefois y retourner pour collecter l’ensemble des vinyles et des moustaches dorées, cachés un peu partout dans les différents chapitres qui composent le jeu. Ces derniers pourront ensuite être écoutés dans le musée (pour les vinyles dorés) ou échangés contre des croquis préparatoires pour les jolies moustaches dorées.
Agatha Christie – Mort sur le Nil est disponible pour 39,99 euros sur l’eShop.
Conclusion
À l’image de son prédécesseur (Le Crime de l’Orient Express), ce nouvel épisode des aventures du célèbre détective belge s’apparente plus à un visual novel / film interactif. Plutôt dirigiste dans les actions à mener, l’ensemble est assez inégal… Les personnages sont plutôt jolis et il y a de beaux effets de lumière et de texture, mais certains décors sont un peu plus en deçà… On regrette un peu l’animation un peu trop rigide des personnages. Cependant, malgré certaines énigmes un peu trop capillotractées, l’histoire proposée et le système de la carte mentale sont toujours aussi efficaces… Et même pour ceux qui connaissent le dénouement, on apprécie de suivre le segment inédit mettant en scène Jane Royce qui apporte un peu plus de dynamisme ! Même si le rythme reste assez lent (mais propre à la série), on prend plaisir à suivre cette nouvelle enquête en faisant travailler nos petites cellules grises !
LES PLUS
- L’histoire plutôt bien écrite
- L’histoire parallèle
- Des personnages assez jolis visuellement
- La carte mentale pour faire des déductions
- Certaines énigmes assez retorses
- Entièrement en français (textes et voix !)
LES MOINS
- Rythme de jeu très lent
- Plus un visual novel / film interactif
- Un peu trop scripté
- Certains décors moins jolis
- Pas une grosse différence de gameplay entre Jane Royce et Hercule Poirot
- Le système d’écoute pas terrible
- Écran tactile pas utilisé !









